Deauville

Localisation

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Deauville : descriptif

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Deauville

Deauville est une commune française du département du Calvados, en Normandie, peuplée de 3 565 habitants

Ses habitants sont appelés les Deauvillais.

Géographie

Représentations cartographiques de la commune
Mairie
Carte OpenStreetMap
Carte topographique
1 : carte dynamique ; 2 : carte OpenStreetMap ; 3 : carte topographique

La commune est située à l'embouchure de la Touques qui la sépare de Trouville-sur-Mer, et s'étend en partie le long du fleuve. Un pont relie les deux communes. D'un point de vue traditionnel, elle est au nord du pays d'Auge et d'un point de vue touristique, elle est située sur la Côte Fleurie.

Jouxtant au sud-ouest celle de Trouville-sur-Mer, l'agglomération est à 13 Pont-l'Évêque, à 16 Honfleur, à 17 Dives-sur-Mer et à 42 Caen.

L'environnement de la commune est caractérisé par une longue plage de sable, résultant de l'érosion des falaises de calcaire oolithique. En retrait s'étendent, d'une part, la vallée de la Touques et, d'autre part, des collines qui constituent le paysage typique du pays d'Auge.

Climat

En 2010, le climat de la commune est de type climat océanique altéré, selon une étude du Centre national de la recherche scientifique s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique et est dans la région climatique Côtes de la Manche orientale, caractérisée par un faible ensoleillement (1 550 .

Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 11 amplitude thermique annuelle de 12,5 . Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique installée sur la commune est de 0,0 . Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022.

Statistiques 1991-2020 et records de la station météorologique
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) 2,4 1,4 4 6 9,6 12,8 14,6 14,4 11 9,3 4,3 2,3 7,7
Température moyenne (°C) 6,3 6,2 9,5 12 16 18,8 20,9 21,5 17,5 13,9 8,5 6,5 13,1
Température maximale moyenne (°C) 9,9 11,2 15,2 18,1 22,1 25 27,4 28,4 24,1 18,7 12,9 10,6 18,6
Record de froid (°C)
date du record
−21,5
17.01.87
−12,5
10.01.86
−12
01.01.05
−5
04.01.73
−2
01.01.76
1
05.01.76
5
23.01.76
1
11.01.74
0
19.01.77
−3,2
23.01.91
−9,1
22.01.88
−11
31.01.85
−21,5
1987
Record de chaleur (°C)
date du record
18,6
01.01.22
26,6
27.01.19
27,6
28.01.89
29
21.01.18
32,6
18.01.22
39,2
18.01.22
40,2
25.01.19
40,4
07.01.20
36,1
17.01.87
31,1
02.01.85
22,4
02.01.82
19,1
03.01.85
40,4
2020
Précipitations (mm) 48 44,4 78 65,4 49,3 24,3 21 16 29,9 22,9 43,2 37,5 480
Source : «  », sur infoclimat.fr (consulté le )
  1. Distances routières les plus courtes selon Viamichelin.fr.
  2. a et b Daniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, DOI 10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
  3. «  », sur pluiesextremes.meteo.fr (consulté le ).
  4. «  », sur infoclimat.fr (consulté le ).
  5. «  », sur meteofrance.com, (consulté le ).

Toponymie

Le nom de Deauville est attesté sous la forme latinisée Auevilla en 1060, d'Auville, puis Deauvilla plus tardivement,, Deanville en 1793, Deauville en 1801.

Il s'agit d'une formation toponymique médiévale en -ville « domaine rural » (terme issu du gallo-roman VILLA « grand domaine rural »). L'origine du premier élément a donné lieu à diverses hypothèses.

Tout d'abord, d'après les mentions anciennes du nom, sa forme originelle ne comportait pas de [d] initial. Il s'explique par l'agglutination de la préposition de (après élision du [œ], caractéristique de la langue française devant une autre voyelle) : d'Auville > Deauville. La graphie contemporaine restitue un e non étymologique : Deauville au lieu de Dauville. L'agglutination de cette préposition n'est pas rare en toponymie, puisqu'on la retrouve plus à l'ouest dans la Douve ou dans Digosville (Manche, Ingulvilla [?] en 1095, Digouvilla 1198).

