Meschers-sur-Gironde
Localisation
Meschers-sur-Gironde : descriptif
- Meschers-sur-Gironde
Meschers-sur-Gironde (prononcé [mɛ.ʃe.syʁ.ʒi.ʁɔ̃d]) est une commune du Sud-Ouest de la France, située dans le département de la Charente-Maritime (région Nouvelle-Aquitaine)
Ses habitants sont appelés les Michelais et les Michelaises. Principale agglomération et chef-lieu du canton de Saintonge Estuaire, cet ancien petit village de pêcheurs du Royannais s'est métamorphosé en station balnéaire réputée au tournant des XIXe et XXe siècles, au moment de la grande vogue des bains de mer
Elle est aujourd'hui un centre commercial et touristique actif et une commune résidentielle de la grande banlieue de Royan
Meschers marque la transition entre les zones fortement urbanisées de l'agglomération royannaise (Saint-Georges-de-Didonne...), les communes en forte progression de la deuxième couronne royannaise (Semussac...) et les communes rurales de l'arrière-pays (Cozes, Arces-sur-Gironde...). La cité, située sur la côte de Beauté, possède plusieurs plages, toutes de sable fin, donnant sur l'estuaire de la Gironde, et souvent entourées de pinèdes (forêt de Suzac)
Elle a pour autre particularité de présenter d'imposantes falaises calcaires, dans lesquelles ont été creusées de véritables cités troglodytes : les grottes du Régulus et de Matata sont les seules ouvertes à la visite
La commune dispose en outre d'un petit port de plaisance. La ville de Meschers-sur-Gironde appartient au secteur Sud de la communauté d'agglomération Royan Atlantique, structure intercommunale regroupant 81 896 habitants (2014).
Géographie
Présentation
La commune de Meschers est située dans le sud-ouest du département de la Charente-Maritime, dans l'ancienne province de Saintonge. Au cœur de l'arc atlantique, dans le midi atlantique, elle s'inscrit tout à la fois dans le Grand Ouest français et le Grand Sud-Ouest français. Elle appartient au canton de Saintonge Estuaire (dont elle est le chef-lieu et la ville la plus peuplée) et - depuis 2017 - à l'arrondissement de Rochefort. Jusqu'au mois de mars 2015, elle dépendait du canton de Cozes.
Cette petite cité touristique doit son développement à ses atouts naturels (plages, falaises, forêt de pins) qui en font une des principales stations balnéaires de la côte de Beauté, ainsi qu'à sa situation dans la grande périphérie de l'agglomération royannaise, au contact non seulement de zones très urbanisées (Royan, Saint-Georges-de-Didonne...) mais aussi des communes rurales de l'arrière-pays (Semussac, Arces...). La commune est distante de 9,9 kilomètres de Royan (distance orthodromique), de 31,4 kilomètres de Pons, de 32,2 kilomètres de Saintes, de 42,8 kilomètres de Rochefort, de 68,9 kilomètres de La Rochelle (préfecture départementale) et de 84,7 kilomètres de Bordeaux (préfecture régionale).
D'une superficie de 1598 hectares, le territoire communal est composé d'un plateau calcaire crétacé correspondant au flanc sud-ouest de l'anticlinal saintongeais. Sa partie littorale est composée d'une alternance de plages de sable fin, de massifs dunaires formés par l'accumulation de sables éoliens et couverts de forêts (pinèdes plantées par l'homme au côte de Beauté. On en trouve des exemples plus ou moins isolés à la pointe de Suzac, au nord-ouest de la commune, à la pointe de l'Embéchade, un peu plus au sud, mais elles deviennent prépondérantes de Châtelard à Diou, formant un véritable « mur » de 25 à 30 mètres de haut, dominant les eaux de l'estuaire de la Gironde. C'est cette portion de falaise qui a été reconvertie en véritable « cité troglodytique », de nombreux logements ayant été creusés à même la roche au fil des siècles. Certains d'entre eux sont toujours des propriétés privées, d'autres, comme les grottes de Matata et de Régulus, sont aujourd'hui des musées.
