Harfleur
Localisation
Harfleur : descriptif
- Harfleur
Harfleur (prononciation dialectale : API [aʁ'fly], notation Rousselot-Gilliéron àrflu) est une commune française située dans le département de la Seine-Maritime en région Normandie.
Géographie
Localisation
Cette commune limitrophe du Havre est située sur la rive droite de la Seine, dans le canton du Havre-2.
Le sentier de grande randonnée 2 (Dijon au Havre) passe par Harfleur.
Hydrographie
La commune est traversée par la Lézarde qui se jette dans le canal de Tancarville au sud-est de la commune.
Voies de communication et transports
Transports en commun
En tant que membre de la communauté de l'agglomération havraise, la commune est desservie par le réseau de la compagnie des transports de la porte océane dont les lignes 2, 17,14,10 et 12 s’arrêtent à Harfleur.
Voies ferrées
Harfleur compte deux gares desservies par le réseau TER Normandie :
- la gare d'Harfleur, située sur la ligne de Paris-Saint-Lazare au Havre et desservie par les trains assurant la liaison entre Le Havre et Rouen-Rive-Droite. Elle se situe au nord du centre-ville, en retrait de la rue Paul Doumer ;
- la gare d'Harfleur-Halte, située sur la ligne du Havre-Graville à Tourville-les-Ifs est desservie par des trains express régionaux de la relation Lézard’Express Régionale (LER). Elle se situe à l'ouest de la commune, entre le centre-ville et le quartier de Beaulieu.
Climat
En 2010, le climat de la commune est de type climat océanique franc, selon une étude du CNRS s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique et est dans la région climatique Côtes de la Manche orientale, caractérisée par un faible ensoleillement (1 550 . Parallèlement le GIEC normand, un groupe régional d’experts sur le climat, différencie quant à lui, dans une étude de 2020, trois grands types de climats pour la région Normandie, nuancés à une échelle plus fine par les facteurs géographiques locaux. La commune est, selon ce zonage, exposée à un « climat maritime », correspondant au Pays de Caux, frais, humide et pluvieux, légèrement plus frais que dans le Cotentin.
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 10,8 amplitude thermique annuelle de 13 . Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de Octeville-sur-Mer à 8 vol d'oiseau, est de 11,5 ,. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022.
- Daniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, DOI 10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le ).
- « », sur pluiesextremes.meteo.fr (consulté le ).
- GIEC normand, Le climat en Normandie : présentation et évolution, , 18 lire en ligne), p. 2.
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Toponymie
C'est sans doute sous le nom de Caracotinum que le lieu est mentionné vers 300 dans l'Itinéraire d'Antonin.
Il s'agit probablement d'un ancien nom celtique (gaulois), mais son identification est problématique. Peut-être doit-on rapprocher le premier élément du gaulois carato- / carata- qui avait le sens d'« ami(e) ». La forme attestée serait une cacographie pour *Caratotinum ou *Caratacinum. La finale (latinisée) -inum se retrouve dans d'autres noms de lieux antiques de la Seine-Maritime comme Barentin (Barentini en 1006) et l'ancien nom d'Héricourt-en-Caux (Gravinum vers 300).
Cet ancien toponyme, dont la forme plus évoluée phonétiquement au Haut Moyen Âge nous est inconnue, sort de l'usage probablement vers le duché de Normandie (Caudebec-en-Caux, Caudebec-lès-Elbeuf, Dieppe, Cherbourg, etc. qui remplacent des noms antiques).
À partir du , Herufflueth vers 1060.
A priori, le second élément -fleur est un appellatif toponymique, que l'on retrouve dans l'ancien normand fleu dont le sens est donné par un document du Lestre étant un village du Cotentin. Le [r] final de -fleur qui n'apparaît que tardivement, s'explique par l'analogie avec le mot fleur qui se prononce de manière identique en dialecte normand : fleu, d'où cette réécriture « officielle » des noms en -fleu avec un [r] final. La prononciation populaire [arfly] est donc justifiée par l'étymologie.
