Avranches

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Avranches : descriptif

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Avranches

Avranches (prononcé /avʁɑ̃ʃ/) est une commune française située dans le département de la Manche en Normandie, peuplée de 10 240 habitants.

Géographie

Localisation

La ville d'Avranches se situe sur le littoral sud du département de la Manche. Elle a donné son nom à ses alentours, le pays de l'Avranchin.

Communes limitrophes

Communes limitrophes d’Avranches
Marcey-les-Grèves Saint-Jean-de-la-Haize Ponts
Saint-Senier-sous-Avranches
Avranches Saint-Senier-sous-Avranches
Le Val-Saint-Père Saint-Quentin-sur-le-Homme Saint-Loup

Saint-Martin-des-Champs est devenue le une commune déléguée au sein de la commune nouvelle d’Avranches.

Géologie et relief

Perspective sur la Sée et le mont Saint-Michel.

Avranches est bâtie sur une colline granitique du Massif armoricain, face à la baie du Mont-Saint-Michel.

Climat

En 2010, le climat de la commune est de type climat océanique franc, selon une étude du CNRS s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique et est dans la région climatique Bretagne orientale et méridionale, Pays nantais, Vendée, caractérisée par une faible pluviométrie en été et une bonne insolation. Parallèlement le GIEC normand, un groupe régional d’experts sur le climat, différencie quant à lui, dans une étude de 2020, trois grands types de climats pour la région Normandie, nuancés à une échelle plus fine par les facteurs géographiques locaux. La commune est, selon ce zonage, exposée à un « climat maritime », correspondant au Cotentin et à l'ouest du département de la Manche, frais, humide et pluvieux, où les contrastes pluviométrique et thermique sont parfois très prononcés en quelques kilomètres quand le relief est marqué.

Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 10,7 amplitude thermique annuelle de 12,1 . Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de Pontorson à 18 vol d'oiseau, est de 11,9 ,. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022.

  1. a et b Daniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, DOI 10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le ).
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Toponymie

Le nom de la localité est attesté sous les formes Iγγενα (Ingena) vers 100 (Ptolémée), Legedia vers 300 (table de Peutinger), Abrincatis vers 400 (à l'ablatif, Notitia dignitatum), Abrincae fin Grégoire de Tours d° I), ab Abricatensi urbe vers 850 (« Relevatio »), ab Abrincas entre 1050 et 1064 (Fauroux 161), Abrinchensis 1051 - 1060 (Fauroux 199), de Avrenchis 1055 - 1066 (copie .

Le toponyme primitif Ingena contient un élément gen qui semble se retrouver dans Genêts (jadis Genecium ou Genitium) et Argennes (Jadis Aregenna à Saint-Quentin-sur-le-Homme), lieux des environs. Par ailleurs, cet élément se reconnaît également dans Aregenua, ancien nom de Vieux-la-Romaine (Calvados) et à l'étranger dans Genua (Genova, Genève) et Gênes (Genua). Cette racine gen- est considérée comme celtique et on reconstruit sa forme allongée *genu- « bouche » cf. pluriel breton genou, gallois genau. D'où son utilisation topographique au sens d'« embouchure »,.

La forme suivante Legedia est peut-être une cacographie d’Ingena. Avranches a été la capitale du peuple celte des Abrincates (voir ce nom) et selon un processus courant en Gaule, le toponyme originel a disparu au Bas-Empire pour être remplacé par celui du peuple possesseur de la cité (cf. Paris ; Tours ; Le Mans ; Arras ; etc.).

Le gentilé moderne est Avranchais ou Avranchinais. Selon l'historien et maire David Nicolas, ce dernier désigne plus globalement en principe les habitants de l'Avranchin, pays traditionnel autour de la ville et Avranchois est une forme désuète,.

  1. a b c d et e François de Beaurepaire (A. et J. Picard, , 253 ISBN , OCLC 15314425), p. 72-122.
  2. a et b Pierre-Yves Lambert, La langue Gauloise, édition errance 1994.
  3. Chronique de David Nicolas dans La Manche libre.
  4. «  », sur ouest-france.fr, Ouest-France (consulté le ).

