Tuzla

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Tuzla : descriptif

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Tuzla

Tuzla (en cyrillique : Тузла) est une ville de Bosnie-Herzégovine située dans le canton de Tuzla et dans la fédération de Bosnie-et-Herzégovine

Selon les premiers résultats du recensement bosnien de 2013, la ville intra muros compte 80 570 habitants et sa zone métropolitaine, appelée « ville de Tuzla » (Grad Tuzla), 120 441. Par sa population, Tuzla est la troisième agglomération du pays après Sarajevo et Banja Luka

C'est une ville industrielle, aujourd'hui réputée pour la tolérance qui règne entre les différentes composantes ethniques de sa population, ce qui lui a valu de devenir un « symbole du multiculturalisme » en Bosnie-Herzégovine

Tuzla, chef-lieu de la Ville de Tuzla et du canton de Tuzla, est également un important centre administratif du pays

Historiquement, la ville est associée à l'exploitation du sel, attestée depuis le Néolithique ; étymologiquement, ses noms successifs de Salines dans l'Antiquité, Soli au Moyen Âge et Tuzla à partir de l'époque ottomane font d'elle la « ville du sel »

De nos jours, le sel constitue toujours l'un des fondements de son activité industrielle mais aussi, plus récemment, l'un des atouts de son développement touristique. Depuis 2007, Tuzla, qui constituait jusqu'alors une municipalité du pays, fait désormais officiellement partie des « Villes » (au singulier : grad ; au pluriel : gradovi) de Bosnie-Herzégovine, ce qui lui accorde une plus large autonomie.

Géographie

La ville de Tuzla, intra muros, est située au nord-est de la Bosnie-Herzégovine, dans une zone de transition entre les Alpes dinariques et la plaine de Pannonie. Elle se trouve à 237 Majevica ; dans la municipalité de Tuzla, cette montagne culmine à 843 Ozren, Konjuh et Javornik.

Sur le plan géologique, la zone se caractérise par des roches sédimentaires datant du Néogène ; on y trouve aussi du charbon, du sel gemme et du quartz, qui sont exploités économiquement.

Le lac de Modrac

La rivière principale du territoire de la Ville est la Jala, qui prend sa source à une altitude de 700 Spreča, un affluent de la rivière Bosna, après une course de 37 lac de Modrac, un lac de retenue sur la Spreča, est situé à quelques kilomètres au sud-ouest de Tuzla, dans la municipalité de Lukavac ; créé en 1964 pour alimenter en eau les installations industrielles de la ville et de la région, il s'étend sur 17 Yougoslavie.

Le territoire métropolitain de Tuzla s'étend sur 30 235 hectares, soit un peu moins de 303 Srebrenik et de Lopare au nord et au nord-est, de Kalesija au sud-ouest, de Živinice au sud et de Lukavac à l'est.

  1.  », sur bistrobih.ba, Bistro BiH (consulté le ).

Histoire

De la Préhistoire au Moyen Âge

Reconstitution d'une maison du Néolithique dans le Parc archéologique de Tuzla

La région de Tuzla était habitée au Néolithique, ainsi qu'en témoignent des fouilles archéologiques réalisées près de Tuzla et de Gornja Tuzla. À Tuzla, les archéologues ont mis au jour les ruines d'une localité située près du Vieux lac salé et, à Gornja Tuzla, se trouve un site daté d'environ 4 500 av. J.-C. Des restes de poteries ornées de motifs noirs, gris et rouges, des couteaux, des haches et d'autres outils servant à la vie de tous les jours y ont été découverts mais, parmi les découvertes archéologiques les plus importantes, figurent des récipients en céramique qui servaient à la cuisson de l'eau salée et à l'extraction du sel, découverte qui atteste l'ancienneté de l'exploitation des ressources en sel de la région et, surtout, l'utilisation de ce sel dans l'alimentation humaine dès le Néolithique. Les Illyriens s'installèrent dans la région, se livrant à l'agriculture, à l'élevage, à la chasse et à la pêche ; ils s'y livrèrent également à toutes sortes d'activités minières. Les Illyriens furent suivis par les Celtes, qui s'installèrent dans le secteur au milieu du  siècle avant Jésus Christ, puis, au début du  siècle, par les Romains, qui intégrèrent la région à leur province de Dalmatie. Cette période romaine, qui dura environ cinq siècles, fut marquée par la construction de routes et de ponts ; les ressources minières et thermales du secteur furent alors exploitées de façon plus intensives et des localités y furent fondées, dont probablement la ville de Salines, située à l'emplacement de l'actuelle Tuzla.

