Aigues-Mortes

Localisation

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Aigues-Mortes : descriptif

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Aigues-Mortes

Aigues-Mortes, en occitan Aigas Mòrtas, est une commune française de Petite Camargue, située à la pointe sud du département du Gard, en région Occitanie. Exposée à un climat méditerranéen, elle est drainée par le Vidourle, le canal du Rhône à Sète, le Vistre et par deux autres cours d'eau

Incluse dans la Camargue (delta du Rhône), la commune possède un patrimoine naturel remarquable : trois sites Natura 2000 (la « Petite Camargue », l'« étang de Mauguio » et la « petite Camargue laguno-marine »), quatre espaces protégés (le « bois du Boucanet », la « Camargue Gardoise », l'« étang de l'Or » et la Petite Camargue) et douze zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique. Aigues-Mortes est une commune urbaine et littorale qui compte 8 685 habitants en 2021, après avoir connu une forte hausse de la population depuis 1968

Elle est dans l'unité urbaine d'Aigues-Mortes et fait partie de l'aire d'attraction du Grau-du-Roi

Ses habitants sont appelés les Aigues-Mortais ou Aigues-Mortaises. Elle est renommée pour ses remparts et ses arènes, appelées le Plan des Théâtres et destinées aux courses camarguaises, et est également tristement célèbre à la suite du massacre des Italiens ayant eu lieu en août 1893

Les Salins d'Aigues-Mortes qui exploitent le marais de Peccais, emblématique de la production du sel camarguais, se trouvent également sur le territoire de la commune.

Géographie

Localisation

Localisation de la commune d'Aigues-Mortes.
Vue aérienne d'Aigues-Mortes.

Par le réseau routier, Aigues-Mortes est située à 35 Nîmes (préfecture du Gard) et 30 Montpellier (Hérault). À vol d'oiseau, elle est à 32,5 .

Le territoire communal est composé d'une partie de la plaine humide et des étangs de Petite Camargue dont les plus grands sont l'étang du Roy au sud-est, l'étang de la Ville immédiatement au sud d'Aigues-Mortes, une partie de l'étang de Caitives dont le reste se trouve sur Saint-Laurent-d'Aigouze, l'étang de la Marette au sud-ouest de la ville, et environ 63 hectares de l'étang de Mauguio à l'ouest.

Au sud-ouest, il est séparé du golfe du Lion (mer Méditerranée) par la commune du Grau-du-Roi. Aigues-Mortes est cependant reliée à la mer par le canal du Grau-du-Roi. Ainsi les communes de Saint-Laurent-d'Aigouze et Le Grau-du-Roi sont limitrophes de celle d'Aigues-Mortes.

À l'ouest, la commune est contigüe par un angle de sa limite à celle de Mauguio (Hérault) qu'elle effleure sur la pointe de la Radelle dans l'étang de Mauguio. Au sud-est, elle est mitoyenne des Saintes-Maries-de-la-Mer sur environ 800 m.

Tout le territoire de la moitié sud de la commune est occupé par des salines, des étangs et des marais, qui sont également largement dominants dans la partie nord. Ainsi, il n'y a que très peu de hameaux : Corbière, mas du Bosquet, mas du grand Môle, mas du Petit Chaumont et mazet de Bel-Air.

Aigues-Mortes est l'une des 81 communes membres du Schéma de cohérence territoriale (Scot) du Sud du Gard et fait également partie des 34 communes du pays Vidourle-Camargue. Aigues-Mortes est aussi l'une des quatre « Loi littoral » du Scot du Sud du Gard.

Communes limitrophes

Les communes limitrophes sont Les Saintes-Maries-de-la-Mer, Le Grau-du-Roi, Saint-Laurent-d'Aigouze, Marsillargues, Mauguio et La Grande-Motte.

Rose des vents Marsillargues
(Hérault)
Marsillargues
(Hérault)
Saint-Laurent-d'Aigouze Rose des vents
Mauguio (Hérault)
La Grande-Motte
N Saint-Laurent-d'Aigouze
O    Aigues-Mortes    E
S
Le Grau-du-Roi Le Grau-du-Roi Saintes-Maries-de-la-Mer
(Bouches-du-Rhône)

Hydrographie et relief

Climat

En 2010, le climat de la commune est de type climat méditerranéen franc, selon une étude s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat méditerranéen et est dans la région climatique Provence, Languedoc-Roussillon, caractérisée par une pluviométrie faible en été, un très bon ensoleillement (2 600 .

Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 14,6 amplitude thermique annuelle de 16,6 . Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique installée sur la commune est de 16,0 ,. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d’émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022.

Statistiques 1991-2020 et records AIGUES-MORTES (30) - alt : 1m, lat : 43°32'13"N, lon : 4°12'25"E
Records établis sur la période du 01-02-1959 au 24-01-2024
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) 4,3 4,6 7,7 10,4 14,1 17,9 20,2 20 16,3 13,2 8,5 5,1 11,9
Température moyenne (°C) 7,9 8,7 12 14,5 18,4 22,3 24,8 24,6 20,8 16,9 11,9 8,6 16
Température maximale moyenne (°C) 11,4 12,7 16,2 18,6 22,6 26,8 29,4 29,2 25,2 20,6 15,4 12 20
Record de froid (°C)
date du record
−10
12.01.1987
−13
04.02.1963
−5
02.03.05
−1
06.04.1980
4,5
09.05.1974
6
04.06.1984
12
16.07.01
11
30.08.1986
5
21.09.1977
1
23.10.1974
−4
29.11.1995
−9
27.12.1962
−13
1963
Record de chaleur (°C)
date du record
20,8
24.01.24
23,2
03.02.20
26,7
23.03.19
32
08.04.11
33,7
24.05.11
40,9
28.06.19
38
07.07.1982
39,2
23.08.23
35,4
05.09.16
31,5
12.10.11
24,5
01.11.22
21
26.12.1999
40,9
2019
Précipitations (mm) 53,6 35,9 35 52,4 37 23,7 14,5 30,4 72,8 76,8 71,9 48,6 552,6
Source : «  », sur donneespubliques.meteofrance.fr, edité le : 06/11/2023 dans l'état de la base


Milieux naturels et biodiversité

Espaces protégés

La protection réglementaire est le mode d’intervention le plus fort pour préserver des espaces naturels remarquables et leur biodiversité associée,.

La commune fait également partie de la Camargue (delta du Rhône), un territoire reconnu réserve de biosphère par l'UNESCO en 1977 pour ses nombreux bombements sources de diversité : bourrelets alluviaux des bras anciens et actuels du Rhône et cordons dunaires élaborés par les courants marins et les rivages historiques de la Méditerranée. Entre ces replis encore en partie boisés, dans les dépressions, se répartissent des terres basses occupées par les lagunes bordées de steppes salées, les marais à roselières en partie exploités pour la coupe du roseau et les étangs - dont le plus grand, le Vaccarès, occupe 6 500 hectares,.

Quatre autres espaces protégés sont présents sur la commune :

  • le « bois du Boucanet », un terrain acquis par le Conservatoire du Littoral, d'une superficie de 207,10 , ;
  • la « Camargue Gardoise », un terrain acquis par le Conservatoire du Littoral, d'une superficie de 885,6 , ;
  • l'« étang de l'Or », un terrain acquis par le Conservatoire du Littoral, d'une superficie de 609,4 , ;
  • la Petite Camargue, une zone humide protégée par la convention de Ramsar, d'une superficie de 41 705,5 .
Réseau Natura 2000
Site Natura 2000 sur le territoire communal.

Le réseau Natura 2000 est un réseau écologique européen de sites naturels d'intérêt écologique élaboré à partir des directives habitats et oiseaux, constitué de zones spéciales de conservation (ZSC) et de zones de protection spéciale (ZPS). Deux sites Natura 2000 ont été définis sur la commune au titre de la directive habitats :

  • la « petite Camargue », d'une superficie de 34 412 
  • l'« étang de Mauguio », d'une superficie de 7 020 grau qui relie le Sud-Ouest de l'étang au port de Carnon. L'étang est entouré par une gamme variée d'habitats naturels : un système dunaire, des milieux saumâtres à hyper salés sur les rives sud et est et des milieux saumâtres à doux influencés par l'eau douce sur les rives nord ;

et deux au titre de la directive oiseaux :

