Goscinny, René
Prénom : René
Nom : Goscinny
Date de naissance : 04-08-1926
Lieu de naissance : Paris, France
Décédé le : 04-08-1926
Informations sur René Goscinny
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René Goscinny, né le 14 août 1926 à Paris et mort le 5 novembre 1977 dans la même ville, est un scénariste de bande dessinée, journaliste, écrivain et humoriste français, également producteur, réalisateur et scénariste de films. Il est l'un des fondateurs et rédacteurs en chef de Pilote, un magazine de bande dessinée
Créateur d'Astérix avec Albert Uderzo, d'Iznogoud avec Jean Tabary, auteur du Petit Nicolas, personnage créé et dessiné par Jean-Jacques Sempé, scénariste de nombreux albums de Lucky Luke créé par Morris, il est l’un des auteurs français les plus lus au monde : l’ensemble de son œuvre représente environ 500 millions d’ouvrages vendus. Avec Jean-Michel Charlier, il joue un rôle décisif pour la reconnaissance du métier de scénariste de bande dessinée qui n’existait pas avant lui.
Biographie
Origines et famille
René Goscinny est né le au 42 rue du Fer-à-Moulin dans le arrondissement de Paris. Cette naissance la veille d'un jour férié lui fera dire qu'il est un « paresseux contrarié ». Il est issu d'une famille juive ashkénaze, originaire de Pologne et d'Ukraine (gościnny signifie « hospitalier » en polonais).
Son père Stanislas, dont le prénom hébraïque est Simha, est un ingénieur chimiste né le à Varsovie (Pologne alors russe), troisième fils du rabbin Abraham Gościnny et Helena Silberblick,. Stanislas s'installe à Paris en 1906, au moment de la montée des persécutions contre les Juifs en Europe centrale,.
Sa mère, Anna Bereśniak, née le à Chodorów alors en Galicie austro-hongroise (aujourd'hui Khodoriv en Ukraine, oblast de Lviv), est issue d'une famille juive non pratiquante bien que cultivant la langue hébraïque et l'éducation ashkénaze par l'étude des lettres et de la musique, investie dans l'édition. Victime de pogroms,, Lazare Abraham Beresniak (1855-1944), le grand-père maternel de René Goscinny s'établit avec son épouse, Freiga Garbel, à Paris en 1905 ou 1912, au 12 de la rue Lagrange, où il tient une imprimerie à son nom. À l'époque, l'imprimerie Beresniak s'occupe notamment de l'édition de plusieurs des principaux journaux yiddishophones et russophones en cyrillique de Paris. L'entreprise est plus tard reprise par les fils Beresniak qui emploieront une centaine de personnes dans les années 1930. Abraham rédige le premier et seul dictionnaire existant hébreu-yiddish, publié en France en 1939. Certains des membres de la famille Beresniak choisissent de partir à l'étranger à temps (en Argentine et aux États-Unis) alors que l'imprimerie parisienne fait imprimer de faux papiers pour le reste de la famille et son entourage, ce qui permet de gagner la province pour s'y cacher. Sous l'Occupation, l'imprimerie Beresniak n'échappe pas à la spoliation des biens juifs par les nazis. À la Libération, le seul oncle rescapé de René Goscinny, Serge Beresniak, récupère l'entreprise qui s'installe en 1959, au 18-20 de la rue du Faubourg-du-Temple, et imprimera en 1973, la première version russe de L'Archipel du goulag de Soljenitsyne,,.
Stanislas Goscinny et Anna Beresniak se rencontrent à Paris et se marient en 1919,.
René Goscinny a un frère aîné, Claude, né en 1920 ; il est le cousin germain du philosophe Daniel Béresniak et apparenté au médecin suisse Ariel Beresniak.
Enfance en Argentine
Après la naissance de son fils aîné Claude, dès 1923, le père de René Goscinny tente une expérience dans la production agricole au Nicaragua. Il revient en France, où il est, avec son épouse naturalisé français en août 1926,, quelques jours avant la naissance de René. L'année suivante en 1927, Stanislas Goscinny est employé par la Jewish Colonization Association (JCA), destinée à aider et favoriser l'émigration des Juifs d'Europe ou d'Asie, notamment sur le continent américain, afin d'échapper notamment aux statuts iniques de l'Empire russe. C'est à ce titre que les Goscinny (avec René âgé d'un an) partent pour Buenos Aires, en Argentine, où Stanislas est employé comme ingénieur chimiste. Une partie de la famille l'y rejoint en 1928. Ces terres accueillent un monde d'immigrés juifs, marquées par « un grand activisme culturel et politique », terreau fertile pour attiser la curiosité, la culture, l'esprit pionnier et la créativité du futur père d'Astérix, qui baigne alors dans le cosmopolitisme et le multilinguisme où l'on parle yiddish, français et espagnol.
René Goscinny étudie au lycée français de Buenos Aires où sa culture se nourrit du pur classicisme de la tradition française,. Il passe ses grandes vacances en Uruguay où il monte à cheval dans la pampa avec les gauchos. Il a l’habitude de faire rire ses camarades de classe, probablement pour compenser une timidité naturelle,. Il commence à dessiner très tôt, inspiré par les histoires illustrées des aventures de Patoruzù, un Indien patagon, héros populaire des historietas argentines créé par le dessinateur Dante Quinterno, et également celles comme Zig et Puce, Superman, Tarzan et surtout Les Pieds Nickelés dont il recopie scrupuleusement l'album qu'il rapporte de Paris. À cette époque, la famille Goscinny s'embarque fréquemment sur des transatlantiques, pour visiter les grands-parents et cousins de France. Pour René Goscinny, la France est alors un « pays fabuleux, exotique » où il part en vacances : « Nanterre, les Deux-Sèvres, c'était Tombouctou,. »
Il se passionne très tôt pour le cinéma, son acteur préféré étant Stan Laurel.
