Bourges
Localisation
Bourges : descriptif
- Bourges
Bourges (prononcé : /buʁʒ/) est une commune française, préfecture du département du Cher. Avec 63 702 habitants en 2021, il s'agit de la commune la plus peuplée du département et la troisième commune la plus peuplée de la région Centre-Val de Loire, après Tours et Orléans, et devant Blois, Châteauroux et Chartres. Au centre d'une aire d'attraction de 173 067 habitants en 2021, l'aire d'attraction de Bourges est la 65e de France et la 3e de la région. Elle est aussi la capitale historique du Berry, province de l'Ancien Régime correspondant approximativement aux départements actuels de l’Indre et du Cher. Ses habitants sont appelés les Berruyers.
Géographie
Généralités
Capitale de l'ancienne province du Berry, à quelques dizaines de kilomètres du centre géométrique de la France métropolitaine, et à 240 Paris, la ville de Bourges est située à la confluence de plusieurs rivières (Yèvre et Voiselle, une de ses dérivations, Auron, Moulon, Langis). Cette forte présence de l'eau affluant dans une vallée (celle de l'Yèvre) à la pente très peu marquée explique l'importante surface marécageuse au pied de la ville médiévale (actuel centre-ville, sur un promontoire rocheux en prolongement du plateau Sud). Ces vastes zones humides cernant autrefois la ville à l'est et l'ouest et pendant longtemps dédiées au pacage et au maraîchage ont été aménagées au fur et à mesure du développement urbain : canalisation des cours d'eau, remblais, urbanisation, exploitation agricole. Les marais de l'Yèvre et de la Voiselle divisés en multiples parcelles et dédiés aujourd'hui à l'exploitation potagère d'agrément et aux loisirs ont au sein de cet ensemble géographique spécifique peu subi l'urbanisation.
Dans les années 1970, un lac artificiel, le lac d'Auron, a été créé au sud de la ville par l'établissement d'un barrage sur l'Auron, qui est maintenant le centre d'une expansion urbanistique de la Ville vers le Sud.
La ville de Bourges est cependant désavantagée par sa situation géographique, qui n'offre aucune voie principale de communication aussi bien ferroviaire que routière. Elle dispose malgré tout d'un grand patrimoine historique comme l'Avaricum, la cathédrale Saint-Étienne classée au patrimoine mondial de l'UNESCO, le palais Jacques-Cœur ou encore la Maison de la culture.
Ancienne ville fortifiée, Bourges a conservé quelques vestiges de ces défenses, restes de remparts gallo-romains près de la mairie, et matérialisation au sol de l'emplacement d'une tour.
En 2023, après un long processus voyant Bourges affronter Montpellier, Clermont-Ferrand et Rouen, la ville est désignée Capitale Européenne de la Culture 2028 pour la France.
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Panorama des marais de l’Yèvre et de la Voiselle.
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La cathédrale vue des marais.
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Autre vue des marais.
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Le lac d'Auron vu de la cathédrale.
Communes limitrophes
Climat
En 2010, le climat de la commune est de type climat océanique dégradé des plaines du Centre et du Nord, selon une étude du CNRS s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique altéré et est dans la région climatique Centre et contreforts nord du Massif Central, caractérisée par un air sec en été et un bon ensoleillement.
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 11,3 amplitude thermique annuelle de 15,8 . Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique installée sur la commune est de 12,1 ,. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022.
