Mahajanga
Localisation
Mahajanga : descriptif
- Mahajanga
Mahajanga (ou Majunga en nom francisé et Massali au XVIIIe siècle) est une ville portuaire de la côte nord-ouest de Madagascar, capitale de la province de Mahajanga et chef-lieu de la région Boeny
Située à l'embouchure du Betsiboka, sur le canal du Mozambique, à 550 km au nord-ouest d'Antananarivo, Mahajanga avait 246 022 habitants en 2018 et est la quatrième plus grande ville de Madagascar, après Antananarivo, Toamasina et Antsirabe.
Géographie
Site
La ville occupe sur des terres calcaires et alluviales, l'extrémité de la rive nord de l'estuaire de la Betsiboka, descendue -avec son affluent l'Ikopa- des hauts plateaux de l'Imerina. L’estuaire s'élargit en une baie de 10 baie de Bombetoka), pénétrant si profondément dans les terres que la rive opposée paraît à l'observateur être celle d'une île.
Quartiers centraux
La ville originelle est dominée par une colline haute d'une soixantaine de mètres, dite Androva (du nom de l'ancien palais royal merina, le rova). La colline porte un phare, l'hôpital public universitaire, et une caserne. Au pied d'Androva, du côté de la baie, le quartier historique dit « Mahajanga Be » est percé de larges avenues, avec de beaux bâtiments administratifs à varangues et persiennes de la période coloniale (la Résidence (1902), le Tribunal, la Trésorerie) mais aussi des édifices publics modernistes en béton armé constituant une collection assez remarquable, (cinémas, magasins, bureaux, cathédrale), datant des années 1950 à 1970.
Sur le flanc d'Androva, le Plateau des Tombes, encore appelé Mangarivotra, est une zone résidentielle de grandes villas, dominée par un grand bâtiment administratif dit le « Bloc ». Autour de ce plateau sont édifiés plusieurs établissements scolaires (Lycée Saint Gabriel, Collège de Simon de Montfort, collège FJKM, Lycée d'état Ph. Tsiranana, Collège Nicoletta).
La promenade du front de mer, dite « Le Bord », ponctuée par un baobab emblématique (circonférence de 14 mètres) attire tous les soirs une foule de Majungais et de touristes ; le dôme d'une vaste succursale de la Banque centrale de Madagascar (Banky Foiben'i Madagasikara) lui ajoute depuis 2005 un cachet néo-oriental. Il est bienvenu : en arrière de cette voie littorale se trouve le cœur historique de Mahajanga Be, le quartier des mosquées et madrassas indo-pakistanaises, de différents rites, parfois très anciennes. Mahajanga Be, lieu de premier établissement des communautés venues de l'Inde au rythme des moussons, s'est un peu assoupie, avec ses rues sablées, ses maisons souvent fermées. La Pointe aux Sables porte un vieux sémaphore et l'École de navigation malgache (ENEM).
Plus proches du nouveau centre de gravité de la ville, plus animés et bien plus densément peuplés, sont les quartiers dits de Manga, aux abords de l'Hôtel de ville (ou Lapan'y tanàna), construit en 1955 (fresques de Gianeli et bas-reliefs de Leclerc) faisant face au siège du district (ou Faritany) et celui de Mahabibo (marché important et grande mosquée Comorienne). Ils se trouvent au croisement des deux axes routiers majeurs de la ville : celui vers la RN4 menant à Antananarivo, à 560 km) et celui vers l'aéroport (6 km) et les plages (12 à 15 km). Le bâti n'excède jamais cinq étages, avec des vastes espaces peu construits en arrière des façades, tandis que le commerce informel s'est emparé du trottoir en avant de celles-ci.
Les faubourgs de l'est et du nord
À l'est de ce centre relativement dense, la croissance de la population est forte dans des quartiers populaires et plus récents : l'Abattoir et Morafeno, développés sur un plan en damier tandis que ceux d'Ambalavola, de Tsararano, encore champêtres vers 1980, se densifient de façon plus désordonnée. L'habitat précaire s'y consolide rapidement. (Ils sont mieux desservis par le bitumage récent (2011) des voies d'accès, et la réfection des passerelles sur le canal du vallon Metzinger, exutoire vers l'estuaire du fleuve.)