Histoire

Antiquité

Le peuple des Abrincates est mentionné très tardivement dans les sources antiques. Pline l'Ancien nomme ce peuple Abrincatui au premier siècle de notre ère. En revanche, un siècle plus tôt, Jules César, dans La Guerre des Gaules, mentionne une tribu celte, les Ambibarii, dans le sud de l'actuel département de la Manche.

L'étude archéologique d'Avranches, menée depuis plus de trente années par l'archéologue Daniel Levalet, laisse apparaître que la ville est bel et bien une création romaine consécutive à la conquête de César et, plus particulièrement, à la célèbre bataille remportée en

Toutefois, l'archéologue britannique Colin Wells  formule de sérieux doutes concernant le déroulement de cette bataille au Petit-Celland. S'il est d'accord pour faire du camp du Chatellier l'oppidum principal des Abrincates, il est convaincu que le lieu du combat entre Quintus Titurius Sabinus et Viridovix reste à découvrir.

La conquête romaine se traduit par la création d'une agglomération nouvelle sur le site actuel d'Avranches. Cette ville porte le nom de Legedia, comme l'indique la table de Peutinger. À la fin du saxons, qui déferlent alors sur les rivages septentrionaux de l'Empire romain. Au castrum accueille un préfet militaire qui dirige une garnison de cavaliers Dalmates, sans doute cantonnée sur la côte, probablement sur le site du Grand Dick, au lieu-dit le Camp sur la commune de Vains. Ainsi Avranches participe à la mise en œuvre du Litus Saxonicum, système défensif côtier du Bas-Empire contre les incursions saxonnes.

Haut Moyen Âge

En 460, le roi Childéric aurait fait bâtir un château. À la fin du évêché. D’après la liste dressée au Robert de Torigni, alors abbé du Mont-Saint-Michel, vingt prélats se succèdent entre la fin du Haut Moyen Âge.

Parmi ces évêques, certains semblent purement légendaires comme Léontius, qui inaugure la liste, ou Théodovic qui aurait accueilli Charlemagne sans que rien prouve que l’empereur soit venu à Avranches, bien que la ville fut un chef-lieu du territoire de Charlemagne. En revanche, l’existence de certains autres est avérée en raison de leur présence lors de conciles tenus à Orléans, Tours, Reims ou Soissons ; c’est le cas de Népus, attesté en 511. Et puis quelques-uns sont entrés dans l’Histoire pour diverses raisons, comme Paterne d'Avranches qui, venu du Poitou pour évangéliser la région et présent en 557 au concile de Paris, fonde les monastères d’Astériac (entre Couesnon et Sélune) et de Sessiac (à Saint-Pair-sur-Mer). Au Ragestranus chargé par l’archevêque de Rouen d’affirmer la frontière religieuse de son diocèse face aux ambitions du clergé de Dol. Son successeur, Aubert, saint Sever, ou encore ses successeurs saint Pair et saint Senier, ont donné leurs noms aux paroisses homonymes.

Dans le contexte troublé des incursions vikings, du milieu du Basse-Normandie passe sous domination bretonne sans que l'on sache vraiment ce qu'il advint de ce territoire. Seule certitude, plus aucun évêque n'est mentionné à Avranches au cours de cette période ; il est probable que les évêques du diocèse voisin de Dol-de-Bretagne aient purement et simplement annexé l'Avranchin. En 889, lors d'une nouvelle incursion normande, la ville est pillée.

Époque ducale (933-1204)

Avranches qui contrôle l'accès au Mont-Saint-Michel, important lieu de pèlerinage, devient l'une des plus importantes cités de Normandie, où les ducs passeront souvent.

Un évêque normand, nommé Norgod, apparaît dans les sources vers 990 ; il est installé par le duc de Normandie .

Simultanément, un comte est placé à la tête d'Avranches et de sa région. Mentionné dans quatre chartes du début du baie du Mont-Saint-Michel et le Mortainais, et tous ces actes indiquent son omniprésence politique entre 1015 et 1025.