  • Albert Dauzat et Charles Rostaing considèrent le premier élément Au- comme issu d'un appellatif d'origine germanique auwja, auwa « prairie humide ». Cela convient bien au site de Deauville situé à l'embouchure de la Touques dans un environnement de prairies inondables.
  • René Lepelley formule l'hypothèse selon laquelle Au- représente un anthroponyme germanique Avo.

Remarques : le germanique auwa qui explique le nom de la ville d'Eu (Seine-Maritime, Auvae ou Awae au Avocourt (anciennement Avoncourt) décliné à l'ancien cas régime, ce qui n'est jamais le cas pour les noms de personne composés avec les noms en -ville en Normandie, mais fréquent ailleurs.

Il y a homonymie probable avec Auville-sur-le-Vey (parrochia de Auvilla 1274, Auvilla 1277 ~ 1280), dont le premier élément s'explique par l'anthroponyme germanique Awo (masculin) / Awa (féminin) selon Dominique Fournier.

  1. Arcisse de Caumont (1859) p. 239
  2. a b et c Albert Dauzat et Charles Rostaing, Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France 2e édition, Librairie Guénégaud, Paris 1979, p. 241.
  3. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Cassini
  4. François de Beaurepaire (ISBN , OCLC 15314425), p. 110.
  5. René Lepelley, Dictionnaire étymologique des noms de communes de Normandie, Presses Universitaires de Caen, 1996 (ISBN ), p. 109.
  6. Voir Wikimanche : étymologie d'Auville-sur-le-Vey.

Histoire

L'Ancien Régime

Deauville et ses marais ont peu laissé de traces dans l'histoire avant la création de la station balnéaire.

Le village est construit sur la hauteur du mont Canisy, prébende de l'évêché de Lisieux durant l'Ancien Régime. L'activité était agricole, faite d'élevage et de culture, notamment de sainfoin.

Sur les hauteurs, un peu à l'écart du village, juste à la limite actuelle entre Deauville et Saint-Arnoult sur les terrains de l'actuel New Golf, étaient visibles, il y a encore peu, les ruines du château de Lassay, décrit par l'historien et archéologue Arcisse de Caumont qui affirme qu'il était encore pratiquement intact en 1830. Ce château a été construit en 1676 par Armand de Madaillan, comte de Lesparre, marquis de Lassay. Bien en cour à Versailles, alors qu'il courtisait la duchesse de Montpensier, comtesse d'Auge, possessionnée à Honfleur, il s'était dit propriétaire du plus superbe des châteaux normands et l'invita à s'y rendre. C’était un peu enjoliver la réalité, le château n’était alors qu’un simple manoir, il était en cela fidèle à ses origines gasconnes. La duchesse ayant accepté, l'histoire prétend qu'il partit alors sur ses terres et se lança dans la construction d'une demeure de rêve, édifiée en un peu plus d’un mois, qui ne verra finalement jamais la venue de son inspiratrice. Louis XIV fait des paroisses de Benerville, Tourgéville, Saint-Arnoult et Deauville un fief sous le nom de Montcanisy. C'est son fils, comte puis marquis de Lassay, qui fait construire à Paris l'hôtel de Lassay, aujourd'hui résidence du président de l'Assemblée nationale. Le domaine de Montcanisy devient par héritage de sa petite fille, Adelaïde-Geneviève-Félicité d’O, la propriété du duc de Brancas-Lauraguais. Le duc y donna de somptueuses fêtes en faveur de Madame du Barry, favorite de Louis XV, mais aussi plus tard pour Sophie Arnould (1744-1802), cantatrice à l'opéra de Paris et sa maîtresse. Le château fut vendu pour la somme de 85 000 francs en 1824 à un parisien du nom d'Auger qui le laissa se dégrader.

Lors de la division administrative du territoire français, la commune est intégrée à l'arrondissement de Pont-l'Évêque en 1801, puis à celui de Lisieux lors de la suppression du premier en 1926, ainsi que successivement aux cantons de Touques en 1793, de Pont-l'Évêque en 1801, et de Trouville-sur-Mer depuis 1872.

