Decazeville
Localisation
Decazeville : descriptif
- Decazeville
Decazeville, en occitan La Sala, est une ville du département français de l'Aveyron et de la région Occitanie. La réunion de trois paroisses (Saint-Roch, Saint-Michel et Vialarels) autour du site industriel de Lassalle constitue les fondements de la nouvelle collectivité, créée par ordonnance royale en novembre 1833
Le canton de Decazeville verra le jour en 1881 après trente ans de démarches, en raison de la présence d'un gisement de houille, et dans le contexte de la révolution industrielle
C'est le charbon qui a permis le développement de la commune, faisant (selon les Charbonnages de France CdF) de Decazeville (qui a produit de 1966 à l'arrêt de l'exploitation à ciel ouvert en juin 2001) un point majeur de la production charbonnière dans le département avec plus de 10 millions de tonnes de charbon produites. Elle doit son nom au duc Élie Decazes (1780-1860), homme politique et fondateur de l'usine à l'origine du développement de la ville. Le patrimoine architectural de la commune comprend sept immeubles protégés au titre des monuments historiques : la société de secours minière de Decazeville, inscrite en 2013, le monument aux morts, inscrit en 2018, l'église Notre-Dame, inscrite en 2019, l'hôtel de ville, inscrit en 2019, le bâtiment des soufflantes et l’ensemble de ses installations techniques, inscrits en 2019, le chevalement de puits de mine de La Découverte, inscrit en 2019, et le monument funéraire de la famille Cabrol, inscrit en 2019.
Géographie
Localisation
La commune de Decazeville se trouve dans la vallée d'un ruisseau affluent du appelé le Riou Mort (exactement: lo Riu Mòrt, forme occitane signifiant « ruisseau mort »), à environ 200 m d’altitude.
Communes limitrophes
Les communes limitrophes sont Aubin, Boisse-Penchot, Firmi, Flagnac, Livinhac-le-Haut et Viviez.
Hydrographie et relief
Ces composantes du paysage ont été fortement marquées et modifiées par l'industrie minière qui a laissé un énorme trou dit , correspondant à l'extraction de millions de tonnes de charbon, mis en sécurité et repaysagé sous l'égide de CdF entre 2001 et 2007 (pour un coût d'environ 30 millions d'euros). Selon CdF, « 110 millions de tonnes de charbon ont été extraites dans l'Aveyron, 200 millions de tonnes de stériles ont été déplacées sur les découvertes (...) Les travaux de réhabilitation ont nécessité de déplacer 6 millions de m3 de terres,construire 10 km d'ouvrages hydrauliques enrochés, reboiser 40 hectares et enrocher sur un kilomètre, le tour du lac de 8 hectares en fond de fosse de la découverte de Lassalle »
À côté de cette découverte se trouve un terril appelé crassier localement, composé de « crasses », de déchets organiques, de minéraux non intéressants (grès, argile, rhyolite...) et de stériles ou résidus de mine et d'usine (schistes, cendres). Ce crassier culminait à plus de 400 m d'altitude puis il s'est légèrement affaissé avec le temps.
Climat
En 2010, le climat de la commune est de type climat océanique altéré, selon une étude s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat de montagne et est dans la région climatique Ouest et nord-ouest du Massif Central, caractérisée par une pluviométrie annuelle de 900 à 1 500 .
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 12,8 amplitude thermique annuelle de 16,1 . Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de Saint-Constant-Fournoulès à 14 vol d'oiseau, est de 12,7 ,. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022.
- Bulletin de CdF 188, juin-juillet 2007
- Daniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, DOI 10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
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Toponymie
La ville et le nom sont récents : le lieu s'appelait auparavant « La Salle » ou « Lasalle » (La Sala en occitan), qui désignait au Moyen Âge une maison forte de petite noblesse.
Histoire
Moyen Âge et époque moderne
La Salle produisait du charbon dès le siècle, exporté par le vers Bordeaux, mais en petites quantités. Louis XIV et ses successeurs, malgré les protestations de la paroisse, dotèrent leurs maîtresses de mines.
Époque contemporaine
Les houillères
Le duc Decazes (1780-1860) qui hérita des mines, créa en 1826, avec l’aide du polytechnicien François Gracchus Cabrol, les houillères et fonderies de l'Aveyron qui allaient faire de ce village-rue un grand centre sidérurgique. Au début de la monarchie de Juillet, la cité prit le nom de Decazeville. Les actes d'état civil de cette commune commencent en 1835. L'apogée fut atteinte au début du métallurgie, sidérurgie, industrie du bois, chaudronnerie, production de tubes en acier.