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
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Température minimale moyenne (°C) | 1,6 | 1,4 | 3,7 | 5,8 | 9,5 | 13 | 14,8 | 14,7 | 11,3 | 8,5 | 4,6 | 2,2 | 7,6 |
Température moyenne (°C) | 4,5 | 5,1 | 8,4 | 11,1 | 14,8 | 18,4 | 20,5 | 20,5 | 16,7 | 12,9 | 7,9 | 5 | 12,1 |
Température maximale moyenne (°C) | 7,4 | 8,9 | 13,1 | 16,3 | 20,1 | 23,8 | 26,2 | 26,2 | 22,1 | 17,2 | 11,2 | 7,9 | 16,7 |
Record de froid (°C) date du record |
−20,4 16.01.1985 |
−16,4 14.02.1956 |
−11,3 01.03.05 |
−3,8 04.04.22 |
−2,6 07.05.1957 |
3,4 05.06.1969 |
4,6 10.07.1948 |
4,6 22.08.1946 |
1,8 20.09.1962 |
−5 30.10.1997 |
−9,1 24.11.1998 |
−14 20.12.1946 |
−20,4 1985 |
Record de chaleur (°C) date du record |
17,6 30.01.02 |
22,8 27.02.19 |
29,4 25.03.1955 |
29,4 16.04.1949 |
32 27.05.05 |
39,5 27.06.19 |
41,7 25.07.19 |
39,9 10.08.03 |
36,4 04.09.23 |
31,9 02.10.23 |
23,4 07.11.15 |
20 16.12.1989 |
41,7 2019 |
Ensoleillement (h) | 65,5 | 93,5 | 155,9 | 185,6 | 215,6 | 227,4 | 248,6 | 239,8 | 194 | 127 | 76,6 | 59,5 | 1 888,9 |
Précipitations (mm) | 58 | 51 | 52,8 | 62 | 75,9 | 58,4 | 63,5 | 53,5 | 56,7 | 74,2 | 69,3 | 67,4 | 742,7 |
- « », sur Franceinfo, (consulté le ).
- Daniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, ISSN 1278-3366, DOI 10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
- « », sur pluiesextremes.meteo.fr (consulté le ).
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Toponymie
Le nom de la localité est attesté sous les formes Avaricum (César, au livre VII et au livre VIII (écrit en fait par Hirtius) de ses Commentaires sur la guerre des Gaules, puis au livre III de ses Commentaires sur la guerre civile). On le trouve également dans l’Epitome de Florus, puis dans l’Itinéraire d’Antonin, ainsi que sur la Table de Peutinger. Le géographe Ptolémée le transcrit d'autre part en grec; Dans la seconde moitié du . Quelques décennies plus tard, Orose, dans ses Histoires contre les païens, écrit Biturigo Civitas, et au cours des mêmes années, un texte administratif, la Notice des Gaules, emploie la forme Civitas Biturigum.
En 471, l’évêque de Clermont, Sidoine Apollinaire, mentionne dans sa correspondance Biturigas, ainsi que la plebs Biturigis, la population de Bourges. Environ un siècle plus tard, Grégoire de Tours, dans son Histoire des Francs, a recours à Bitorex, Biturigas, et Biturigum. Vers les années 650, Jonas de Bobbio, dans sa Vie de saint Colomban, fait état de la Betoricensis urbs. Un peu plus tard, on lit sur des monnaies mérovingiennes les formes suivantes : Betorex, Betoregas, Betorigas et Beoregas, la dernière témoignant de l’effacement du /t/ intérieur dans la prononciation.
Au , à la forme que nous connaissons actuellement, de la sorte attestée au début du XVe siècle : Bourges.
La localité s'appelait sans doute en gaulois *Avaricon, toponyme dérivé en -icon du nom de la rivière qui la borde, l’Avara, devenu de nos jours l’Yèvre. Il pourrait donc signifier « la ville au bord de l’Avara ».
Durant l’Antiquité tardive, au , de nombreuses capitales gallo-romaines ont vu leur nom sortir de l’usage, remplacé par celui de la cité qu'elles administraient. Ce processus a vu Avaricum recevoir une désignation fondée sur apud Bituriges, « chez les Bituriges ».
L’évolution phonétique qui de Bituriges mène au nom de Bourges s’explique phonétiquement par le fait que les mots latins possédaient une syllabe accentuée. Dans le cas de Bituriges, la syllabe accentuée est celle qui précède l’avant-dernière et que l’on appelle l’antépénultième, autrement dit la syllabe /tu/, d'où en gallo-roman BITURIGE > Beorege (évolution régulière [i] > [e], amuïssement de [t] intervocalique) > Bourges.
- Albert Dauzat et Charles Rostaing, Dictionnaire étymologique des noms de lieu en France, Paris, Librairie Guénégaud, (ISBN ), p. 105a.
- Florus, Epitome, p. I, 45..
- Itinéraire d'Antonin, vol. 460, 4..
- Ptolémée, Géographie, vol. II, 7, 10..
- Ammien Marcellin, Histoire, vol. XV, 1..
- Orose, Histoires contre les païens, vol. VI, 11..
- Notice des Gaules, vol. XII, 2..
- Sidoine Apollinaire, Correspondance, vol. VII, 5, 8, 9..