  • la « petite Camargue laguno-marine », d'une superficie de 15 681 Outarde canepetière et à de nombreux passereaux, ainsi qu'une étape de migration (automne, printemps) pour plus de 160 espèces ;
  • l'« étang de Mauguio », d'une superficie de 7 020 hygrométrie et de salinité, conférant à ce site un intérêt ornithologique remarquable ;
Zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique

L’inventaire des zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) a pour objectif de réaliser une couverture des zones les plus intéressantes sur le plan écologique, essentiellement dans la perspective d’améliorer la connaissance du patrimoine naturel national et de fournir aux différents décideurs un outil d’aide à la prise en compte de l’environnement dans l’aménagement du territoire. Neuf ZNIEFF de type 1 sont recensées sur la commune :

  • les « bois du Grand Chaumont et de Quincandon » (165  ;
  • l'« étang de l'Or » (3 378 Gard et 5 dans l'Hérault ;
  • l'« étang du Repaus et bras du Rhône de Saint-Roman » (1 724  ;
  • « le Vidourle entre Port Vieil et Quincandon » (161 Gard et 1 dans l'Hérault ;
  • le « marais du Bourgidou » (116  ;
  • les « salins d'Aigues-Mortes » (3 340  ;
  • le « salins de Petite Camargue » (3 499 Bouches-du-Rhône et 2 dans le Gard ;
  • les « salins et marais de la Marette » (198  ;
  • le « sansouire de Bel-Air et Cabanes du Roc » (96 Gard et 1 dans l'Hérault ;

et trois ZNIEFF de type 2, :

  • la « Camargue fluvio-lacustre et laguno-marine » (82 788 Bouches-du-Rhône et 6 dans le Gard ;
  • le « Camargue gardoise » (42 422 Gard et 1 dans l'Hérault ;
  • le « complexe paludo-laguno-dunaire des étangs montpelliérains » (14 344 Gard et 13 dans l'Hérault.
  1. a et b Carte IGN interactive d'Aigues-Mortes sur geoportail.gouv.fr. Couches « Limites administratives » activée. Vous pouvez aisément moduler la transparence des couches dans le menu « Ma sélection de données » à gauche de la carte.
  2. a et b Daniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, DOI 10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
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Toponymie

Le nom d'Aquae Mortuae est cité lors de l'embarquement de saint Louis en 1248 en ce lieu pour sa première croisade. Ce nom procède de l'occitan Aigas Mòrtas « eaux mortes », c'est-à-dire « eaux stagnantes », équivalent des types toponymiques de langue d'oïl « Morteau ».

Il est intéressant de signaler que les habitants d'Aigues-Mortes demandèrent à saint Louis de nommer l'agglomération naissante du nom de Bona per Forsa (« Bonne malgré le hasard »). Le nom usuel Aigues-Mortes resta cependant en usage jusqu'à nos jours.

Le nom d’Aigues-Mortes provient des marais et des étangs qui s'étendaient autour du village et aussi du fait qu'il n'y a jamais eu d'eaux vives à Aigues-Mortes souhaitée].

  1. Laurence Echard, Dictionnaire géographique portatif, ou description des royaumes, républiques..., article "Aigues-Mortes" page 15. 20e édition, Paris, avril 1806.
  2. Morteau (Doubs, Mortua Aqua, 1105, VTF 521) ; Morteau (Haute-Marne, Mortua Aqua, 1163, VTF 521).

Histoire

Les remparts d'Aigues-Mortes ont été construits par Saint Louis. En effet, dès le début de son règne, Louis IX souhaite se doter d'un débouché sur la Méditerranée ; c'est dans ce contexte qu'il fait construire le port d'Aigues-Mortes.

Antiquité

Un Romain du nom de Peccius aménage les premiers marais salins et donne son nom au marais du Peccais. L'exploitation du sel avait commencé dès le Néolithique et s'était continuée à la période hellénistique, mais l'exploitation antique des salins n'a donné lieu à aucune découverte archéologique majeure et il est probable que ces vestiges aient été détruits par les installations des salins modernes.

