Lopérec [lɔpeʁɛk] est une commune française du département du Finistère, dans la région Bretagne, en France
La commune fait partie du parc naturel régional d'Armorique.
En 2007, la commune a obtenu le Label "Communes du Patrimoine Rural de Bretagne" pour la richesse de son patrimoine architectural et paysager.
Géographie
Commune vallonnée, étendue sur 3 959 monts d'Arrée au nord et à l'est, et du bassin de Châteaulin au sud. Le finage communal, étiré nord-sud, en pente vers l'ouest, s'échelonne de 316 mètres à 11 mètres d'altitude, le bourg étant vers 52 mètres ; il est excentré dans la partie sud du territoire communal. La commune est située à 9 Châteaulin. Les cours d'eau y sont nombreux : la Douffine, qui prend sa source sur le flanc sud-ouest du Roc'h Cléguer en Brasparts, sert de limite communale avec Pleyben : elle reçoit sur sa rive droite, le Rivoal (ou rivière de Saint-Rivoal), qui provient de Saint-Rivoal et sert de limite communale à l'est avec la commune éponyme. Avant son passage sous le viaduc de la voie ferrée de Quimper à Landerneau, elle reçoit sur sa droite le ruisseau de Lenturec, qui traverse toute la commune et passe juste au sud du bourg de Lopérec. Un peu plus en aval, un autre petit affluent de rive droite de la Douffine sert aussi de limite communale avec Pont-de-Buis-lès-Quimerc'h.
Communes limitrophes de Lopérec
Le Faou, Rumengol,Rade de Brest
Saint-Rivoal, Forêt du Cranou
Brasparts, Monts d'Arrée
Pont-de-Buis-lès-Quimerch, Presqu'île de Crozon
Brasparts
Saint-Ségal
Pleyben, Aulne
Pleyben
Lopérec dispose encore d'un véritable « patrimoine paysager » : le bocage est encore varié (au nord, bois de feuillus et de conifères ainsi que des landes dans l'extrême-nord dans la « Montagne », plus agricole au sud où le relief est moins accidenté) car la commune n'a pas été remembrée.
Un modeste gisement d'or et d'arsenic a été recensé par le BRGM à Lopérec, représentant un potentiel géologique évalué à 4 tonnes d'or.
Le moulin du Pont-Glaz en Saint-Rivoal, au fond Keranna en Lopérec.
La Douffine à Pont-Réal (limite entre Lopérec et Saint-Ségal).
Lopérec : vanne et déversoir de la Douffine au moulin de Troaguilly.
Le viaduc ferroviaire entre Paris et Pont-de-Buis (ligne Quimper-Landerneau).
Climat
Pour des articles plus généraux, voir Climat de la Bretagne et Climat du Finistère.
En 2010, le climat de la commune est de type climat océanique franc, selon une étude du CNRS s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique et est dans la région climatique Finistère nord, caractérisée par une pluviométrie élevée, des températures douces en hiver (6 . Parallèlement l'observatoire de l'environnement en Bretagne publie en 2020 un zonage climatique de la région Bretagne, s'appuyant sur des données de Météo-France de 2009. La commune est, selon ce zonage, dans la zone « Monts d'Arrée », avec des hivers froids, peu de chaleurs et de fortes pluies.
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 11,4 amplitude thermique annuelle de 10,8 . Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de Saint-Ségal à 5 vol d'oiseau, est de 11,8 ,. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d’émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022.
↑ a et bhttps://www.loperec.fr/decouvrir-loperec/patrimoine-rural
↑ Photo disponible Rail-Bretagne
↑ Sig Mines France - BRGM
↑ a et bDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, DOI 10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
↑ « », sur pluiesextremes.meteo.fr (consulté le ).
↑ « », sur bretagne-environnement.fr, (consulté le ).
↑ « », sur fr.distance.to (consulté le ).
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↑ « », sur meteofrance.fr, (consulté le ).
Toponymie
Le nom de la localité est attesté sous les formes Locus Petroci vers 1330, Lopezrec en 1574 et jusqu'au XVIIIe siècle.
Lopérec vient du breton loc et du latin locus (« lieu consacré ») et de saint Pérec (Petroc).
D'autres toponymes Lopérec existent en Bretagne : un hameau de Locmariaquer (Morbihan) porte ce nom et possède une « chapelle Saint-Pierre de Lopérec » ; une autre « chapelle Saint-Pierre de Lopérec », située jadis dans le hameau de Placen Per, a existé dans l'actuelle commune de Trélévern dans les Côtes-d'Armor.
