Glomel

Localisation

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Glomel : descriptif

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Glomel

Glomel [glɔmɛl] est une commune française située dans le département des Côtes-d'Armor, au cœur de l'Argoat, en région Bretagne

Elle fait partie du pays Fisel et est la capitale de la treujenn-gaol, c’est-à-dire la clarinette populaire jouée en Centre-Bretagne

La commune englobe son ancienne trève de Trégornan qu'elle a annexée à la Révolution

La commune abrite enfin la mine de Guerphelès, plus grand site minier d'extraction d'andalousite européen. Ses habitants sont les Glomelois et les Glomeloises.

Géographie

Situation

Glomel est une commune rurale située dans l'extrême sud-ouest des Côtes-d'Armor et limitrophe au sud du département du Morbihan qui fait partie du territoire breton traditionnel du pays Fisel. Par sa superficie, elle se classait au deuxième rang des communes les plus étendues du département, derrière Loudéac avant la création de la commune de Le Mené.

Le bourg de Glomel est situé à l'ouest de Pontivy (36,1 ), au sud-ouest de Guingamp (42,0 ), au nord de Lorient (53,1 ), au sud-ouest de Saint-Brieuc (56,4 ), sa préfecture de rattachement, à l'ouest de Rennes (128,0 ) et à l'ouest de Paris (428,4 ).

Communes limitrophes de Glomel
Paule Maël-Carhaix Kergrist-Moëlou
Paule Glomel Rostrenen
Langonnet Plouray Mellionnec

Relief et hydrographie

La commune est très vallonnée et ses hauteurs constituent l'extrémité orientale des montagnes Noires. La colline de Menez Du culmine à 307 mètres et constitue le point le plus élevé de la commune. Le point le plus bas de la commune est situé à l'extrémité nord-ouest de celle-ci (canal de Nantes à Brest au lieu-dit Kerdelen ). Le bourg est situé sur une colline à une altitude de 240 mètres.

Plusieurs étangs, destinés à alimenter en eau le canal de Nantes à Brest , parsèment le territoire communal : l'étang du Coronc (Korong), l'étang de Mezouët et l'étang de Trébel sont les trois principaux ; ils sont alimentés pour les deux premiers cités par le ruisseau de Kerjean, qui a sa source dans la commune voisine de Langonnet. Le ruisseau de Coat-Couraval, qui a sa sa source au nord-ouest du château éponyme, alimente un petit étang (étang de Coat-Couraval), de même que l'un de ses petits affluents, qui alimente le petit étang de Botcanou, et le rejoint ou plutôt confluait avec lui au niveau du lieu-dit Pont-Auffret (en Rostrenen) car le ruisseau de Kerjean a en fait disparu en aval de l'étang du Coronc, intégré dans le canal de Nantes à Brest ; c'était un affluent du Doré, donc un sous-affluent du Blavet ; l'étang de Trébel est alimenté en eau par un affluent du ruisseau de Kerjean, le ruisseau du Petit Doré, venant de la partie sud-ouest du finage de Rostrenen. L'étang de Créharer est situé juste à l'ouest de la "Grande Tranchée" : outre son rôle pour l'alimentation en eau de la partie du canal allant vers l'ouest, il est devenu un lieu abritant de nombreuses espèces faunistiques et floristiques, par exemple le trèfle d'eau, qui a la particularité de progresser à la surface de l'eau grâce à l'eau contenue dans ses tiges (on parle de "plante hydropionnière") ; elle constitue un espace propice à la reproduction des libellules, un espace de nidification pour les oiseaux d'eau et un refuge pour de nombreuses espèces de poissons. Cet étang abrite aussi désormais la base nautique de Créharer.

Quelques autres étangs plus petits, existent dans la partie sud de la commune, aux alentours de Guerphalès et le Faouédic, liés à l'exploitation de l'andalousite dans le mine de Guerphalès pour l'un d'entre eux.

Glomel est sur la ligne de partage des eaux entre le bassin versant du Blavet et celui de l'Ellé (un fleuve côtier qui avec l'Isole forme la Laïta en aval de Quimperlé), qui a sa source sur le territoire de la commune près du château de Trégarantec, et draine le sud de la commune. L'Ellé reçoit les eaux du ruisseau de Crazius (qui alimente lui aussi deux petits étangs dans la réserve naturelle des Landes de Lann Bern et de Magoar-Penvern, avant de se diriger vers le sud) ; le ruisseau de Roz Millet, affluent de rive droite du ruisseau de Crazius, forme un temps la limite sud de la commune, la séparant de Langonnet ; leur point de confluence est l'endroit le plus au sud du territoire communal de Glomel.