Les plages, toutes tapissées de sable fin, sont au nombre de cinq. La plus vaste, la plage de Suzac, est aussi la plus septentrionale. Lovée entre deux caps rocheux, la pointe de Suzac et la pointe de l'Embéchade, elle est bordée par des dunes d'une hauteur parfois impressionnante, aujourd'hui entièrement couvertes par une pinède (en partie propriété du Conservatoire du littoral) : la forêt de Suzac.
Plus au sud s'étendent les plages de l'Arnèche et des Vergnes, plus petites mais aux caractéristiques similaires (enclavement entre des falaises, proximité de la forêt et quasi absence de constructions aux alentours). Viennent ensuite deux petites plages enserrées entre de puissantes falaises, plus « urbaines » du fait de la proximité du centre-ville : la plage des Nonnes et la conche à Cadet (du nom d'un ancien pirate et pilleur d'épaves).
La partie nord du territoire communal est formée de « champagnes » plantées de vignes, parfois de primeurs (notamment melons), mais surtout de céréales (maïs, blé pour l'essentiel). Les « champagnes » couvrent au total 58 % du territoire. Les marais sont un autre type de paysage bien représenté : marais arrière-littoraux en direction du port et de la route de Talmont (Grand et Petit marais, au sud de La Grange et de Saint-Martin, marais des Barrails, à l'est de Beloire, de Biscaye et de Cassine) et marais intérieurs au nord-ouest, en bordure des communes de Saint-Georges-de-Didonne et de Semussac : marais de Chenaumoine et de la Briquetterie, marais du Compin... Ces étendues humides, dotées d'un riche écosystème, représentent 21 % du territoire.
Les principaux cours d'eau (hormis l'estuaire de la Gironde) serpentent à travers les marais. Ce sont essentiellement des ruisseaux de peu d'importance. L'un d'eux, le ruisseau de Bardécille, sert à délimiter les communes de Meschers et d'Arces.
Géologie et relief
D'un point de vue géologique, la commune est établie sur un plateau composé de terrains crétacé, formés au maastrichtien (partie sud de la commune) ou au campanien (partie nord de la commune, autour du Berteau, de Chantier, du Grand et du Petit Beloire). Correspondant au flanc sud-ouest de l'anticlinal saintongeais, il se caractérise par des « champagnes » ponctuées de coteaux plus ou moins élevés, culminant à 39 mètres au lieu-dit les Brandes de Chantier, à la limite de la commune de Semussac.
Les roches qui affleurent sont essentiellement de nature calcaire, avec une alternance de calcaires durs, légèrement glauconieux, et de calcaires tendres, plus ou moins argileux, voire sableux dans la partie méridionale de la commune, correspondant aux terrains maastrichtiens. Le littoral est constitué de puissantes falaises vives, aux roches abondant en échinodermes, rudistes et bryozoaires. Au nord-ouest et au sud-ouest s'étendent des dépressions marécageuses, comblées par des alluvions fluviatiles ou encore recouvertes par des sables éoliens, comme à Suzac. Ces formations dunaires ont été plantées de pins maritimes, de chênes verts et de diverses essences au XIXe siècle.
Communes limitrophes
Les communes du Verdon-sur-Mer, Soulac-sur-Mer et Talais sont sur la rive gauche de l'estuaire de la Gironde.
Environnement
Une grande partie du territoire communal est intégré à une zone protégée en raison de la richesse de son écosystème (falaises boisées, pinèdes, marais côtiers, prairies semi-naturelles humides...), que ce soit d'un point de vue faunistique ou floristique.
La préservation de la biodiversité a conduit à intégrer 22 % de la surface communale dans une zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique de classe I (petits espaces homogènes) — soit respectivement le marais des Barrails, les conches de Meschers et la forêt de Suzac — et 29 % dans une zone de classe II (grands espaces naturels riches), nommée « Estuaire, marais et coteaux de la Gironde ».
