Candes-Saint-Martin

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Candes-Saint-Martin : descriptif

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Candes-Saint-Martin

Candes-Saint-Martin (prononcé /kɑ̃d sɛ̃ maʁ.tɛ̃/), parfois abrégé « Candes » dans le langage courant, est une commune française du département d'Indre-et-Loire, en région Centre-Val de Loire. Dès le début de notre ère, une agglomération antique, probablement importante, existe sur ce site stratégique, situé au carrefour des territoires de trois peuples gaulois et contrôlant le confluent Vienne-Loire

Candes profite d'ailleurs de cette situation privilégiée : sa batellerie et les activités qui y sont liées sont longtemps florissantes, mais la disparition du transport fluvial, détrôné par le chemin de fer au milieu du XIXe siècle, marque l'arrêt du développement et la mutation progressive de la commune

À compter de cette date et jusqu'aux années 1930, la population baisse de manière très importante

Elle semble se stabiliser depuis, avec 227 habitants en 2021

C'est également vers le milieu du XIXe siècle, alors que l'économie locale est fragilisée, que des artistes, peintres ou dessinateurs, viennent à Candes pour en reproduire les paysages. Fondée par Martin de Tours à la frontière occidentale de son diocèse dans le dernier quart du IVe siècle, Candes est l'une des premières paroisses tourangelles

Saint Martin meurt à Candes le 8 novembre 397, ce qui assoit la notoriété de cette petite paroisse où s'élève, au Moyen Âge, une collégiale célèbre par la richesse de son décor sculpté

L'étude de sa chronologie, de son architecture et de son décor, particulièrement complexe, est toujours en cours ; l'édifice est protégé au titre des monuments historiques dès 1840

Le village, lieu de pèlerinage, reçoit dès le IXe siècle la visite régulière des rois de France, alors que ses châteaux successifs, également protégés au titre des monuments historiques, sont une résidence d'été pour les archevêques de Tours

Plusieurs demeures médiévales et Renaissance ainsi qu'un ancien moulin à vent complètent l'inventaire des édifices remarquables de la commune. La richesse et la diversité du patrimoine naturel de Candes-Saint-Martin, dues principalement à la présence de la vallée de la Loire (patrimoine mondial de l'humanité reconnu par l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture) et de la confluence du fleuve et de la Vienne, font que le territoire communal est intégré à trois sites du réseau Natura 2000 et trois zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique

Au XXIe siècle, Candes-Saint-Martin cherche à mettre à profit ce patrimoine naturel et les paysages du confluent, mais également l'histoire et le patrimoine bâti religieux du village

La commune est ainsi membre de l'association « Les Plus Beaux Villages de France » et concourt à l'édition 2016 de l'émission de télévision française Le Village préféré des Français.

Géographie

Localisation et communes limitrophes

La commune de Candes-Saint-Martin est située au niveau du confluent de la Loire et de la Vienne, à l'ouest-sud-ouest de Tours en direction de Saumur, le bourg se développant sur la rive gauche, tout comme la plus grande partie du territoire communal qui inclut toutefois le confluent lui-même et une partie de la rive droite de la Vienne. Elle se trouve en limite du département d'Indre-et-Loire, à l'extrémité occidentale de l'arrondissement de Chinon. Ainsi, la situation géographique de la petite cité tourangelle lui confère un statut quasi-frontalier : depuis le bourg de Candes-Saint-Martin, il suffit de parcourir un seul kilomètre pour se rendre dans le département de Maine-et-Loire. Tours, préfecture du département, se trouve à 50,3 , Chinon, chef-lieu d'arrondissement et bureau centralisateur du canton homonyme à 14,1 . Saumur, troisième ville de Maine-et-Loire, n'est distante que de 12,3 . Toutes ces distances sont indiquées « à vol d'oiseau ».

La commune est rattachée au bassin de vie de Beaumont-en-Véron et à la zone d'emploi de Chinon.

Candes-Saint-Martin est limitrophe de six communes, dont deux dans le département de Maine-et-Loire. Au nord, la commune de Chouzé-sur-Loire est adjacente par un simple quadripoint, au confluent de la Vienne et de la Loire.