Carte de Cassini de la région de Glomel dantant de 1787 (donc avant la construction du Canal de Nantes à Brest).

La partie ouest de la commune, notamment l'escalier d'écluses, fait partie du bassin versant de l'Hyères, affluent de rive gauche de l'Aulne, via un affluent de rive droite de l'Hyères, le ruisseau de Kergoat, qui a lui aussi disparu, intégré dans le canal de Nantes à Brest, comme le montre la carte de Cassini dessinée avant la construction du canal.

Transports

L'ancien canal de Nantes à Brest traverse la commune. Il y atteint l'altitude la plus élevée de son parcours, 184 mètres, au niveau d'un tronçon appelé la « Grande Tranchée » reliant les bassins versants de l'Aulne et du Blavet. On dénombre sur la seule commune de Glomel 27 écluses sur les 236 écluses qui existaient sur l'ensemble du tracé du canal de Nantes à Brest.

Les écluses du canal de Nantes à Brest au niveau de la commune de Glomel

Glomel est traversée par la RD 3, tronçon de l'axe routier traditionnel Quimper-Gourin-Rostrenen-Saint-Brieuc, qui porte ce numéro dans le cadre des routes départementales des Côtes-d'Armor (mais qui est la RD 1 dans le Morbihan (entre Gourin et Roudouallec) et la RD 15 dans le Finistère (entre Rouduallec et Quimper).

Géologie

Andalousite de Glomel (musée René Métairie de Scaër).

Le plus grand gisement européen de kerphalite (nom donné localement à l'andalousite) est exploité à Kerphalès (Guerphalès) en Glomel. Il s'agit d'une mine à ciel ouvert dont l'exploitation a débuté en 1970. Il représente 20 % de la production mondiale (près d'1 million de tonnes extraits chaque année). 80 % de la production est exportée dans le monde.

C'est le seul site d'extraction d'andalousite situé en Europe ; il est exploité par l'entreprise "Imerys" qui souhaite ouvrir un quatrième puits d'extraction afin de prolonger l'exploitation jusqu'en 2042 (sinon la fermeture est prévue en 2033) ; ce projet de poursuite d'exploitation divise la population : certains y sont favorables, au nom de la défense de l'emploi (120 emplois environ), d'autres s'y opposent, reprochant à l'exploitant les poussières liées aux tirs d'explosifs, la pollution de l'eau (les polluants s'accumulent dans l'étang du Crazius situé à proximité de la carrière et l'eau de cet étang s'écoule ensuite dans l'Ellé) ; le maire Thierry Troël a décidé de ne pas se représenter aux élections municipales de 2023.

Climat

Le climat qui caractérise la commune est qualifié, en 2010, de « climat océanique franc », selon la typologie des climats de la France qui compte alors huit grands types de climats en métropole. En 2020, la commune ressort du type « climat océanique » dans la classification établie par Météo-France, qui ne compte désormais, en première approche, que cinq grands types de climats en métropole. Ce type de climat se traduit par des températures douces et une pluviométrie relativement abondante (en liaison avec les perturbations venant de l'Atlantique), répartie tout au long de l'année avec un léger maximum d'octobre à février.

Les paramètres climatiques qui ont permis d’établir la typologie de 2010 comportent six variables pour les températures et huit pour les précipitations, dont les valeurs correspondent à la normale 1971-2000. Les sept principales variables caractérisant la commune sont présentées dans l'encadré ci-après.

Paramètres climatiques communaux sur la période 1971-2000

  • Moyenne annuelle de température : 10,5 °C
  • Nombre de jours avec une température inférieure à −5 °C : 1,5 j
  • Nombre de jours avec une température supérieure à 30 °C : 1,4 j
  • Amplitude thermique annuelle : 12 °C
  • Cumuls annuels de précipitation : 1 133 mm
  • Nombre de jours de précipitation en janvier : 16,2 j
  • Nombre de jours de précipitation en juillet : 8,3 j

Avec le changement climatique, ces variables ont évolué. Une étude réalisée en 2014 par la Direction générale de l'Énergie et du Climat complétée par des études régionales prévoit en effet que la température moyenne devrait croître et la pluviométrie moyenne baisser, avec toutefois de fortes variations régionales. Ces changements peuvent être constatés sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « Rostrenen », sur la commune de Rostrenen, mise en service en 1954 et qui se trouve à 6 vol d'oiseau,, où la température moyenne annuelle est de 10,7 . Sur la station météorologique historique la plus proche, « Lorient-Lann Bihoue », sur la commune de Quéven, dans le département du Morbihan, mise en service en 1952 et à 48 , la température moyenne annuelle évolue de 11,6  à 12 , puis à 12,2 .