Cet ensemble, qui couvre plusieurs communes, bénéficie d'une protection spéciale dans le cadre du réseau de protection des espaces naturels de grande valeur patrimoniale Natura 2000 (classement en « site d'importance communautaire »). Il se compose d'écosystèmes variés, allant des garrigues de type méditerranéen (Pointe de Suzac) aux vastes prairies naturelles humides et aux marais arrière-littoraux. De dimensions modestes dans la commune (Grand et Petit marais, Marais des Barrails), ces étendues marécageuses prennent une importance considérable plus au sud, vers les communes de Mortagne, de Saint-Romain-sur-Gironde, de Saint-Fort-sur-Gironde, de Saint-Sorlin-de-Conac, de Saint-Thomas-de-Conac et de Saint-Bonnet-sur-Gironde, et au-delà, jusqu'à Blaye.
Outre une incontestable richesse floristique, les sites hébergent une population de cistudes d'Europe, de visons, de loutres, ainsi que plusieurs espèces de chauves-souris, qui nichent dans les falaises (Petit murin, Grand Rhinolophe, Barbastelle...).
L'estuaire de la Gironde, plus grand estuaire sauvage d'Europe, bénéficie également d'une protection dans le cadre du réseau Natura 2000. De fait, il est une étape migratoire importante pour des espèces de poisson protégées, comme l'esturgeon, mais aussi pour le saumon atlantique, la lamproie et l'alose. Cette richesse a conduit à la création d'un parc naturel marin en 2015, dont la commune se situe dans le périmètre : le parc naturel marin de l'estuaire de la Gironde et de la mer des Pertuis.
Enfin, la directive habitats-faune-flore concerne 30 % du territoire communal, et la directive oiseaux, 18 % de la surface communale.
Climat
Le climat dont bénéficie la Charente-Maritime est un climat océanique tempéré de type aquitain, marqué par un ensoleillement moyen assez important : avec 2 250 heures par an, il est comparable à celui que connaît une partie de la côte méditerranéenne. La pluviosité y est modérée, les précipitations ne dépassant pas 1 200 mm par an. Les températures, quant à elles, varient en moyenne de +5 °C en hiver à +20 °C en été.
Les îles et l'ensemble du littoral de la Charente-Maritime se caractérisent par un climat particulièrement doux en hiver, et rafraîchissant l'été, grâce aux influences océaniques perpétuellement en mouvement (brise marine). Ces conditions climatiques favorables, toujours soumises aux influences de l'océan Atlantique, ont favorisé un véritable microclimat de type sub-aquitain et l'existence d'une végétation déjà méridionale. Ainsi la flore se caractérise-t-elle par la présence étonnante de lauriers-roses, eucalyptus, agaves, et même les mimosas se mettent à fleurir dès le mois de janvier. Aux essences déjà méridionales du chêne vert (ou yeuse) et du cyste, s'ajoutent une forte présence de palmiers, figuiers, orangers et même oliviers. Il existe toutefois un contraste entre le littoral, assez sec et ensoleillé et l'intérieur des terres, davantage pluvieux. La pluviométrie passe ainsi de 750 Haute-Saintonge.
Les relevés de la station météorologique de La Rochelle entre 1946 et 2000 permettent de déterminer quelques dates majeures au point de vue climatique en Charente-Maritime : ainsi, au cours de ce laps de temps, la température la plus froide est relevée le 15 février 1956 : −13,6 °C. Un pic de température (dépassé seulement au cours de la canicule de 2003) est atteint le 8 juillet 1982 avec près de 39 °C à l'ombre. Si 1953 est considérée comme l'année la plus sèche, 2000 est au contraire la plus pluvieuse.
La Charente-Maritime est le département français qui a été le plus durement touché par la tempête Martin du 27 décembre 1999. Les records nationaux de vents enregistrés ont été atteints avec 198 île d'Oléron et 194 Royan.
Dans la nuit du 23 au 24 janvier 2009, la région est frappée par la tempête Klaus. Malgré des rafales de vent dépassant les 120 Médoc tout proche.
Les côtes charentaises et vendéennes sont de nouveau durement éprouvées par la tempête Xynthia qui traverse la région dans la nuit du 28 février au 2010. Des bourrasques de près de 140 . La commune relève quelques dégâts matériels (toitures endommagées, arbres déracinés, mobilier urbain arraché) sans qu'aucune victime ne soit cependant à déplorer.