Communes limitrophes de Candes-Saint-Martin
Montsoreau
(Maine-et-Loire)
Chouzé-sur-Loire Savigny-en-Véron
Candes-Saint-Martin Saint-Germain-sur-Vienne
Fontevraud-l'Abbaye
(Maine-et-Loire)
Couziers

Géologie et relief

Carte géologique simplifiée de Candes-Saint-Martin.
  • Bourg et limites communales
  • Calcaire turonien (C3a)
  • Tuffeau blanc turonien (C3b)
  • Tuffeau jaune turonien (C3c)
  • Limons des plateaux quaternaires (LP)
  • Alluvions fluviatiles modernes (Fy-z)

Le Bassin parisien, au sens géologique du terme, s'étend vers le sud jusqu'au Massif central, englobant l'ensemble du département d'Indre-et-Loire. Les plus importantes formations géologiques du département sont des sables ou des calcaires mésozoïques du Cénomanien et du Turonien, déposés par des avancées et des retraits maritimes successifs,.

Au niveau de Candes-Saint-Martin, le plateau qui représente les quatre cinquièmes sud-ouest du territoire communal est composé de cette succession de couches calcaires. Les vallées de la Loire et de la Vienne occupent le reste de la superficie communale. Le plateau est coupé par deux vallons creusés par des ruisseaux temporaires, sur le flanc desquels affleure le calcaire du Turonien inférieur (C3a) surmonté du tuffeau blanc du Turonien moyen (C3b), lui-même recouvert du tuffeau jaune du Turonien supérieur (C3c) ; le même dispositif s'observe sur le coteau abrupt de la rive gauche de la Vienne et de la Loire. Sur le plateau, de larges placages de limon éolien (LP) du Quaternaire viennent recouvrir les strates calcaires. Au fond de la vallée, les cours d'eau ont déposé leurs alluvions modernes (Fy-z), aux faciès très différents selon qu'elles sont apportées par la Loire (plus sableuses) ou la Vienne (plus limoneuses),.

Le territoire de la commune, dont le premier plan cadastral date de 1837, s'est agrandi en 1869 d'environ six hectares sur la rive droite de la Vienne. Depuis, sa superficie s'établit à 577 hectares.

Le plateau se développe à une altitude généralement comprise entre 75 et 90 m, le point culminant (101 m) étant observé au sud du territoire, en limite de Fontevraud-l'Abbaye. L'altitude de la vallée est d'une trentaine de mètres (minimum de 27 m au niveau du lit de la Loire en aval de Candes-Saint-Martin) et le dénivelé entre plateau et vallée est important et brutal, avec une pente moyenne de 15 % au niveau du bourg.

Hydrographie et hydrologie

Le confluent de la Vienne (en bas, eaux sombres) et de la Loire (en haut, eaux plus claires), depuis les hauteurs de Candes.

Candes-Saint-Martin est implantée au confluent de la Loire et de la Vienne, ou « bec de Vienne ». Malgré une tradition vivace qui veut que cette confluence se soit déplacée de plusieurs kilomètres vers l'amont au cours des siècles, il semble acquis que son emplacement est relativement stable au niveau de Candes-Saint-Martin, au moins pendant la période historique et que le cours de la Vienne est fixé depuis le Miocène. La différence de densité entre les eaux de la Vienne et de la Loire fait que les eaux du fleuve et de la rivière ne se mélangent pas immédiatement ; les eaux de la Vienne dessinent un « canal » le long de la rive gauche de la Loire. Ce phénomène, consigné depuis le centrale nucléaire de Chinon dont les eaux de refroidissement, partiellement rejetées dans le fleuve, provoquent une élévation de sa température qui n'est dissipée qu'en aval de Candes-Saint-Martin. Enfin, la pente plus forte de la Loire au niveau de la confluence (0,5 % contre 0,1 % pour la Vienne) contribue à rejeter vers la rive sud les eaux de la Vienne. À cet endroit, les débits moyens estimés sont de 450 .

Le régime de la Loire est observé à Montsoreau, commune limitrophe en aval de Candes-Saint-Martin, et celui de la Vienne à Chinon, à 14 km en amont de Candes-Saint-Martin. Le régime du fleuve, très irrégulier, est directement lié aux précipitations sur son grand bassin versant qui peuvent occasionner des montées importantes et rapides des eaux ; s'y ajoute, de manière plus saisonnière, la fonte des neiges du Massif central. Le fleuve lui-même évolue dans un lit mineur dont les contours sont très variables. La Vienne, quant à elle, est soumise à des crues hivernales dues au régime océanique des précipitations sur son bassin versant ; des pluviométries orageuses importantes au printemps ou en été peuvent également donner lieu à des variations brutales et importantes du débit. Ces dernières manifestent alors un caractère plus méditerranéen.