Moyen Âge

En 791, Charlemagne fait ériger la tour Matafère, au milieu des marécages, pour la sûreté des pêcheurs et des ouvriers des salins. Certains avancent que la signalisation et la transmission des nouvelles n’étaient pas étrangères à l’édification de cette tour destinée à donner l’alerte, en cas d’arrivée d’une flotte, à la tour Magne, à Nîmes. La vocation de cette tour passe du plan guerrier au plan spirituel quand Charlemagne l’octroie à l’abbaye de bénédictins, consacrés à l’Opus Dei (l'œuvre de Dieu) et dont les incessantes psalmodies, de jour comme de nuit, font désigner leur couvent du titre de Psalmody ou Psalmodi. Ce couvent existe en 812, comme le confirme un acte de dotation faite par le Nîmois Badila à l’abbaye. À cette époque, les habitants, qui vivent dans des cabanes en roseaux, tirent leur subsistance de la pêche, de la chasse et de la production du sel produit dans différents petits marais salants en bordure de mer. La région est alors sous la domination des moines de l'abbaye de Psalmody.

En 1240, , qui souhaite se débarrasser de l'emprise des marines italiennes pour le transport des troupes pour les croisades, s'intéresse à la position stratégique que représente ce lieu pour son royaume. À cette époque, Marseille appartient à son frère Charles d'Anjou, comte de Provence, Agde à Raymond VII, comte de Toulouse, et Montpellier à , roi d'Aragon, ce qui interdit à Saint-Louis un accès direct à la mer Méditerranée

Ce dernier obtint des moines de l'abbaye de Psalmody la ville et les terres alentour par échange de propriétés. Les habitants sont exemptés de la gabelle, impôt prélevé sur le sel qu'ils peuvent prendre sans contrainte. Il fait aménager une route entre les marais et y bâtir la tour Carbonnière pour servir de tour de guet et ainsi protéger l'accès à la ville. Saint Louis fait construire ensuite la tour de Constance pour abriter sa garnison. En 1272, le fils et successeur de Louis Philippe le Hardi, ordonne la poursuite de la construction de remparts pour ceinturer complètement la petite ville. Les travaux ne s’achèveront que trente ans plus tard grâce à Philippe le Bel.

C'est de cette ville que Louis Croisades : la septième croisade en 1248 et la huitième croisade en 1270 pour Tunis, où il meurt de dysenterie, du typhus voire de scorbut selon les historiens. 1270 constitue à tort, pour beaucoup d'historiens, la dernière étape d'un processus engagé à la fin du . De ce fait de 1270 découle la croyance populaire voulant que la mer atteigne Aigues-Mortes à cette époque. En fait, comme le confirment les études de l'ingénieur Charles Léon Dombre, l'ensemble du port d'Aigues-Mortes comprenait le port proprement dit, qui se trouvait dans l'étang de la Marette, le Canal-Viel et le Grau-Louis, le Canal-Viel étant le chenal d'accès à la mer. C'est approximativement sur le Grau-Louis qu'est construite aujourd'hui La Grande-Motte.

Au début du Philippe le Bel utilisa le site fortifié pour y incarcérer les Templiers. Entre le et le , quarante-cinq d'entre eux furent mis à la question, reconnus coupables et retenus prisonniers dans la tour de Constance.

Époque moderne

Au début du Provence et Marseille sont rattachés au royaume de France. Seule l'exploitation du sel du marais de Peccais incite , en 1532, à faire relier les salins d'Aigues-Mortes à la mer. Mais ce chenal, dit Grau-Henri, s'ensable à son tour. L'ouverture, en 1752, du Grau-du-Roi résout pour un temps le problème. Celui-ci trouve enfin une solution, en 1806, en transformant Aigues-Mortes en port fluvial grâce au canal du Rhône à Sète (qui débouche dans l'étang de Thau dans la partie territoriale frontignanaise).

Aigues-Mortes conserve encore ses privilèges accordés par les rois.

La Réforme est prêchée dans la ville au pasteur Hélie Boisset, date qui marque le début d'une période troublée. Peu après la Saint Barthélémy (), des huguenots venus des environs font sauter les portes de la ville, y pénètrent et attaquent les églises et couvents. Les ecclésiastiques doivent trouver refuge dans la Tour de la Reine.