La gestion des écoulements dans les quartiers neufs est problématique
La marée peut en effet atteindre des amplitudes importantes à Mahajanga (4 mètres en vives-eaux) inondant régulièrement certains quartiers bas le long du fleuve comme Aranta, quartier de pêcheurs aux terre-pleins fragiles consolidés par des sacs de sable. Mais de nombreux autres quartiers sont inondables plus exceptionnellement, notamment 'Tsararano ambany, Fiofio, lorsqu'au flux de la marée s'ajoute la crue de la rivière Betsiboka et l'effet d'une dépression cyclonique. Ils occupent un espace naturel quasiment plat de 500 hectares à proximité immédiate du centre-ville. Ce vallon Metzinger regroupe dix fokontany et près de 80 000 habitants. Sa situation en zone de bas-fonds en fait une zone fréquemment inondée et insalubre (il constitue notamment un foyer dangereux d'épidémies de choléra, la dernière datant de 1999). Cependant, il voit sa population en accroissement rapide, la pression foncière poussant les habitants à s'installer dans le vallon, très souvent de manière informelle.
Un réseau d’assainissement à ciel ouvert avec un canal de 3 Betsiboka. Cet aménagement a permis de limiter les périodes d’inondation grâce à une évacuation plus rapide des eaux, mais a cependant « provoqué un afflux important de la population sur les zones nouvellement drainées » selon ses promoteurs (Ircod Alsace et CUM de Mahajanga.)
Intimement liée au régime des eaux de l'estuaire, la ville basse est donc particulièrement sensible aux effets du changement climatique et notamment à l'élévation du niveau des océans.
L'extension de Mahajanga se fait aussi vers le Nord sur des extensions résidentielles dans le quartier d'Ambondrona, près de l'université et du Lycée français (collège F. Dolto), et plus populaire vers le nord-est, à Antanimasanjo le long de la RN4 où se trouvaient des usines de textile jadis importantes (Sotema, Fitim), et où a été créé à partir de 1999 le village d'entreprise du VIM (Villagio Impreza Madagascar).
La façade maritime de la ville
Les vastes emprises du Port de Commerce (où les grands navires n'accostent plus, les opérations de chargement se faisant en rade, au moyen d'allèges remorquées) occupent les quais de la Bombetoka sur un kilomètre environ. Ils sont prolongés en aval par le célèbre Port aux Boutres, bassin d'échouage à flot et de chargement pour des dizaines de cargos à voiles desservant la côte ouest de Madagascar ; et en amont par un chantier naval, et l'embarcadère du bac vers la rive sud de la Baie, à 10 kilomètres. Cet embarcadère est la porte d'accès au village de Katsepy et à la route vers Soalala (sucrerie réhabilitée, mine de fer en projet). En retrait de cette zone portuaire, à Ampasika, sont installés les sièges et usines frigorifiques des sociétés de pêche et d'aquaculture (Aqualma, Unima), les grossistes en pièces auto, les collecteurs de raphia...
La côte proprement maritime, ouverte directement sur le canal du Mozambique est longée par la Corniche, qui débute au baobab géant, où se succèdent les plus beaux hôtels (la Piscine, les Roches Rouges, le Phare, le Karibu Lodge...), jusqu'au petit Port Schneider, où se situe la Direction des Pêches, l'École de Charpenterie Navale, et une digue de deux cents mètres portant un oléoduc menant à terre aux cuves géantes de la Solima (capacité 28 500 m3). La côte se poursuit par la plage et le quartier dits du « Village touristique », que la passe d'Antsahabingo, lagune servant d'abri aux grandes pirogues de pêche et aux voiliers faisant le fret de bois d'œuvre, sépare des plages réputées d'Amborovy - configuration naturelle imposant aux citadins un détour d'environ quinze kilomètres pour leurs sorties dominicales. Des travaux de réhabilitation de la voirie du Village touristique ont débuté en septembre 2014 pour recréer un axe de circulation parallèle à la plage, et un projet de liaison douce au travers d'Antsahabingo est évoqué.
En arrière de ce paysage balnéaire, les terrains de sport des Gradins (aménagés par la Corée du Nord en 1980) ont été amputés en 2010 de deux hectares pour permettre la construction d'un nouvel hôpital Manara-penitra (constructions aux normes internationales) à Mahavoky, financé notamment par la Chine.
Histoire
Le nom Mahajanga signifierait « qui guérit ». La tradition raconte en effet qu'un roi qui cherchait un remède pour guérir son fils fit le tour de l'île et, à son arrivée à Mijangaïa (« cité des fleurs », son ancien nom), déclara : Maha, janga ity tananà ity, et que le nom serait resté.Une autre version voudrait que la ville tienne son nom d'une fleur, l'angaya, apportée par les arabes au siècle.