Selon une étude faite pour l'année 1877 par le docteur Alfred Fouquet, parmi les 22 stations météorologiques du département du Morbihan prises en compte, c'est celle de Glomel qui a enregistré le maximum de pluviosité ( 1 493 mm) et le plus grand nombre de jours de pluie (208).

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  7. D'après un panneau d'information touristique situé sur place.
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Toponymie

Le nom de la localité est attesté sous les formes Glomael en 1295, 1330, 1347 et en 1407, Grovel en 1451, Glomael en 1516, Glomel en 1535 et en 1536.

Selon Bernard Tanguy, Glomel viendrait du vieux breton gloeu (brillant) et mael (chef, éminence). Une autre attestation se basant sur l'orthographie Gronvel de 1451 la fait dériver du celte crom (courbe, colline) et uel (belle).

Le nom de la commune est Groñvel en breton.

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Histoire

Préhistoire et Antiquité

Le territoire de la commune est occupé dès le Néolithique comme l'atteste l'érection des menhirs de Glomel et de Coat-Couraval ainsi que celle d'un dolmen détruit en 1859.

Les sources qui alimentait l'aqueduc de Vorgium (Carhaix) ont été ennoyées sous le plan d'eau de Créharer aménagé lors de la construction du Canal de Nantes à Brest,.

La voie romaine de Darioritum (Vannes) à Vorgium (Carhaix) traverse le finage de Glomel, passant par les lieux-dits actuels Le Loch et Saint-Conogan, par une des avenues du parc du château de Kersaint-Eloy, puis vers l'ouest se confond avec la route menant à Gourin ; des monnaies romaines ainsi que des tuiles et poteries vernissées ont été trouvées près de Kersaint-Eloy.

Moyen Âge

Glomel est une ancienne paroisse de l'Armorique primitive (qui a peut-être fait partie originellement de la paroisse de Plévin), qui était sous le patronage de saint Germain d'Auxerre.

La paroisse de Glomel est citée pour la première fois en 1295 ; elle dépendait de l'évêché de Cornouaille.

La vaste châtellenie de Glomel s'étendait sur les paroisses de Kergrist-Moëlou, Plouguernevel, Paule, Plévin , Motreff , Maël-Carhaix, Plouguer, etc.. Elle dépendait de la baronnie de Rostrenen.

Époque moderne

En 1690, François-Henri de Rougé, seigneur de Glomel, Mezle, Kerjan (en Paule), Paule, Moëlou, Kervilio et autres lieux demande et obtient du roi Louis XIV que sa terre de Glomel, qui contenait les fiefs de Mezle, Kerjan et Paule, sur lesquels il dispose du droit de haute justice, puisse organiser « parce qu’elle est sittuée dans un pays fertille en grains, bestiaux et autres marchandises, et plus fort, peuplé d’habittans marchands et artisans qui font un négosse fort considérable » quatre foires annuelles et un marché chaque jeudi et pour cela le droit « à faire bastir halles, bancs estaux nécessaire pour le couvert et surettés des marchandises, et percevoir les droits qui seront pour eux deubs suivant les uz et coustume ».

Sylvie de Rison, apporta en dot lors de son mariage célébré le le château et l'ensemble de la propriété de Ker-Saint-Éloy à Charles-René de Kerampuil. Depuis cette date, Ker-Saint-Éloy appartient à la famille de Saisy de Kerampuil.

Des réfugiés irlandais ont trouvé refuge en Bretagne au .

En 1753 Vincent Mahé, un complice de Marion du Faouët, fut arrêté à Glomel, accusé notamment d'« avoir pris un pain blanc de trois sols et une paire de galettes » chez Michel Feuillat, marchand de petites denrées et autres au bourg de Glomel et « une vieille couëtte et huit écheveaux de fil » chez Lhopital, « laboureur de terre au lieu-dit de Saint-Éloy » ; il parvint à s'évader de la prison de Glomel, mais fut repris et transféré à Quimper d'où il s'évada aussi ; il fut quand même jugé par contumace et pendu en effigie.