Données générales
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Température minimale moyenne (°C) | 3,4 | 2,8 | 5,4 | 7,4 | 10,7 | 13,7 | 15,8 | 15,7 | 13,7 | 10,5 | 6,3 | 3,9 | 9,2 |
Température moyenne (°C) | 5,9 | 6,9 | 8,7 | 11,1 | 14,3 | 17,5 | 19,8 | 19,6 | 17,8 | 14,2 | 9,4 | 6,6 | 12,7 |
Température maximale moyenne (°C) | 8,5 | 9,9 | 12,1 | 14,7 | 17,9 | 21,3 | 23,8 | 23,5 | 21,8 | 18 | 12,6 | 9,2 | 16,1 |
Ensoleillement (h) | 84 | 111 | 174 | 212 | 239 | 272 | 305 | 277 | 218 | 167 | 107 | 85 | 2 250 |
Précipitations (mm) | 82,5 | 66,1 | 57 | 52,7 | 61,1 | 42,9 | 35,1 | 46,4 | 56,5 | 81,6 | 91,8 | 81,8 | 755,3 |
Ville | Ensoleillement (h/an) |
Pluie (mm/an) |
Neige (j/an) |
Orage (j/an) |
Brouillard (j/an) |
---|---|---|---|---|---|
Médiane nationale | 1 852 | 835 | 16 | 25 | 50 |
Meschers-sur-Gironde | 2250 | 755 | 4 | 13 | 26 |
Paris | 1 717 | 634 | 13 | 20 | 26 |
Nice | 2 760 | 791 | 1 | 28 | 2 |
Strasbourg | 1 747 | 636 | 26 | 28 | 69 |
Brest | 1 555 | 1 230 | 6 | 12 | 78 |
Bordeaux | 2 070 | 987 | 3 | 32 | 78 |
- Louis Papy, Le midi atlantique, atlas et géographie de la France moderne, Flammarion, Paris, 1984
- Calcul de l'orthodromie entre Meschers-sur-Gironde et Royan.
- Calcul de l'orthodromie entre Meschers-sur-Gironde et Pons.
- Calcul de l'orthodromie entre Meschers-sur-Gironde et Saintes.
- Calcul de l'orthodromie entre Meschers-sur-Gironde et Rochefort.
- Calcul de l'orthodromie entre Meschers-sur-Gironde et La Rochelle.
- Calcul de l'orthodromie entre Meschers-sur-Gironde et Bordeaux.
- La forêt de Suzac sur le site du conservatoire du littoral.
- Site du Sigore.
- Détail de la carte géologique au 1/50 000 Royan-Tour de Cordouan, BRGM, XIII-XIV-32.
- Charente-Maritime, encyclopédie Bonneton, p.220
- Carte IGN sous Géoportail
- Présentation de Meschers-sur-Gironde, site du Sigore.
- http://natura2000.ecologie.gouv.fr/sites/FR5400438.html Présentation du site FR5400438, Marais et falaises des coteaux de la Gironde.
- Présentation du site FR7200677, Estuaire de la Gironde, site Natura 2000
- « », sur Agence des aires marines protégées (consulté le ).
- Préfecture de Charente-Maritime : Météo France.
- Relevés Météo-France de 1946 à 2000, sur le site Bernezac.com.
- Journal Sud Ouest, édition locale de Royan datée du .
- La tempête du 28 février 2010.
- « », sur infoclimat.fr (consulté le ).
- Données de la station de La Rochelle, sources l'Internaute, INSEE et Lameteo.org.
Toponymie
Meschers dérive de « Miscaria », nom sous lequel est désignée la paroisse jusqu'au milieu du IXe siècle. Ce nom serait issu de l'association de deux mots d'origine celtique : « Mis », signifiant mauvais, et « Caria », signifiant pierre.
En 1790, la commune de « Meschers » est formée. Elle est rebaptisée « Meschers-sur-Gironde » le 22 décembre 1898. Cartes postales et affiches touristiques emploient également, de façon informelle, le nom de « Meschers-les-Bains » jusqu'au milieu du XXe siècle.