- Grégoire de Tours, Histoire des Francs, vol. I, 31..
- Jonas de Bobbio, Vie de saint Colomban, vol. II, 10..
- Maurice Prou, Catalogue des monnaies mérovingiennes de la Bibliothèque Nationale, Paris, , chap. 1668-1675..
- A. Buhot de Jersers, Histoire et statistique du département du Cher, vol. II, Bourges, 1883 (rééd. 1996), p. 1.
- Robert Bedon, Atlas des villes, bourgs, villages de France au passé romain, Paris, Picard, , 352 ISBN ), p. 120-123..
Histoire
L'emplacement est occupé dès le Néolithique. Un caveau, lié à une habitation, dans lequel ont été identifiés 46 individus différents a été ainsi retrouvé au nord de la commune entre Saint-Doulchard et Fussy. Ces ossements remontent à une période comprise entre - 6.000 ans et - 2.200 ans avant J.-C..
La « capitale » du peuple gaulois des Bituriges Cubes
Avant la période romaine, c'était la région du peuple gaulois des Bituriges Cubes, qui signifiait « les rois du monde ».
Dans l'Antiquité, la ville est attestée sous la forme Avaricum « le lieu sur l’Yèvre » (le nom celte étant *Avariko- qui se retrouve dans le nom de la rivière Yèvre, Avar).
Au Luern, Vercingétorix) et la Méditerranée (Marseille, Golasecca, Etrurie padane, etc.). La publication des fouilles réalisées dans le quartier Saint-Martin-des-Champs permet de mieux comprendre l’importance des activités artisanales dans le cycle de développement socio-économique observable à cette époque de l’extrême fin du âge du Fer. Des tombes riches, comme le grand tumulus de Lazenay, manifestent par ailleurs la puissance de l’aristocratie biturige contemporaine. Compte tenu de ces récentes découvertes archéologiques, le texte de Tite-Live selon lequel les Bituriges Cubi et leur roi Ambigatos auraient encadré les premières migrations celtiques en Italie du Nord prend un nouveau relief.
À la fin du Vercingétorix contre César. Durant la guerre des Gaules, César en fit le siège, qui dura de longs mois. Partout ailleurs en Gaule, Vercingétorix avait mis en place une politique de la terre brûlée : aucune ville, aucune ferme ne devait servir à l’approvisionnement des légions romaines.
Cependant, les habitants d’Avaricum supplièrent Vercingétorix d’épargner leur cité, mettant en avant la sûreté de leur ville protégée par des défenses naturelles (car située sur une butte entourée d’une rivière et de marais) et par une puissante muraille au sud. De cette muraille, lui revenait la nomination de Ville rouge, au même titre que Le Mans. César réussit à prendre la cité en affamant ses combattants et en repoussant l’armée de secours de Vercingétorix. Mais la vengeance de César fut terrible. Des 40 000 hommes, femmes et enfants enfermés dans ses murs, seuls 800 en réchappèrent.
Période romaine d'Avaricum
Haut-Empire
Une fois la ville conquise, elle est reconstruite dans le style romain avec un plan hippodamien et de nombreux complexes monumentaux : porte monumentale, aqueducs, thermes et amphithéâtre. De nombreuses villas sont bâties et la ville atteint une taille supérieure à celle du Moyen Âge.
L'urbanisation de la capitale berrichonne, au début de l'époque gallo-romaine est également signalée par la construction d'un . Les structures constituant la place publique antique ont été mises en évidence au cœur même des soubassements constituant le sous-sol du centre-ville. Ce complexe monumental est découvert par hasard en 1857, lors d'une opération architecturale visant à colmater les caves du palais ducal. Toutefois, postérieurement à une lettre-annonce publiée dans le journal départemental en 1860, le dégagement et l'exhumation des vestiges gallo-romains ne sont opérés qu'en 1861, sous la conduite de Jules Dumoutet, l'un des principaux membres de la Commission des antiquaires du Centre.
Ce n'est qu'un siècle plus tard, en 1961, que les fouilles archéologiques furent effectuées à l'emplacement du forum d'Avaricum, sous la direction de Jean Favière, conservateur du Musée du Berry. Ces investigations archéologiques mettent en évidence les parois et plaques de sol de la place publique gallo-romaine demeurées jusqu'alors inaccessibles. Un « oushebti » fut découvert à Bourges, attestant des déplacements culturels et intellectuels des différentes cultures de l'Empire romain.