C'est la vogue des bains de mer qui, ayant fait le succès de Trouville-sur-Mer, va déborder sur l'autre rive de la Touques et créer une nouvelle « colonie » de baigneurs. Et pourtant, en 1870, les Guides Joanne, la référence pour les voyageurs du .

L'origine

La Plage de Deauville, Eugène Boudin, 1865.

C'est Dieppe qui inaugure en France les bains de mer en 1812, elle atteint le succès avec la duchesse du Berry qui y passe la saison. Le relais est pris par Trouville-sur-Mer, qui n'est encore qu'un village, et va se développer avec la nouvelle bourgeoisie française, mais aussi avec l'aristocratie du Second Empire. En 1847, Trouville, pour établir une correspondance régulière avec les trains de Paris qui arrivent maintenant au Havre, construit une longue jetée, à l'embouchure de la Touques, pour faciliter l'accostage des vapeurs. Celle-ci bouleverse les courants marins et du sable s'accumule désormais le long des marais et des garennes de Deauville, repoussant la mer et créant une grande plage de sable.

Tandis que Napoléon III fait construire pour l'impératrice Eugénie la villa Eugénie à Biarritz, des investisseurs créent de toutes pièces de nouvelles « colonies » balnéaires : Cabourg par Durand Morimbeau en 1853, Houlgate par Victor Deslise en 1854 et Villers-sur-Mer par Félix Pigeory en 1856. Parmi les habitués de Trouville, le docteur Joseph Olliffe a acheté une confortable villa sur la plage. Ce médecin mondain de l'ambassade d'Angleterre et du duc de Morny est en vogue à la cour de Napoléon III. Il s'imagine lui aussi en créateur-bâtisseur. Il a sous les yeux les garennes de Deauville à peine bonnes pour la chasse aux lapins, comme d'ailleurs le comte d'Hautpoul, nommé maire de Trouville en 1857, qui cherche à étendre sa ville, coincée entre la Touques et les falaises, et qui, en 1847, annexe le petit territoire d'Hennequeville. Encouragé par Morny, Olliffe investit avec le banquier Armand Donon, de la banque ottomane, la somme de 800 000 francs or pour l'achat de 240 hectares de marais reconnus par l'État propriété de la commune,.

Les travaux de drainage commencent en 1859, au moment où Arcisse de Caumont ne cite de Deauville que la vue magnifique qu'il découvre du haut de la colline où est établie la vieille église paroissiale Saint-Laurent, dont la partie la plus ancienne remonterait au  siècle avec des reprises des . Sur les pentes autour de l'église sont regroupées les fermes des paysans qui vivent de l’agriculture et de l’élevage. Les marais ou garennes, situés en contrebas du village et sur lesquels allait s'édifier le futur Deauville, servent encore à faire paître les vaches et les moutons. Il faut quatre années, de 1860 à 1864, pour que le Deauville moderne sorte des marais et que sa population soit multipliée par dix.

Le développement

Projet d'urbanisation de la nouvelle station balnéaire de Deauville daté de 1859, très certainement de l'architecte Breney.

Pour assurer la valorisation de leurs investissements, Olliffe et Donon parlent de leur projet à des financiers, comme Delahante, et des architectes, comme Desle-François Breney qui vient de réaliser les plans du casino-salon de Trouville-sur-Mer. Une société est rapidement constituée sous la protection de Morny, discret pour ne pas apparaître dans le montage mais suffisamment présent pour en toucher les intérêts,. Rapidement, de riches familles, tels les Greffulhe ou Sipière, d'autres banquiers, comme les Tenré, Dalloz ou Boitelle, ou encore des agents de change, avec les Dollfus ou Salamanca, achètent des lots pour y faire construire leurs « chalets de villégiature ». La réalisation du plan d'urbanisme, dessiné par Desle-François Breney, est confiée aux entrepreneurs Castor et Mauger, qui bâtissent également pour eux.