C'est parce qu'il y avait (et il y a toujours) du minerai de fer dans le vallon de Saint-Christophe-Vallon, Valady et Marcillac-Vallon que l'industrialisation sur le bassin sidéro-métallurgique de Decazeville fut possible. C'est sur le Causse Comtal que se trouvaient les extractions de minerai de fer (Solsac, Mondalazac...), ramené ensuite sur Decazeville et Firmi dans les hauts-fourneaux (des fours à coke, des fours à griller pour faire couler de la fonte) par le biais d'un transport aérien par pylônes, puis par une voie de chemin de fer à voie étroite (66 François Cabrol de 1852 à 1856. Cette voie est composée de 10 tunnels maçonnés et travaillés esthétiquement et de trois ponts dont un viaduc appelé par trois noms différents : viaduc de l'Ady, pont de Malakoff et pont Cabrol. De nos jours, ces ouvrages sont devenus des vestiges perdus dans des parcelles privées et / ou en ruines. Le viaduc de l'Ady a été détruit petit à petit entre 1945 et 1965. Le pont rouge, par contre à Marcillac-Vallon, a été restauré dans les années 1990 et est devenu un symbole de l'industrialisation localement.
L'élection à la mairie du médecin Jules Cayrade en 1878 marque le début d'une contestation de l'autorité patronale, et l'opposition ouvrière au cléricalisme de la compagnie minière.
Grève de 1886
Une grève de six mois de 2 000 mineurs en 1886 provoqua le déploiement de troupes et de nombreuses arrestations. Cette grève s'insère dans une longue suite de conflits sociaux (1872, 1877, 1878, 1882). Elle est causée par l'action du sous-directeur de la compagnie, Jules Watrin, qui reçoit 10 % des sommes qu'il fait économiser au patron par les réductions de salaire des mineurs. Il réussit à faire passer les salaires de 150 à 200 francs mensuels à 33 francs seulement entre 1878 et 1886. Le 26 janvier, pendant une manifestation, il est jeté par la fenêtre de la mairie par les grévistes et lynché,. L'armée est envoyée pour maintenir l'ordre, mais sous l'influence de Boulanger, elle n'intervient pas. La répression reste forte, et marque les liens entre pouvoir politique et économique : les interrogatoires des mineurs arrếtés ont lieu au siège de la compagnie, même si Léon Say, président de la compagnie et ministre des Finances, se plaint d'une action trop molle du préfet. Le patronat fait distribuer gratuitement le journal conservateur L'Aveyronnais dans les établissements publics qui présente la thèse du complot pour expliquer la grève. La révélation de la commission touchée par Watrin provoque la démission de Léon Say. Mais Jean Jaurès estime que défendre les grévistes est faire l'apologie de l'assassinat. Après la mort de Watrin, la direction déclare être prête à accéder à certaines revendications des grévistes, le travail reprend partiellement le 29 janvier, avant que la direction ne revienne sur ses promesses, ce qui relance la grève du 29 janvier au 14 juin. Les plus grands titres de presse nationale s'en prennent aux mineurs (L'Illustration, Le Gaulois, Le Français, Le Matin, Le Pèlerin), qui sont soutenus par L'Aveyron républicain et Le Cri du peuple. Si, le 12 juin, la direction accorde les augmentations de salaire demandées, neuf ouvriers et une ouvrière sont jugés pour la mort de Watrin, et un est condamné à huit ans de travaux forcés et trois à la prison.
Grève de 1948
En 1945, le bassin minier de Decazeville compte 5045 mineurs.
Après des années de privation et de rationnement, en période de forte inflation et alors que le récent statut du mineur est remis en cause, la grande grève des mineurs de 1948 se déclenche. Elle dure près de deux mois, et un grand mouvement de solidarité se dessine. Les mineurs reçoivent un camion de vivres collectées par le Parti communiste français, qui est livré le 5 novembre. De même, l'adjoint au maire refuse de signer l'ordre de réquisition des mineurs faisant partie des équipes de sécurité (17 octobre) ou les enfants de mineurs sont pris en charge le temps de la grève par des personnes solidaires à Millau.