Bas-Empire
Par la suite, pendant les invasions barbares, la ville se replie sur elle-même et une enceinte gallo-romaine est construite en remployant les pierres des bâtiments officiels pour l’occasion ; la surface enclose (40 . Elle souffre d'un premier grand incendie de ses bâtiments en bois en 588.
Bourges devient également le siège d’un archevêché, dont relèvent les diocèses d’Albi, de Cahors, de Clermont-Ferrand, de Mende, du Puy-en-Velay, de Rodez, de Saint-Flour et de Tulle. Le diocèse est l’un des tout premiers à être fondé par saint Ursin lors des premières campagnes d'évangélisation de la Gaule vers le [réf. nécessaire].
Moyen Âge
Des Mérovingiens aux Capétiens
En 588, Bourges connait le premier de ses grands incendies médiévaux. La ville, qui relevait du royaume d'Aquitaine, est prise par Charles Martel en 731, puis immédiatement reprise par Eudes d'Aquitaine. Pépin le Bref la prend d'assaut en 762, détruit ses remparts et l'intègre au domaine royal sous la garde de ses comtes. Il y fait aménager un palais dès 767.
En revanche, la période carolingienne est plus faste à en juger par les traces qu’elle laissa, bien que mal connue. Si elle débute par un nouvel incendie destructeur en 760, de nombreux édifices sont construits, signe d'une réorganisation sociale, politique et religieuse. De cette époque date la construction de l'Hôtel-Dieu et de la première cathédrale de Bourges, à l'emplacement de l'actuelle, par Raoul de Turenne. De cet édifice subsiste une crypte mérovingienne sous le chœur de l’édifice actuel. On assiste aussi à la construction d'un palais (recouvert par l’actuelle préfecture). De nombreuses abbayes sont fondées avec l'appui du pouvoir royal comme celle de Saint-Ambroix. Une première vague d'églises est construite, dont l'église Saint-Paul.
Au début du vicomté, jusqu'à ce que le dernier vicomte de Bourges, Eudes d'Arpin en 1101 vende ses fiefs pour 60 000 sous-or au roi de France afin de financer sa croisade. Bourges entre de ce fait dans le domaine royal, propriété propre de la Couronne. L'archevêque Aimoin constitue en 1038 une association diocésaine regroupant tous les hommes de plus de quinze ans, qui prêtent serment de défendre la Paix de Dieu. Bien que peu efficace, elle est relayée au commune diocésaine (dès avant 1108) qui, elle, a une certaine efficacité : sa milice contraint en 1149 Renaud de Graçay à abandonner le château de Saint-Palais.
Vers la fin de ce siècle, la parure monumentale de la ville se trouve en partie renouvelée, d'une part avec la mise en chantier de la cathédrale, ces travaux ayant débuté en 1195 sous l'impulsion de l'archevêque Henri de Sully, et d'autre part avec la construction d’une nouvelle enceinte, fortification médiévale dont l'architecture se révèle probablement être un « prototype » pour les autres murailles érigées sous le règne de Philippe Auguste,. Cette nouvelle enceinte, flanquée d'une imposante tour de plan circulaire dont la construction est entamée sous le règne de Louis VII et se termine probablement en 1189,,,, porte la superficie de la ville à 15 faubourgs de Saint-Ambroix, Saint-Fulgent et Saint-Ursin. En effet, la ville est un centre religieux important, même si elle ne possède pas de centre de pèlerinage. L’influence des familles locales qui sont devenues très proches du roi, tels les La Châtre et les Sully pour ne citer qu’eux, concourt à la volonté de réaliser un édifice exceptionnel grâce à la puissance tant économique que politique des archevêques de Bourges. Par une nuit de tempête, la cathédrale foudroyée est en feu. Elle venait d’être reconstruite et n’était même pas encore achevée. Les décideurs hésitent, mais peut-être par rivalité avec l’archevêque de Bourges, Henri de Sully, frère du constructeur de Notre-Dame de Paris, décident en 1192 l’édification d’une nouvelle cathédrale sur un plan unique et original.