Le plateau est creusé de plusieurs talwegs, mais aucun d'entre eux ne recèle de cours d'eau. Seul le vallon des Rouères, au sud, est temporairement parcouru par un ruisseau alimenté par les eaux de ruissellement du plateau à la faveur de fortes pluies.

Trois zones humides ont été répertoriées sur la commune par la direction départementale des territoires (DDT) et le conseil départemental d'Indre-et-Loire : « le bocage du Véron », « Le Pré Clos » et « la vallée de la Loire de Mosnes à Candes-Saint-Martin »,.

Paysages naturels

Vignes et céréales sur le plateau.

Les bois et les taillis sont encore assez présents à Candes-Saint-Martin (près de 11 % de la surface communale en 1987) où ils occupent l'extrême sud de la commune avec les premiers massifs de la forêt de Fontevraud, les pentes des vallons secs à l'ouest et au sud, les pentes abruptes qui raccordent le plateau à la vallée de la Vienne et de la Loire ainsi qu'une partie du bec de Vienne où ils se mêlent aux boires de la Loire et de la Vienne ; dans ce secteur, il peut s'agir d'un boisement spontané ou de plantations de peupliers. L'agriculture trouve encore sa place sur le plateau entre les vallons et le rebord du coteau, où alternent céréales et vignes, les vergers ayant disparu dans les dernières décennies du .

Sur la rive droite de la Vienne, à la pointe du Véron, se trouvent les prairies naturelles de la commune ainsi que des pelouses rases d'une grande richesse botanique qui colonisent peu à peu les bancs de sable alluvionnaires progressivement apportés par la Loire et occupent l'espace laissé libre par les bois et les landes.

Climat

En 2010, le climat de la commune est de type climat océanique altéré, selon une étude du CNRS s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est dans une zone de transition entre le climat océanique et le climat océanique altéré et est dans la région climatique Moyenne vallée de la Loire, caractérisée par une bonne insolation (1 850 .

Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 12,4 amplitude thermique annuelle de 14,7 . Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, sur la commune de Savigny-en-Véron à 6 vol d'oiseau, est de 12,6 ,. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022.

Transport et voies de communication

Pont sur la Vienne.

L'époque où Candes-Saint-Martin était un port actif de la batellerie ligérienne est révolue. Les accès à la commune sont exclusivement routiers, avec la qui longe la rive sud de la Vienne et qui relie Chinon à Saumur en passant par Candes-Saint-Martin et la D 147 qui, depuis Candes, rallie au sud Loudun. La traversée du bourg de Candes par la D 751 s'avérant difficile et dangereuse en raison de l'étroitesse de la route et du trafic croissant, une déviation est ouverte en 1981 ; venant de l'est, elle évite le centre de Candes et rejoint au sud la route de Loudun. Au niveau de Candes-Saint-Martin, le franchissement de l'affluent viennois s'est longtemps effectué au moyen d'un bac, dont le bourg constituait le point de départ. Ce parcours permettait ainsi de rejoindre, via le bec de Vienne, la D 7 qui longe la rive gauche de la Loire. L'embarcation à fond plat candaise est remplacée par un pont en 1969. La traversée de la Loire peut se réaliser, depuis le début du Varennes-Montsoreau à un peu plus de deux kilomètres en aval de Candes.

Borne balisant la Via Sancti Martini.

Le sentier de grande randonnée 3 (GR3) qui suit la totalité du cours de la Loire, depuis le mont Gerbier de Jonc jusqu'à Guérande passe à Candes-Saint-Martin. Il en est de même pour la véloroute La Loire à vélo qui longe les bords du fleuve depuis Cuffy, dans le Cher, jusqu'à Saint-Brevin-les-Pins, en Loire-Atlantique. La Via Sancti Martini est un ensemble d'itinéraires reliant les lieux qui, en Europe, ont été marqués par le passage de Martin, de Szombathely en Hongrie où il est né, à Candes-Saint-Martin où il est mort, en passant par Amiens, Ligugé, Tours ou Trèves en Allemagne.