Les toponymes en -fleur (cf. Honfleur, Barfleur, Vittefleur, Fiquefleur, etc.) sont tous situés à proximité du littoral, dans la zone de diffusion de la toponymie anglo-scandinave ou norroise.
L'origine exacte de cet appellatif est débattue par les spécialistes de la toponymie :
- selon certains, il serait issu du vieux norrois flóð « flux, marée, flot », croisé avec flói « rivière se jetant dans la mer » ;
- pour d'autres, il s'agit du vieil anglais flōd « flux, marée, flot » ;
- enfin, les formes anciennes en -flueth, -flet, -fluoth (de Honfleur ou de Barfleur par exemple), ainsi que le sens, impliquerait plutôt d'avoir recours au vieil anglais flēot ( > anglais fleet) « cours d'eau, bras de mer » comme dans les noms de lieux anglais en -fleet (Adingfleet, etc.).
Le premier élément est sans doute un nom de personne. En effet, la plupart des noms en -fleur ont comme premier élément un anthroponyme. En outre, la forme de 1035, vraisemblablement basée sur une forme encore plus ancienne, est tout à fait claire à ce sujet.
Le nom de personne francique Herold pourrait convenir phonétiquement, mais il n'existe pas de trace de [t] ou de [d] dans les formes anciennes. On le reconnaît bien en revanche dans Bois-Héroult (Bosco Heroldi en 1203). Par contre, l'hypothèse du nom de personne anglo-saxon Herulf et francique Herulfus est plus forte, vu la nature des formes anciennes et la possible assimilation du premier [f] au second, phénomène fréquent en phonétique. En revanche, aucun auteur n'a envisagé d'avoir recours au nom de personne vieux norrois HærulfR (vieux danois Herulf) qui convient tout aussi bien et dont l'association avec -fleur n'est pas contradictoire, puisqu'on retrouve d'autres noms norrois associés à des noms en -fleur (cf. Honfleur ou en -fleet en Angleterre) et à d'autres appellatifs toponymiques d'origine anglo-saxonne.
Cette hypothèse se trouve renforcée par l'existence du patronyme Hérouf, quoique jadis uniquement attesté en Basse-Normandie, on peut l'identifier en Haute-Normandie (et dans certaines régions de Basse-Normandie), même si la prononciation de la finale s'est confondue avec celle des noms issu de -old (cf. Ygout (Seine-Maritime) pour Ingouf en Cotentin, etc.). Dans cette perspective, les patronymes Harou, Hérout et Héroult sont pour certains identiques au nom Hérouf, dans la mesure où ils sont typiquement normands.
À noter que l'explication traditionnelle par le vieux norrois hár « haut » pour expliquer l'élément Har- de Harfleur, d'où le sens global de « port du haut » n'a pas de fondement. Les formes anciennes plaident pour Herol- > Haro- qui est une évolution phonétique régulière, et la présence de -ol et de -o est difficilement compatible avec cette explication. En outre, l'élément -fleur est généralement associé à un nom de personne, comme le montrent les nombreux couples du type Honnaville / Honfleur (anciennement Honnefleu) ; Barbeville / Barfleur (anciennement Barbefleu) ou encore Crémanville / Crémanfleur, basés sur le nom du même propriétaire (-ville n'étant, par ailleurs, jamais associé à un adjectif norrois). Idem pour les noms en -fleet d'Angleterre. En outre, que signifie « port du haut » ? L'explication traditionnelle repose sur l'opposition avec Honfleur qui serait le « port du bas », or Honfleur n'a pas ce sens, de plus il n'y a pas de terme *hon qui signifie « bas » en vieux norrois et en germanique, où il signifie « haut » également.
- François de Beaurepaire (Marianne Mulon), Les Noms des communes et anciennes paroisses de la Seine-Maritime, Paris, A. et J. Picard, , 180 ISBN , OCLC 6403150), p. 91Ouvrage publié avec le soutien du CNRS.
- Jean Adigard des Gautries, Les noms de lieux de la Seine-Maritime attestés entre 911 et 1066 (suite) [article] page 154.
- René Lepelley, Dictionnaire des noms de lieux de Normandie, éditions Presses Universitaires de Caen 1994.