Au début du  siècle, les Slaves et les Avars s'installèrent sur le territoire de l'actuelle municipalité. Mais peu de sources sont disponibles pour décrire la situation de la région au début du Moyen Âge. La première trace écrite témoignant de l'existence de Tuzla remonte à 950 De administrando Imperio, un ouvrage de l'historien et empereur byzantin Constantin VII Porphyrogénète, sous le nom romain de Salines, « la ville du sel » ; l'ouvrage précise qu'elle se trouve sur les terres du prince de Rascie Časlav. Aux et  siècles, la ville fut impliquée dans les conflits entre l'Empire byzantin et le royaume de Hongrie. Le territoire compris entre la rivière Bosna à l'ouest, la Save au nord et la Drina à l'est, fut alors connu sous les noms d' Usora et Soli, Soli (« le sel ») étant le nom médiéval de l'actuelle Tuzla. En 1166, l'empereur Comnène reprit la région qui était alors contrôlée par les Hongrois et il accorda à un chef local appelé Kulin le titre de ban de Bosnie. Soli fit partie des terres gouvernée par le ban, qui, d'abord vassal de l'Empereur byzantin, changea d'allié et devint le vassal du roi de Hongrie Béla III. La ville fit ensuite des possessions de Stjepan Kulinić, le fils de Kulin. Après le renversement de la dynastie des Kulinić, au début du  siècle, Soli fit partie de la Bosnie des Kotromanić, une dynastie dont le ban Stefan II Kotromanić et le roi figurent parmi les plus célèbres représentants. Tvrtko Balkans,. De la période médiévale, la région conserve des vestiges, comme la nécropole de Kicelj, près du centre ancien de Tuzla, le site de Gradovrh (« la ville du sommet »), à Solina, qui abrita un monastère franciscain jusqu'à l'arrivée des Ottomans ou encore celui de Krešića Gradina, près du village de Par Selo. Des pierres tombales retrouvées à Tuzla attestent l'ancrage du bogomilisme dans la région à l'époque médiévale ; ce mouvement religieux, considéré comme une hérésie par l'Église catholique romaine, s'est particulièrement développé en Bosnie à partir du règne du ban Kulin.

Période ottomane

Soli fut conquise par les Ottomans en 1463. La ville et sa région furent alors intégrées dans le sandjak de Zvornik, qui, jusqu'en 1541, fut une subdivision de l'eyalet (ou pachalik) de Roumélie puis, jusqu'en 1580, de l'eyalet de Buda. Après 1580, Tuzla, comme le reste du sandjak de Zvornik, fut intégrée dans le pachalik de Bosnie nouvellement créé ; le sandjak était lui-même divisé en 31 nahijas, dont celles de Gornja Tuzla et Donja Tuzla, situées sur le territoire de l'actuelle cité,. Ce sont les Ottomans qui donnèrent à Soli son actuel nom de Tuzla, qui vient du mot turc tuz qui signifie le « sel », nom attesté dans les documents écrits ottomans à partir de 1468. Après la guerre austro-turque de 1683-1699 et à la suite du traité de Karlowitz, la frontière entre les possessions des Habsbourg et l'Empire ottoman fut fixée sur la Save et, de ce fait, la région de Tuzla et les régions voisines virent leur importance stratégique augmenter.