Jean-Baptiste Ogée décrit ainsi Glomel en 1778 :

« Glomel, sur une hauteur, à treize lieues et demi à l'est-nord-est de Quimper, son évêché ; à seize lieues et demie de Rennes et à quatre lieues de Corlay, sa subdélégation. Cette paroisse relève du Roi et ressortit à Carhaix. On y compte, y compris ceux de Saint-Michel et de Trégornan, ses trèves, 3 600 communiants. La cure est présentée par le chapitre de Quimper. Son territoire renferme un grand nombre de montagnes [en fait des collines], et plusieurs étangs, qui sont une partie de la source de la rivière de Blavet. Les terres y sont fertiles et produisent d'abondantes récoltes ; mais on y voit beaucoup de landes. Ses maisons nobles sont Glomel, Melpot et Kerjean, annexés, haute justice ; la baronnie de Rostrenen, à Madame la duchesse d'Elbeuf, seigneur de la paroisse. Le château de Ker-Saint-Éloy, à Madame de Séfi de Kerempul [en fait Saisy de Kerampuil] ; Saint-Perron [en fait Saint-Péran] et le Bodeno [en fait Botdennou]. »

Révolution française

La paroisse de Glomel est érigée en commune en 1790 et annexe les territoires de ses deux anciennes trèves : Trégornan et Saint-Michel.

François Donniou était recteur de Glomel lorsque se déclencha la Révolution française : bien que non jureur, il resta discrètement dans sa paroisse et y mourut sans être véritablement inquiété. Deux prêtres de la paroisse qui refusèrent de prêter le serment de fidélité à la Constitution civile du clergé furent inquiétés : Jean Julien, originaire de Sainte-Tréphine fut déporté en Espagne et mourut à Saintes pendant son retour le et Jean-Guillaume Prigent, vicaire, originaire de Plouguernével, fut lui aussi d'abord déporté en Espagne, mais après son retour, il fut à nouveau arrêté et déporté en Guyane sur un vaisseau, la Décade en 1799 et 1800, avant de pouvoir rentrer en France.

En décembre 1799 des Chouans cantonnèrent dans la commune, près de Lan-Bern. François Bréban, dit "Le Hardi", de Kergonan, négociant et marchand de bois, fut capitaine chouan pour la paroisse de Plouay.

Le | ]

Glomel dans la première moitié du | ]

La région de Glomel est ainsi décrite en 1829 : « Lorsque pour la première fois, les ingénieurs de rendirent à Glomel pour préparer les travaux [de construction du canal de Nantes à Brest], ils s'accordèrent à comparer la Bretagne à la Sibérie, des mœurs sauvages comme l'est le pays, des chemins impraticables, des maisons de bourg obstruées par des tas de fumier infects (...). Pas un objet de plus que la commune nécessité. Le pain le plus usuel, les légumes les plus grossiers étaient un luxe inconnu, l'agriculture pauvre, l'industrie nulle et la misère plus que générale ».

Emmanuel Josph deSaisy, maire de Glomel depuis 1816, cessa de l'être en 1930 car, légitimiste, il s'opposa à la monarchie de Juillet ; qualifié de chef chouan (guerre de Vendée et Chouannerie de 1832), il fut même arrêté un temps en 1831. En mai 1831 « quarente chouans, en partie déserteurs de Glomel, ont été pris, ainsi que leur chef, par un détachement de soixante hommes de la garde nationale de Rostrenen à Saint-Caradec-Glomel, au moment où ils achevaient une barrique de cidre ; c'est le cultivateur chez qui ils se délectaient qui a profité de leur joyeux abandon pour en donner avis à l'autorité ».