Grève de 1961-1962
Le bassin minier est connu pour une autre grève qui eut lieu fin 1961 et début 1962 et où plus de 1 500 mineurs restèrent 66 jours au fond de la mine entre le et le .
Contexte
La part du charbon dans la consommation énergétique française est tombée de 98 % en 1913 à 56 % en 1959, concurrencé par le gaz naturel et le pétrole. L’avènement d’une nouvelle génération de minéraliers fait chuter le coût du fret et les charbons nord-américains concurrencent désormais les charbons européens. Une crise de surproduction s’amorce à la fin des années 1950, et dans le contexte decazevillois, on note que le déplacement de l’usine d’ammoniac vers la Lorraine rend la situation économique locale plus tendue. Et dès 1954, la fermeture des mines est envisagée à court terme, avec le seul maintien de la mine à ciel ouvert employant 500 à 600 ouvriers. L’exploitation du charbon decazevillois dépend de sa commercialisation dans le sud-ouest, mais qui n’est possible que par un abattement des tarifs de la SNCF ; la faillite des Forges de l’Adour à Bayonne et la diffusion du gaz de Lacq ferment des débouchés au charbon de l’Aveyron (par exemple lors de la fermeture de la cokerie de l’UCMD en 1961 après l’arrivée du gazoduc). En 1955, 250 mineurs célibataires étrangers sont contraints de partir pour la Lorraine, ce qui provoque une première grève. En 1959-1961, les administrations, le gouvernement et les élus préparent la fermeture des mines à l’horizon 1965, le charbon decazevillois étant le plus déficitaire : chaque tonne extraite provoque un déficit de 32 francs. Une première grève a lieu lorsque huit ouvriers de la cokerie sont licenciés, malgré les offres de reconversion qui leur sont faites et le 24 novembre, 5000 personnes manifestent à Decazeville ce qui inquiète les responsables de la police, qui estiment que tout reste calme tant que la police ne se montre pas ; mais que, dans le cas où elle doit se montrer, l’implantation des usines au cœur de la ville, sous les yeux du public, il lui faut au minimum 6 compagnies de CRS,. La disparition de Paul Ramadier, qui avait toujours défendu le bassin, prive aussi la préfecture d’un intermédiaire écouté.
Le 14 décembre, le ministre de l'Industrie Jean-Marcel Jeanneney annonce que les sites les moins rentables de Charbonnages de France vont fermer dans les années qui viennent ; à Decazeville, seul est prévu le maintien de l’exploitation de la mine à ciel ouvert. La décision avait été pressentie lors de la visite glaciale du général de Gaulle, le 21 septembre. La grève se déclenche lorsque 8 mineurs en formation professionnelle reçoivent leur lettre de licenciement.
Déroulement
Le mouvement commence par une grève sur le tas, le 19 décembre : plus d’un millier de mineurs occupent les sites d’exploitation. Ils sont soutenus par le conseil général, le PCF, L'Humanité et la CGT tirent parti du contexte des fêtes de fin d’année dans leur communication. Le mouvement est soutenu bien au-delà des seuls cercles communistes. Les instituteurs font écrire à leurs élèves des lettres adressées à Yvonne de Gaulle ; 12 000 personnes manifestent le 22 décembre ; des dons affluent ; la FDSEA et une partie du clergé apportent leur soutien (des messes sont célébrées dans les mines). L’évêque de Rodez, Jean Ménard soutient les familles. La presse profite de ce sujet dans la période creuse en actualité entre Noël et le Nouvel An. Le 26 décembre, les mineurs des Cévennes font grève une journée en solidarité. Les médecins, cadres et pharmaciens de la caisse de secours minière font don de la moitié de leur salaire. Six fils de mineurs entament une grève de la faim le 27 décembre, et les maires du département menacent de démissionner en bloc le 1er janvier. Et les mineurs se laissent pousser la barbe en référence aux barbudos.
