L’épée du paladin

Méfiez-vous si, la nuit, quelqu'un vient sonnez à votre porte. Surtout si c'est pour vous demander d'essayer une nouvelle machine à explorer le Temps.

Bien sûr, les voyages forment la jeunesse.

Pourtant, méfiez-vous quand même. Ce que Bob Morane aurait dû faire. Car un voyage dans le Temps, on sait toujours OU ça commence, mais jamais QUAND ça finit.

Un soir de printemps à l'abbaye de Dordogne, le professeur Hunter rend visite à Bob Morane et Bill Ballantine et leur demande d'essayer sa nouvelle machine à voyager dans le Temps car lui-même handicapé par un accident ne peut le faire.

Malgré les protestations de Bill, Bob accepte. La nuit précédente l'essai, un homme en noir s'introduit dans l'appareil et tente de le faire décoller. Mais une pièce essentielle, entre les mains de Bob, l'empêche de fonctionner. L'homme en noir se cache dans une soute de l'engin.

Le lendemain, Bob et Bill essaient la machine et se matérialisent en janvier 1375, au-dessus du monastère, sous les yeux effarés des moines. Ils vont cacher la machine dans une grotte et décident de se rendre au village qu'ils aperçoivent dans la plaine, sous le château de Mauregard.

Ils partent donc, sans oublier d'emporter la pièce servant d'anti-vol, ce qui fait que la nouvelle tentative de l'homme en noir de voler la machine échoue à nouveau.

En chemin, Bob et Bill sont attaqués par des loups. Ils sont sauvés par l'intervention de Yolande de Mauregard et de ses chevaliers en train de chasser. Se faisant passer pour des troubadours, ils sont invités au château, où ils tentent vainement d'égayer le dîner par des jongleries, des acrobaties, des exercices de force et des chants. Yolande de Mauregard leur raconte que les Mauregard sont rejetés et bannis depuis 600 ans, parce qu'un certain Ganelon avait épousé une Mauregard…

Lassé d'attendre, l'homme en noir s'est rendu au village, non sans avoir enlevé les fusibles de la machine. A l'auberge, il fait connaissance avec les frères de la Henaurmerie qui sont justement à la recherche d'un mauvais coup pour s'emparer des terres de Yolande de Mauregard. Les quatre hommes, qui ont rapidement fait alliance, font courir le bruit que Yolande abrite deux sorciers (Bob et Bill) et lancent leur armée à l'assaut du château de Mauregard. L'assaut est repoussé, mais la situation n'est guère brillante, assiégés par les troupes des 3 frères sans espoir de renforts malgré la présence de l'armée du roi dans la région. (On est en pleine guerre de 100 ans et les Anglais tiennent Bordeaux et Bayonne).

Bob et Bill, par les souterrains sortent du château et retrouvent la machine du Professeur Hunter. Ils remplacent les fusibles que l'homme en noir avait enlevés et partent pour l'an 778. Au-dessus de Roncevaux, ils assistent à la mort de Roland et de ses compagnons tombés dans une embuscade. Et fidèle à la légende, Roland tente vainement de briser son épée Durandal sur les rochers. Une petite secousse sismique brisant ces rochers vient créer la légende de l'épée brisant le rocher.

Après le combat, ni tenant plus, Bob va chercher Durandal. Un rayon de soleil faisant flamboyer la lame terrorise les détrousseurs de cadavres qui suivent toujours toutes les armées du monde. A l'aide de la machine, les deux hommes repèrent l'armée Sarrasine qui fait mouvement ver le camp de Charlemagne.

Bob et Bill se présentent à Charlemagne et le préviennent du danger, permettant à l'armée Franque, sur conseil de Bob, de tendre un piège aux Sarrasins et les massacrer.

En remerciement, Bob reçoit de Charlemagne un document attestant que l'épouse de Ganelon est une Beauregard et non une Mauregard qui est une autre lignée.

Ils regagnent l'année 1375, et se faisant passer pour des chevaliers errants, ils présentent le document au roi de France Charles V. Ce dernier, convaincu que l'honneur des Mauregard est sans tâche, fait immédiatement briser le siège du château de Mauregard, à la grande fureur des trois frères de la Henaurmerie qui contestent la validité du document.