A. Marteville et P. Varin, continuateurs d'Ogée, décrivent ainsi Glomel en 1843 :

« Glomel, commune formée par l'ancienne paroisse du même nom, y compris ses trèves Saint-Michel et Trégornan ; aujourd'hui succursale ; chef-lieu de perception. (...) Principaux villages : Querangal, Kermarquer, Keranflec, Coatrennec, Goas-an-Morau, le Croasty, Kermapjean, Trével, Kerien, Kerguiniou, Kerbidam, Kerviguen, Guermeur, Kerphales, Crazius, château de Ker-Saint-Éloy, Kerbiguet, Guennevan, le Guiouer, Restauffret, Cluzioudonne, Botsay, le Merdy, Locorvé, Kermaptanguellou, Kermarec, Quinquis-en-Lez, Restoleberrs, Botcanou, Sainte-Christine, la Ville-Blanche, Hilars, Kerstol. Maisons remarquables : château de Saint-Péran, de Coat-Couraval. Superficie totale : 8 400 hectares dont (...) terres labourables 4 141 ha, prés et pâtures 1 040 ha, bois 288 ha, vergers et jardins 160 ha, canaux de navigation 111 ha, landes et incultes 2 198 ha, étangs 60 ha (...). Moulins : 11 (deux de Saint-Péran, du Coroncq, de Crazius, de Kerjean, Grand-Moulin, de Botcanou, à eau). Trégornan, une ancienne trève, a encore aujourd'hui un desservant ; il y a encore, outre cette église et celle du bourg, les chapelles de Saint-Conogan, Saint-Quay et Sainte-Christine. (...). Il y a foire le 3 mai et le 6 décembre. Géologie : Glomel est sur roches amphiboliques, Trégornan est sur granite. Au sud-ouest schistes maclifères, schistes argileux et roches amphiboliques ; granite à l'est. On parle le breton »

La construction de la tranchée de Glomel et les bagnards
La maison éclusière du Minguen (écluse no 166 du Canal de Nantes à Brest) : date de construction inscrite au-dessus de la porte d'entrée.

La construction du canal de Nantes à Brest a nécessité le creusement d'une tranchée longue de 3,2 bassins versants du Blavet et de l'Aulne et franchir ce seuil à 207 mètres au-dessus du niveau de la mer situé à l'extrémité orientale des Montagnes Noires ; les travaux durèrent 9 ans, de 1823 à 1832 et furent effectués en partie par 4 000 bagnards, qui transportèrent la terre dans des charrettes, mais aussi parfois à dos d'hommes, et qui vécurent dans des baraquements provisoires implantés en pleine nature, surveillés par une cinquantaine de gendarmes et encadrés par une trentaine de responsables administratifs et techniques, ce qui permit d'abaisser à 187 mètres d'altitude la hauteur maximale franchie par le canal ; un barrage permit l'agrandissement de l'étang du Coronc (Korang) qui retient 3 . Une quinzaine d'écluses, formant de véritables escaliers d'écluses, ont dû être construites entre la Grande Tranchée et le hameau de Lansalaün (en Paule) distant de 4 dénivelé existant.

La Grande Tranchée de Glomel (photographie de J. Duclos prise entre 1890 et 1895).
Plan du bief de partage des eaux (Glomel, Canal de Nantes à Brest, 1898).

La mise à adjudication de cette « coupure de la ligne de partage » est ouverte début 1823. Il s'agit du lot Ponts et chaussées par l'armée. La construction du camp qui va les héberger, un rectangle de bois et de terre, couvert de chaume, débute en sur un terrain plus sec, situé à égale distance des deux extrémités de la future tranchée. Cette clause, l'appel aux condamnés, refroidit plus d’un entrepreneur. Charles Beslay, père, entrepreneur à Dinan, a déjà utilisé des prisonniers espagnols sur un tronçon du canal d'Ille-et-Rance. Il n'en garde pas un souvenir ineffable. Il s'arrange pour laisser son fils Charles obtenir l’adjudication du marché. Quand ce jeune homme de 28 ans s’amène à cheval à Glomel, les bagnards sont déjà sur place et des émeutes ont déjà eu lieu. Il prend le chantier en main en obtenant rapidement leur confiance.

Les condamnés venaient de plusieurs régions militaires, Bretagne exceptée, sans doute pour éviter les connivences locales en cas d'évasion. Certains avaient déjà travaillé sur des chantiers identiques sur les coupures de ligne de partage du canal du Berry ou du canal de Niort à La Rochelle. Ils ont été condamnés aux travaux forcés pour des peines allant de 3 à 9 ans. Tous militaires, ils sont déjà passés en conseil de guerre. On y trouve des déserteurs opposés à l'expédition d’Espagne, des objecteurs à la conscription, des bonapartistes convaincus refusant de servir la royauté, des « retardataires » (arrivés en retard au régiment), mais aussi, bien évidemment, des fortes têtes ayant fait le coup de poing contre leurs supérieurs. En cas de récidive ou de faute grave, c'est au bagne de Brest qu’on les amène pour être à nouveau jugés. Même s’ils n’ont ni chaînes, ni boulets, ils sont malgré tout, quelque part, les cousins des galériens du roi, puis, ces galères supprimées au milieu du Brest, Rochefort, Toulon) qui subsistèrent jusqu'au milieu du XIXe siècle.