Durant la Seconde Guerre mondiale
René a 13 ans quand, en Europe, la Seconde Guerre mondiale commence. Si sa famille directe est à l’abri en Argentine, une partie de celle restée en Europe est victime de la Shoah. Des lettres de sa famille restée en France sous l’Occupation racontent les brimades quotidiennes, le port de l’étoile jaune…. Trois de ses oncles maternels, arrêtés après une dénonciation pour avoir imprimé des tracts antiallemands, meurent en déportation dans les camps de Pithiviers et d’Auschwitz,. La famille Goscinny rescapée ne le découvre qu’à la Libération, ce qui traumatisera durablement le futur scénariste.
De l’autre côté de l’Atlantique, Stanislas rejoint le « Comité de Gaulle » dès août 1940. Le , peu après l’obtention de son bac à dix-sept ans, le jeune René Goscinny perd son père, des suites d’une hémorragie cérébrale, ce qui fait basculer la famille dans la précarité. René se voit obligé de rechercher un travail. Il est notamment dessinateur dans une agence de publicité,. Parallèlement, il publie ses premiers textes et dessins dans Quartier latin et Notre Voix, bulletin interne du collège français de Buenos Aires.
Dans l'Armée française
René Goscinny, accompagné de sa mère, quitte l'Argentine pour New York en 1945. Alors qu'il aurait pu rejoindre les forces armées des États-Unis et obtenir la nationalité américaine, Goscinny rejoint l’Armée française en 1946. Il sert à Aubagne, dans le bataillon d’infanterie alpine. Promu caporal, puis très rapidement caporal-chef, Goscinny devient l’illustrateur officiel du régiment et réalise des menus et des affiches. Le général de Lattre de Tassigny, amusé par ses dessins, le nomme sergent — du moins le raconte-t-il plus tard avec humour avant de conclure : « C'est ainsi que je suis devenu une brute galonnée ! » Dès la fin de son service militaire, Goscinny décide de repartir à New York.
Premiers travaux
« J'étais parti aux États-Unis pour travailler avec Walt Disney, mais Walt Disney n'en savait rien. »
— René Goscinny
Rentré à New York où il espérait rencontrer Walt Disney,, Goscinny veut trouver un métier en rapport avec ce qu'il aime le plus : faire rire les autres. Il frappe aux portes des éditeurs, agences de presse et studios de création avec ses quelques travaux publicitaires réalisés en Argentine et des dessins humoristiques personnels et des caricatures réussies de personnes connues (Hitler, Gable, Cagney, Tracy, Karloff…), mais il n'essuie que des refus. Goscinny traverse alors la période la plus difficile de sa vie. Il reste un an et demi sans emploi, déprimé et vivant aux crochets de sa mère.
Fin 1948, il trouve, par l'intermédiaire d'un ami français, un travail dans une agence de publicité. Il y rencontre Harvey Kurtzman, futur fondateur du magazine Mad. Ce dernier travaille alors surtout pour Timely Comics, mais possède aussi un studio de dessinateurs, nommé Charles William Harvey qu'il gère avec Bill Elder et Charles Stern. Pour gagner un peu d'argent, Kurtzman sous-loue le studio à d'autres auteurs de comics comme John Severin.
En 1949, Goscinny collabore avec Kurtzman et publie son premier livre intitulé Playtime Stories aux éditions Kunen Publishers,. Il s'agit d'un livre animé pour enfants de douze pages où il signe trois histoires : Robin Hood, Pinocchio et Aladin. Par la suite, il signe deux autres livres du même genre qui racontent l'amitié d'un Amérindien et d'un Blanc dans le premier et avec un cow-boy dans le second.
Avec l'argent gagné, il part en vacances à Paris. Sur le bateau du retour, il rencontre un Français, exportateur de fromages, nommé Jean Monmarson, qui lui apprend qu'un auteur belge de bande dessinée, Jijé, s'est installé dans le Connecticut. C'est par l'intermédiaire de Jijé qu'il rencontre Morris, élève de ce dernier et auteur de la série Lucky Luke. Morris et Goscinny deviennent très vite amis et partent à New York.
À l'été 1949, Goscinny travaille pour une société d'édition de cartes postales peintes à la main, mais il se rend souvent dans le Connecticut pour y voir Jijé, qu'il juge aussi bon en bande dessinée que les Américains. Il y apprend sa méthode pour dessiner, d'abord l'œil, puis la main. Goscinny n'a pas le même talent au dessin que les précédents élèves de Jijé, Morris ou André Franquin, mais Jijé s'intéresse à son sens du gag et des mots, qualité qui manque beaucoup aux auteurs de bande dessinée européens. Goscinny sort quatre nouveaux livres pour les enfants intitulés : The Little Red Car, Jolly Jungle, Hello Jimmy, Round the World, qui lui donnent l'occasion de dessiner des objets compliqués.
Retour à Paris
Par l'intermédiaire de Jijé, Goscinny rencontre Georges Troisfontaines, directeur de World Press agency, qui travaille en étroite collaboration avec les éditions Dupuis. À son contact ainsi qu'à celui de Jijé et Morris, Goscinny pense de plus en plus à rentrer définitivement en Europe.
En attendant, il essaye de créer seul une bande dessinée qui a pour titre Dick Dicks, qui met en scène un détective de police new-yorkais. Si le dessin est médiocre, mettant en scène notamment des rues de New York vides de passants et de voitures, le scénario compte déjà plusieurs clés de lecture. Après le refus de la BD par tous les journaux et agences de New York, il décide d'envoyer ses planches à Jijé, rentré en Europe, pour qu'il les présente à Charles Dupuis. Mais une erreur d'envoi (les planches arrivent à Juan-les-Pins alors que Jijé est en Belgique et, qui plus est, elles arrivent dans un mauvais état) fait qu'elles ne seront jamais présentées. Goscinny reste fâché pendant une année contre Jijé après cet épisode.