Après avoir fendu une pierre (possédant sans doute un défaut) avec Durandal, Bob et Bill affrontent les trois frères qui ont réclamés le "jugement de Dieu". Fidèles à eux-mêmes, les trois frères font acte de félonie et bafouent les règles de la Chevalerie, ce qui ne les empêche pas de recevoir une sévère correction. Yolande est restaurée par le roi dans ses droits et son honneur.

Quelques jours après, ils repartent vers la machine. En chemin ils se font assommer et l'homme en noir récupère la pièce.

Lorsque les deux hommes reviennent à eux, la machine a disparu; ils ne peuvent regagner le XXem siècle. Comme la nuit tombe ils décident de dormir dans la grotte.

Bob se réveille, dans son lit au monastère. Par terre, sur la descente de lit se trouve Durandal, l'épée du paladin. Et dehors, à la porte, un homme se présente. Le professeur Hunter qui vient pour que Bob essaye sa nouvelle machine à voyager dans le temps car lui-même handicapé par un accident ne peut le faire…

Epilogue

En 1993, Lefrancq dans "Le cycle du temps" tome 2 a publié un épilogue inédit : La mort de l'épée C'est bien le professeur Hunter qui souhaite que Bob teste sa nouvelle machine. Bob ne sachant trop que penser de son aventure, rêve ou réalité, refuse de toute façon de repartir dans le temps, de peur de provoquer un nouveau paradoxe temporel. Une semaine après, quai Voltaire, il accroche Durandal au mur de son salon et va se coucher. Dans la nuit, un brave fabriquant de pâtes, Luiggi Ganelloni et sa femme Luisa sont attaqués par une chose, en laquelle ils reconnaissent une épée, qui défonce la fenêtre, brise tout dans l'appartement, et tente de les tuer. Ils sont sauvés par l'arrivée de la police prévenue par les voisins. Le lendemain matin Bob et Bill constatent que Durandal est au sol, à l'autre bout de la pièce. Bob la remet en place. Un article dans le journal relatant l'incident survenu cette nuit aux époux Ganelloni attire leur attention. Bob fait le rapprochement entre Ganelloni et Ganelon. A ce moment Durandal semble fondre, tombe en poussière et disparaît. Le téléphone sonne. C'est une jeune fille, préparant un mémoire sur l'oeuvre d'Henri Vernes qui demande à le rencontrer. Elle se nomme Yolande de Mauregard…

Commentaires

Roman de science-fiction très riche en action et en rebondissements dans lequel, pour sauver l'honneur d'une belle princesse, Bob et Bill vont rencontrer deux personnages de l'histoire de France : Charlemagne et Charles V.

L'arrivée du professeur Hunter surprend Bob et encore plus Bill qui se méfie des inventions du professeur. Il faut dire que la seule fois où ils ont eu affaire à celui-ci, cela a failli mal tourner (Les chasseurs de dinosaures). Mais la curiosité de Bob est la plus forte, et il accepte aussitôt d'essayer la machine. En fait il a déjà une idée derrière la tête: aller au Moyen-Âge et en ramener une épée. Et puis, je pourrais rapporter l'une ou l'autre merveilleuse épée gothique propre à faire baver d'envie tous les collectionneurs.

La suite de l'aventure est rapide. La rencontre avec Yolande, qui étonne Bob par sa tristesse Les plus beaux yeux verts qu'il m'ait été donné de voir, songea Bob. Mais pourquoi diable cette petite a-telle l'air si triste, belle comme elle est ?. Et à partir de cette rencontre, Bob n'a plus qu'une idée en tête : Réussir à réveiller un jour cette Belle au bois dormant.. Bill, qui a compris la situation est plus réaliste, comme toujours  Pauvre professeur Hunter ! Il risquait de les attendre plus longtemps qu'il ne croyait... 

A noter que dans ce roman Henri Vernes commet l'erreur classique consistant à attribuer aux Sarrasins la mort de Roland, alors que l'embuscade a été perpétrée par des Basques. C'est dans la "Chansons de Roland", écrite vers la fin du Xem siècle et attribuée à un certain Turold, que les Basques ont été remplacés par des Sarrasins.
En revanche, Henri Vernes tente deux explications rationnelles concernant cette légende : Le rocher fendu en deux par Durandal l'a été par une petite secousse sismique, et le flamboiement de l'épée vient d'un rayon de soleil : Dieu lui envoie son Ange Chérubin et saint Michel du péril. Avec eux y vint saint Gabriel… (A rapprocher de l'arrivée de Bob et Bill à Sodome dans « La prison de l’Ombre Jaune »). Mais l'épilogue "La mort de l'épée" remet en cause grandement ces deux tentatives d'explications.