Breney partage l'espace en quatre zones : en bord de mer, des lais jusqu'à l'avenue Impériale, la zone résidentielle de luxe avec le casino, en arrière une zone urbaine populaire, au pied de la colline une zone mondaine avec l'hippodrome et le long de la Touques une zone d'activité avec le port et le débarcadère du chemin de fer. L'espace est inscrit dans un quadrilatère, structuré autour d'un cardo avec une avenue reliant le casino en bord de mer à l'hippodrome et l'avenue Impériale, ancien « chemin des douaniers », parallèle à la mer, reliant l'autre rive de la Touques par un pont, et partagé par un quadrillage de larges rues. Exclu du plan d'urbanisme, l'ancien bourg reste exilé en haut de la colline, autour de l'église Saint-Laurent, en liaison avec la zone populaire par le prolongement de ses chemins vicinaux.

Ce plan classique est inspiré à Breney par les principes parisiens du baron Haussmann. Cela a l'avantage de ne pas déboussoler la clientèle qui retrouve à Deauville ses repères urbains, « la haute société se retrouve pour ainsi dire chez elle ».

Les grands équipements
La gare de Trouville-Deauville construite dans un style néo-normand.

Un décret impérial du 25 juin 1860 autorise les travaux, le « pont de l'Union » entre Deauville et Trouville est inauguré en 1861.

Pour des raisons aujourd'hui inconnues, la zone portuaire n'est pas réalisée, même si les liaisons avec l'ancien Deauville le sont. Morny exploite l'espace libre en étendant la superficie de l'hippodrome. Sa réalisation est confiée à l'architecte de Saint-Germain. L'inauguration de l'hippodrome en août 1863, en même temps que la gare, lance pour de nombreuses années les mondanités deauvillaises de la saison estivale.

Pour éviter le détour par Le Havre, il faut prolonger la ligne de chemin de fer à partir de Lisieux. Morny, actionnaire de la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest, comme Charles Laffitte, concède à ce dernier des terrains près de sa propriété. Lafitte y fait construire le Grand hôtel et favorise la prolongation de la ligne de Lisieux à Deauville. La gare est inaugurée en 1863.

Olliffe et Donon rétrocèdent aux Domaines des terrains pour le creusement d'un avant-port éclusé et d'un bassin à flot, dans le prolongement des digues construites par Trouville qui ne dispose que d'un port d'échouage à l'embouchure de la Touques. Le bassin à flot mesure 300 houille venant d'Angleterre et du bois importé des pays nordiques. Pour faciliter le transport des marchandises, un embranchement de la ligne de chemin de fer est prolongé jusqu'à la presqu'île. Le nouveau port de Deauville est inauguré le 1866.

Entre 1860 et 1864, toute l'infrastructure est réalisée, les marais asséchés, les dunes aplanies et les rues tracées. Elles sont surélevées de 1,50 éclairage public grâce à l'usine à gaz construite dès 1861. Sur son parcours est construit l'hôtel des Terrasses, aujourd'hui démoli, sur les fondations duquel est bâti le lycée de Deauville, utilisé comme établissement d'internement de prisonniers allemands en 1944.

La promotion immobilière
Plan de la nouvelle station balnéaire de Deauville daté entre 1860 et 1870, dessiné par Henry Lecourt, d'après un plan dressé par le maire et architecte Breney.
Le marché de Deauville.

Les fondateurs sont les premiers à construire leurs villas sur de vastes parcelles. Morny fait réaliser la villa Sergewna, Olliffe le Victoria Loge et Donon la villa Élisabeth. Les investisseurs se disputent les meilleures parcelles, celles disposant d'un accès direct à la plage avec vue sur la mer. Les architectes dessinent les plans des villas dans le « style éclectique », un savant mélange de styles régionaux et historiques. Ces villas doivent être ostentatoires et afficher la réussite sociale de leur propriétaire, « partout l'élégance, partout l'inattendu, partout la fantaisie dans ce qu'elle a de plus exquis et de plus ingénieux. Ici, un chalet russe aux délicates arabesques ; à côté, une maison hollandaise avec tour et pignon étayés ; plus loin, deux villas construites dans le style le plus pur de l'ancienne architecture anglaise, plus loin encore et sur tout le profil de la terrasse, une série de créations fantastiques, réunissant toutes les variétés et tous les genres, réunissant même toutes les nationalités. C'est ainsi que Suisses, Espagnols, Anglais, Américains, Hollandais et même Turcs, réalisent par leurs excellents rapports le rêve si cher aux utopistes de la fraternité universelle ».