Leur nombre va constamment varier au cours des 9 ans de présence à Glomel, allant de 300 à 650. Grâces royales (deux fois par an), évasions, séjours à l’infirmerie, construite à même les baraquements, et à l’hôpital militaire, aménagé dans l'ancien château de Rostrenen, vont ponctuer la vie au camp. Charles Beslay commence par responsabiliser ses hommes en les organisant en escouades de treize individus. Chaque escouade élit librement son chef. Le travail consiste à creuser à coups de pioche puis à ramener la terre avec des brouettes sur les zones de remblais. Des charretiers du pays, à l’aide de tombereaux tirés par deux chevaux, s’occupent aussi de sortir les remblais. Il y en aura jusqu'à 25. Ils vont devenir les principaux contacts des bagnards avec le monde extérieur. C’est par eux que transitent nouvelles, chapardages (habits, souliers et couvertures), ainsi que les petits trafics quotidiens.

Au début du chantier, avant l'arrivée de Beslay, les bagnards sont payés à l'identique des ouvriers libres, soit 1 franc la journée. L’entrepreneur, décide de les rémunérer au volume déblayé, ce qui les encourage au travail et dissuade les évasions. L'administration des Ponts et Chaussées gère l'intendance du camp. Elle prélève les deux tiers des gains pour ses frais fixes : hébergement, habillement et nourriture des condamnés. Les concierges (de 1 à 3 selon les périodes) tiennent les cantines libres, ouvertes après le travail. Ils y vendent boissons alcoolisées (bière, cidre et vin), tabac, et complément de nourriture. Ce qui reste de la paye des condamnés passe vite dans la poche des concierges.

La « Grande Tranchée » de Glomel.

Les 54 gendarmes affectés à la surveillance des bagnards logent dans le même baraquement. Plus d'une fois, ils vont être débordés : dès 1823, une première révolte survient. Le paludisme, appelé alors « fièvre intermittente », va décimer leurs rangs. En , en écho aux Trois Glorieuses qui, à Paris, vient de changer la donne politique, ils seront impuissants à empêcher l’évasion massive des 550 bagnards présents au camp. Les principales autorités concernées par ce bagne, armée, Ponts et chaussées, préfet, maire, entrepreneur, confrontées à des intérêts différents, vont alors se retrouver dans la tourmente des complots et chausse-trappes politiques.

Lors de la grande évasion d' consécutive aux Journées de juillet 1830, où 250 bagnards marchèrent sur Pontivy, ils sont le sur les hauteurs de Talvern en Malguénac ; une délégation dirigée par Charles Beslay négocie le retrait des mutins affamés en échange de vivres et contre la promesse d'une augmentation de salaire et d'une meilleure nourriture : à sa demande, le ministre de la Guerre accorde la grâce à tous les condamnés. Ce même Charles Beslay, élu député de la circonscription de Pontivy en 1831 et réélu en 1834, devint bien plus tard, en 1871, à 76 ans, doyen de la Commune de Paris.

Bref récit d'une émeute dans le camp de prisonniers de Glomel (extrait du journal Le Courrier français du ).

Une fausse alerte au choléra signe, en , la fin du bagne. Le camp, gangrené par la boue et l’humidité du climat, est devenu un vrai cloaque en proie aux maladies épidémiques. La tranchée sera terminée par des ouvriers libres et il faudra attendre encore 10 ans pour que la première péniche puisse traverser la lande Péran.

Cette ville artificielle, le camp, n'aura pas duré 10 ans, mais elle aura apporté une réelle embellie économique à la Bretagne intérieure, décrite en ce début du Vauban, qui avait été le premier à imaginer la construction de ce canal : une fois construit, la « Perfide Albion » n’a plus jamais attaqué la France. Aujourd'hui le canal, au lieu de servir de repoussoir, s'est plutôt transformé en attrait pour nos amis Britanniques...