Dans la plus ancienne de ces chartes, rédigée vers 1015, Robert donne aux moines du Mont-Saint-Michel une propriété du nom de « Thesiacum ». Comme la coutume le veut alors, le document précise que Robert concède ce bien pour le salut de son âme, celui des âmes de ses deux épouses (l’une vivante, Asceline, et l’autre décédée, Billehilde) et de ses trois fils, Guillaume, Robert et enfin Richard qui succéda à son père en devenant le deuxième comte d’Avranches. Parmi les co-souscripteurs de ce document très officiel, figure l’évêque d’Avranches Norgod mais aussi une série de témoins dont les noms fleurent bon l’époque romane : Geraldus, Radulfus, Erembertus, Gauterius, Petrus, Niellus, Drogo, Hasgerius, Griphus, Garmundus, Hutbertus, Gosfridus, Osmundus et Rainaldus.

La terre de Thesiacum est facilement localisable : il s'agit d'un petit hameau situé sur la commune de Dragey et aujourd'hui appelé Tissey ; jusqu’à la Révolution, ce village dépendait de la baronnie de Genêts tenue par les moines du Mont.

Trois comtes se succédèrent à Avranches dans la première moitié du  : Robert, suivi de son fils Richard, lui-même remplacé par son cousin Guillaume Guerlenc.

C'est certainement dans ce contexte de cette prise en main normande des limites occidentales des anciennes frontières de la province ecclésiastique de Rouen que le donjon d'Avranches fut édifié.

Mais, visiblement, ces comtes étaient assez remuants et attirèrent sur eux les foudres de leur duc ; Richard d'Avranches fut contraint de s'exiler, à la façon scandinave, pour ses écarts et notamment pour avoir usurpé deux domaines appartenant à l'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire. Après la bataille de Val-ès-Dunes, en 1047, Guillaume de Normandie transfère le siège comtal d'Avranches vers Mortain. L'objectif du duc est clair : ces premiers comtes ont de fortes ambitions et pourraient être tentés de faire passer leurs propres intérêts avant ceux du duché de Normandie, alors en pleine constitution. Pour éviter que ce comté d’Avranches ne mute en principauté, Avranches est rabaissé au rang de vicomté. Guillaume Guerlenc reste cependant comte et apparaît alors dans les sources avec le titre de comte de Mortain. Cependant, peu après, vers 1050, Guerlenc tombe en disgrâce. Banni par le duc, il est aussitôt remplacé par un nouveau comte, le demi-frère de Guillaume : Robert de Mortain.

C’est alors qu’entre en scène la famille Goz. Vers 1055, Richard Goz est choisi afin de diriger la vicomté d’Avranches. Une nouvelle ère de stabilité et de coopération avec le pouvoir ducal s’ouvre. Le duc Guillaume trouve en cet homme un véritable « serviteur de la cause ducale » qui remplit à merveille son rôle de fonctionnaire du duché. Richard assura aussi, après la conquête normande de l'Angleterre à laquelle il participa, le commandement du château de Saint-James.

Richard, de pure ascendance nordique était le fils de Turstain Goz, vicomte de Hiesmois, et petit-fils de Ansfrid le Danois. Et, preuve de ses liens étroits avec la famille ducale, il épousa Emma de Conteville, demi-sœur du Conquérant. De cette union naquit Hugues ( qui prit la suite de son père à la tête de la vicomté d’Avranches.

Cet Hugues d'Avranches encore appelé Hugues le Loup, fils de Richard Goz, apparaît dans les textes en 1065 lorsqu’il fonde l’abbaye de Saint-Sever. Après la conquête de l’Angleterre, en 1066, pour avoir fourni soixante navires au duc Guillaume, il obtint du nouveau monarque le comté de Chester, l’un des plus stratégiques d’Angleterre. Ce domaine royal avait en effet la particularité de se situer au contact du pays de Galles alors agité par des révoltes. Assumant pleinement son rôle de représentant du pouvoir anglo-normand, Hugues réprima avec une grande cruauté les agissements de ses turbulents voisins.

Devenu le gardien des frontières nord-ouest du royaume, sa fortune immense le propulsa au sommet de l’aristocratie anglo-normande et lui permit de déployer à sa cour un faste hors du commun, digne d’un grand prince. Orderic Vital, moine de Saint-Evroult, n’hésita pas à dresser un portrait sans concession du comte : « soldat capable et dur », il apparaît comme un des plus sanguinaires barons normands ! Sa cruauté s’exerça non seulement sur ses ennemis, qu’il faisait mutiler ou torturer, mais aussi, parfois, sur ses paysans voire certains membres de sa famille. Orderic le dit également « plus chasseur qu’ami des moines », « adonné à la gloutonnerie et énormément gras », « père de nombreux bâtards ». En 1101, devenu impotent et voyant sa fin proche, il prit l’habit bénédictin de l’abbaye Sainte-Walburge à Chester dont il avait été le bâtisseur. Trois jours plus tard, le , il mourait.