Par opposition à Trouville, station balnéaire, Deauville se veut « ville de plaisirs ». Un établissement hydrothérapique est quand même construit en 1862 à l'extrémité de la digue-promenade près de la Touques. Il propose des bains chauds et froids, d'eau douce ou d'eau de mer. Il loue aux estivants des cabines de bains fixes ou mobiles ainsi que le mobilier de plage nécessaire. Le casino au centre de la promenade fait face à un parc de trois hectares. À l'arrière de celui-ci, « les Arcades » (toujours visibles aujourd'hui) encadre la perspective, avec des boutiques sur rue et des logements en location à l'étage. Le casino est inauguré le lendemain du 14 juillet 1864. D'un côté du casino, le « Grand Hôtel du Casino », de l'autre, un espace vide attend la construction d'un deuxième hôtel.

Architecte et actionnaire de la Société immobilière, Desle-François Breney, est nommé maire de Deauville en 1861. Il sait concilier les intérêts de la commune et ceux des investisseurs. La municipalité prend à sa charge l'entretien de certaines rues en échange de terrains pour la construction de bâtiments publics. En 1864, deux terrains sont cédés pour la construction de la nouvelle église Saint-Augustin et de son presbytère. L'année suivante, trois nouvelles cessions pour la construction de l'école, du marché couvert et du temple pour la colonie anglaise. Il dessine les plans de ces constructions avec l'architecte parisien André Jal.

Comme Haussmann à Paris, Breney favorise la mixité sociale. Autour de l'actuelle place de Morny et le long de la rue du Casino, se crée, à partir de 1863, un quartier marchand abritant commerçants, personnel hôtelier (pas tous), gens de maison et ouvriers du bâtiment. Des maisons avec jardin, mais aussi des immeubles bas accolés, abritent en rez-de-chaussée des boutiques et en étages toute cette société laborieuse et au centre près de la place Morny la place du marché réputée pour ses produits locaux.

La crise et la Belle Époque

Le Cercle des propriétaires, et l'Hôtel Royal.

La bordure maritime du pays d'Auge s'est fortement modifiée durant ces vingt dernières années. De petits villages agricoles sont devenus dans ce laps de temps des villes balnéaires connues et courues souvent du monde entier. Suivant un classement des guides Joanne, d'abord des villégiatures de « grande bourse », Trouville-sur-Mer, une station balnéaire internationale, Deauville, la ville des plaisirs de l'aristocratie d'Empire, Houlgate, le rendez-vous de la bourgeoisie industrieuse et Cabourg, un centre littéraire et théâtral, et puis des stations de « petites bourses » comme Honfleur, une ville d'artistes peintres, et Villers-sur-Mer, une station familiale. En 1868, le Guide Conty, Côtes de Normandie parle ainsi de Deauville : « Deauville est-il appelé à soutenir sa réputation factice et exagérée, et les familles vraiment bourgeoises se décideront-elles jamais à voir y implanter « leur tente » ? J'en doute fort […] Ajoutons qu'en raison des sables mouvants, Deauville ne vaut pas, à beaucoup près, Trouville, ni comme plage, ni comme végétation. […] En effet, tout, à Deauville, est prétentieux, même jusqu'à la mer, après laquelle il faut courir. « En un mot, je me résume : beaucoup de sable et beaucoup trop de poudre aux yeux. » ».

Le tramway.