La čaršija de Tuzla

La présence ottomane apporta des changements considérables dans la région de Tuzla. Après la bataille de Mohács (1526), de nombreuses populations chrétiennes franchirent la Save pour se réfugier dans les territoires encore contrôlés par la Hongrie. Les habitants de Tuzla se convertirent en grand nombre à l'islam, au point qu'à la fin du  siècle la majorité de la population était devenue musulmane ; après 1699, ce mouvement fut encore amplifié par l'arrivée de Musulmans quittant la Slavonie et les parties de la Hongrie passées sous contrôle autrichien. Dans la région de Tuzla, l'islamisation se traduisit par la construction de nombreuses mosquées. À Tuzla même, la mosquée de Turali-bey fut construite en 1572 et la mosquée de Husein Čauš, également connue sous le nom de Džindijska džamija, en 1650 ; y furent encore édifiées la Mosquée blanche et la mosquée Jalska (vers 1600). Des mosquées furent également construites sur le territoire de l'actuelle municipalité et notamment à Gornja Tuzla, comme la mosquée Atik,. Plus généralement, Tuzla et les localités alentour prirent une allure plus orientale, avec la construction de médersas, comme la médersa de Behram-bey à Tuzla, qui ouvrit ses portes en 1626,, des tours de l'Horloge (sahat-kula), un type d'édifices caractéristique de l'architecture ottomane dans les Balkans, ainsi que des quartiers appelés čaršija, regroupant autour d'une fontaine des édifices religieux et de petits commerces. De cette période, Tuzla conserve des édifices civils, comme l'hôpital Hastahana (construit en 1874), ou militaires, comme la Barutana (la « fabrique de poudre ») et Gornja Tuzla abrite encore un important ensemble de maisons anciennes d'architecture ottomane.

Période austro-hongroise

Après la défaite de l'Empire ottoman dans la guerre russo-turque de 1877-1878 et à la suite du congrès de Berlin, la Bosnie et l'Herzégovine furent placées sous le contrôle de l'empire d'Autriche-Hongrie, ces régions restant officiellement intégrées à l'Empire ottoman ; cette décision provoqua la formation d'un gouvernement provisoire à Sarajevo et de nombreux mouvements de résistance lors de la campagne d'occupation menée par les Austro-Hongrois. Le mufti de Tuzla, Mehmet Vehbi Šemsekadić, organisa la résistance locale et, le , il rassembla dans la ville environ 1 000 soldats, venus pour certains de Kladanj, Srebrenik, Lukavac et Zvornik. Ces hommes furent vaincus par les troupes autro-hongroises qui, le , entrèrent dans Tuzla. Fin , les Autrichiens s'étaient rendus maître de la Bosnie et son territoire réorganisé. Tuzla devint alors le centre d'un district (okrug), qui, outre Tuzla, englobait aussi les villes de Bijeljina, Brčko, Gračanica, Gradačac, Modriča, Bosanski Šamac, Kladanj, Maglaj, Orašje, Srebrenica, Vlasenica et Zvornik, ce qui en fit un centre administratif de premier plan. En raison de sa proximité avec la frontière serbe, la ville devint également un important poste militaire. Un bureau de poste militaire a été ouvert, identifié par les chiffres romains XVIII.

Pendant cette période autrichienne, Tuzla devint également un grand centre économique grâce à l'exploitation des ressources naturelles de sa région. Un monopole d'État y fut introduit pour la production du sel et de tabac, ainsi que pour l'exploitation des mines et des ressources forestières. En 1885, une saline moderne fut ouverte à Simin Han, un faubourg de Tuzla, et, en 1891, une autre saline fut construite à Kreka, un autre faubourg de Tuzla. En 1895, à Kreka, fut également ouverte une mine de charbon qui fut la plus importante de Bosnie-Herzégovine ; la même année une briqueterie ouvrit ses portes, qui, avant la Première Guerre mondiale, produisait 3,5 millions de briques. Dans les années 1880, Tuzla commença à produire de la bière. Ce développement économique s'accompagna de la construction de routes et, le , fut inaugurée la voie de chemin de fer Doboj-Simin Han, longue de 67 . Vers 1900, à Tuzla, le pourcentage de la population active vivant de l'agriculture était descendu à moins de 50 %, au profit des activités industrielle, artisanales ou commerciales et, sur le plan économique, l'ensemble de la période vit le passage de la région du féodalisme au capitalisme.

Tuzla, circa 1910.

Entre 1878 et 1914, Tuzla prit une autre physionomie, avec la construction d'immeubles d'architecture plus occidentale. Des bâtiments officiels, des écoles, des postes, des hôtels, des gares, des hôpitaux et des casernes furent construits dans la ville et dans sa région, dont certains subsistent encore, notamment dans la vieille ville de Tuzla. L'approvisionnement en eau de la ville fut modernisé, un système d'égouts y fut construit et les rues furent éclairées.

Timbre militaire de Bosnie-Herzégovine, oblitéré à TUZLA en mars 1917.