Le bourg de Glomel connut un développement important pendant les travaux : « de rustiques logis, couverts de chaume, y furent édifiés pour abriter les services centraux de l'administration et de l'entreprise, ainsi que Beslay, ses principaux auxiliaires et les ingénieurs des Ponts et Chaussées, tous frais émoulus des écoles. Ces jeunes gens, ainsi perdus en pleine brousse et sans distraction aucune, ne tardèrent pas à sentir la nostalgie de la capitale ». Pour les distraire, Charles Beslay parvint à faire venir à Glomel pendant quelques semaines la célèbre actrice Virginie Déjazet, «  qui partagea la table et le logis de ces messieurs au grand scandale de la population locale. Le scandale fut tel que, lorsque les chaumières qui les avaient abritées disparurent en 1902, on n'en conserva pas moins au quartier où ces bâtissent s'élevaient le nom de la "Cour Beslay" ».

Glomel dans la seconde moitié du | ]

Frank Davies décrit une chasse aux loups, dirigée par le comte de Saint-Prix, qui se termina entre Treffrin et Glomel dans le chapitre 21, intitulé "Un loup à trois pattes", de son livre "Chasse aux loups et autres chasses en Bretagne". Une autre chasse aux loups qui se déroula en 1852 dans le Bois de Glomel est décrite dans le Journal des débats politiques et littéraires.

L'épidémie de choléra de novembre 1856 frappa à Glomel 389 personnes (sur 3 322 habitants), dont 87 moururent. Le Journal des débats politiques et littéraires écrit : « L'épidémie continue à sévir avec la même intensité (...) ; les communes de Maël-Carhaix, Paule, Le Moustier [Le Moustoir] et Glomel sont principalement atteintes (...). Jusqu'ici nos Bretons se traitaient à leur guise et combattaient la dysenterie en absorbant du vin et de l'eau-de-vie qu'ils faisaient chauffer, et en n'observant absolument aucune diète ».

En 1862, Glomel avait une école de garçons comptant 50 élèves.

Le comte Emmanuel de Saisy, chevalier de la Légion d'honneur, garde du corps du roi, conseiller général, démissionna en 1852, refusant de prêter serment de fidélité à Napoléon III. Joachim Gaultier du Mottay écrit en 1862 que le comte de Saisy « a trop fait en vue de développer le progrès agricole dans son pays pour que nous ne rapportions pas ici ses efforts et les immenses défrichemements auxquels il s'est livré ». Son oraison funèbre, prononcée le en l'église paroissiale par l'abbé J. Le Graët, supérieur du séminaire de Plouguernevel, a été publiée. Il était le fils d'Emmanuel Joseph de Saizy, maire de Glomel entre 1816 et 1830, et le père d'Hervé de Saisy de Kerampuil, maire de Glomel à trois reprises entre 1871 et 1888, député, puis sénateur. Paul de Saisy, frère d'Hervé de Saisy, fut l'un des quatre commandants des zouaves pontificaux à Rome entre 1860 et 1867, puis colonel des mobiles de Guingamp. Cette branche de la famille de Saisy de Kerampuil habitait le château de Ker-Saint-Éloy.

Le | ]

La Belle Époque
Notice nécrologique d'Hervé de Saisy de Kerampuil publiée dans le journal La Dépêche de Brest et de l'Ouest le .

Gustave Geffroy décrit ainsi le bourg de Glomel en 1905 : « [Le] bourg de Glomel (...) [est] fait de quelques ruelles et d'une longue et large rue où les maisons vont à la débandade. Ces maisons, bâties en pierres et recouvertes d'ardoises, ont un aspect tranquille (...). Le point central groupe quelques boutiques de petits commerçants : épicerie, mercerie, tabac, boulangerie ».

Le même auteur décrit aussi la campagne avoisinante, « ses haies d'arbres, (...) ses habitations basses ensevelies dans le feuillage, entourées de meules de sarrasin, de tas de fumier. L'air salubre court partout, dispersé les odeurs, les coups de vent balaient l'espace sans se heurter à aucun obstacle. (...) Çà et là on aperçoit, émergeant de la verdure, des toits de châteaux : Saint-Péran, Coatcouraval, Bodennou, Kersaint-Éloy ».