Aucune offre de transport en commun n'est disponible sur le territoire de Candes-Saint-Martin lui-même. Les habitants doivent se rendre à Chinon ou à Saumur pour accéder aux lignes d'autocars régulières des réseaux Touraine Fil vert (conseil départemental d'Indre-et-Loire) ou Anjoubus (conseil départemental de Maine-et-Loire).

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Histoire

Probable site pré- ou protohistorique

Les indices archéologiques permettant à ce jour d'attester d'une occupation humaine sur le site de Candes-Saint-Martin avant l'époque gallo-romaine sont rares : quelques silex et des meules néolithiques ainsi qu'un fragment de céramique de l'âge du fer. La rive droite de la Vienne, au niveau du bec de Vienne, est plus riche en vestiges du Néolithique (outils en silex) ou de l'âge du bronze (tessons de poteries, pointes de flèches en bronze). Ces vestiges ne se rencontrent cependant pas dans la zone de confluence de Candes-Saint-Martin, mais un peu plus en amont, sur la commune de Savigny-en-Véron. Il est possible que cette particularité soit due à ce que ces vestiges (tous découverts lors de prospections de surface) aient été, plus près du confluent, recouverts par des alluvions récentes.

Il est pourtant envisageable que le site, situé au carrefour des territoires des Andécaves, des Pictons et des Turons, comme en témoigne la survivance du toponyme Borne-des-Trois-Évêchés (A) qui matérialise une disposition géographique voire politique bien antérieure à l'ère chrétienne, ait été occupé dès la période laténienne au moins,. Ce point, probablement identifié à l'origine par un cippe en pierre déplacé, détruit ou remployé à une époque inconnue, matérialise la rencontre du territoire de trois communes : Candes-Saint-Martin (diocèse de Tours), Montsoreau (diocèse d'Angers) et Fontevraud-l'Abbaye (diocèse de Poitiers, maison-mère de l’ordre de Fontevraud jusqu'à la Révolution),. Ces limites diocésaines sont souvent héritées des frontières des territoires des peuples gaulois et des civitates gallo-romaines.

Agglomération antique et paroisse martinienne

Extrait de la table de Peutinger mentionnant Robrica.

Les textes anciens et les découvertes archéologiques montrent la présence sur le site de Candes-Saint-Martin d'une agglomération secondaire importante dès le début de l'Antiquité, mais dont les contours et l'organisation apparaissent difficiles à définir car elle est fort probablement enfouie sous la ville moderne et, plus à l'ouest, sous une partie du parc du château. L'hypothèse d'une agglomération s'étendant dès le courant du Haut-Empire le long de la Vienne depuis le parc de l'actuel château à l'ouest (pôle cultuel) jusqu'au récent parking à l'est (activités commerciales) est cependant posée.

Jean-Paul Lecompte suggère que Candes-Saint-Martin pourrait être Robrica — pour Romanorum briga, « la hauteur des Romains » —, station mentionnée sur la table de Peutinger entre Caesarodunum (Tours) et Juliomagus (Angers), jamais formellement identifiée, et pour laquelle de nombreuses hypothèses ont déjà été émises.

Vestiges archéologiques
Vestiges connus de Candes-Saint-Martin antique.
Traits verts : voies antiques attestées ou supposées.

Des fouilles réalisées en 1858 dans le parc du château (B) aboutissent à la découverte d'importantes structures antiques, des murs, des décors sculptés ainsi qu'une urne. Des observations complémentaires ont lieu jusqu'en 2005. S'il semble avéré que le site a été occupé dès la période augustéenne et jusqu'à la fin du haut Moyen Âge, les interprétations divergent quant à la fonction de ces bâtiments. Pour Charles de Grandmaison (1858), il s'agit d'un temple de style romain, peut-être celui que Martin détruisit au Gustave de Cougny (1867) y voit les vestiges d'une villa ; pour Jean-Paul Lecompte, auteur des observations les plus récentes (2002-2005), ce serait un ensemble cultuel monumental ou un forum.