Le décès du duc de Morny en 1865 n'affecte pas le développement de Deauville, celle-ci ayant déjà acquis une dynamique propre. Le coup fatal vient de la chute de l'Empire en 1870 : en une saison, l'aristocratie d'Empire se fait discrète et déserte ses villas deauvillaises. Le port n'aura jamais de deuxième bassin à flot et l'établissement hydrothérapique est même détruit en 1877 par manque de clientèle. La crise économique de 1870 raréfie le trafic marchand maritime au profit du Havre ; les entreprises industrielles, principalement des scieries de la « presqu'île de la Touques » disparaissent. Si le deuxième hôtel de luxe n'est pas construit à côté du casino, sur son emplacement s'édifie, en 1875, le « Cercle des propriétaires » réservé aux grands propriétaires d'écuries de courses.

La villa Breloque construite en 1884 par Eugène Boudin

Aux bouleversements politiques et à la crise économique, vient s'ajouter une crise écologique. La modification du rivage, due aux jetées de l'embouchure de la Touques, et qui avait créée la plage de sable de Deauville, est encore amplifiée par la création de l'avant-port. Une forte tempête, lors de l'hiver 1874-1875, jette sur le rivage un banc de galets à 300 noue » entre elle et la plage. La Société des bains de mer tente de transformer cette réserve d'eau en lac sans résultat ; le lac se comble petit à petit créant un lais de 15 hectares obligeant à la construction d'une estacade en bois pour atteindre la mer. En 1883, les Domaines cèdent une partie du terrain non aedificandi gagné sur la mer aux propriétaires riverains, à charge pour ceux-ci de créer une nouvelle terrasse empierrée de 10 . Pour terminer le siècle, le ministère de l'Intérieur ferme le casino pour irrégularités en 1889. Il est racheté, avec le Grand Hôtel du Casino, en 1893 par Edmond Blanc, grand propriétaire d'écuries de courses. Celui-ci démolit le casino en 1895 et prolonge l'avenue de l'Hippodrome jusqu'à « la Terrasse ». Ainsi se termine la Belle Époque pour Deauville.

Le peintre Eugène Boudin a peint le port de Deauville tout au long de sa carrière, l'enregistrant au fur et à mesure qu'il se développait et devenait de plus en plus fréquenté par le commerce, les bateaux de pêche et les yachts de riches visiteurs.

Le second souffle et les années folles

Le casino de Deauville.

Au début du  siècle, Deauville demeure dans l'ombre de Trouville-sur-Mer, station plus réputée pour la clientèle parisienne. Le nouveau maire, Désiré Le Hoc, décide de relancer Deauville. Il fait appel à Eugène Cornuché, exploitant du casino de Trouville depuis 1909. Celui-ci s'installe à Deauville, se rend acquéreur en 1910 du Grand Hôtel du Casino et fait construire à sa place un nouveau casino inauguré le 10 juillet 1912. Dès l'inauguration, le nouvel établissement de jeu de Deauville supplante celui de Trouville, et la croissance de Deauville est amorcée. En 1912 est aussi ouvert l’hôtel Normandy et en 1913, un second palace, l’hôtel Royal, est construit à l'emplacement de la villa La Louisiane du baron Erlanger et de celle du duc de Morny, tournant ainsi une page de l'histoire de Deauville. En effet, ces hôtels sont pris d'assaut pour leur modernité et leur confort, alors que les villas sont difficiles à entretenir et ouvertes uniquement pendant l'été.

Pendant la Première Guerre mondiale, le Royal, comme beaucoup d'autres hôtels normands, est transformé en hôpital militaire complémentaire pour recevoir des blessés directement du front grâce à la ligne de chemin de fer. La villa des Flots, construite par Botelle, préfet de police du Second Empire, achetée en 1867 par le comte Roger de Gontaut-Biron, est démolie en 1911 pour faire place au Normandy-Hôtel.

Le rivage continuant à reculer, 17 nouveaux hectares de lais sont cédés à la municipalité en 1913. La ville de Deauville construit le club de tennis Lawn-Tennis. Elle rétrocède de nouveau des terrains aux riverains en 1917, mais cette fois-ci sans servitude ; ils peuvent transformer ces nouveaux espaces en jardins. Les parties restant à la commune sont aménagés en espaces verts par l'architecte parisien Jean-Claude Nicolas Forestier.