L’opinion commence à se renverser fin décembre, notamment après l’interview de Jeanneney par l’ORTF : les questions posées par les journalistes permettent au ministre de dérouler son argumentaire. On commence à trouver que les mineurs sont privilégiés. Mais le soutien local reste fort, comme le montre la grève générale de tout l’Aveyron le 9 janvier avec 30 000 manifestants à Decazeville, le nouveau maire René Rouquette en tête. Le chemin de fer Paris-Toulouse est bloqué. Le . Le conseil général menace lui aussi de démissionner et son président se propose comme négociateur. Raymond Barre, le directeur de cabinet, reçoit les représentants des mineurs le 30 janvier. Pour conserver le soutien de l’opinion publique, une grève de la faim est entamée par des mineurs le 2 février : ils sont hospitalisés le 13 février, épuisés par près de deux mois de grève au fond de la mine, au moment où le ministre défend la mobilité de la main-d'œuvre au Parlement. Après un nouveau déplacement de Raymond Barre le 15 février, la grève prend fin le 20 ; une dernière manifestation a lieu le 21, avec 10 000 personnes
Suites
Les conséquences se font durement sentir dans les années qui suivent : le nombre de mineurs passe de 2200 à 443 en six ans ; le bassin minier perd 7000 habitants sur les 33 000 qu’il comptait en 1962 (21 % de diminution en 6 ans).
Selon Achille Blondeau, la mine de Decazeville est typique d’un nouveau type de grève en France, où les travailleurs menacés de perdre leur emploi sont mis en avant par l’ensemble d’une région dont l’économie est menacée par la fermeture d’un site industriel ou minier.<
La dernière mine a définitivement fermé en juin 2001.
Ayant subi de plein fouet le déclin de l'industrie minière, cette ville comporte désormais de nombreuses friches industrielles tout en gardant un caractère populaire lié à son passé minier et industriel.
L'ancienne zone industrielle du centre de la ville a subi des étapes de dépollutions ces 20 dernières années. Elle est en cours de réaménagement et pourra devenir une nouvelle zone d'activités.
La métallurgie
En 1985, la Compagnie Française des Aciers Spéciaux (ASFOR) produit 100 000 tonnes, dont 70 % sont des tubes sans soudure. La compagnie annonce un plan d'expansion de l'usine de Decazeville avec une nouvelle ligne de finition et une nouvelle ligne de coulée, devant être démarrées en 1986. Au-delà de cette expansion, la modernisation d'un haut fourneau est alors en cours. Il est prévu de prolonger la modernisation du fourneau avec une installation de métallurgie en poche et une coulée par centrifugation à deux lignes.
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- Decazeville livre.
- Yves Lequin, compte rendu de Donald Reid, The Miners of Decazeville, Annales, 1987, 42-4, p. 842
- Chris Harman, Une histoire populaire de l'humanité, La Découverte, 2015, page 438
- Michelle Perrot. > Chapitre IX. Dénouement, In : Les ouvriers en grève. Tome 3 : France 1871-1890 [en ligne]. Paris : Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 2001 . (ISBN ).
- Le mouvement ouvrier, 1815.1977, CFDT réflexion, (ISBN ), 1978, p. 53-54.
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- Didier Latapie, « La grève des mineures a 60 ans : c’était une révolte hors normes », La Dépêche, 18 décembre 2021, consulté le 18 novembre 2024.
- Jean-Louis Vivens, , mémoire de Master 2, 2015, p. 99.
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- Philippe Marcy, Une grève peu ordinaire : Decazeville 1961-1962, Montauban, revue Arkheia, 2008.
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- É. Kocher-Marbeuf, « La grève des mineurs Decazevillois... », p. 197.
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- É. Kocher-Marbeuf, « La grève des mineurs Decazevillois... », p. 199-200.
- Alain Boscus, « 19 décembre 1961. À Decazeville, 66 jours de grève pour sauver "le pays" », L’Humanité, 16 décembre 2021, consulté le 18 novembre 2024.
- É. Kocher-Marbeuf, « La grève des mineurs Decazevillois... », p. 202.
- É. Kocher-Marbeuf, « La grève des mineurs Decazevillois... », p. 203.
- Didier Latapie, « Decazeville : un nids de culs-rouges, La Dépêche, 21 décembre 2021, consulté le 18 novembre 2024.
- Achille Blondeau, « Les mineurs et la grève », in Marie-Danielle Demélas (éditrice scientifique), Militantisme et histoire, Presses universitaires du Midi [du Mirail], 2020. (ISBN ), 2020 [2000 : 1re édition].
- USGS, (lire en ligne), p. 324
Héraldique
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Les armes de la commune de Decazeville se blasonnent ainsi : |
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Dokument erstellt 03/01/2018, zuletzt geändert 30/10/2024
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