L'aménagement d'un parking à l'est du bourg en 1999, au pied du coteau (C), a mis au jour des structures et du mobilier antiques (murs, monnaies, fragments de céramique, meule) mais les vestiges ont été détruits sans étude approfondie. Il est cependant possible qu'il se soit agi d'entrepôts en lien avec les activités commerciales de l'agglomération antique et l'aménagement de la berge située à proximité.

En 1996 puis en 1998, des pieux ont été vus dans le lit de la Vienne et perpendiculairement au cours de la rivière, au niveau de son confluent (D). Il semble qu'il y ait eu presque au même emplacement deux ponts de bois successifs, l'un construit de manière assez sommaire en

Vestiges du second pont antique.

Toujours dans le lit de la Vienne, mais parallèlement à son cours et le long de sa rive gauche, en amont des ponts antiques (E), des alignements de pieux équarris à l'herminette sont interprétés comme les vestiges d'un ponton ou d'un quai construit au début de notre ère. Le sol est remblayé avec des matériaux comprenant entre autres de nombreux fragments de poteries antiques et de tegulae,,.

Les indices permettant de reconstituer le réseau viaire de Candes-Saint-Martin (lignes vertes sur la carte Vestiges connus de Candes-Saint-Martin antique) sont ténus. Il est toutefois probable que l'agglomération était desservie par une voie longeant la rive gauche de la Vienne par Tavant et sa nécropole puis de la Loire de Chinon à Angers, — c'est non loin de cette voie qu'un a été mis en évidence (F) — ; celle-ci a pu être doublée sur la rive droite jusqu'au bec de Vienne par deux autres voies se raccordant, en suivant la Vienne d'une part et la Loire d'autre part, au grand itinéraire qui au sud de Tours se dirige vers Poitiers ; un dernier chemin, venant de Loudun par Fontevraud-l'Abbaye, aurait abouti aux ponts antiques de Candes.

Sources hagiographiques
La mort de saint Martin. Fresque de la crypte de la chapelle Saint-Martin à Assise, v. 1325.

Candes est, selon Grégoire de Tours, l'une des paroisses fondées par saint Martin, et Sulpice Sévère mentionne ce lieu à plusieurs reprises. Le terme de vicus employé par Sulpice Sévère semble indiquer qu'à cette époque une population sédentaire assez importante a été présente sur le site, ce qui, joint à un emplacement symbolique aux frontières du diocèse, explique également l'intérêt qu'avait Martin à évangéliser cette population,. L'époque précise à laquelle Martin fonde la paroisse de Candes n'est pas connue, peut-être vers 387, en même temps qu'il détruit un temple païen à proximité, ; selon une tradition, les premiers religieux qui s'installent dans le nouveau prieuré sont venus de Ligugé, à la demande de Martin, mais il est également possible qu'ils soient issus de Marmoutier. Une église, dédiée à saint Maurice et qui a pu renfermer des reliques de ce saint ou d'autres martyrs de la légion thébaine, est également construite. Son emplacement précis n'est pas certifié, probablement pas celui de la collégiale mais un peu plus au sud.

Au mois d'octobre 397, Martin vient à Candes régler un différend, d'une nature non précisée, entre des religieux,. Il a alors 81 ans environ, est très fatigué et sait que ce voyage peut lui être fatal. Sur place, il arrive à ramener la paix mais il est tellement affaibli que son retour n'est pas envisageable. Finalement, il décède le , dans un bâtiment à l'emplacement duquel sera peut-être ultérieurement construite une chapelle de l'église collégiale de Candes, . La mort de Martin est narrée par Sulpice Sévère dans une lettre à sa belle-mère Bassula,. Par contre, c'est Grégoire de Tours qui, deux siècles plus tard, raconte de manière détaillée le déroulement des heures et des jours qui suivent, « l'enlèvement » du corps de Martin par les Tourangeaux, le retour en barque sur la Loire vers Tours, l'été de la Saint-Martin puis les obsèques de l'évêque le , des scènes que n'évoque pas Sulpice Sévère.