En 1911, le comte Le Marois fait construire les tribunes de l'hippodrome de la Touques en s'inspirant de celles de Longchamp. En 1912 et en 1913, l'architecte Théo Petit, conçoit, à l'arrière du casino, un ensemble de boutiques de luxe pour, entre autres, le joailler Van Cleef & Arpels et la styliste Coco Chanel. Il y incorpore le café de la Potinière. Les Magasins du Printemps ouvrent leur première boutique hors de Paris, dessinée par les architectes Georges Wybo et Émile Mauclerc.

Mistinguett posant à Deauville en 1929, sur le capot de sa Chrysler Imperial décapotable.

Le 12 mai 1921, la commune reçoit le même jour que Trouville-sur-Mer, le label officiel de station climatique. Le Casino de Deauville, lieu de rencontres et de mondanités, connaît des soirées de gala réputées, ainsi qu’une grande activité dans les salles de jeu. La période des Années folles marque le sommet de cette réussite avec des grands personnages comme le roi Alphonse XIII d'Espagne ou bien encore André Citroën. C'est en 1924 que sont ouverts les Bains pompéiens, avec les célèbres « Planches » et en 1929 qu'est créé le yacht-club. Le troisième palace, l'hôtel du Golf, n'est pas construit à Deauville, en 1927, mais dans la commune de Saint-Arnoult par François André, successeur d'Eugène Cornuché.

L'exiguïté de la commune limite son expansion. Avec les revenus que lui procure le casino, la commune de Deauville se porte acquéreur, en 1927, de terrains à Tourgéville et Benerville-sur-Mer pour y aménager l'hippodrome de Clairefontaine. En 1930, elle renouvelle l'opération sur la commune de Saint-Gatien-des-Bois pour l'établissement d'un aérodrome.

Dans les années 1930, Deauville n'est pas épargnée par la crise internationale qui atteint la France. Le maire, Robert Fossorier, réagit en élaborant un programme d’économies qui met Deauville de nouveau en sommeil jusqu'à l'après-guerre.

La Seconde Guerre mondiale

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Deauville est occupée par l'armée allemande. La ville est peu habitée : en mai 1943, les enfants et les vieillards ont été évacués vers l'intérieur. Elle se trouve maintenant en zone littorale interdite à toute personne n'y habitant pas avant guerre. La ville a perdu son aspect de cité souriante, les hôtels de bord de mer et le casino sont recouverts d'une peinture bariolée de camouflage, les villas du front de mer sont délabrées et souvent vidées de tout ce qui pouvait être utilisable par les troupes d'occupation. La villa Citroën est transformée en Soldatenheim foyer des soldats. La plage est envahie d'ajoncs et de broussailles qui font concurrence aux barbelés. Les rues qui débouchent sur la promenade sont coupées de fossés anti-chars. Une voie ferrée sort de la gare et court sur des traverses directement posées sur le revêtement de l'avenue de la République avant d'escalader le coteau en direction des fortifications du mont Canisy. Le 19 août 1944, le « kommandant major » Rimmer convoque les autorités municipales, le maire Robert Fossorier, ses deux adjoints et le secrétaire de mairie, pour une réception d'adieu avant de quitter la ville pour se retrancher sur les hauteurs de Trouville et maintenant tout le monde attend les libérateurs.