- Fiche communale sur le site du Musée du patrimoine du Pays royannais
Histoire
Les débuts de Meschers
L'occupation humaine sur le territoire de la commune est attestée dès le Néolithique comme en témoignent les vestiges du dolmen de Beauregard. Les Ligures s'implantent sur la presqu'île d'Arvert vers 1800 av. J.-C., créant à Meschers un important centre de travail du bronze. Le peuple celte des Santons prend possession de la région un peu plus tardivement, sans doute vers 800 av. J.-C., développant notamment la production du sel marin, récolté dans de nombreux sites à sel aménagés dans les marais littoraux. Une tombe datant de cette époque a été découverte dans la commune au . Après la conquête romaine, plusieurs domaines sont établis : on en trouve des traces au lieu-dit « La Mothe » (découvertes par photographie aérienne par Jacques Dassié en 1978) au « Chantier » (vestiges relevés par la Société archéologique de Saintes en 1840) et à Suzac. Il est possible que l'un de ces sites corresponde à la « villa Miscaria » à l'origine de la commune.
La chute de Rome marque le début d'une période d'instabilité politique, marquée par l'irruption des Wisigoths (418), puis des Francs après la bataille de Vouillé (507). La région suit les destinées de l'Aquitaine, dont la Saintonge est une des composantes, et est intégrée à deux royaumes mérovingiens (premier royaume d'Aquitaine, 584-585, second royaume d'Aquitaine, 629-632), à un puissant duché, puis à un royaume d'Aquitaine carolingien constitué en faveur du fils de Charlemagne, Louis le Pieux. En 814, ce dernier fait don de la petite paroisse de Miscaria à l'église Saint-Seurin de Bordeaux.
Les conflits franco-anglais
Depuis le remariage de la duchesse Aliénor d'Aquitaine avec Henri Plantagenêt (1154), Saintonge, Guyenne, Angoumois et Poitou sont partie intégrante d'une grande Aquitaine, sous influence anglaise. Le petit port de Meschers, placé sous la dépendance des Sires de Didonne depuis le Saint-Jean-d'Angély à peu près à cette époque, de même qu'une maison templière, implantée à Beloire et dépendant de la commanderie des Épeaux (dans l'actuelle commune de Meursac).
L'instabilité politique revient à la mort d'Aliénor d'Aquitaine, en 1204, lorsque le roi de France Philippe Auguste prononce la commise (saisie) de l'Aunis et la Saintonge — entre autres —, après avoir déclaré le roi-duc Jean sans Terre « félon ». Galvanisées par le seigneur de Ré et de Châtelaillon Savary de Mauléon, les régions littorales « entrent en résistance ». La situation reste confuse durant plusieurs années, mais en 1224, le roi de France Louis VIII, profitant de la minorité du roi-duc Henri III, envahit de nouveau la région, donnée en apanage à son fils Alphonse de Poitiers. Une disposition testamentaire précise cependant qu'en cas de mort sans héritier de ce dernier, la Haute Saintonge reviendrait de nouveau dans le giron anglo-aquitain. C'est précisément ce qu'il advint.
Le bourg de Meschers, repassé sous influence anglo-aquitaine, est, à cette époque, une petite paroisse vivant de ses ressources naturelles, du sel, de la pêche et de l'agriculture. Plusieurs moulins à vent ont été construits sur les crêtes, particulièrement bien exposées aux vents d'ouest. Une nouvelle église est construite en 1232, comme c'est d'ailleurs le cas dans de nombreuses paroisses voisines (Cozes, Épargnes...).
La relative quiétude de cette petite communauté est de nouveau troublée à partir de 1337, début de la guerre de Cent Ans. Les seigneurs saintongeais, d'abord unis derrière le roi-duc, finissent par se diviser entre pro (Guy de Surgères...) et anti-Français (Renaud IV de Pons...). Plus que de véritables batailles rangées, la région est en proie aux coups de main des uns et des autres, mais aussi au banditisme qui sévit en cette période troublée, alimenté par un sentiment d'impunité. Les épidémies ajoutent aux maux des populations : grande peste de 1348, mais aussi (entre autres) terrible épidémie de choléra en 1453, année charnière puisqu'elle marque aussi la fin du conflit (prise de Bordeaux par les Français). En 1486, la petite seigneurie de Meschers est donnée par le roi au prince de Mortagne, comte de Taillebourg et seigneur de Royan Charles-François de Coëtivy, fils du sénéchal de Guyenne Olivier de Coëtivy.