A remarquer aussi un doute quand à la date. D'après Bob il arrive en janvier 1375. Il rencontre Charles V accompagné de certains de ses chefs de guerre, dont Boucicault. Or Jean 1er Le Meingre dit Boucicault est mort en 1367. Quand à son fils Jean II Boucicault, il est né vers 1365, ce qui ferait un peu jeune pour un chef de guerre.

La fin du roman laisse le lecteur sur une interrogation. Comment Bob et Bill ont-ils réintégré le XXem siècle ? En effet la présence de Durandal semble infirmer la possibilité d'un rêve. La réponse qui vient tout de suite à l'esprit est une intervention de Graigh. En effet on sait que depuis leurs aventures dans le Temps contre Ming, nos amis sont constamment surveillés par les radars spatio-temporels de la Patrouille du Temps. Mais dans ce cas pourquoi Graigh ne s'est-il pas signalé ? Et si Graigh est dans le coup, exactement la même erreur que la fois précédente a été commise : le retour avant le départ (Les chasseurs de dinosaures). Se souvenir des conséquences dramatiques que cela a entraînées (voir « Retour au crétacé »).

Egalement qu'est devenue la machine du professeur Hunter ? On n’en entendra jamais plus parler jusqu’à « L’émissaire du 6 juin » dans lequel on apprend que les services secrets britanniques ont fabriqué une copie de cette machine. Faut-il en conclure que l’homme en noir est un agent de ces mêmes services ?

Henri Vernes retrouve avec ce roman un style descriptif digne des premiers romans : l'ambiance est superbement rendue dans la description. On sent la désolation, la tristesse y est presque palpable. Egalement nous trouvons de superbes descriptions de l'attaque du château et de la bataille de Roncevaux. La mort de Roland en particulier est un véritable bijou de littérature épique.

Ce roman permet de découvrir que Bob joue du luth et chante comme un ménestrel confirmé, entre autre dans un récital des poèmes de Trenet et de Brassens en plein moyen-âge.
A remarquer les traits d'humour qui parsèment ce roman. Les seigneurs de la Henaurmerie tout d'abord, le clin d'oeil à Gosciny et Uderzo : On va aller faire un tour chez le grand Jules, ou chez ‘Vercingastérix’…, celui à Conan Doyle par la bouche de Bill : Elémentaire, mon cher Morane, et à l'auteur lui-même quand, dans l'inédit une certaine Yolande de Mauregard arrive chez Bob ; elle fait un mémoire sur Henri Vernes. Cela tombe bien car Henri Vernes est en ami très cher… Je lui dois beaucoup….

En 1993 paraît l'épilogue inédit "La mort de l'épée". Bien entendu Bob est plus que fier de posséder Durandal. C'est sans aucun doute une bien belle épée. Mais bien entêtée aussi. Poursuivre dix siècles après les faits, un pauvre marchand de nouilles qui ne sait sans doute même pas qu'il descend de Ganelon, est faire preuve d'une mesquinerie à l'échelle de sa réputation.
Mais, on ne joue pas avec le Temps, et Durandal disparaît pour toujours. Elle était de trop dans ce siècle.

Ce roman a servi de base pour un dessin animé en 1998.

Source: La Grande Encyclopédie Bob Morane Version 227, by(Namensnennung)nc(Nicht-kommerziell)nd(Keine Bearbeitung)Gilles Dubus

Lieux

( France )

( Lieu supposé : Dordogne monastère = Latitude  44°54'39.50"N Longitude  1° 8'34.64"E )

( Lieu supposé : défilé de Roncevaux = Latitude  43° 3'13.12"N  Longitude   1°15'58.79"O )

 ( Dordogne XXème siècle, Dordogne janvier 1375, castel de Mauregard, défilé de Roncevaux et sa région en 778, Paris pour l'épilogue de 1993 )

Source : fanbobmorane.fr

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