Après le débarquement de juin 1944 et la bataille de Normandie, les armées anglo-canadiennes du général Montgomery libèrent la côte normande à l'est de l'Orne lors de l'opération Paddle. C'est aux unités de la  division aéroportée britannique (la Richard Gale — les parachutistes de la nuit du 5 au 6 juin 1944 sur le canal de l'Orne — qu'est confiée la libération du pays d'Auge. Aux unités belges de la Brigade Piron, qui sont passées aux ordres de Gale, est confiée la libération de la côte, et après Cabourg, Dives-sur-Mer, Houlgate, Villers-sur-Mer, ils arrivent en vue de Deauville et Trouville. Dès le 20 août des contacts sont pris entre des envoyés de Deauville et les troupes alliées qui savent maintenant que les Allemands ont évacué la rive ouest de la Touques, y compris le mont Canisy. Ils ont établi sur ce fleuve leur dernière ligne de défense pour permettre au reste de la armée allemande de passer la Seine sans encombre. Ils sont retranchés dans un fortin qui tient sous son feu ce qui reste du pont qu'ils ont fait sauter et ils disposent sur les hauteurs de canons anti-aériens de 88 qui font merveille sur les objectifs au sol et de mortiers. Les troupes belges, rejointes par des troupes britanniques arrivées par les hauteurs, sont sérieusement accrochées sans que des groupes d'habitants qui fêtent les libérateurs se mettent à couvert, il y a de nombreuses victimes civiles dans les rues rectilignes de Deauville prises en enfilade depuis les hauteurs de Trouville. Ce n'est que le jeudi 24 août à 8 . Les forces alliées pourchassent les Allemands dans leur retraite jusqu'en Belgique et aux Pays-Bas. C'est en souvenir de leurs libérateurs que le pont reconstruit entre les deux villes porte le nom de « pont des Belges ».

Depuis 1945

Plan actuel de la ville de Deauville.

Dans les années 1960, Deauville prend conscience de son image et de ses atouts, mais également de la nécessité de s’adapter aux exigences d’une nouvelle clientèle. Le développement du tourisme de masse, permis par le développement des congés payés, conduit à l'arrivée en villégiature de familles plus populaires, notamment grâce au réaménagement de certaines villas en résidences ou appartements partagés (comme la villa des Abeilles, érigée par Auguste Bluysen en 1910).

Michel d'Ornano devient maire, alors que Lucien Barrière succède à son oncle, François André, à la tête du casino et des palaces. Un festival de renommée mondiale est créé : le Festival du cinéma américain, qui accueille chaque année en septembre nombre de stars américaines et françaises.

Coupure du journal Sport Complet (date non précisée).

Deauville est à présent reliée à Paris par l'autoroute A13 et sa bretelle A132, ce qui met la station à environ 2 . Ainsi, aux 4 000 Deauvillais s'ajoute un nombre important de Parisiens venant passer leurs week-ends ou leurs vacances dans la station, à tel point que Deauville est surnommée le «  arrondissement »,.

La ville comprend, en 2008, environ 5 000 résidences secondaires pour un peu moins de 7 200 habitations (environ 70 % de résidences secondaires). Les villas anciennes sont au nombre de 300, protégées de nos jours de la pression foncière par une zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager. La ville s'est fortement développée pendant le .

  1. Trouville sur Mer : itinéraire de l'étranger aux environs de Trouville. Pont-l'Évêque : impr. de C. Delahais, 1853. 58 pages - Lire sur Normannia.
  2. Arcisse de Caumont, « Topographie géognostique du département du Calvados » dans Mémoires de la Société linnéenne de Normandie, 1828, p. 184.
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  4. J. Bayle (1997) p. 116 à 119.
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  6. a et b G. Poullet (2006) p. 77.
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  34. Nicolas de Rouyn, « À Deauville, 85 % des clients sont Parisiens », Propriétés de France, Le Figaro, mars 2006.
  35. Fiche descriptive sur le site de la ville, consulté le 16 janvier 2009.

Héraldique

Le village n'ayant pas d'armes lors de la naissance de la station, le blason de la commune de Deauville a été imaginé par Henry Le Court en 1878. Les armes se blasonnent ainsi :

D'azur au pal d'argent chargé de trois tours crénelées de gueules et accompagné de pattes de lion d'or mouvant des flancs de l'écu, deux à dextre en barre et deux à senestre en bande, cousu au chef de gueules chargé d'un léopard d'or armé et lampassé d'azur.

Ces armes sont inspirées du blasonnement de la famille de Brancas, propriétaire au  siècle du fief du mont Canisy qui couvrait les villages de Deauville et Saint-Arnoult sur lesquelles est rajouté le léopard qui renvoie à l'emblème de la Normandie.

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Deauville dans la littérature

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3252 autres localités pour Normandie

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Dokument erstellt 03/01/2018, zuletzt geändert 30/10/2024
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