Pèlerinage médiéval et ville close

Certains des sites attribués à l'époque antique restent utilisés, mais sous une autre forme, au haut Moyen Âge. À ce titre, au sein d'un même emplacement, l'expertise archéologique confirme l'élévation de sarcophages mérovingiens, faisant suite à un . D'autre part, des investigations de terrain effectuées sur un autre site ont également matérialisé l'existence de silos et d'aires de stockage accompagnées de tessons de poteries. L'ensemble de ces occurrences sont assignées pour le début du Moyen Âge. En cet endroit, les analyses du sous-sol confirment que les éléments médiévaux ont succédé à un étage archéologique constitué de poteries et de dolia du Haut-Empire. Le maintien d'une agglomération active, dont les contours semblent peu différents de la ville antique pour autant que les vestiges permettent de le définir, paraît assuré ; le stockage (et peut-être le séchage préalable) des grains en témoigne, comme la présence des sarcophages. Au cours du haut Moyen Âge, l'activité économique de la cité candaise se spécialise également dans le secteur artisanal de la céramique « peinte en bande ». De nombreux éléments céramologiques de ce type, découverts sous forme de tessons, ont été recueillis à Candes-Saint-Martin. La présence de ces artéfacts, au sein du site chinonais et plus en amont, tend à concrétiser l'existence d'une zone de production de céramique dans la basse vallée de la Vienne, de Châtellerault à Candes, sans qu'il soit possible d'affirmer que l'un des ateliers était situé à Candes.

Bien que les Normands remontent la Loire à plusieurs reprises dans la seconde moitié du ,, aucune source ne semble mentionner qu'ils s'en soient pris à Candes.

La collégiale Saint-Martin.
Candes au .

Après la mort de Martin, Candes devient vite un lieu où les pèlerins viennent se recueillir dans la cellule où il est mort, après avoir prié sur son tombeau à Tours; à partir du second millénaire, ils poursuivent parfois leur voyage vers Saint-Jacques-de-Compostelle. De nombreuses personnalités font le voyage à Candes, comme sainte Geneviève, les reines Clotilde et Radegonde, ou le roi Charles le Chauve qui inaugure ainsi une longue tradition chez les souverains français. Candes est également, vers le milieu du . Une église est mentionnée à proximité de la cellule de Martin à partir du milieu du cartulaire de l'abbaye de Bourgueil en 1053 et 1070. En 1175, l'ancienne église tombe en ruines et il est décidé de bâtir un vaste édifice en forme de croix latine qui englobe aussi l'ancienne cellule du saint ; c'est aussi à cette époque que la basilique Saint-Martin de Tours est remaniée, à l'apogée du culte de saint Martin en Touraine. Le chœur et le transept sont construits à la fin du nef dans la première moitié du alors que débutent les grands chantiers gothiques de la cathédrale Saint-Gatien de Tours et de l'église abbatiale de Marmoutier. De manière inexpliquée mais peut-être pour des raisons financières, les travaux semblent brutalement interrompus vers 1250, le décor du porche restant inachevé (statues à l'état de blocs équarris, clés de voûte brutes).

Au , la ville est close de murailles doublées, excepté sur le front de Vienne, par des fossés secs dont la rue de la Douve, la rue des Perrières (anciennement rue des Douves) et le sentier des Cavaliers reprennent le tracé ; quatre portes principales permettent d'y accéder, une à l'est (porte de Saint-Germain), une autre à l'ouest (porte de Montsoreau) — elles sont probablement franchies par la rue qui subsiste au même emplacement depuis l'Antiquité, actuelle route de Compostelle —, une au sud (porte de Torché ou de la Garnison) sur le chemin de Fontevraud et une au sud-ouest près de la tour l'Enfant, plus spécialement affectée à l'usage des châtelains ; une aquarelle de 1699 suggère qu'un accès supplémentaire, sur le front de Vienne, a pu déboucher sur un port mais le fait n'est pas archéologiquement attesté. L'existence d'un pont de bois permettant de franchir le fossé au niveau de la porte de Torché est certaine. Plusieurs poternes complètent certainement le dispositif,. Un cimetière prend place hors-les-murs, au sud-ouest et un pont sur la Vienne semble être mentionné à la fin du . Candes est en tout cas une ville importante qui dispose de sa propre juridiction présidée par un bailli et à laquelle sont accordés les droits de moyenne et basse justice ; le pouvoir ecclésiastique est exercé par un prévôt, une garnison est présente, de même qu'une capitainerie des gabelles.

Résidence des évêques et séjour des rois

Vue de Candes au XVIIe siècle montrant le château.