World Press
Lors d'une visite à New York, Georges Troisfontaines lui dit de passer le voir à Bruxelles. Goscinny le prend au mot et après le renvoi de ses planches par Jijé, il prend le bateau pour l'Europe. Il est reçu dans l'agence par Jean-Michel Charlier, alors directeur artistique, qui bien qu'il n'ait pas de travail pour lui, consulte quand même les planches de Dick Dicks. Enthousiasmé par le scénario (moins par le dessin), il convainc Georges Troisfontaines de l'engager. Celui-ci l'envoie chez son associé et beau-frère, Yvan Chéron, qui fait publier Dick Dicks dans le supplément du magazine La Wallonie et divers quotidiens belges.
Durant l'hiver 1951, la World Press ouvre un bureau sur les Champs-Élysées à Paris. Goscinny y est envoyé pour travailler sur sa série. Il y rencontre Albert Uderzo, employé lui aussi par la World Press et qui dessine la série Belloy sur un scénario de Jean-Michel Charlier,. Les deux hommes se lient d'une profonde amitié. Très vite, ils décident de travailler ensemble, d'abord pour l'hebdomadaire belge Bonnes Soirées, où ils publient une chronique humoristique illustrée intitulée Sa Majesté mon mari. Goscinny y signe « la Fidèle Admiratrice de Sa Majesté », qui connaîtra deux cents épisodes. Puis ils s'occupent de la rubrique savoir-vivre du même hebdomadaire, sous le pseudonyme de Liliane d'Orsay (réutilisé une dizaine d'années plus tard par Pierre Desproges, dans le même magazine, pour la rubrique « courrier du cœur »).
Recevant régulièrement du courrier de femmes chics qui le félicitent pour ses bonnes manières, il répond un jour grossièrement (plus ou moins, selon les versions) à l'une d'elles et se voit renvoyé de l'hebdomadaire.
Avec Uderzo, il met en chantier plusieurs bandes dessinées, telles que Benjamin et Benjamine, Jehan Pistolet (qui est renommé Jehan Soupolet en 1953 lorsqu'il passera de La Libre Junior à Pistolin), Luc Junior, Bill Blanchart. Avec le dessinateur Martial, il fait les premiers scénarios de Sylvie ainsi qu'Alain et Christine.
En 1952, Troisfontaines l'envoie à New York, avec pour mission de lancer TV Family, un magazine télévisé que Dupuis souhaite implanter outre-Atlantique. Quatorze numéros sont publiés. Au bout d'un an et 120 000 dollars de perte, Dupuis arrête les frais. René Goscinny y gagne le statut de directeur artistique, qui le conduit à devenir scénariste. Quelques mois plus tard, il retourne à nouveau aux États-Unis comme correspondant étranger de Dupuis.
De retour à Paris, il écrit des textes, nouvelles policières et des articles qui sont publiées notamment dans Le Moustique. Goscinny est également scénariste et dessinateur du Capitaine Bibobu, série parue en 1955 dans l’éphémère hebdomadaire en couleurs au format journal Risque-Tout. Après cette dernière tentative, il abandonne le dessin pour se consacrer exclusivement à l'écriture.
Il travaille avec d'autres dessinateurs. Cependant ses scénarios, fournis par l'intermédiaire de Georges Troisfontaines, sont rarement acceptés par les éditions Dupuis. À l'exception notable de Lucky Luke, ils se limitent à trois Belles Histoires de l'Oncle Paul (avec Eddy Paape), et à des collaborations avec Raymond Macherot (Pantoufle) et Jijé (un épisode de Jerry Spring).
Lucky Luke
Le dessinateur Morris, qu'il a rencontré en 1948 aux États-Unis par l'intermédiaire de Jijé, le sollicite pour écrire le scénario de Lucky Luke. Des rails sur la prairie, la première aventure scénarisée par Goscinny, paraît dans Spirou en 1955. Après un dernier épisode réalisé par Morris sur un scénario de son frère, Louis De Bevere (Alerte aux Pieds-Bleus), René Goscinny reprend définitivement le scénario à partir de Lucky Luke contre Joss Jamon. Morris a créé son personnage en 1947. Il s'agit, au départ, d'un véritable cow-boy, qui se transforme rapidement en défenseur de la veuve et de l'orphelin. Il tire juste et vite, au point de devenir « l'homme qui tire plus vite que son ombre ». Après quelques années, Morris considère qu'un sang neuf ferait du bien à Lucky Luke. De plus, il apprécie de pouvoir se concentrer exclusivement sur le dessin.
L'intervention de Goscinny va amener une évolution dans les aventures de Lucky Luke. Les deux auteurs connaissent bien le folklore de l'Ouest américain. Ils mettent en scène avec dérision des personnages historiques : Calamity Jane, Jesse James, Billy the Kid, le juge Roy Bean. Ils parodient des westerns (Des rails sur la prairie, parodie de Pacific Express, La Diligence, clin d'œil à La Chevauchée fantastique, Le Pied-Tendre, qui rappelle L'extravagant Mr Ruggles, Chasseur de primes, référence aux films de Sergio Leone). Des personnages récurrents apparaissent (les frères Dalton, Rantanplan) et Jolly Jumper se met à parler.
De 1957 à 1977, Goscinny écrit les scénarios de 36 aventures de Lucky Luke, qui rencontrent un succès croissant auprès des lecteurs. Son nom n'apparaît sur les albums qu'à partir de la dix-neuvième aventure : Les Rivaux de Painful Gulch. Les albums précédents étaient signés « Texte et illustrations de Morris ». Ce n'est qu'en 1996 que les éditions Dupuis rétablissent la vérité. Goscinny apprécie particulièrement la collaboration avec Morris, avec qui il partage le goût de l'histoire du Far West et ses héros truculents. Les deux hommes créeront également, pour Le Hérisson, un personnage contemporain nommé Fred le savant, dont les aventures ne dureront qu'une quinzaine de planches.
Lucky Luke passera de Spirou à Pilote et des éditions Dupuis à Dargaud en 1968. En 1974, un magazine mensuel portant son nom verra le jour pour quelques mois. Il fait l'objet de plusieurs dessins animés et de films au cours des décennies suivantes.