Cette cathédrale originale constitue un manifeste visible de la puissance de l’église berruyère, mais aussi de la monarchie capétienne (les Anglais sont tout proches). De 1192 jusqu’au milieu du XVe siècle, soit pendant plus de 250 ans, ce chantier monopolise toute la ville.
En 1251, la croisade des Pastoureaux passe à Bourges.
De grands incendies, celui du 23 juin 1252 qui entre dans la mémoire de la ville, et en 1353 favorisent la reconstruction et la modification de l'architecture de la ville au contact de la cathédrale qui est épargnée,. L'incendie de arrive après plusieurs années arides et est activé par le vent. Il cause de grandes destructions dans les quartiers Saint-Médard, Saint-Pierre-le-Marché, Saint-Pierre-le-Guillard et Saint-Ambroix. Le soir même, l'archevêque Philippe Berruyer écrit la nouvelle à la régente, Blanche de Castille, qui dépêche une commission d'enquête. Cette commission interroge 249 personnes et livre un rapport sous forme d'un rouleau de parchemin de 120 , cependant incomplètes : alors qu'elles décrivent des destructions sur le quart nord-ouest de la ville Jean-Pierre Leguay estime que la superficie touchée est bien plus importante.
Les personnes se retrouvant sans abri sont très nombreuses : plus des deux tiers des habitants des maisons détruites sont dans l'incapacité de reconstruire ou de trouver un logement de substitution. La ville fait construire des baraques de fortune en armature bois et murs de torchis pour les héberger en urgence,. Une théorie du complot émerge à l'occasion, et on accuse les Pastoureaux, passés l'année d'avant, d'être la cause de l'incendie.
Le grand feu très fort merveilleux
A fait maintes gens douloureux
Qui advint par adversité
A Bourges, la noble cité
Par grand malheur et par effet
Mil quatre cent quatre vingt sept
Un jour de feste Madelaine
Dont on sortit souci et peine
Qui durera plus de cent ans
Aux enfants des pauvres perdans.
Commença, ainsi je le crois
Par l'église Sainte-Croix [angle de la rue Littré et de la rue des Trois Pommes]
Et delà il fit la descendue
En brûlant toute la grand'rue
Que l'on nomme de Mont-Chevril ; [rue de Montchevry : rue Gambon]
Et puis après, comme je vis,
Embrasa, comme s'il fut fol
Tout Saint-Ambroise et tout Petol [rue Bourbon, avenue Jean-Jaurès et rue du Puits-de-Juvence]
Porte-Neuve et rue des Toiles [rue du Commerce ; rue des Toiles]
Et puis après tendit ses voiles
Brûlant Auvent et Croix-de-Pierre [place Henri-Mirpied ; place de la Barre]
Et après il s'en vint conquerre
L'Eglise Saint-Pierre-le-Marché ;
La grand'rue de la Parerie
De toutes parts en fut saisie
La rue des Seps et Mirebeau [rue sous les Ceps]
Et toutes maisons dessus l'eau
Et puis après mit tout à net
La paroisse de Saint-Bonnet
Et Saint-Laurent, maisons, église [place Saint-Bonnet]
N'y laissa pas une chemise.
La moitié du bourg Saint-Privé [avenue Mar-Dormoy]
Ne Saint-Quentin n'en fut privé [Cour Saint-Quentin]
Non plus le portail de la Ville. [Porte Saint-Privé sur le pont Saint-Privé]
Que maudit soit de fois cent mille
Jean Germain, lequel tant de bois
Y mit qu'il brûla cette fois !
Et en continuant mes dits
Les Carmes, Comtau, Paradis [les Carmes : place Cujas ; Comtau : Notre-Dame de la Comtale (école des Beaux-Arts) ; Paradis : rue Édouard-Branly]
De toutes parts fut désolé
Et déconfit et affolé
Par le grand feu qui fut tant chaud.
Tout Saint-Michel et la Fourchaud [Saint-Michel : rue Michel-Servet ; église Notre-Dame de la Fourchaud]
Jusques au coin qu'on dit Bastard [angle de la rue Porte-Jaune et rue de la Monnaie]
Tout fut brûlé, perdu et ard
Comme si c'étoit feu de poudre ;
Mais, Dieu mercy, ne passa outre.