De nouveaux troubles
Au début du Bordeaux et de Libourne. La région bénéficie de plus d'une exemption de la gabelle, remplacée par un impôt correspondant au quart-denier de la vente. La tentative de d'abord, de Henri II ensuite, d'imposer la gabelle provoque des troubles, qui culminent avec la jacquerie des Pitauds de 1548. Le connétable Anne de Montmorency est envoyé châtier les rebelles, et, aidé de ses lansquenets allemands, il dirige une féroce répression. Symboliquement, les quatre cloches de l'église, qui ont servi à sonner la révolte, sont descendues et entreposées au château de Royan. La vie économique du village reste aussi tournée vers la pêche : c'est l'époque des expéditions vers les Grands Bancs de Terre-Neuve, où les pêcheurs saintongeais partent « traquer » la morue.
Les années 1530-1540 sont également marquées, sur le plan spirituel, par la propagation des idées de la Réforme : comme nombre de paroisses d'Aunis et de Saintonge, Meschers devient un bourg à majorité calviniste. Les guerres de religion s'y font ressentir, mais se limitent à des troubles ponctuels entre factions. La paix revient avec la promulgation de l'édit de Nantes en 1598.
La situation du petit port de Meschers en fait un havre apprécié par les pirates, qui attaquent les navires pénétrant l'estuaire de la Gironde, véritable « porte d'entrée » du riche port de Bordeaux. Le préjudice est tel que le vice-amiral de Guyenne est contraint de mener une action énergique, qui conduit à l'arrestation et à l'exécution de plusieurs d'entre eux en 1617. Les problèmes ne cessent pas pour autant et en 1620, des pirates espagnols bombardent le bourg, causant des dégâts sérieux à l'église et à plusieurs maisons.
En 1620, les tensions religieuses, qui couvaient depuis quelques années déjà, montent d'un cran. Une partie de la province se soulève : la situation est telle que le roi Louis XIII en personne se rend en Saintonge pour châtier les rebelles. En 1622, l'armée royale s'attaque à la place-forte de Royan. Les villages alentour ne sont pas épargnés : des combats sont menés à Meschers, au cours desquels l'église perd sa flèche et le temple est incendié.
La paix revenue, les habitants reprennent en main l'économie du village : pêche, agriculture, mais aussi piratage, à l'occasion. En 1679, Meschers obtient le droit de tenir un marché hebdomadaire, ainsi que sept foires annuelles. Quelques années plus tard, une partie de la population est victime de l'édit de Fontainebleau : les Protestants, désignés comme fidèles de la « Religion prétendue réformée » (RPR) sont contraints de se convertir (au besoin, « aidés » par les Dragons du Roi) ou de s'exiler, ce que beaucoup font en effet. Certains restent et pratiquent leur culte en secret, dans les grottes, parfois sur des barques, en pleine mer, et dans tous les cas à leurs risques et périls. Ils tentent de construire une « maison d'oraison » en 1755, mais celle-ci est détruite par l'abbé de Théon. Il faut attendre 1775 pour qu'un nouveau temple soit édifié, et que prenne fin la période dite « Église du désert » (clandestinité).
Révolution et Empire
En 1789, la Révolution est dans l'ensemble bien accueillie. Une milice bourgeoise est instituée, et le « serment fédératif » prêté le 14 juillet 1790 : « fidélité à la loi, au Roi et à la constitution », en présence du premier maire de la commune : François Gautret, capitaine de la marine marchande, élu le 15 février. Le 20 prairial an II (8 juin 1794) a lieu la grande fête de « L'Être suprême » au cours de laquelle une jeune fille du village, dénommée Gassipu, est promue « déesse de la Liberté » et portée en cortège dans les rues. La cérémonie se termine par le serment des mères de famille, prêté devant le maire de « faire sucer, avec le lait, les principes de la Révolution à leurs enfants ».