L'Édit de Beaulieu, qui met fin en 1576 à la cinquième guerre de Religion, désigne Aigues-Mortes comme l’une des huit places de sûreté accordées aux calvinistes, ce qui sera confirmé par la paix de Bergerac en 1577 et par un édit royal en 1597. Antoine Du Pleix, baron de Lèques est gouverneur d'Aigues-Mortes. Sa fille, Madeleine Du Pleix, s'est mariée à Marsillargues, le , avec Abdias de Chaumont, seigneur de Bertichères, huguenot ayant servi dans la campagne de 1570 d'Henri de Navarre. En 1596, Antoine Du Pleix abandonne sa charge à son gendre Bertichères, lequel conçoit alors de se rendre indépendant dans cette place proche des salines de Peccais. À cette époque, la tour Carbonnière est défendue par 16 soldats, le fort de Peccais, par 18, et Aigues-Mortes, par 127. Ces soldats sont payés par les trésoriers généraux de l'extraordinaire des guerres et inscrits dans l'état mensuel pour 616 écus et 40 sols. Le paiement difficile des soldes va amener une rupture entre Bertichères et Sully. En 1597, l'attitude de Bertichères vis-à-vis d' devient factieuse. Henri Uzès, de reprendre la place d'Aigues-Mortes à Bertichères sans qu'il y ait d'exactions dans la ville. Henri château de Sommières. Pour remercier les consuls et les habitants d'Aigues-Mortes dans la reprise de la ville, Henri .

Le , c'est un grand protestant qui est nommé gouverneur d'Aigues-Mortes et de la tour Carbonnière : Jean d'Harambure dit « le Borgne », commandant des chevau-légers du roi et ancien gouverneur de Vendôme. Pour ce faire, il doit prêter serment entre les mains du connétable Henri de Montmorency, alors gouverneur du Languedoc. Mais celui-ci, catholique, soutient le rival Adrien de Chanmont, seigneur de Berichère. Le conflit dure jusqu'en 1612, mais Harambure, soutenu par les pasteurs du Bas-Languedoc et par les habitants, finit par l'emporter, d'autant qu'il bénéficie de l'appui personnel de la reine. (BN L. K7 50) Le , Harambure démissionne en faveur de son fils Jean d´Harambure, mais le roi le rétablit pour six ans. Le , il quitte ses fonctions au profit de Gaspard de Coligny, non sans avoir obtenu un témoignage de reconnaissance des magistrats et consuls de la ville.

En 1629, la paix d'Alès consacre le retour d'Aigues-Mortes au pouvoir catholique. En 1685, la révocation de l’Édit de Nantes, point culminant de la répression religieuse qui s'intensifie au cours du .

Époque contemporaine

Les Remparts d'Aigues-Mortes, vers 1843,
Alexandre-Gabriel Decamps,
musée du Louvre.

Pendant la Révolution française, la ville est appelée Port-Pelletier. À cette époque, le port a failli disparaître en raison d'un envasement induit par l'intensification du labour dans le bassin versant, contemporain d'une reprise des défrichements des bois et forêts à la suite de l'abolition des privilèges. Le recul du couvert boisé a favorisé l'érosion des sols et, par suite, un apport plus important d'alluvions qui se déposent dans les ports de la région. Ainsi, en 1804 le préfet « M. de Barante père » écrivait-il dans un rapport que « Les côtes de ce département sont plus exposées aux atterrissements... Les ports de Maguelonne et d'Aigues-Mortes et le vieux port de Cette (ancienne écriture de Sète) n'ont plus d'existence que dans l'histoire » alerte-t-il. « Un désir immodéré de recueillir a multiplié ces défrichements depuis 1790... L'avidité de jouir a dévoré en peu d'années la ressource de l'avenir ; les montagnes, ouvertes par la charrue, n'ont montré bientôt qu'un roc nu et stérile ; chaque sillon est devenu un ravin ; la terre végétale, entraînée par les orages, a été portée dans les rivières, et de là dans les parties inférieures, où elle sert chaque jour à l'atterrissement des parties les plus basses et les plus marécageuses »

Le massacre des Italiens (août 1893)
Massacre des saliniers italiens d'Aigues-Mortes.

La Compagnie des Salins du Midi lance à l'été 1893 le recrutement des ouvriers pour le battage et le levage du sel. L'embauche est en baisse en raison de la crise économique que connaît l'Europe alors que la perspective de trouver un emploi saisonnier a attiré, cette année-là, un plus grand nombre d'ouvriers.