Le Petit Nicolas
En 1953, Goscinny rencontre Jean-Jacques Sempé dans les bureaux parisiens de la World Press. Sempé réalise des dessins humoristiques qui sont publiés dans Le Moustique. À la demande du journal, il a créé un personnage d'enfant nommé Nicolas. Quelques mois plus tard, les responsables du Moustique lui demandent d'en faire une bande dessinée, ce qui ne l'enchante pas. Il sollicite son « copain » Goscinny pour lui écrire des scénarios. Plusieurs planches du Petit Nicolas paraissent, signées Sempé et Agostini. Après l'éviction de Goscinny, Charlier et Uderzo de la World Press, Sempé rompt son contrat avec Le Moustique. En 1958, Henri Amouroux, directeur de la rédaction du quotidien Sud Ouest, contacte Sempé et lui propose de dessiner « un truc pour Noël avec du texte ». Sempé pense immédiatement au Petit Nicolas et à Goscinny. Celui-ci écrit Le Noël du Petit Nicolas, qu'illustre Sempé. Le succès est au rendez-vous et le tandem fait paraître Nicolas toutes les semaines pendant des années.
Le Petit Nicolas est une œuvre à part dans la carrière de Goscinny. Il met en scène un jeune garçon commentant « dans un langage de gosse » les multiples péripéties de son existence. Sempé explique : « Je racontais souvent à Goscinny mes souvenirs d'enfance, à l'école (j'étais un enfant chahuteur !), en colonie de vacances, etc., et il m'a incité à exploiter ces souvenirs, ces anecdotes. […] Il avait trouvé un ton formidable et qui plaît encore aux enfants d'aujourd'hui. Par la suite, il m'a dit, à plusieurs reprises, que Le Petit Nicolas était ce qu'il préférait de toute son œuvre. »
En 1959, Goscinny rapatrie Le Petit Nicolas dans Pilote. Les recueils, publiés chez Denoël à partir de 1960, connaissent un succès grandissant et sont régulièrement réédités. À partir de 2004, Anne Goscinny et Sempé feront paraître trois recueils supplémentaires d'histoires inédites. Ces ouvrages rencontreront un immense succès.
Sur la fin de Nicolas en 1965, les auteurs ont chacun leur version. Sempé explique qu'il veut se consacrer à ses albums de dessins humoristiques et que Goscinny a été très déçu, car il tenait énormément à ce personnage. Goscinny dit qu'il était lui-même « un peu fatigué de continuer ». En 1977, Sempé lui propose de reprendre leur collaboration en prenant pour cadre une école mixte. Ce projet ne pourra voir le jour.
ÉdiFrance et Pistolin
En 1956, Goscinny, Jean-Michel Charlier et Uderzo tentent de monter « une sorte de syndicat des dessinateurs de bande dessinée ». Selon Jean-Michel Charlier, l'objectif est d'« obtenir au moins que cette profession soit régulée et que les gens qui l'exercent aient quand même quelques garanties ». Une réunion de dessinateurs se tient, le 10 janvier 1956, dans un café bruxellois, à l'issue de laquelle les participants signent tous « une sorte de charte ». L'objectif est de remettre en cause le principe du copyright appliqué à la World Press, selon lequel l'ensemble des œuvres et des séries produites sous son égide lui appartient. Les auteurs sont ainsi dépossédés du fruit de leur travail. Le soir même, deux dessinateurs dénoncent les trois hommes à leurs éditeurs comme de dangereux meneurs. Goscinny, suspecté d’avoir fomenté ce mouvement, est licencié par Georges Troisfontaines. Charlier et Uderzo démissionnent par solidarité et se trouvent placés comme lui sur la liste noire des éditeurs.
Jean Hébrard, ex-chef de publicité à la World Press, leur propose de créer une double agence dédiée à la publicité et à la fourniture de rédactionnel pour les journaux : ÉdiPresse/ÉdiFrance. Bientôt rejoints par les dessinateurs Sempé et Jean-René Le Moing, les quatre associés se lancent dans de nombreuses activités : publicité, graphisme, relations publiques. « On faisait un peu n'importe quoi », expliquera plus tard Uderzo. Ainsi Charlier obtient pour ÉdiPresse le budget relations publiques du Syndicat de la margarinerie française et organise les séjours en France de dignitaires africains. Goscinny, Sempé et Uderzo sont sollicités pour accueillir les invités à leur descente d'avion et poser avec eux sur des photos.
L'équipe d'ÉdiFrance a le projet d'un magazine de bandes dessinées destiné à être encarté comme supplément hebdomadaire dans de grands quotidiens. Ce magazine est intitulé Le Supplément illustré. Un numéro zéro est préparé, auquel travaillent notamment Franquin, Jijé, Peyo, Morris et Will. Ce projet ne verra jamais le jour. Cependant, lors de leur départ de la World Press, Goscinny, Charlier, Hébrard et Uderzo ont négocié avec Troisfontaines la reprise du budget publicitaire du chocolat Pupier, qui publie le fascicule publicitaire bimensuel Pistolin. Goscinny en assure la rédaction en chef avec Jean-Michel Charlier. Plusieurs dessinateurs collaborent au journal, dont certains passeront à Pilote, dont Martial et Victor Hubinon. Au rythme de deux publications mensuelles, Pistolin voit son premier numéro sortir en février 1955. Goscinny crée à cette occasion le personnage de Pistolin, dessiné par Victor Hubinon (ce dernier signe la série du pseudonyme Victor Hugues). En janvier 1958, le Pilote.
Le Journal de Tintin et Oumpah Pah
Le , Goscinny est contacté par André Fernez, le rédacteur en chef du Journal de Tintin. Ce dernier a, en effet, entendu parler de la « réputation de scénariste et d’humoriste » de Goscinny et souhaite travailler avec lui pour redonner au journal la pointe d’humour qui lui manque pour rivaliser avec le Journal de Spirou. L’auteur démarre alors une fructueuse collaboration avec le Journal de Tintin. Il débute par des récits humoristiques en deux ou trois planches avec Jo Angenot (Mottie la marmotte), Noël Bissot (Coccinelle le trappeur) et Albert Weinberg (Le professeur est distrait). Il scénarise un épisode des Aventures de Chick Bill pour Tibet (La Bonne mine de Dog Bull) ainsi que des histoires de Globul le martien et Alphonse. Pour Bob de Moor, il écrit les Mésaventures du Professeur Tric et il rédige quelques gags de Modeste et Pompon pour Franquin.