Le premier château fort, proche de l'enceinte de la ville ou relié à elle, endommagé pendant la guerre de Cent Ans est réparé à la fin du Robert de Lenoncourt qui le remplace par un château moins austère et plus conforme aux exigences en matière de confort. Cet édifice, dont la construction s'achève en 1525 sous l'épiscopat de Martin de Beaune, porte le nom de château Vieux ; il continue d'accueillir les archevêques et leurs invités. Au effectue plusieurs voyages à Saint-Martin de Candes ; avant lui, Philippe Auguste et Charles VII avaient effectué le même voyage, mais les raisons de tous ces déplacements royaux ne sont pas connues. En décembre 1473, Louis lettres patentes rédigées au Plessis du Parc-lès-Tours.

Les guerres de religion causent d'importants dommages à Candes : en 1562, les troupes de de Montgommery incendient le chartrier de la collégiale ; cette destruction est à l'origine d'une connaissance très lacunaire de l'histoire antique et surtout médiévale de Candes, presque tous les documents désormais disponibles étant postérieurs à 1562. Ils détruisent également une effigie en cire de Louis XI, cadeau du roi, qui était conservée dans l'église. En 1568, l'église elle-même est pillée et nombre de statues décorant le porche décapitées, ces mutilations toujours visibles étant souvent, à tort, attribuées à l'époque révolutionnaire.

En 1682, Michel Amelot de Gournay, archevêque de Tours, entreprend la construction, à l'ouest du château Vieux qui n'est pas détruit pour autant, d'une nouvelle résidence épiscopale qu'il veut plus confortable. Ce château, démoli un peu plus d'un siècle plus tard, n'a pas laissé de vestiges architecturaux et ne semble figurer — mais la représentation de l'édifice n'est peut-être pas très fidèle — que sur une aquarelle de la collection Gaignières en 1699.

Village de bateliers puis destination touristique

Révolution française
Vestiges de l'enceinte médiévale.

Dès 1779 et quatre ans seulement après sa nomination à la tête de l'archevêché de Tours, de Conzié demande au roi l'autorisation de vendre la résidence épiscopale du parc de Grandmont qui vient d'être rattaché au domaine archiépiscopal ; c'est chose faite en 1781. Le nouvel acquéreur s'empresse de détruire le château pour le reconstruire en 1820 un peu plus au sud — la terrasse du nouveau château est construite à l'emplacement de l'ancien logis démoli — ; ce nouvel édifice, baptisé château Neuf, est désormais une résidence privée. La vieille enceinte médiévale, déjà partiellement ruinée et considérée comme un symbole de l'Ancien Régime, est abattue dès 1789 et seuls quelques vestiges (portions de courtine, tours) subsistent, au sud de Candes-Saint-Martin comme sur le front de Vienne.

En 1791, les biens du chapitre sont saisis, les religieux dispersés et l'église fermée au culte. À ce moment, les revenus des chanoines avoisinent les 20 000 livres par an. L'un des chanoines ayant refusé de prêter serment à la Constitution civile du clergé, il est arrêté le et rejoint un convoi de près de 700 prisonniers royalistes transférés de Saumur à Bourges entre le 2 et le 17 décembre de la même année. Candes se ressent de la proximité de l'Anjou, où les soutiens aux royalistes sont puissants ; en 1793, cinq habitants sont arrêtés pour avoir hissé le drapeau blanc en haut de l'église et abattu l'arbre de la liberté et, la même année, le maire et cinq conseillers municipaux sont suspendus pour « conspiration contre la république ». En 1798, le curé de Candes est dénoncé comme « ennemi des institutions républicaines ». L'église est finalement rouverte en 1802 mais les 35 chapelles qui existaient jusqu'alors, réparties sur l'ancien territoire paroissial, sont désaffectées.

Apogée de la batellerie au | ]
Plaque indicatrice de distances fluviales depuis Candes.

C'est encore une fois la position particulière de Candes-Saint-Martin, au confluent d'une Loire navigable sur une grande partie de son cours et d'une Vienne que les bateaux peuvent remonter jusqu'à Châtellerault, qui fait du village un port important de la navigation fluviale comme en témoigne une plaque scellée dans un mur de l'ancien port et qui indique les distances de navigation sur la Loire, .

Demeure de Paul-Désiré Trouillebert.