Des intellectuels italiens à Avranches

Les liens entre la Normandie et l’Italie sont à la fois multiples et précoces. Au commencement du nouveaux profits en Méditerranée (c'est peut-être le cas des deux fils aînés de Robert Guillaume de Volpiano, réformateur du monachisme normand, afin d’en assurer le renouveau spirituel et intellectuel. Vers 1027, ce furent ses disciples qui réformèrent la vie religieuse à l'abbaye du Mont-Saint-Michel : l'italien Suppo (de 1027-1048) joua un rôle capital dans la construction de l'abbatiale romane et dans le développement de la bibliothèque et du scriptorium.

Lanfranc de Pavie, clerc et juriste italien formé à Bologne, se rend à Avranches en 1039. Peut-être venu retrouver son compatriote Suppo, alors abbé du Mont-Saint-Michel, il enseigne jusqu’en 1042 à l'école épiscopale d'Avranches. Le passage de Lanfranc à Avranches marque, au sein de l’évêché, la naissance d’un foyer intellectuel nécessaire à la bonne instruction des futurs évêques et du clergé du diocèse. C’est encore Lanfranc, très proche ami du duc, qui plaida en 1049 la cause de Guillaume et Mathilde, dans le différend lié au mariage de ces derniers, face au pape Léon IX.

Peu de temps après, en 1058, Anselme de Canterbury, originaire du Piémont, séjourne lui aussi à Avranches avant de devenir l’élève de Lanfranc, devenu prieur et écolâtre à l'abbaye du Bec-Hellouin. Sous l’impulsion de ces deux hommes, devenus archevêques de Canterbury, la Normandie acquit un rayonnement intellectuel international dont Avranches fut l'un des centres.

De 1069 à 1094, Michel, un autre clerc italien, occupe le siège épiscopal d’Avranches. Présent à plusieurs reprises dans l’entourage proche de Guillaume le Conquérant, lors des événements importants du duché, Michel était réputé pour sa grande instruction. C'est d'Avranches que le duc de Normandie Guillaume le Bâtard partira, en 1064, en compagnie d'Harold pour son expédition qu'il mènera contre les Bretons.

En 1137, la place d'Avranches incapable de résister, fait sa soumission à Geoffroy Plantagenêt et son fils , opposé au roi Étienne dans la possession du duché de Normandie.

La pénitence d’Henri II Plantagenêt en 1172

En 1154, Plantagenêt, comte d’Anjou, duc de Normandie et d’Aquitaine, devient roi d’Angleterre. La Normandie constitue la clef de voûte d’un vaste domaine territorial qui s’étend de l’Écosse aux Pyrénées.

En 1162, afin de restaurer la monarchie, Henri Thomas Becket, chancelier d’Angleterre et archevêque de Canterbury. Mais, deux ans plus tard, le roi tente de limiter l’autorité de l’Église et Thomas, fidèle à Rome, abandonne ses fonctions politiques et choisit l’exil. Cette dispute véhémente oppose les deux hommes pendant plusieurs années, puis, sur la promesse d’une réconciliation, Thomas rentre en Angleterre ; mais la querelle ne tarde pas à se réveiller.

Le roi Henri aurait alors incité quatre chevaliers normands à assassiner l’archevêque dans sa cathédrale de Canterbury, le . Ce meurtre secoue l’occident chrétien et le pape Alexandre concile composé des évêques et des abbés de Normandie, sous la présidence des légats du pape, tenu sans la ville le  : reçu sur le seuil de la cathédrale, le roi déchu fait amende honorable et implore le pardon du pape représenté par Albert et Thédouin, les deux légats dépêchés pour l’occasion. Lors de ce concile, treize canons furent votés dont la défense de donner aux enfants des prêtres les églises de leurs pères, qui réservaient le tiers des dîmes au profit des prêtres qui desservaient les églises, celui qui interdisaient au mari d'entrer en religion quand sa femme restait dans le monde, si tous deux n'étaient pas hors d'âge d'avoir des enfants, et celui des clercs qui acceptaient les fonctions de juges dans les tribunaux devaient être privés de leurs bénéfices

D’un point de vue logistique, la pénitence d'Henri Grand Doyenné), tenu à l’époque par Foulque Paisnel et son épouse Lesceline, aurait pu permettre d’accueillir le roi et une partie de sa suite. Gilbert de Subligny, le frère de Lesceline, était un proche d’Henri .