La présence de Goscinny au sein de Tintin s'accentue au cours des années suivantes. Il fournit un grand nombre de scénarios de récits courts à plusieurs dessinateurs : Rol, Coutant, Jo-El Azara, Raymond Macherot. Il s'implique davantage dans Prudence Petitpas de Maurice Maréchal. Mais c'est avec Dino Attanasio et Berck (Arthur Berckmans) qu'il développe les collaborations les plus fructueuses sur le Signor Spaghetti (16 épisodes d'histoires à suivre) et Strapontin (9 épisodes).
En 1957, Goscinny présente Uderzo à André Fernez. Uderzo commence par illustrer une série publicitaire, La Famille Cokalane, et une série de gags en une planche, Poussin et Poussif. Très vite, Fernez leur propose une série à suivre. Goscinny et Uderzo décident de ressortir un personnage de peau-rouge qu'ils avaient créé pour la World en 1951 : Oumpah-Pah. Il s'agit d'un Indien quittant sa réserve et ses traditions pour se mêler à la vie normale et moderne des Américains. Ils réalisent six planches, dont Harvey Kurtzman traduit les dialogues en anglais et que Goscinny tente sans succès de placer aux États-Unis lors de son séjour pour TV Family. Les deux auteurs le présentent également à Spirou, par l'intermédiaire d'Yvan Chéron, et essuient un refus.
Sept ans plus tard, pour Tintin, Uderzo et Goscinny modifient leur personnage. Ses aventures ne se passent plus à l'époque moderne, mais pendant la période historique de la colonisation de l'Amérique. Ils introduisent auprès de l'athlétique peau-rouge Oumpah Pah, de la tribu des Shavashava, le personnage d'Hubert de la Pâte Feuilletée, jeune gentilhomme français perruqué et poudré. Cinq épisodes paraissent de 1958 à 1962, au cours desquels Goscinny prend parfois des libertés avec l'Histoire, notamment en introduisant des Prussiens venus coloniser le territoire américain et combattre les Français.
Oumpah Pah est une étape importante dans la collaboration entre Uderzo et Goscinny. Les deux amis ont une grande liberté dans la réalisation de la série. Le dessin d'Uderzo évolue, devient moins réaliste et plus humoristique. Les gags se multiplient. Cette série les amuse bien, mais n'est pas très bien placée au référendum. En 1962, Uderzo et Goscinny prennent prétexte de ce mauvais résultat et abandonnent Oumpah Pah. En fait, Uderzo est déjà absorbé par les deux séries qu'il dessine dans Pilote, pour lesquelles il réalise trois ou quatre planches par semaine.
En parallèle, Goscinny participe au magazine Paris-Flirt. Parallèlement, il rédige pour Jours de France le scénario et les gags des Aventures du docteur Gaudéamus, dessinées par Coq. Cette série destinée à des adultes lui permet de brocarder avec humour le snobisme parisien. Ce personnage créé par Coq est un savant qui ingurgite un élixir de sa fabrication lui permettant de redevenir un bébé. Goscinny rédige pour Gaudéamus 450 pages de scénario entre 1960 et 1967. Les deux hommes créent ensuite La Fée Aveline, héroïne sexy inspirée des Contes de Perrault, qui évolue alternativement dans le Paris des années soixante et dans le pays des légendes. Quatre épisodes sont publiés entre 1967 et 1969. Goscinny scénarise et donne des textes à L'Os à moelle, La Vie française et Pariscope.
« De cette époque, je garde surtout le souvenir d'un travail gigantesque », déclare plus tard Goscinny. Absorbé par les séries qu'il écrit dans Pilote, il abandonne progressivement sa coopération avec Tintin.
Pilote, Iznogoud et Astérix
Débuts
En 1959, Raymond Joly, chef du service de presse de Radio Luxembourg, contacte ÉdiFrance. La station souhaite lancer un magazine pour les jeunes. Des éditeurs d'un quotidien de Montluçon souhaitent investir dans cette opération. C'est ainsi que se crée Pilote, dont Charlier, Uderzo, Goscinny, Joly et le publicitaire François Cleauteaux forment l'équipe de base. Goscinny en est le secrétaire de rédaction. Il devient un des écrivains les plus productifs pour le magazine. Dans la première édition, il lance, avec Albert Uderzo, son compagnon de « besogne de la futilité », sa plus fameuse création, Astérix.
Noms d'Astérix et Obélix
Les patronymes d'Astérix et Obélix pourraient trouver leur origine dans l'atelier typographique de son grand-père maternel : les signes astérisque et obèle, peut-être via le couple des noms anglais de ces signes (asterisk et obelisk ou de leurs noms allemands (Asterisk et Obelisk).
Cependant l’origine du nom d'Obélix provient peut-être de l’obélisque, colonne de pierre célébrant le soleil chez les Égyptiens. Dans une histoire courte parue en 1963 dans Pilote, Goscinny et Uderzo mettent en scène un descendant d'Obélix qui leur explique : « Je m'appelle Obélisc'h… Prononcez obélisque, c'est plus simple… ».
Autres activités
Goscinny reprend également l’écriture du Petit Nicolas et de Jehan Pistolet, maintenant appelé Jehan Soupolet.
Pilote, en difficulté financière, est racheté par Georges Dargaud en 1960. Après une dérive vers le style yéyé liée aux idées d'un éphémère rédacteur en chef, les ventes chutent. Dargaud fait appel à Charlier et Goscinny pour redresser le magazine.