Ce rôle, déjà attesté dans l'Antiquité, reste important tout au long de l'histoire du village et connaît son apogée après la Révolution : transitent par Candes les vins et les autres produits agricoles produits localement comme les poires tapées ou les pruneaux de Tours, la pierre de taille extraite des coteaux de la Loire ou l'ardoise angevine, le sel de Guérande et les poissons bretons, les céréales poitevines ; le transport fluvial des voyageurs est également actif. Les commerces liés à l'entretien et à la réparation des bateaux ainsi qu'au ravitaillement des mariniers de passage prospèrent aussi. L'avènement du chemin de fer, qui arrive à Tours depuis Paris en 1846, atteint Saumur en 1848 puis Nantes en 1851, ruine la batellerie de Loire ; les bateaux à vapeur disparaissent en 1863 et tout trafic commercial cesse sur cette portion de la Loire en 1913 avec un ultime chargement de tuffeau de Montsoreau à Chinon. Les bateliers candais, au lieu de transporter le vin de Touraine, se reconvertissent alors eux-mêmes dans sa production et arrivent à surmonter la crise du phylloxéra dans les dernières décennies du  ; d'autres activités, entièrement tributaires du transport fluvial comme l'exploitation des carrières de tuffeau cessent. La population de Candes, (750 habitants) sous Louis-Philippe, baisse alors dramatiquement (268 habitants en 1932). C'est, en contrepartie, également au Paul-Désiré Trouillebert, Albert Robida ou les frères Adolphe et Émile Rouargue viennent dans le village pour le peindre ou le dessiner ; ils s'y installent même parfois.

Candes-Saint-Martin aux | ]
Treuil de l'ancien bac et cabane du passeur.

Les anciennes carrières de tuffeau sont, un temps, réutilisées comme caves pour la production de champignon de couche, mais cette activité s'éteint au .

Les deux conflits mondiaux de 1914-1918 et 1939-1945 font respectivement dix et deux victimes dans la population masculine de Candes. Les 19 et , les Cadets de Saumur — plus de 600 élèves officiers de réserve de l'école de la Cavalerie et du Train de Saumur sous les ordres du colonel Charles Michon — participent à la défense de la Loire face à l'avancée de l'armée allemande, l'un de leurs postes étant installé sur les hauteurs de Candes ; des éléments du de cuirassiers interviennent également, depuis Candes, dans la défense des ponts sur la Loire sur ce secteur.

L'époque à laquelle un bac est utilisé pour la première fois pour traverser la Vienne à Candes n'est pas connue, mais cette pratique date au moins de la fin du . À partir du mais, en 1966, alors que la décision de construire un pont est déjà prise car le trafic croissant l'impose, le bac de Candes, à bout de souffle, doit être retiré du service sans attendre l'ouverture du pont qui n'intervient que trois ans plus tard, marquant un tournant dans le réseau des voies de communication candaises.

Activités de loisirs à Candes-Saint-Martin.

Depuis 1959, l'église de Candes ne possède plus de desservant attitré. Un prêtre officie pour l'ensemble des communes de la paroisse Sainte-Jeanne-d'Arc dont fait partie la commune. Sur place toutefois, des séminaristes et des prêtres de la communauté Saint-Martin participent à la liturgie.

Aux . Ceci se traduit également par l'adhésion du village à l'association des Plus Beaux Villages de France, comme 153 autres communes françaises, ainsi que par la participation de la commune à l'édition 2016 de l'émission de télévision française Le Village préféré des Français sur France 2, aux côtés de douze autres villages français, Candes-Saint-Martin représentant la région Centre-Val de Loire. Le risque d'un village réduit à l'état de musée, au détriment de la vie locale, est pourtant évoqué.

Quelques dates de l'histoire de Candes-Saint-Martin.

Quelques dates de l'histoire de France et de la Touraine
Histoire politique et religieuse de Candes-Saint-Martin Histoire architecturale de Candes-Saint-Martin


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Héraldique

Blason
De gueules à un château de trois tours couvertes d'or, pavillonnées et girouettées de même, ouvert du champ et ajouré de sable.
Détails
Le statut officiel du blason reste à déterminer.
  1. «  », sur L'Armorial des villes et des villages de France (consulté le ).

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Candes-Saint-Martin dans la littérature

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1838 autres localités pour Centre-Val de Loire

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Dokument erstellt 03/01/2018, zuletzt geändert 30/10/2024
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