Il décrit aussi une ferme du hameau du Menhir : « L'unique chambre, où le sol battu sert de plancher et où picorent des poules, abrite une famille assez nombreuse, car il y a trois lits clos à double étage et un autre lit découvert auprès de trois huches à pain. La vaste cheminée est garnie d'une énorme pierre de taille qui sert de foyer, et garnie aussi de quartiers de lard et d'andouilles. Aux portes du plafond, d'autres morceaux de lard, des vessies de saindoux , des bannette ou corbeilles à pain et une planche à pain (...). Le tout est éclairé par deux petites croisées d'environ un mètre carré. Aux murs blanchis à la chaux, des images, quelques photographies, une communicante, une mariée, un marin, les portraits de ceux qui ne sont plus ou qui sont partis au loin, le résumé d'humbles existences. Une croix avec du buis, un petit bénitier colorié, accrochés aux lits clos. Le reste, c'est la table avec les bancs en bois épais, un porte-cuillers. (...) L'homme à la culotte bouffante [bragoù bras], le gilet croisé, le petit chapeau rond ; les femmes, la petite coiffe en serre-tête, la jupe de droguet ».

Le l'inventaire des biens d'église s'effectua sans incidents à Glomel, aisi qu'aux églises anciennement tréviales de Saint-Michel et Trégornan. Des émeutes et barricades avaient empêché une tentative antérieure.

La mise en service du téléphone à Glomel date du

La Première Guerre mondiale
Le monument aux morts de Glomel

Le monument aux morts de Glomel porte les noms de 35 soldats morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale ; parmi eux, un (Pierre Panele) est mort sur le front belge, un (François Gloaguen) est mort à Salonique (Grèce) lors de l'expédition de Salonique, les autres (dont Pierre Le Menec, décoré de la Médaille militaire) sont décédés sur le sol français.

L'Entre-deux-guerres
Glomel : le Monument aux morts et l'Auberge du Cheval Blanc (carte postale Émile Hamonic).

Glomel présente la particularité d'avoir quatre monuments aux morts : trois monuments républicains, mais ayant aussi des symboles religieux dans le bourg de Glomel aisi qu'à Saint-Michel et Trégornan, et un dans l'église Saint-Germain, décoré des armes d'Anne de Bretagne et ayant une inscription en latin : Pro deo, pro patria, fortiter ceciderunt in bello (« pour Dieu, pour la patrie, courageusement, ils sont tombés au combat ») ; les trois derniers cités furent inaugurés en 1922 et celui du bourg en 1926. Le monument de Trégornan est associé au calvaire et a une inscription rédigée en breton : evit ar Vro ("morts pour le pays") ; huit soldats dont les noms avaient été oubliés ont été ajoutés en 2018 (3 sur celui de Saint-Michel et 5 sur celui du bourg), deux autres noms de soldats morts oubliés ayant été refusés par l'administration.

La Seconde Guerre mondiale

Le monument aux morts de Glomel porte les noms de 4 personnes (Jean Jegou, Jean Le Bris, Yves Le Guellec, François Pochat) mortes pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale.

Le à Glomel, Yves Rolland, 23 ans, est abattu par une patrouille de la Feldgendarmerie.

Le , un groupe de résistants FTP tue Yves Le Cann et le lendemain, son frère François Le Cann, tous les deux du hameau de Mézouet en Glomel, accusés de commercer avec les troupes d'occupation, pour venger l'assassinat le de René Rolland surpris par les Allemands dans ce hameau.

Le , Jean Le Goff, 21 ans, est pendu à Glomel et un autre résistant le lendemain.

L'exécution en mai 1944 du maire pétainiste Jean-Louis Croizer par des « terroristes » (des résistants) a fait l'objet de polémiques auxquelles le préfet, à la Libération, a mis un terme en rappelant que ce maire était considéré comme dangereux pour la Résistance.

Après la Seconde Guerre mondiale

Le lieutenant Michel de Guerdavid, petit-fils d'Alphonse Cazin d'Honinctun, ancien maire de Glomel, a été tué le au Tonkin pendant la Guerre d'Indochine.

Le monument aux morts de Glomel porte les noms de trois personnes (Yves Le Corre, Jean Lescoat, François Tresco) mortes pour la France pendant la Guerre d'Algérie.

Le village de Trégornan comptait encore une quinzaine de commerces vers 1950 ; en 2020 il n'en restait aucun.

La commune est amputée en 1970 d'une partie de son territoire au profit de sa voisine Rostrenen. Elle cède à cette dernière douze villages et le bois de Kerbescond (arrêté préfectoral du ). Sa superficie passe ainsi de 84,82 km2 à 79,93 km2.

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