Charlier et Goscinny sont nommés co-rédacteurs en chef de Pilote en septembre 1963 et font de Pilote un magazine pour adolescents, publiant des bandes dessinées plus inventives et libérées que celles de la presse pour enfants. Ils revalorisent les salaires des dessinateurs. Jean Tabary raconte : « À Pilote, on était très bien payés. Goscinny et Charlier avaient pratiquement doublé les prix. »
Goscinny commence de nouvelles séries :
- Les Divagations de Monsieur Sait-Tout avec Martial ;
- La Potachologie et Le Potache est servi avec Cabu ;
- Les Dingodossiers avec Gotlib de 1965 à 1967 ;
- La Forêt de Chênebeau avec Mic Delinx.
Record et Iznogoud
Dargaud avait déjà « testé » le duo Charlier-Goscinny en leur confiant la responsabilité éditoriale du mensuel Record l'année précédente. Ce périodique, publié en association avec les éditeurs catholiques de La Maison de la Bonne Presse, a pris en 1962 la succession de l'hebdomadaire pour la jeunesse Bayard. Goscinny y a créé avec Jean Tabary la série Iznogoud, sous le titre Les Aventures du calife Haroun-el-Poussah.
Cette série trouve son origine dans Les Vacances du Petit Nicolas : le moniteur de la colonie de vacances où se trouve Nicolas raconte aux enfants l'histoire d'un méchant vizir qui veut devenir calife à la place du calife. Goscinny explique : « Lorsque Record est paru et qu'on nous a demandé une série à Tabary et à moi, j'ai pensé faire une parodie des Mille et Une Nuits en prenant toujours pour thème le vizir qui veut devenir calife et qui n'y arrive pas. L'amusant est qu'il faut toujours trouver le truc pour qu'il n'y arrive pas et renouveler l'opération à chaque histoire. » L'auteur en profite pour s'abandonner à son goût du calembour. Tabary précise : « Il casait dans Iznogoud tous les calembours épouvantables qu'il ne pouvait pas mettre dans Lucky Luke parce que Morris les détestait. » La série paraîtra dans Record et simultanément dans Pilote à partir de 1968.
Iznogoud est, avec Lucky Luke et Astérix, l'un des trois personnages sur lesquels Goscinny se concentrera jusqu'à sa mort. De son vivant, ses albums n'obtiendront pas le même succès que ses deux autres héros, atteignant malgré tout des tirages de 100 000 exemplaires. Une série de dessins animés diffusés à partir de 1995, puis le film de Patrick Braoudé en 2005 lui apporteront un surcroît de visibilité.
Astérix : la consécration
Au départ, Goscinny et Uderzo pensent faire pour Pilote une série fondée sur le Roman de Renart. Comme un dessinateur vient de travailler sur ce sujet, ils doivent renoncer et cherchent une autre idée. Ils passent en revue l'histoire de France et s'arrêtent rapidement à la « veine gauloise ». Goscinny pousse ses recherches, trouve des patronymes en « ix » : « Nous nous sommes amusés comme des fous en élaborant notre sujet. Astérix est né dans la joie. »
Les deux auteurs arrêtent leur choix sur un personnage unique. Uderzo dessine tout d'abord un personnage grand et fort, comme Oumpah Pah. Il explique : « René m'a demandé de faire exactement le contraire. Je lui ai donc raccourci les jambes et arrondi le nez. Le regard devait être malin. Mais je suis têtu, c'est ce que l'on dit de moi, alors j'ai dessiné dès la première aventure un autre Gaulois, beaucoup plus grand et baraqué qu'Astérix. C'est devenu le personnage que l'on connaît, notre bon Obélix. Le chien est arrivé longtemps après sans idée fixe d'ailleurs, si je puis me permettre. C'était pour moi un running-gag. »
Le succès éditorial d'Astérix va devenir un phénomène d'édition à partir de 1965. Alors que le premier album , publié en octobre 1961, avait été tiré initialement à 6 000 exemplaires, les deux albums suivants (La Serpe d'or et Astérix chez les Goths) sont édités à 15 000 exemplaires, puis 60 000 pour Astérix gladiateur et Le Tour de Gaule d'Astérix. Le cap des 100 000 est franchi en 1965 pour Astérix et Cléopâtre. Ce tirage est doublé pour Le Combat des chefs puis quadruplé pour Astérix chez les Bretons. Ce premier tirage est épuisé en quelques jours. En 1967, Astérix et les Normands est tiré à 1 200 000 exemplaires. Ces nombres sont exceptionnels à une époque où la bande dessinée est cantonnée exclusivement à la clientèle enfantine. Seul Tintin a atteint des niveaux de vente comparables : au milieu des années soixante, Casterman vend 1,5 million d'albums par an mais trois albums seulement ont franchi la barre du million de ventes.
Le 26 novembre 1965, une fusée Diamant-A lancée depuis le Centre interarmées d'essais d'engins spéciaux d'Hammaguir, en Algérie, met sur orbite le premier satellite français. Le Centre national d'études spatiales (CNES) l'a baptisé Astérix en l'honneur du petit Gaulois.
Le 19 septembre 1966, le magazine L'Express consacre sa couverture et plusieurs pages au « phénomène Astérix », la « nouvelle coqueluche des Français ». On y apprend que le vient de lui consacrer une étude très sérieuse et que le feuilleton radiophonique Astérix le Gaulois, diffusé sur France Inter depuis le 18 juillet, rencontre un grand succès d'audience.
L'expression « Ils sont fous ces Romains » devient un signe de reconnaissance. Pour Goscinny et Uderzo, c'est la consécration. Ils sont invités à la radio et à la télévision. Au cours d'un dîner, le ministre de la Jeunesse et des Sports François Missoffe leur apprend que le général de Gaulle a, lors d'un récent Conseil des ministres, affublé chaque participant du nom d'un des personnages d'Astérix.
Parallèlement à ce succès éditorial et médiatique, Astérix devient un support publicitaire particulièrement demandé. Skip, Amora, Tonimalt, Bel, L'Alsacienne, Staedtler et de nombreuses autres marques l'utilisent dans leur communication. À la mi-68, le Gaulois est utilisé pour la promotion de quatre-vingt-trois produits pour un investissement publicitaire global de cinquante millions de francs.