Ceux-ci se partagent en trois catégories surnommées les « Ardéchois », paysans, pas forcément originaire d'Ardèche, qui laissent leur terre le temps de la saison, les « Piémontais » composés d'Italiens originaires de tout le nord de l'Italie et recrutés sur place par des chefs d'équipe, les chefs de colle, et les « trimards » composés en partie de vagabonds.

En raison du recrutement opéré par la Compagnie des Salins du Midi, les chefs de colle sont contraints de composer des équipes comprenant des Français et des Italiens. Dès le début de la matinée du , une rixe éclate entre les deux communautés qui se transforme rapidement en lutte d'honneur. Cette lutte est parfois considérée comme le [déclencheur du] plus grand pogrom de l'histoire contemporaine de la France,, représenté dans les journaux de l'époque comme Le Monde Illustré.

Malgré l'intervention du juge de paix et des gendarmes, la situation dégénère rapidement. Certains trimards rejoignent Aigues-Mortes et y affirment que des Italiens ont tué des Aiguemortais, ce qui fait grossir leurs rangs de la population et des personnes qui n'ont pas réussi à se faire embaucher.

Un groupe d'Italiens est alors attaqué et doit se réfugier dans une boulangerie que les émeutiers veulent incendier. Le préfet fait appel à la troupe vers 4 heures du matin. Celle-ci n'arrive sur les lieux qu'à 18 heures, après le drame.

Dès le début de la matinée, la situation s'envenime. Les émeutiers se rendent dans les salins de Peccais où se trouvent le plus grand nombre d'Italiens que le capitaine des gendarmes Cabley essaie de protéger en promettant aux émeutiers de chasser les Italiens une fois raccompagnés à la gare d'Aigues-Mortes. C'est durant le trajet que les Italiens assaillis par les émeutiers sont massacrés par une foule que les gendarmes ne réussissent pas à contenir. Il y a sept morts et une cinquantaine de blessés dont certains conserveront des séquelles à vie,, ce qui constitue le plus grand massacre d'immigrés de l'histoire contemporaine de la France mais aussi l'un des plus grands scandales de son histoire judiciaire puisque aucune condamnation ne sera jamais prononcée.

L'affaire devient un enjeu diplomatique et la presse étrangère, dont celle transalpine, prend fait et cause pour les Italiens. Des émeutes anti-françaises éclatent en Italie. Un règlement diplomatique est trouvé et les parties sont indemnisées alors que le maire nationaliste Marius Terras doit démissionner.

Une pièce de théâtre de Serge Valletti, Sale Août, se fonde sur ces événements tragiques.

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En 1940, après enquête de la préfecture du régime de Vichy, le préfet décide de suspendre le maire d’Aigues-Mortes, trop à gauche.

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Le , dans le quartier du Bosquet, un couple tire depuis sa voiture sur une dizaine de jeunes d'origine maghrébine, faisant un blessé léger. L'homme et la femme sont condamnés le surlendemain, respectivement; à quatre et deux ans de prison de ferme, provoquant, auprès d'une partie de la population, un élan de soutien vis-à-vis des condamnés, qui met en lumière la banalisation du racisme anti-Arabes et rappelle les incidents de 1893 dans la même ville,.

Le , à l'occasion du , la ville d'Aigues-Mortes organise des cérémonies commémoratives auxquelles participe son descendant Louis de Bourbon, duc d'Anjou, ainsi que son épouse Marie-Marguerite. À cette occasion, le maire Pierre Mauméjean rappelle « l’amour et l’attachement réel des Aigues-Mortais pour le roi fondateur de la cité et leur reconnaissance pour tout ce qu’il a fait pour eux ». Il ajoute « combien Aigues-Mortes est fière et honorée de recevoir pour la deuxième fois l'homme (Louis de Bourbon) qui avait été fait citoyen de la ville, lors de la Saint Louis de 1992, par le maire de l'époque René Jeannot, présent ce jour ».