Avranches ville royale

En Normandie, la fin du Ranulph de Blondeville), comte de Chester, vicomte d’Avranches et de Bayeux, devient duc de Bretagne en 1188, à la suite de son mariage avec Constance de Bretagne, l’héritière du duché breton. Mais cette union est de courte durée et la Bretagne recouvre rapidement son indépendance. De son côté, Philippe Auguste, le roi de France, ne pense qu’à subtiliser la Normandie aux Plantagenêt.

En 1199, meurt Richard Cœur de Lion, le célèbre souverain du royaume anglo-normand. À la même époque, son neveu Arthur, duc de Bretagne, prête hommage à Philippe Auguste ; furieux de cette alliance, Jean sans Terre, jeune frère et successeur de Richard, emprisonne Arthur à Rouen avant de le faire assassiner en 1203. C’est alors son beau-père, Guy de Thouars, qui prend les commandes de la Bretagne.

Le roi de France, profite de cette nouvelle crise pour convaincre ses vassaux Bretons de l’aider à reconquérir la Normandie occidentale ; en 1204, à la tête de 400 chevaliers et de nombreux fantassins, le duc breton franchit le Couesnon et fait main basse sur l'Avranchin. Le retour du duché de Normandie à l'obédience française, ne se passe pas sans heurts pour Avranches : la cathédrale est saccagée par Guy de Thouars, la ville pillée et les remparts démantelés.

La vicomté d’Avranches est arrachée au comte de Chester impuissant ; comme tous les seigneurs anglo-normands refusant de reconnaître l’autorité nouvelle du roi de France, Ranulf perd toutes ses prérogatives et possessions normandes.

De 1226 à 1234, l’Angleterre refuse cette annexion forcée et tente de reprendre pied sur le sol normand en exerçant un harcèlement constant depuis les marches de Bretagne en direction des places fortes de Saint-James et Pontorson et sur Avranches en 1229. Puis, en 1232, Saint Louis obtient de la noblesse du Cotentin, et plus particulièrement la famille Paisnel d’Avranches, qu’elle se ligue contre une Bretagne orientale sous domination militaire anglaise.

En 1236, afin de verrouiller définitivement ce secteur de Normandie et surtout de se prémunir contre d’éventuelles agressions étrangères, le roi de France rachète la vicomté d’Avranches ; Saint Louis, qui séjourne à deux reprises dans la cité en 1256 et 1269, s'attache à lui redonner l’apparence d’une place forte désormais royale en la dotant de nouveaux remparts entourés de fossés.

La guerre de Cent Ans

En , dans le cadre de la guerre de Cent Ans, lors de la les faubourgs sont ravagés par les Anglais. Avec le Cotentin, la ville est cédée en 1354 par le traité de Mantes au roi de Navarre, Charles le Mauvais qui la conservera jusqu'en 1404. En 1418, la ville avec la Normandie est de nouveau la possession des Anglais jusqu'en 1450. Pendant cette période, le , le roi d'Angleterre a publié une lettre royale anoblissant Álvaro Vaz de Almada, une chevalier et noble portugais, avec le titre de comte d'Avranches. En , après la bataille de Formigny, l'armée royale de avec le connétable Arthur de Richemont et Louis d'Estouteville sont devant Avranches aux mains des Anglais qui rendent la place le au bout de quinze jours de siège. En 1470, , ayant une dévotion particulière pour saint Michel, vient à Avranches.

Époque moderne

Les guerres de Religion

Avranches fut dévastée par les huguenots en 1562.

