Général Alcazar dans la série "Tintin (Les aventures de Tintin)"

Général dans l'armée du San Theodoros, pays fictif d'Amérique latine, il est au fil des albums soit dictateur de cet État, soit chef de l'opposition armée. C'est dans L'Oreille cassée qu'il fait la connaissance de Tintin, lors d'un quiproquo qui lui fait prendre le reporter, acculé au peloton d'exécution, pour l'un de ses fervents partisans et le fait colonel et aide de camp. Leur séparation est plutôt brutale : Tintin est victime de la vengeance d'un magnat du pétrole qui met en place une machination faisant passer Tintin pour un espion de la puissance voisine du Nuevo Rico. Alcazar fait alors emprisonner Tintin et, après son évasion, ordonne sa mise à mort.

Étrangement, les retrouvailles entre les deux personnages sont assez chaleureuses dans Les Sept Boules de cristal. Alcazar, victime d'un coup d'État, est devenu lanceur de poignards sous le pseudonyme de Ramon Zarate, un numéro qu'il effectue en compagnie de Chiquito. Tintin le recroise à la fin de l'album, au port de Saint-Nazaire, s'embarquant pour son pays car il n'a plus de partenaire. C'est grâce à son témoignage que Tintin et le capitaine retrouveront la trace des ravisseurs du Professeur Tournesol.

Ils se rencontrent ensuite dans Coke en stock, une rencontre aussi soudaine que brève qui met Tintin sur la piste de trafiquants d'armes. On apprend à la fin, par une coupure de journal, qu'il a chassé son éternel rival le général Tapioca du pouvoir au San Theodoros, grâce à son aviation.

Il est enfin au centre de l'intrigue de Tintin et les Picaros, réfugié dans la jungle aux côtés de ses fidèles guérilleros, les Picaros, au grand dam de son épouse Peggy. De nouveau chassé par Tapioca, qui a reçu l'aide de la Bordurie, il reprend le pouvoir grâce à l'aide de Tintin et ses amis.

Pour le général, un homme de qualité est forcément colonel. Dans L'Oreille cassée, à peine parvenu au pouvoir suite à sa révolution, il nomme Tintin colonel. Il agrandit alors l'effectif du pays qui en compte déjà trois mille quatre cent quatre-vingt-sept. De même, dès sa rencontre avec le capitaine dans Les Sept Boules de cristal, il qualifie d'office celui-ci de « señor colonel ».

Le général Alcazar est un grand fumeur de cigares, un amateur d'échecs et un excellent lanceur de poignards. D'ailleurs, quand il est au pouvoir, il occupe ses journées par ces deux premiers passe-temps. Il se laisse dicter sa politique par différentes compagnies. C'est ainsi que dans L'Oreille cassée, il est convaincu par une compagnie pétrolière de mener une guerre contre son voisin le Nuevo Rico. Ce, afin d'annexer la totalité du désert du Gran Chapo commun entre les deux pays, qui serait riche en pétrole. Pour mener cette guerre, il achète ses armes auprès du marchand d'armes Basil Bazaroff, qui fournit indifféremment les deux pays belligérants. Sa révolution dans Tintin et les Picaros est financée par l'International Banana Company, dont il est l'instrument. Cette société imaginaire fait allusion à la réelle United Fruit Company, entreprise américaine ayant financé des coups d'État dans plusieurs pays d'Amérique latine pour servir ses intérêts.

Hergé montre une similitude entre Alcazar et Tapioca, dont les programmes interchangeables promettent à leur pays le progrès culturel, économique et social. Pourtant, en deux cases de Tintin et les Picaros, il prouve que la situation san théodorienne ne change pas, que l'un ou l'autre soit au pouvoir. Ce sont toujours les mêmes bidonvilles où les habitants s'entassent, toujours sous bonne garde. Seuls changent les uniformes des policiers. Les deux chefs d'État n'hésitent pas non plus à rebaptiser la capitale à leur nom quand ils sont au pouvoir, respectivement « Tapiocapolis » et « Alcazaropolis », à l'instar de Leningrad et Stalingrad en URSS.

D'un tempérament plutôt colérique, le général ne tremble que devant une seule personne, son épouse, la tyrannique Peggy. Il soigne son apparence élégante et virile. Mais au fond, il est lâche : il se laisse aisément corrompre et file doux devant sa femme. Pourtant, il manifeste de l'amitié envers Tintin, comme il le prouve en prenant des risques pour venir le chercher dans Tintin et les Picaros. Il parle avec un accent hispanique très prononcé (sauf quand il est dans son pays, dans L'Oreille cassée et Tintin et les Picaros), ce qui peut le rendre sympathique. Il jure parfois avec un « caramba ! ».

Son nom fait penser à celui de salles de spectacle : l'Alcazar étant le nom de plusieurs anciennes salles situées en Europe. Lors de sa cuite dans L'Oreille Cassée, Tintin déforme involontairement son nom pour l'appeler Alhambra, évoquant cette fois un music-hall parisien.