Les Augustins, la Boucherie, [couvent des Augustins, rue Mirebeau, la Boucherie, les Changes, la Poissonnerie, la place Gordaine]
Les Changes, la Poissonnerie,
Porte Gordaine n'eut pas mieux
Pelleterie ne la Narrette. [la Pelleterie : rue Coursalon ; la Narrette : rue de l'Hôtel-Lallemant]
Chacun pensait presque défaite
De la grand'rue près la moitié [grand'rue : rue Bourbonnoux]
Et de Charlet dont fut pilité. [rue Charlet : rue Joyeuse, rue Geoffroy-Tory]
Saint-Jean-des-Champs point n'y toucha [place Louis-Lacombe]
Mais près de lui fort s'approcha
Chez l'avocat du seigneur roy.
Fut apaisé au matin coy
En rendant au nom Dieu mercy
Fut apaisé partout ainsy.
Je prie à Dieu, à sa puissance
Aux perdants donner patience
Et les rembourser de leurs pertes
Dont leurs douleurs sont bien appertes ;
Leur octroyer pour payement
A tretous éternellement
Par sa digne permission
De son paradis la maison.
Amen.
— Anonyme, version donnée par Philippe Goldman et reproduite et annotée par Leguay 2005, p. 66-68.
La ville est à nouveau incendiée en 1259, 1338, 1353, 1407, 1463, 1467, le 27 juillet 1487, en 1508 et en 1538. La ville stocke pourtant par prudence 700 seaux dans toute la ville, pour favoriser la lutte précoce contre l'incendie, mais, entre autres facteurs, les départs d'incendie sont favorisés par l'absence de foyer protégé dans les ateliers de nombreux artisans. Il arrive toutefois que la lutte contre l'incendie soit victorieuse, comme le 29 juin 1491. Ce jour-là, l'incendie prend dans les écuries de l'auberge Barangier, au faubourg Saint-Sulpice. Des équipes de charpentiers sont envoyées sur les toits pour couper les chevrons et faire tomber la charpente avec de grands crochets prévus à cet effet, et limiter ainsi la propagation de l'incendie.
Fin août 1356, le faubourg d'Auron est pillé et incendié par les troupes anglaises du Prince Noir mais celles-ci sont chassées par les Berruyers,,.
À l’emplacement de ce combat fut élevée une croix, la « Croix Moult Joie » (Croix Forte Joie), où il est inscrit : « Croix érigée en souvenir de la victoire remportée sur les Anglais par les habitants de Bourges en 1356 ». Cette croix fut détruite et reconstruite plusieurs fois
« Grand siècle » de Bourges (1360-1461)
Au Jean de Berry, troisième fils du roi de France Jean le Bon, et frère du roi Charles V.
Ce grand seigneur, fils, frère, et oncle de roi, pair de France, développe dans sa capitale une cour fastueuse. Il attire dans la ville de nombreux artistes parmi les plus brillants de son temps. Ces grands chantiers marquent profondément la ville. Son plus grand ouvrage est la construction d’un palais ducal (grand palais) bâti sur les restes de la muraille gallo-romaine, et en continuité des restes d’un palais plus ancien appelé le petit palais (ancien palais des vicomtes de Bourges dont la construction primitive remonterait à Pépin le Bref). Ce palais est rattaché par une galerie (galerie du Cerf) à la Sainte-Chapelle (ou chapelle palatine). De ces édifices ne subsistent que deux des salles d’apparat du grand palais (actuel conseil général), le petit palais méconnaissable sous une façade replaquée au préfecture). La Sainte-Chapelle a été complètement détruite ; certaines de ses verrières furent néanmoins placées dans les vitraux de l’église basse de la cathédrale. D’autres éléments montrent l’importance que joua ce prince mécène pour Bourges, dont le vitrail central de la façade occidentale de la cathédrale (grand housteau), le célèbre manuscrit des Très Riches Heures du duc de Berry, l’horloge astronomique située à l’origine sur le jubé de la cathédrale (la première de France).
Durant la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons, la ville est assiégée par le roi Charles VI.
Le Dauphin, futur Charles VII de France, ayant trouvé refuge à Bourges, utilise l’administration mise en place par son grand-oncle, le duc de Berry, pour pouvoir reprendre le contrôle de son royaume (hôtel des monnaies, cour de justice, siège épiscopal[précision nécessaire]).