À la fin du François Péricard dirigeait la cité avec son frère Odoard qui occupait la fonction de gouverneur de la place forte. Originaires de Rouen, les frères Péricard appartiennent à la « Sainte Ligue » et font basculer Avranches dans le camp des catholiques qui refuse de reconnaître le roi . Entre les mois de et , en plein hiver, la ville est assiégée par les troupes royales. Dirigée par le duc de Montpensier, l’artillerie royale bombarde la vieille ville où la population s’est retranchée ; les dommages causés par ce harcèlement sont tels que la capitulation est inévitable. Tandis que son frère quitte la ville, François Péricard conserve ses prérogatives épiscopales et tente de réorganiser son diocèse.

La révolte des Nu-pieds, 1639

La production du sel dans la baie du Mont-Saint-Michel remontait à des temps immémoriaux et les salines, petites entreprises réparties sur tout le littoral, faisaient vivre depuis des siècles une grande partie des populations du littoral de l’Avranchin : les « Nu-pieds ». Si leur activité a hélas laissé peu de traces, ces sauniers sont cependant entrés dans l'Histoire lorsqu'en 1639 ils se révoltèrent contre Richelieu.

Sous l'Ancien Régime, l’actuel territoire de la Basse-Normandie n'était pas soumis à la gabelle mais bénéficiait d'un impôt beaucoup plus léger, le quart bouillon : un quart de la production revenait au roi, qui le revendait après l’avoir taxé, les trois quarts restants étaient commercialisés à bon marché par les producteurs puisque dépourvu de taxe.

Au greniers à sel royaux.

Toutes les catégories sociales de la population confondues, paysans, laboureurs, sauniers, clercs et nobles, s’agitent un peu plus avant de se soulever avec force au mois de juillet ; le de ce mois, Charles Le Poupinel, officier de justice du roi, est assassiné à Avranches car on pense qu’il porte sur lui l'édit de la gabelle. Des barricades s'élèvent dans les faubourgs de la ville. Les Nu-pieds tiennent le pays, conduits par Jean Quétil, membre de la petite noblesse de l'Avranchin.

Rapidement la jacquerie avranchaise prend de l’ampleur et se propage à l’ensemble du territoire bas-normand concerné : Coutances, Saint-Lô, Mortain, Domfront s’enflamment à leur tour. Mais, la répression est impitoyable. L'armée royale envoyée par Richelieu et les troupes en garnison à Avranches, lâchées par le gouverneur Gassion, prennent en tenaille puis massacrent la population.

Les meneurs de la révolte sont pendus ou condamnés aux galères. Une centaine d'Avranchinais, sympathisants de la cause, sont bannis. Cependant, les nu-pieds ne sont pas morts pour rien. Richelieu renonce à imposer la gabelle et maintient le privilège du quart bouillon, qui restera en vigueur jusqu'en 1789.

Au presbytère, dont l'essentiel des frais de construction impute depuis le règne de à la paroisse et non plus au curé ou au décimateur, occasionna une dépense importante et le mécontentement des villageois.

En 1790, c'est dans l'église des Capucins d'Avranches que se tint l'assemblée primaire.

La guerre de Vendée

Pendant la virée de Galerne, la ville est prise presque sans combat par les Vendéens le . La ville est abandonnée cinq jours plus tard à la suite de l'échec du siège de Granville et reprise par les Républicains le . Ces derniers capturent plus de 800 traînards vendéens, la plupart malades ou blessés, qui sont fusillés au champ de Lansoudière et au plateau de Changeons sur l'ordre du représentant en mission Laplanche.

Costumes typiques d'Avranches et de ses environs.

Époque contemporaine

Vue d'Avranches, gravure de Thomas Drake, 1856.
Le tramway d'Avranches, dans la rue de la Constitution.

La ville se dota d'une ligne de tramway électrique, exploitée par Société des chemins de fer de la Manche, qui la reliait à sa gare. Cette ligne eut un tel déficit qu'elle ne fonctionna que de 1907 à 1915.

La ligne d'Avranches à Saint-James, une autre ligne de chemin de fer secondaire à voie métrique exploitée par la compagnie des tramways normands, fonctionna de 1901 à 1933.

Seconde Guerre mondiale

Dès le lendemain du débarquement allié du , sur les côtes de la Manche et du Calvados, Avranches connaît le sort de dizaines de villes normandes. De violents bombardements, ayant pour but de couper la route aux renforts allemands, plongent la ville dans le chaos. Des tracts alliés ont été lâchés au-dessus de la région d’Avranches quelques jours avant le , invitant les habitants « à s’éloigner pendant quelques jours » et à « se disperser dans la campagne, autant que possible », mais sans véritablement convaincre la population.