Du royaume des Serbes, Croates et Slovènes à la fin de la Seconde Guerre mondiale

Après 1918

Après la Première Guerre mondiale et la défaite de l'Autriche-Hongrie, à partir d'octobre 1918, Tuzla, comme le reste des territoires yougoslaves anciennement administrés par la double monarchie, fit partie de l'éphémère État des Slovènes, Croates et Serbes, puis, à partir du

Seconde guerre mondiale
La rue juive (Jevrejska Ulica) à Tuzla

En , le royaume de Yougoslavie fut envahi par les puissances de l'Axe, entrant ainsi dans la Seconde Guerre mondiale. Après la capitulation, la région de Tuzla, comme le reste de la Bosnie-Herzégovine, fut intégrée à l'État indépendant de Croatie, dirigé par le gouvernement pronazi des oustachis d'Ante Pavelić. La région de Tuzla fit alors partie de la żupa d'Usora et Soli.

Si les oustachis, suivant l'opinion de l'écrivain et homme politique croate Ante Starčević, considéraient les musulmans de Bosnie comme « l'aristocratie la plus ancienne et la plus pure en Europe », ils manifestaient une grande hostilité à l'égard des Serbes qui constituaient plus de 30 % de la population de l'État indépendant de Croatie.

Comme dans toutes les régions sous son contrôle, le gouvernement oustachi entreprit à Tuzla la déportation et la liquidation physique des Juifs, des Serbes et des communistes ; cette situation entraîna des mouvements de résistance organisés par les Partisans communistes de Tito, auxquels participèrent de nombreux musulmans et Croates, notamment dans les monts Majevica, Birač, Ozren et Trebava, à proximité de Tuzla, ou encore au village de Husino. L'historien serbe Dušan T. Bataković commente ainsi cette période de l'histoire : « Une partie de l'élite musulmane exprima, dès le début de la guerre, sa préoccupation devant les exactions commises contre les Serbes et les prémices du conflit interconfessionnel, se désolidarisant ainsi du nouveau régime et condamnant les crimes contre les Serbes et les juifs, ainsi que les musulmans qui y avaient pris part » souhaitée]. À la fin de 1941, les résistants royalistes tchetniks de Draža Mihailović participèrent eux aussi à la rébellion, en tentant de soulever les paysans serbes de la région, ce qui entraîna une rivalité entre ceux qui les soutenaient et les Partisans communistes ; en novembre 1942, les tchetniks furent battus par la Sixième brigade des Partisans de la Bosnie orientale.

Les prisonniers (femmes et enfants compris) serbes chrétiens orthodoxes, des Juifs et des Tziganes ainsi que des résistants aux nazis et aux oustachis sont déportés, notamment dans le camp de Jasenovac créé entre août 1941 et février 1942 par les autorités de l'État indépendant de Croatie, le plus grand en Croatie, le plus sadique et cruel, dirigé par le général oustachi Vjekoslav Luburić. Ce camp ne possédant pas de chambres à gaz, les victimes y sont tuées par épuisement au travail, par maladies, en les affamant, avec des armes à feu et des armes blanches (marteaux, couteaux) ou des pierres,,. Elles sont enterrées alors que d'autres sont brûlées dans des fours crématoires. Gideon Greif, historien spécialisé dans l'histoire de l'Holocauste, déclare en octobre 2017 « que le camp de Jasenovac était le camp de concentration le plus monstrueux de la Seconde Guerre mondiale bien pire qu'Auschwitz ou les autres camps, et cela en raison du fait que le camp n'était pas tenu par des Allemands, mais par des Croates ».

L'armée des Partisans libéra Tuzla le , ce qui en fit une des premières villes libérées d'Europe et une cible privilégiée jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Dans la Yougoslavie communiste

Après l'indépendance de la Bosnie-Herzégovine

Le 15 mai 1992, au début de la guerre de Bosnie-Herzégovine, une colonne de l’armée yougoslave officielle (majoritairement serbe) est attaquée à Tuzla par les forces séparatistes musulmanes de Bosnie alors qu’elle évacue la ville. Dans l'affrontement, 92 soldats sont tués, 33 autres blessés et plus d'une centaines fait prisonniers. Les soldats tués furent mutilés, égorgés, les prisonniers maltraités et torturés.

Le , pendant la guerre de Bosnie-Herzégovine, Tuzla fut le théâtre d'un événement tragique, lorsqu'un tir d'obus émanant de l'armée serbe tua 71 jeunes gens.

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Culture

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