- François de Beaurepaire (A. et J. Picard, , 180 ISBN , OCLC 6403150)Ouvrage publié avec le soutien du CNRS.
- Dominique Fournier, Dictionnaire des noms de rues et noms de lieux de Honfleur, éditions de la Lieutenance, Honfleur 2006. p. 124-125.
- Site de Géopatronyme : nombre de naissances et actes liés au patronyme Hérouf
Histoire
Antiquité : Caracotinum, vicus gallo-romain
La ville correspond au lieu Caracotinum de l'Itinéraire d'Antonin et se trouvait sur le territoire des Calètes en Gaule belgique. Les fouilles effectuées par les archéologues ne soulignent pas une occupation importante à l'époque gauloise, contrairement à Caudebec-en-Caux.
À l'époque gallo-romaine, un vicus se développe, comme en témoigne la richesse des découvertes archéologiques. Des voies romaines sont établies et la ville devient le point de départ de la voie vers Troyes, via Iuliobona (Lillebonne). Une autre voie (disparue pendant la guerre de Cent Ans) reliait Caracotinum à la Manche (vers Fécamp).
La présence d’un fanum (sanctuaire de tradition gauloise à plan centré) dominant la Lézarde et la Seine est attestée depuis des fouilles sommaires réalisées en 1840 par Léon Fallue puis plus approfondie par Jean Lachastre en 1967. Il était entouré d'une enceinte de 13,40 mètres sur 12,80 mètres. La cella mesurait 6,10 mètres sur 5,80 mètres ; elle était pavée d'une mosaïque. D'autres objets ont été exhumés comme un petit bouc et un trépied en bronze. Ce fanum a été détruit lors des invasions barbares du Ve siècle.
Harfleur comptait également plusieurs fours de potiers des nécropole gallo-romaine à incinération.
Moyen Âge
En 1202, Jean sans Terre octroie une charte de commune. L'existence, au .
Au début du hanse de marchands catalans et portugais s'installe dans la ville, et en 1309 le Bel accorde des privilèges aux marchands portugais qui seront confirmés en 1341. De cette époque date le bâtiment nommé « le Prieuré » ou « Hôtel des Portugais ». De 1336 à 1340, de Valois fait armer plusieurs vaisseaux, à Harfleur et à Leure. Cette flotte périt totalement lors de la bataille de L'Écluse le .
De 1341 à 1361 la ville est ceinte d'un rempart percé de trois portes : porte de l'Eure, porte de Rouen et porte de Montivilliers. Les remparts seront restaurés au guerre de Cent Ans. En 1369, le duc de Lancastre, Jean de Gand, envoyé par le roi d'Angleterre , tente à deux reprises de prendre la ville mais échouera à chaque fois.
En 1415 la ville est assiégée par les Anglais. Le , débarque à la pointe de la Hève et s'installe à Harfleur le . William Shakespeare dans Henri V évoque cet épisode. Malgré la résistance de ses habitants pendant un mois, la ville tombe aux mains du roi d'Angleterre Henri Azincourt. Cette victoire est largement évoquée dans la populaire Chanson d'Azincourt. De nombreux Anglais viennent s’installer comme colons. La réalisation principale de la première occupation anglaise est l'érection d'un « chastel », vraisemblablement une tour entre 1424 et 1429. Henri Normandie qui restera anglaise jusqu’en 1450.
La mort du régent Bedford (Jean de Lancastre) le donne aux Normands rebelles l'occasion de se révolter. Le , un chef de bande, Charles des Maretz, prend la ville de Dieppe d'assaut et la libère de l'occupation anglaise. Soutenu par des petits seigneurs et par des détachements français aux ordres de la Hire, les paysans se soulèvent amenant la libération de Fécamp et d'Harfleur par Jean de Grouchy qui parvient avec l'appui du dauphin Louis, le futur , et une centaine de partisans à prendre et à se maintenir dans la place. S'ensuit une riposte anglaise ; les paysans sont massacrés et les villes reprises à l'exception d'Harfleur qui résistera jusqu'en 1447 et Dieppe, que les Anglais ne pourront jamais enlever. Harfleur n’est définitivement libérée par l'armée royale de et rattachée à la France qu'en 1449, après un siège de vingt jours, mais le port s’ensable déjà.