Le mercredi , vers 14 h 30, une escadrille de six bombardiers alliés déverse sur Avranches son funeste chargement ; dans l’espace d’une heure trois vagues anéantissent plusieurs secteurs de la ville : la gare, la rue Louis Millet, la rue d’Orléans, la vieille ville, la rue des Fontaines Couvertes et d’autres encore sont frappées de plein fouet. Des incendies ravagent la ville en divers points et les pompiers, mal équipés, sont impuissants face à l’ampleur des destructions ; les bombes ont éventré les conduites d’eau et très vite les pompes sont hors service. Malgré les renforts des pompiers de Ducey et Sartilly, arrivés vers 22 h, qui parviennent à acheminer l’eau de la citerne des Halles jusqu’à la place Littré, les flammes se propagent d’immeuble en immeuble, inexorablement. Dans la soirée, les toitures de l’église Notre-Dame-des-Champs sont atteintes par l’incendie des maisons de la rue du Jardin des plantes.

Immédiatement après les ravages des premières bombes, les secours sont organisés pour tenter de soigner les blessés. Mais déjà, en fin de journée, on comptait plus de 80 victimes civiles. De nouveaux bombardements se produisent les jours suivants augmentant encore un bilan qui ne cessera de s’alourdir jusqu’à la libération d’Avranches à la fin du mois de juillet. Le , la percée d'Avranches dans le front allemand par la première armée américaine, permettra le lendemain à Eisenhower de lancer la troisième armée de Patton en direction de la Bretagne et du Bassin parisien.

Après-guerre
Commune nouvelle.

Le ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme nomme Louis Longuet de Paris architecte en chef chargé de la reconstruction d'Avranches et Saint-Hilaire-du-Harcouët. La reconstruction commence en par le grand immeuble du presbytère.

Le , on inaugure le monument de la place Patton. En 2006, le Scriptorial, musée des manuscrits du Mont Saint-Michel est inauguré.

En 2018, les communes d'Avranches et de Saint-Martin-des-Champs projettent de créer en 2019 une commune nouvelle baptisée Avranches. Cette réflexion était engagée depuis 2016 avec dans le périmètre initial d'étude la commune voisine de Saint-Loup. L'arrêté préfectoral fixant les conditions a été publié le . Une commune déléguée est créée à Saint-Martin-des-Champs mais pas à Avranches.

Liste des communes déléguées
Nom Code
Insee
Intercommunalité Superficie
(km2)
Population
(dernière )
Densité
(hab./km2)
Avranches
(siège)
CA Mont-Saint-Michel-Normandie (2014) 711


Saint-Martin-des-Champs CA Mont-Saint-Michel-Normandie (2021) 382
  1. Pline, H.N. IV, 107.
  2. César, B.G., 75, 4.
  3. Daniel Levalet, Guerre des Gaules : peut-on localiser le camp de Sabinus ?, dans Revue de l'Avranchin et du Pays de Granville, 2004, t. 81, p. 207-212.
  4. Sir Mortimer Wheeler et K. M. Richardson, Hill-Forts of Nothern France, dans Society of Antiquaries Research Reports, 1957, t. 19, p. 38-54.
  5. Pierre Giraud 2011.
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  7. Daniel Levalet, réf. biblio à compléter.
  8. a b c et d Delattre, 2002, p. 15.
  9. Davy 2014, p. 26.
  10. Davy 2014, p. 50.
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  25. Félix Jourdan, La chouannerie dans l'Avranchin, .
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  27. Delattre, 2002, p. 16.
  28. Avranches. Commune nouvelle : « On va commencer à exister ».
  29. Commune nouvelle à Avranches : sur quel pied danser ?.
  30. Jean-Marc Sabathé, « Arrêté n° 18-62 du 19 octobre 2018 portant création de la commune nouvelle d'Avranches », Recueil des actes administratifs de la Manche - Octobre 2018,‎ , lire en ligne [PDF]).


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Dokument erstellt 03/01/2018, zuletzt geändert 30/10/2024
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