Peu après le coup d'État du 18 Brumaire (1799), l'Empire est plébiscité par le département de la Charente-Inférieure (23 244 voix pour, et 25 contre). Ce relatif « enthousiasme » est vite tempéré par les guerres napoléoniennes, et l'accroissement de la conscription qu'elles requièrent. En 1814, alors que la situation de l'Empire est critique, le capitaine du Régulus, un navire de 74 canons rescapé de la bataille de l'île d'Aix, doit se résoudre à incendier le bâtiment au large de Meschers afin d'éviter de le voir tomber aux mains ennemies. La première abdication de l'empereur arrête la marche des Anglais à Cozes, à quelques kilomètres de la commune. Sur le plan économique, on songe de nouveau au percement d'un canal reliant la Seudre à la Gironde, projet déjà envisagé par le cardinal de Richelieu. Le projet est finalement classé sans suites.
La modernisation de la commune
Le . La grande vogue des bains de mer fait de Meschers une station balnéaire (rebaptisée sur les brochures touristiques « Meschers-les-Bains »), moins fréquentée que la très mondaine Royan, mais plus familiale. Des chalets et des villas viennent quelque peu modifier la physionomie de la cité.
- Le Maire de la commune de Meschers,
- Vu les lois des 16-24 Août 1790 ; 19-22 Juillet 1791 ; et l'art. 471 du Code Pénal,
- Attendu qu'il résulte des faits portés à sa connaissance que depuis longtemps des actes d'indécence se réitèrent presque journellement à l'occasion des bains de mer,
- Attendu que dans l'intérêt des bonnes mœurs et dans celui de la localité il est indispensable de mettre fin, par des mesures administratives à de pareils actes,
- Art. 1er : À partir de la publication du présent arrêté le bout couchant de la conche de Nonnes est affecté particulièrement et exclusivement aux bains des femmes et le bout levant de la même conche aux bains des hommes. La démarcation entre ces deux portion de la conche
des Nonnessera fixée par un poteau. - Art. 2. Nul homme ne pourra se baigner dans la partie levant de la dite conche des Nonnes sans être vêtu d'un pantalon ou tout au moins d'un caleçon de bain.
- Art. 3. Toute contravention aux dispositions c-dessus sera constatée par des procès-verbaux et poursuivie devant les tribunaux de police conformément aux lois.
- Art. 4. Le présent arrêté sera publié et affiché ainsi qu'il est d'usage.
- Art. 1er : À partir de la publication du présent arrêté le bout couchant de la conche de Nonnes est affecté particulièrement et exclusivement aux bains des femmes et le bout levant de la même conche aux bains des hommes. La démarcation entre ces deux portion de la conche
En 1918, au sortir de la Première Guerre mondiale, Meschers compte ses morts : 47 michelais sont « tombés au champ d'honneur », suivant la terminologie officielle. Leurs noms sont inscrits sur le monument aux morts, érigé en 1922.
La paix retrouvée est de courte durée et le 23 juin 1940, la Wehrmacht prend possession des principales villes du département (Meschers est « investie » quelques jours plus tard). La ville est intégrée au dispositif de défense allemand, structuré autour de Royan, visant à interdire l'accès au port de Bordeaux — et plus particulièrement, à sa base sous-marine, site stratégique majeur — à d'éventuels commandos alliés; ce qui n'empêche pas ces derniers d'essayer de planifier des opérations, et parfois de les mettre en application, avec plus ou moins de succès (opération Frankton).