Dès la Préhistoire la région est probablement
habitée : la découverte de traces de découpes sur des ossements d'une espèce d'hippopotame nain aujourd'hui disparue a été effectuée dans l'immense grotte d'Anjohibe située à 30 km au nord-est de Mahajanga, aux abords de la Mahajamba. La datation au radiocarbone a fait remonter ces ossements à environ 2 000 ans avant notre ère. Cette découverte a fait reculer la date d'arrivée des premières populations humaines à Madagascar de 1 500 ans. Ces deux baies voisines de la Betsiboka et de la Mahajamba se trouvent au carrefour de deux voies probables de colonisation humaine, l'une passant par les Comores pour une origine africaine, l'autre voie traversant l'île par le nord-est depuis Antongil pour une origine asiatique.
La ville de Mahajanga semble avoir été fondée au Antalaotra, ou Antalaotse, navigateurs et pêcheurs arabes métissés de population africaines, venus en longues pirogues du golfe d'Oman via Zanzibar et les Comores, au gré du régime annuel des moussons de l'océan Indien.
Après l'organisation des clans de la côte ouest Malgache en royaumes, la ville fut capitale du royaume sakalava de Boina. La ville a connu au XVIIIe siècle une certaine prospérité comme entrepôt de richesses de la côte d'Afrique à destination de l'Inde. L'implantation d'une importante communauté indienne est établie à cette époque (6 000 familles signalées par Dumaine à Mouzangaïe en 1792).
Les rois Andriamisara Efadahy en furent les derniers souverains avant la conquête par , roi de l'Imerina, et l'instauration du royaume de Madagascar en 1823.
La conquête du royaume Sakalave par la royauté Merina en 1824 marque une rupture dans les liens avec le nord de l'île, mais ne nuit pas à la prospérité de la ville ; les Américains y ouvrent un comptoir de négoce en 1830.
L'ouverture de Mahajanga sur les voies de communication maritimes, son ancrage alors favorable aux grands voiliers et sa familiarité avec les civilisations voisines en font une cible pour les puissances coloniales : c'est en effet à Mahajanga que débarqueront les corps expéditionnaires français, d'abord en 1882-1883, puis en 1895-1896, (15 000 combattants embarqués sur quelque 23 navires), engagées dans la conquête de l'île de Madagascar. En 1903, la population recensée était de 7908 habitants (parmi lesquels 646 indiens).
Le développement de la ville se fit très rapide après l'occupation française, au rythme imposé par la colonisation, avec des réalisations nombreuses (Quais dit Barriquand du port de commerce, route carrossable vers Antananarivo, hôpital d'Androva, etc.) En retour, les ressources locales, notamment agricoles, seront exploitées intensément : Dès la Première Guerre mondiale l'usine frigorifique de Boanamary en amont sur la Bombetoka, a servi à ravitailler les armées françaises en concentrant des zébus venus de tout l'Ouest. Suivront, sur le modèle d'économie de plantation avec des terres attribuées arbitrairement à de grandes compagnies concessionnaires, le tabac, le coton, le riz favorisé dans l'arrière-pays par de vastes projets d'irrigation (Marovoay, Ambatoboeny) qui feront vivre la ville et son port jusqu'en 1970. Fait moins connu, la ville - point d'arrivée du contingent anglais envoyé pour chasser les Vichystes en septembre 1942 - a aussi servi de base arrière à la RAF pour le blocus de la Rhodésie blanche à la fin des années 1960.
En a lieu le Rutaka (ou Kafa la Mjangaya en comorien), trois jours de massacres perpétrés sur la communauté comorienne de la ville avec la complicité passive des autorités qui aurait fait plus de 500 morts et entraîné le départ en exil de plus de 15 000 ressortissants comoriens.
La ville reste un relais important pour la surveillance du canal du Mozambique : une station d'écoute radio du Gouvernement américain est implantée à Belobaka, à 20 km de la ville.
Dans l'histoire récente de Madagascar, Mahajanga ne joue pas un rôle moteur (la troisième visite d'un chef d'état français à Madagascar, celle de Jacques Chirac en , a cependant commencé par cette ville). La ville est toutefois une caisse de résonance, sujette à des accès de fièvres, émeutes ou rutaka, dirigées contre la communauté Karana (ou plutôt ses établissements commerciaux très présents. (2002, 2009), mais aussi contre ceux réputés proches du pouvoir (incendie des établissements Tiko).
- CocoLodge, « », sur Coco lodge Madagascar, (consulté le )
- « Un témoignage sur le massacre de Comoriens à Majunga », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
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Mahajanga dans la littérature
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Dokument erstellt 03/01/2018, zuletzt geändert 12/12/2024
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