En 2019, l'album La Fille de Vercingétorix est tiré à 5 millions d'exemplaires - dont 2 millions en français et 1,6 million en allemand. Depuis la sortie du premier opus Astérix le gaulois en 1961, les BD du héros de René Goscinny et Albert Uderzo se sont écoulées à plus de 370 millions d'exemplaires dans le monde. Comparativement, les aventures de Tintin ont été vendues à 270 millions d'exemplaires.
Avec le succès d'Astérix, René Goscinny a réussi à faire reconnaître le métier de scénariste de bande dessinée et il en était fier :
« Lorsque nous avons débuté, il n'était pas question de gagner sa vie en faisant ce métier. On me regardait bizarrement et on me disait : « Mais quel est votre VRAI métier ? C'est impossible que vous vous occupiez de mettre des lettres dans des ballons ! » Heureusement, j'ai de l'amour-propre mais aucun sens de la dignité. »
Mai 68 et ses conséquences
En 1966, après la seconde interdiction d'Hara-Kiri, Goscinny accueille à Pilote les dessinateurs Gébé et Reiser, qui faisaient partie de la rédaction. En mai 1968, un événement le marque profondément. Alors que la parution de Pilote est suspendue en raison des grèves, il est convoqué à une réunion par des syndicalistes et des dessinateurs, parmi lesquels Mandryka, Giraud et Mézières. Il se retrouve seul face à « une sorte de tribunal improvisé ». Lors de ce « procès quasi stalinien », certains participants le traitent de « suppôt du patronat ». Mandryka, qui regrette ces événements, écrira plus tard qu'il y a vu « de la haine en action ». Goscinny est « écœuré » par le comportement de ces jeunes dessinateurs qu'il avait pourtant contribué à lancer dans le métier, au point qu'il songe à abandonner la bande dessinée. Cet épisode lui aurait inspiré l'album d'Astérix La Zizanie.
Peu après cet incident, Goscinny change la formule de Pilote en introduisant les « pages d'actualité », rédigées et dessinées par des collaborateurs dont les idées ont été retenues lors des réunions de rédaction hebdomadaires. Pilote souhaite s'adresser à un lectorat plus âgé tout en continuant de publier des bandes dessinées traditionnelles. À cette occasion, Serge de Beketch, journaliste à Minute, fait son entrée dans le magazine.
Polémiques et départs
En septembre 1971, l'hebdomadaire est pris à partie par un journaliste nommé Noël-Jean Bergeroux dans Le Monde. Dans un article intitulé « M. Pompidou épaule Astérix », il reproche à Pilote plusieurs portraits du président Georges Pompidou réalisés à l'occasion de la Saint-Georges et l'accuse de récupération commerciale. Il s'en prend en particulier à Michel Tanguy « nouvelle version des chevaliers du ciel, des défenseurs de l'ordre et des héros bien-pensants ». Bergeroux oppose Pilote à Hara-Kiri hebdo, devenu Charlie-Hebdo « haut lieu du renouvellement ». Goscinny prend l'article comme une attaque personnelle. Il dira de Bergeroux qu'il est « intellectuellement, certainement un malhonnête homme ». François Cavanna renchérit sur l'article du Monde dans Charlie Hebdo en appuyant Bergeroux et conclut ainsi sa violente diatribe : « Pilote est mauvais parce que ceux qui le font sont mauvais. » Il somme Gébé, Cabu et Reiser de cesser leur collaboration à l'hebdomadaire et de se consacrer en exclusivité à Charlie-Hebdo. Les trois hommes obtempèrent et quittent Pilote.
Un autre épisode vient perturber le journal en 1972 : Mandryka, Gotlib et Claire Bretécher fondent leur propre journal, L'Écho des savanes. Goscinny vit très mal ce qu'il considère comme des désertions.
En 1974, René Goscinny supervise Lucky Luke, le nouveau magazine mensuel lancé par Dargaud, qui connaîtra 12 numéros. Cependant, un mauvais climat s'est installé à la rédaction de l'hebdomadaire, en raison notamment d'une violente dispute que Goscinny a avec Giraud : « J'ai eu des ennuis avec mes collaborateurs […] Il s'est incontestablement institué une drôle d'ambiance. » En 1974, il quitte la rédaction en chef du magazine auquel il continuera de collaborer de temps à autre.
Bilan de Pilote et d'Astérix
Quand il prend, avec Jean-Michel Charlier, les rênes de Pilote, en 1963, René Goscinny développe une politique d'expérimentation. Il intègre de jeunes auteurs et des séries qui tranchent avec la bande dessinée des années cinquante. L'éditeur Georges Dargaud lui laisse les mains libres tant qu'Astérix continue à vendre deux millions d'exemplaires par an. « C'est clairement Astérix qui a financé toute une génération qui n'aurait pas éclos sans cela », estime le documentariste Guillaume Podrovnik.