Au mois de septembre 1944, la plus grande partie du département est libérée. L'armée allemande, aux abois et harcelée par les maquis, reçoit l'ordre de Hitler de résister coûte que coûte et de mettre en place des « poches » de résistance sur le littoral. La poche de Royan, rapidement constituée, intègre la commune de Meschers, qui partage avec sa voisine Saint-Georges-de-Didonne le site de Suzac, siège d'un important fort. Des impératifs stratégiques font retarder l'attaque de la forteresse, et dans un premier temps, unités françaises et militaires allemands se font face sans agir. Le 14 avril 1945, l'opération « Vénérable » est lancée. Les troupes françaises, organisées en une division « Gironde » (Général d'Anselme) composée principalement de deux groupements (Nord et Sud) attaquent au petit matin. Le groupement Sud (Général Adeline), appuyé par l'aviation, est à Semussac vers 9 heures 15. Vers 12 heures 30, il est aux portes de Meschers. De violents combats retardent la prise de la ville qui est finalement investie vers 18 heures 30. On relève 13 morts, 50 blessés et 150 prisonniers. Le 17 avril, le commandant de la « poche de Royan », le contre-amiral Hans Michahelles, se rend sans conditions.
Meschers depuis 1945
Les années d'après-guerre voient se poursuivre le développement de la commune : création d'un groupe scolaire en 1954, d'un complexe salle des fêtes/cinéma en 1964, d'une nouvelle poste en 1972, d'une médiathèque en 1992, et d'une caserne des pompiers en 1994. Un projet de pont sur la Gironde, reliant les communes de Meschers, Arces et Talais, en Médoc, est sérieusement envisagé en 1990. Les débats sont virulents entre partisans, qui soulignent les avantages d'une liaison routière Charente-Maritime-Nord-Médoc, et opposants, qui y voient une construction inesthétique, comparée à un « éléphant blanc ». Le projet est finalement enterré au début des années 1990.
Intégrée au SIVOM de la presqu'île d'Arvert et de la Côte de Beauté dès 1968 (devenu entre-temps la Communauté d'agglomération Royan Atlantique), la ville de Meschers est aujourd'hui un des principaux pôles touristiques de l'agglomération royannaise.
Héraldique
Blasonnement :
De sinople à l'ancre d'or chargée d'une étoile du même, accostée en chef de deux étoiles aussi d'or, au chef cousu de gueules chargé d'un poisson d'or.
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- R. Etienne, Bordeaux antique (t. I, Histoire de Bordeaux), Bordeaux, 1962, p 54.
- J.R. Colle, Une découverte archéologique importante près de Royan, Bull. Off. Mun., Royan n°10, juil. 1968.
- La Charente-Maritime, pré-inventaire archéologique, par Louis Maurin (ouvrage sous la responsabilité de Michel Provost), p.191
- Léopold Delayant, Histoire du département de la Charente-Inférieure, H. Petit libraire-éditeur, La Rochelle, 1872, p. 42 à p. 44.
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- Albert Malet, Nouvelle Histoire de France, p. 62-63.
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- Histoire de la Saintonge et de l'Aunis, t.II, p.178-184 (lire en ligne)
- Histoire de la Saintonge et de l'Aunis, t.III, p.51 (lire en ligne).
- Charente-Maritime, encyclopédie Bonneton, p. 36.
- Royan, par Yves Delmas, p. 20.
- Histoire du Poitou et des Pays charentais, p.274 (lire en ligne).
- La Gironde fleuve des grandes migrations, par Jean-Claude Ribagnac, p. 158-166, in Histoire des Protestants charentais (Aunis, Saintonge, Angoumois), éditions Le Croît vif.
- Charente-Maritime, encyclopédie Bonneton, p.66
- , site Histoire Passion.
- L’agonie du vaisseau le Régulus au large de Meschers, site Histoire Passion.
- Charente-Maritime, encyclopédie Bonneton, p. 67.
- La Poche de Royan, site Chemins de Mémoire, ministère de la Défense et des Anciens Combattants.
- avril 1945 : la libération de Royan, article de Marie-Anne Bouchet-Roy paru sur le site C-Royan.com.
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- Talmont et Merveilles sur la Gironde, par Bernard Mounier, éditions Bonne-Anse, p. 44.
Héraldique
Blasonnement :
De sinople à l'ancre d'or chargée d'une étoile du même, accostée en chef de deux étoiles aussi d'or, au chef cousu de gueules chargé d'un poisson d'or.
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Meschers-sur-Gironde dans la littérature
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