  1. Gérard Noiriel, Le massacre des Italiens d'Aigues-Mortes, Fayard, 2010, p. 13.
  2. «  », sur archeologiepetitecamargue.culture.fr (consulté le ).
  3. « Aigues-mortes, le Sel de la vie » «  »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur ot-aiguesmortes.fr (consulté le ).
  4. Gérard Noiriel, op. cit., p. 18.
  5. Ordonnance de Guillaume de Roussillon en 1275 - (Roger, La noblesse de France aux croisades, [Édition ? Date ?] p. 158; C. Rollat L'Affaire Guillaume de Roussillon dans la Tragédie Templière du Pilat à Aigues Mortes) 1274/1312.
  6. Michel Melot, Guide de la mer mystérieuse, Éd. Tchou et Éditions Maritimes et d'Outre-Mer, Paris, 1970, p. 714.
  7. Résiliation du marché de construction des remparts d’Aigues-mortes. Montpellier, 3 mars 1275. Archives nationales de France.
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  9. sur Google Livres.
  10. a b et c «  », sur ot-aiguesmortes.com (consulté le ).
  11. Arthur de Cazenove, « L'entreprise d'Aiguesmortes », Mémoires de l'Académie de Nîmes, lire en ligne).
  12. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Cassini
  13. Rapport de « M. de Barante père » cité par Antoine César Becquerel en 1865 dans sur Google Livres', p. 54.
  14. Gérard Noiriel, op. cit., p. 33-43 ; voir aussi E. Barnabà, Mort aux Italiens, Toulouse, Editalie, 2013.
  15. Gérard Noiriel, Le massacre des Italiens d'Aigues-Mortes, Fayard, 2010, p. 51.
  16. Gérard Noiriel, op. cit., p. 53.
  17. Gérard Noiriel, Le massacre des italiens, Aigues-Mortes, 17 août 1893, Paris, Fayard, .
  18. Gérard Noiriel, De l’Aube Jusqu’à l’Aurore, Aigues-Mortes, 17 août 1893, Fayard (document de travail préalable à la publication), , 29 lire en ligne). Extrait : Mais les historiens de l’immigration connaissent Aigues-Mortes pour une autre raison. C’est ici que le 17 août 1893 a eu lieu le plus grand « pogrom » (au sens du dictionnaire : « émeute accompagnée de pillages et de meurtres, dirigée contre une communauté particulière»), de toute l’histoire contemporaine de la France. Ce jour-là, les ouvriers italiens travaillant dans les salins ont été littéralement massacrés par la population locale. Bilan : 9 morts et une cinquantaine de blessés, selon les autorités françaises.
  19. «  »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur histoire-immigration.fr (consulté le ).
  20. a et b Gérard Noiriel « Le massacre des Italiens » Fayard 2010, p. 55.
  21. Gérard Noiriel, Le massacre des Italiens, Fayard, 2010, p. 56.
  22. Gérard Noiriel, op. cit., p. 58.
  23. Une huitième victime meurt du tétanos un mois plus tard.
  24. Gérard Noiriel, op. cit., p. 58-63.
  25. Gérard Noiriel, op. cit., p. 121.
  26. Gérard Noiriel, op. cit., p. 134-136.
  27. Gérard Noiriel, op. cit., p. 139.
  28. Les ouvriers italiens d'une part, la France d'autre part pour les émeutes devant le palais Farnèse, siège de l'ambassade de France à Rome.
  29. Gérard Noiriel, op. cit., p. 149.
  30. Armand Cosson, « La Francisque et l’écharpe tricolore : Vichy et le pouvoir municipal en Languedoc », Annales du Midi, 1992, no 104-199-200, p. 295.
  31. , sur Libération.fr, (consulté le ).
  32. « Le racisme anti-Arabes se banalise dans le Gard », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  33. « Aigues-Mortes : le prince Louis de Bourbon célèbre Saint Louis », Midi Libre,‎ (lire en ligne, consulté le ).


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Héraldique

Les armes d'Aigues-Mortes se blasonnent ainsi :

D'or à un Saint Martin de carnation, vêtu d'azur et chaussé du champ, monté sur un cheval de gueules sellé et harnaché aussi d'or, coupant son manteau aussi de gueules pour en remettre la moitié à un pauvre boiteux de carnation vêtu aussi d'azur, à la béquille au naturel, le tout sur une terrasse de sinople.

  1. Le blason de la commune sur «  »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur labanquedublason2.com (consulté le ).

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Aigues-Mortes dans la littérature

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