Patrick Gaumer l'explique ansi :
« Goscinny, et c’était sa grande force, savait détecter, accompagner et faire émerger des personnalités pour les faire accepter du public. C’est lui qui signait par exemple les premiers scénarios des Dingodossiers dessinés par Gotlib, avant de laisser carte blanche au dessinateur. Pilote était tout sauf un suiveur de modes ; il prenait de l’avance sur son temps. Auparavant, la bande dessinée était un genre très codifié, avec de sempiternelles histoires de scouts, de cow-boys, de militaires ou de pilotes automobiles. Goscinny et Pilote ont ouvert les horizons. Des séries comme Blueberry en 1963 ou Valérian de Jean-Claude Mézières et Pierre Christin en 1965 ont constitué des changements radicaux. Après mai 68, Goscinny a cessé de publier la plupart des séries à suivre, trop marquées par le passé, et s’est tourné vers la nouvelle génération (Nikita Mandryka, Claire Bretécher…). »
Pierre Christin témoigne :
« En tant que rédacteur en chef, René Goscinny était authentiquement libéral. Il était capable, au nom du journal qu’il défendait, d’accepter des auteurs, des histoires, des styles et des genres qu’il n’appréciait pas particulièrement. La science-fiction et Valérian lui plaisaient peu, mais il en a tout de suite vu les potentialités pour Pilote. »
Nikita Mandryka, auteur du Concombre masqué, garde un souvenir ému de la liberté qui régnait à l'époque :
« On acceptait tout ce qui était non conforme. Le journal réunissait les meilleurs dessinateurs qui faisaient ce qu’ils voulaient. »
Durant toutes ces années passées à Pilote, René Goscinny a permis de révéler au grand public un grand nombre d'auteurs et de dessinateurs, parmi lesquels on peut nommer Cabu, Fred, Mandryka, Pierre Christin, Jean-Claude Mézières, Philippe Druillet, Claire Bretécher, Julio Ribera, Jean Giraud, Alexis, Enki Bilal, Mulatier, Ricord ou Gotlib. Le journaliste Pierre Lebedel relève : « J'ai regardé d'un peu plus près Pilote du . »
En 1981, André Franquin, dessinateur de Spirou et créateur de Gaston Lagaffe, résume le rôle essentiel de Goscinny dans l'évolution de la BD française, à travers le journal Pilote et le personnage d'Astérix :
« [Avant Astérix], la BD était pour enfants, il fallait les ménager. Goscinny n'avait pas du tout cette mentalité, il avait fréquenté aux États-Unis les gens de Mad, et il voulait faire en rentrant en France une BD pour tous. Il a essayé des styles nouveaux, grâce au succès d'Astérix, il a fait des essais [dans Pilote] qu'un éditeur n'aurait pas osé faire. […] Il a donc […] imposé des styles auxquels on n'était pas habitués, et auxquels on a peut-être mis du temps à s'habituer, par exemple aux dessins d'un Fred, qui ne ressemblait pas du tout à ce langage universel qui venait de Disney, d'Hergé. »
Statut de scénariste
Tout au long de sa carrière, Goscinny s'attache à découvrir de nouveaux talents et à faire évoluer son statut et celui de ses pairs. Il fait inscrire le nom du scénariste de bande dessinée aux côtés de celui du dessinateur en tête des planches, ce qui figure le premier pas d’une reconnaissance du métier, puis sur la couverture des albums et parvient aussi à le faire figurer dans les contrats, ce qui octroie au moins au scénariste des droits d’auteur.
Sur le socle de l'obélisque érigé devant la gare d'Angoulême, une citation est notamment gravée pour rappeler le rôle décisif que René Goscinny a joué pour la reconnaissance du métier de scénariste :
« Quand j'ai entendu dire : "Le métier de scénariste ? C'est à la portée du premier imbécile venu", j'ai compris que j'avais trouvé ma voie. »
En 2021, la ville d'Angoulême dédie une grande fresque murale à René Goscinny, sise dans la rue qui porte son nom,. Parmi les 24 fresques qu'affichent les murs de la ville, c'est la première qui met à l'honneur toute une profession – scénariste de BD – à travers la figure de Goscinny.
Le Feu de camp du dimanche matin
Fin 1969, Goscinny est sollicité par la radio Europe 1 pour animer « dans l'esprit Pilote » la tranche horaire du dimanche de 11 Francis Blanche. L'équipe qu'il constitue avec Fred, Gébé et Gotlib s'amuse beaucoup à préparer des sujets et enregistrer des sketches pour cette émission qu'ils intitulent Le Feu de camp du dimanche matin. Mais l'écoute n'est pas au rendez-vous et Lucien Morisse, directeur des programmes, interrompt brutalement l'émission après treize semaines.
Vie privée
René Goscinny explique avoir connu une période de « grandes difficultés économiques » et de « chômage désespérant » aux États-Unis entre 1946 et 1948. Il habite alors à New York avec sa mère, qui le nourrit et l'encourage. Quand il rentre en France, il habite une petite chambre avenue de Versailles à Paris. L'époque est matériellement difficile, mais les collaborateurs de la World Press passent cependant de bons moments ensemble. Georges Troisfontaines aime vivre la nuit et fréquenter les restaurants et les boîtes de nuit. Il entraîne son équipe qui découvre ainsi la vie nocturne de la capitale et les établissements à la mode. Goscinny évoquera plus tard ces soirées dans l'un de ses Interludes.
Progressivement, à force de travail, la situation financière de Goscinny s'améliore. Il fera venir sa mère quelques années plus tard et ils s'installeront dans un appartement de la rue Alfred-Bruneau dans le arrondissement. En 1967, Goscinny emménage non loin de là dans un appartement avec terrasse au 56, rue de Boulainvilliers.
Passionné de croisières, Goscinny rencontre, lors de l'une d'elles, en 1965, Gilberte Pollaro-Millo (1942-1994), une jeune Niçoise de 24 ans. Ils se marient le dans le arrondissement de Paris. Le naît leur fille Anne, devenue par la suite écrivain.
Mort
En octobre 1977, il s'effondre en portant les valises de son frère à Roissy. Il s’était vu diagnostiquer un infarctus du myocarde et prescrire un traitement médical et un régime sévère avec arrêt du tabac. Après ce premier malaise cardiaque, quelques semaines plus tard le 5 novembre, il se rend chez son cardiologue pour se livrer à une épreuve d'effort sur un vélo d'appartement. C'est en cours d'effort physique que René Goscinny est victime d'une nouvelle crise cardiaque qui lui est fatale, bien que transporté à la clinique de la rue de Chazelles à où il meurt, à l'âge de 51 ans,.
Selon Albert Uderzo, le cardiologue a adressé Goscinny à une clinique de la rue de Choiseul pour effectuer l'épreuve un samedi matin, en présence d'un seul manipulateur. Il ne s'y trouvait ni médecin ni service de réanimation. Le décès de Goscinny a servi d'exemple : lors d'un congrès de cardiologie ultérieur, il fut décidé que, dorénavant, les épreuves d'effort se feraient en présence d'un cardiologue et d'un service de réanimation.
Inhumé dans un premier temps au cimetière du Montparnasse à Paris, il est enterré dans un second temps au carré juif du cimetière du Château, à Nice, selon la volonté de sa fille, Anne,.
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