Son fils, le futur Louis XI naît d’ailleurs dans le palais des archevêques de Bourges en 1423. Charles VII y promulgue la Pragmatique Sanction en 1438. Les opposants de Charles VII, bourguignons et anglais, désignent alors, par dérision, cette partie de la France sous le contrôle de Charles VII, le Royaume de Bourges.
Jacques Cœur, fils d’un marchand drapier, est l’un des habitants les plus illustres de cette époque. D’abord travaillant avec son père comme fournisseur de la cour ducale, il connaît une ascension fulgurante. Il épouse la fille du prévôt de Bourges, Macée de Léodepart, puis participe à la fabrication des monnaies (ce qui lui vaut quelques déboires), puis il devient grand argentier c’est-à-dire fournisseur de la cour royale, il développe ainsi un réseau commercial international grâce à l’établissement d’un réseau de comptoirs et d’une flotte commerciale.
Mais sa fortune devient trop grande ; elle éveille les jalousies, dont celle du roi, et le conduit à sa perte. Traduit et condamné par la justice royale, il devient un homme traqué. Homme ruiné, il trouve refuge auprès du pape Nicolas V. Tous ses biens sont confisqués et vendus au profit du roi, et il meurt en exil en 1456. La trace la plus marquante qu’il a laissée dans la ville est la construction d’un hôtel particulier encore existant aujourd’hui, le palais Jacques-Cœur.
En 1463, le roi Louis XI ordonne la création de l’université de Bourges qui, après des débuts difficiles, attire des enseignants renommés et de nombreux étudiants au .
En 1467, un incendie part d'un atelier de teinturier, près de l'église Saint-Bonnet, et, poussé par un vent puissant détruit le quartier Bourbonnoux.
Les quatre « prud’hommes » administrent la ville, puis sont remplacés en juin 1474 par un maire et douze échevins. Bourges comptait parmi les 14 villes du royaume dont la charge d'échevin conférait la noblesse. Plusieurs familles berrichonnes ont ainsi trouvé leurs lettres de noblesse dans cette noblesse de cloche, telle par exemple la Famille de Chabenat.
Le 25 août 1487, le Grand incendie de Bourges, encore appelé Grand incendie de la Madeleine, détruit le tiers de la ville et marque le début du déclin de la capitale du Berry[réf. nécessaire]. Très bien connu grâce à d'abondantes archives, il part de la maison d'un menuisier, rue Saint-Sulpice. Les marchés étant détruits, les foires annuelles sont déplacées à Troyes et Lyon. Après l'incendie, le manque de logements entraîne une flambée des prix, certaines maisons pouvant voir leur prix multiplier par cinq. Les travaux de déblaiement et la reconstruction prennent du temps : ainsi en novembre, alors que les échevins se réunissent au palais de justice, la ville est encore en ruines et encombrée de débris des maisons incendiées. Si la plupart des habitants ont des difficultés à se reloger ou à reconstruire, les moines Augustins, eux, peuvent faire appel à la solidarité de l'évêché voisin : le diocèse d'Autun fait ainsi appel à la générosité de ses fidèles pour financer la reconstruction de leur monastère. Quant aux échevins, ils n'ont pas le comportement responsable et solidaire de ceux de 1252 : le roi accorde une aide énorme de 23 000 livres, qui est entièrement consacrée à la construction d'un palais fastueux destiné à héberger l'hôtel de ville.
Leur action se limite à une réglementation encadrant la construction d'annexes et d'appentis sur l'espace public. Les couvertures en matériaux inflammables sont proscrites, au profit de la tuile et de l'ardoise, mais l'échevinage ne se soucie pas de faire appliquer ces règles les années suivantes. Si on trouve quelques beaux exemples d'hôtels particuliers construits en pierre, en style pré-Renaissance, comme la maison de la Reine Jeanne, la plupart des maisons privées construites juste après l'incendie et encore conservées sont très conservatrices dans leur construction, autant dans les matériaux utilisés (armature bois) que dans leur aménagement intérieur. La principale innovation architecturale étant le cabinet de pierre permettant, en cas d'incendie, d'abriter les objets de valeur. La municipalité est obligée de faire d'importants travaux de réfection sur des bâtiments endommagés ou détruits : porte Saint-Privé, pont levis, tours de l'enceinte, boulevard d'artilleries à l'époque construits en bois, mais aussi l'hôtel de ville, les prisons, les marchés publics doivent être reconstruits, ainsi que onze églises, l'Hôtel-Dieu de Saint-Julien. Les échevins profitent néanmoins des destructions pour élargir la place Gordaine.