Harfleur, principal port de Normandie
Du Seine était alors encadré par les ports d'Harfleur sur la rive droite et de Honfleur sur la rive gauche.
Harfleur est une ville close qui dispose d'un port militaire et arsenal royal dit « Clos aux Galées » créé à partir de 1391 par Charles . Isolée au milieu de ce clos se dressait la « Tour perdue » ou « Chatelet », et elle était le cœur de défense de la partie portuaire de la ville, ajoutant la fonction d'amer et de vigie. C'est un certain Jacques Vaillant, maîtres des œuvres de maçonnerie, qui l'aurait construite, entre 1425 et 1429, pour le compte des Anglais. Grâce à la miniature des et au graffito de l'église paroissiale où est figuré le tocsin dressé à son sommet et les fenêtres à croisées du dernier étage de la tour, on a une idée précise de son architecture. En 2015, on a découvert ses vestiges. Un tronçon de parement courbe a permis de restituer son diamètre d'origine estimé entre 18 et 19 mètres avec une épaisseur de mur à la base d'environ 5,50 mètres, qui en fait l'une des plus imposantes de la France médiévale. Elle était construite en pierre de Caen et sa base présente un léger fruit. Des restes de substructions rectangulaires, saillant de 1,10 mètre et larges de 4,57 mètres correspondrait à une partie reliant la tour avec la porte aux Cerfs. On a découvert également une salle basse de 5,90 mètres de diamètre avec le départ d'un escalier à vis, composé de quatre marches monolithes qui n'a pu être fouillée, et un conduit de latrines de 1,60 × 0,51 mètre reconnaissable à sa face en glacis en forte inclinaison côté intérieur de la tour, qui a lui put être vidé sur une hauteur de 1,60 mètre. À l'issue de la fouille, les vestiges ont été ré-enfouis sous le plateau piétonnier afin de les protéger.
Époque moderne : déclin de l'activité portuaire
L'envasement progressif de la Seine et la fondation du Havre en 1517 condamnèrent définitivement l'activité portuaire. Les fortifications seront démantelées en 1621.
De 1609 à 1615, pendant six années d'affilée, la peste fait de nombreuses victimes à Harfleur et dans tous les environs.
Époque contemporaine
Le
- Isabelle Rogeret, Carte archéologique de la Gaule: Seine-Maritime, Diffusion Fondation Maison des Sciences de l'Homme, 1998. (ISBN ).
- « », notice base Mérimée, ministère français de la Culture.
- Bérengère Le Cain, La Normandie dans la guerre de Cent Ans : Harfleur pendant la guerre de Cent Ans, Imprimerie du Conseil Général de la Seine -Maritime, p. 3,5,6,7,8.
- « », notice base Mérimée, ministère français de la Culture.
- Guy Le Hallé (Hervé Morin, ISBN ), p. 40.
- Beck 1986, p. 119.
- Bernard Beck, Châteaux forts de Normandie, Rennes, Ouest-France, , 158 ISBN ), p. 76.
- Beck 1986, p. 89.
- Erik Follain et Bruno Duvernois, « La « Tour perdue » du port d'Harfleur... retrouvée... », Patrimoine normand, ISSN 1271-6006).
- Bruno Duvernois et Erik Follain, « La porte de Rouen : un témoignage du passé médiéval d'Harfleur », Patrimoine normand, ISSN 1271-6006).
- Follain et Duvernois, 2015, p. 6.
- Beck 1986, p. 92.
- Serge Van Den Broucke, « L'aître Saint-Maclou de Rouen - La renaissance d'un site historique exceptionnel », Patrimoine normand, ISSN 1271-6006).
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Héraldique
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Les armes de la commune d'Harfleur se blasonnent ainsi : |
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Harfleur dans la littérature
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Dokument erstellt 03/01/2018, zuletzt geändert 12/12/2024
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