Un autre incendie débutant près de la cathédrale en 1559, dit des « grandes écoles », détruit une partie de la ville.
Bourges sous l'Ancien Régime
Âge d'or de l'Université
Dès le début du Université. Elle accueille les plus grands humanistes du temps et notamment des grands professeurs de droit comme Alciat, Le Douaren ou Cujas. C’est sous Alciat que le futur réformateur Jean Calvin a fait ses études de droit (pendant 18 mois) et c’est à Bourges, alors un des endroits où soufflait le plus fort le vent de la Réforme, qu’il est tombé sous l’influence de son professeur allemand de langue grecque Melchior Wolmar qui l’a converti à la foi luthérienne.
Guerres de religion
Durant la première guerre de Religion, Montgomery prend la ville en mai 1562. En août de la même année elle est de nouveau assiégée par l'armée Royale Catholique.
Le 21 décembre 1569, des troupes protestantes venues de la ville de Sancerre échouent, dans l’attaque de la Grosse Tour, face aux catholiques dirigés par le gouverneur du Berry : Claude de La Châtre. La nouvelle du massacre de la Saint-Barthélemy atteint Bourges le , et le massacre des protestants y dure jusqu’au . En 1585, son gouverneur La Châtre se rallie à la Ligue dès son lancement,.
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Au Contre-Réforme d’abord, dont les jésuites vont être les principaux réalisateurs et qui va se matérialiser à Bourges par la construction du collège Sainte-Marie. Le second événement est la présence du futur prince de Condé, puis son rôle en tant que gouverneur du Berry. Nouvelles idées et influence politique transforment la ville. La cité encore médiévale s’ouvre, les murailles sont détruites, de nombreux édifices publics sont bâtis (hôpital général, carmel) ou réaménagés (Hôtel-Dieu, hôtel des échevins). Deux hommes jouent un rôle fondamental : un architecte, Le Juge, qui réalise la plupart de ces chantiers et l’archevêque Michel Phélypeaux de La Vrillière, grand courtisan, dont la famille est l’une des plus riches de France, qui fait construire un palais archiépiscopal, des jardins à la française signés Le Notre et un grand séminaire. Répondant à des considérations économiques, Louis XIV sous l'impulsion de Colbert signe un Edit en 1665, aboutissant à la création d 'une manufacture de dentelle en dans plusieurs villes dont Bourges mais cette manufacture n'a pas perduré plus de 10 ans.
En prévision des États généraux de 1789, Me de Villebanois, curé de St Jean-le-Vieil, est élu député du clergé.
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La vocation militaire de Bourges commence lorsqu’un régiment de dragons y est cantonné sous le règne de Louis XIV. Bourges et ses environs comptent désormais de nombreuses activités liées à la défense, notamment la soufflerie hypersonique du Subdray, les établissements MBDA (ex-Aérospatiale), l’établissement d’expérimentation technique de Bourges (essais de tirs). Ce dernier établissement est le successeur de l’école d’artillerie, implantée à Bourges en 1839 à la suite de pressions intensives des élus locaux.
En 1944, la ville est victime de nombreuses destructions dues aux bombardements anglo-américains. Le 4 juin, un raid fait dix-sept morts et une dizaine de blessés graves. Le 27, les installations de constructions d'avions sont détruites.
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La rue Moyenne, vers 1915.
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La rue du Commerce.
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La place Berry.
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Héraldique
Blason | D’azur à trois moutons passants d’argent, à la bordure engrêlée de gueules, au chef d’azur chargé de trois fleurs de lis d’or.
|
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Détails | * Il y a là non-respect de la règle de contrariété des couleurs : ces armes sont fautives (bordure de gueules sur champ d'azur). |
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Alias | D’azur à trois moutons d’argent, accornés de sable, accolés de gueules et clarinés d’or, à la bordure engrêlée de gueules, au chef cousu d’azur, chargé de trois fleurs de lis d’or. |
- Voir une représentation de ce dernier blasonnement : « », sur ville-bourges.fr (consulté le ).
- Malte-Brun, La France illustrée, 1882.
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Dokument erstellt 03/01/2018, zuletzt geändert 30/10/2024
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