↑ Locmariaquer
↑ Trélévern sur EuLoVa
Histoire
Origines
Le nom de Lopérec remonte à l'origine de la communauté paroissiale, si l'on en juge par le préfixe lo commun aux Perrec (ou Pérec, ou Pezrec), moine venu de la Cornouaille britannique et qui vécut ermite dans un recoin isolé de la forêt du Cranou. L'existence du bourg est attestée en 1330.
Théophile Janvrais en 1912 fournit les explications suivantes :
« Cette région est le pays de Pezrec, Loc-Pezrec (“oratoire de Pezrec”), dont on a fait le nom modernisé de Loperhec, enfin Lopérec. D’après les historiens religieux, Pezrec (appelé aussi Pezran, Pezreux, Pezdrec ou Pérec) était le petit-fils d’un roi de la Cornouailles insulaire qui, renonçant au trône, se fit moine et vint s’exiler en Armorique pour l’évangéliser. Il vécut là vers l’an 600, non loin et peut-être dans un recoin de la grande forêt du Cranou, en pleine retraite ignorée et au milieu des animaux des bois, sauvages ou craintifs. L’église paroissiale de Lopérec, grâce au cardinal Brossays Saint-Marc, possède ses reliques, et il est le patron de la région. Jadis on l’appelait même la paroisse Saint-Pérec. Au point de vue ecclésiastique, Lopérec dépendait de l’évêché de Cornouaille (aujourd’hui de l’évêché de Quimper), n’étant éloigné que d’environ six lieues de son chef-lieu ; mais juridiquement toute cette région dépendait en grande partie de la vicomté du Faou, la plus importante des seigneuries de la région. Cependant, à certaines époques des . »
Préhistoire et Antiquité
Le site de Ménez-Glujeau et Roc'h Caranoët
Un tumulus situé à Ménez-Glujeau a été fouillé en 1909 et a montré des restes d'une sépulture par incinération (traces de cendres et de bois dans la chambre funéraire) et un vase brisé, en poterie grossière. D'autres tumuli se trouvaient à proximité, mais ont été rasés par les paysans dans le cadre de leurs travaux de défrichement et de mise en valeur agricole et plusieurs autres sont proches, mais situés sur le territoire de la commune de Sizun.
Ménez-Glujeau est proche de Roc'h Caranoët (Karn ar c'hoat, le « cimetière du bois »), hauteur de 250 mètres d'altitude environ, où l'on a retrouvé à la fin du XIXe siècle, à une profondeur d'environ 0,60 mètre, une quantité de troncs d'arbres (des chênes principalement) enfouis dans la terre tourbeuse et tous alignés parallèlement suivant une direction nord-sud, témoins du passé boisé de la région et d'une activité métallurgique, des restes de scories ferrugineuses ayant été trouvées sur place.
Gulet Iau (Glujeau en Lopérec) et Rudederc'h (Roudouderc'h en Sizun) ont été parmi les premiers lieux défrichés de la région, comme le prouve le cartulaire de Landévennec qui montre là deux petites exploitations complètement isolées.
Moyen Âge
Le Chemin du Comte
« Le Chemin du Comte, antique voie frayée pendant plusieurs kilomètres presque au sommet des montagnes, depuis les Cragou jusqu'à Saint-Éloy, et dont le nom, évocateur de souvenirs féodaux, se rapporte à ce fait qu'elle servait jadis de frontières aux deux comtés de Léon et de Poher, comme elle sépare encore aujourd'hui les arrondissements de Morlaix et de Châteaulin. Le Chemin du Comte est toujours fréquenté par les pèlerins qui se rendent à Rumengol. »
Jean de Penguern
Jean de Penguern, surnommé Divarsoëz en langue bretonne (“gaillard”, littéralement “sans rhumatismes”), fils aîné de Christophe de Penguern et de Marie de Kermodiern, naquit dans les dernières années du reine Anne, par ordre de laquelle il composa la « Généalogie de très haute, très puissante, très excellente et très chrestienne princesse et nostre sovvereine dame Anne, très illustre Royne de France et duchesse de Bretaigne, et les noms des Roys et Princes ses prédécesseurs, en droite ligne depuis la création jusqu'à présent, composée et extraite de plusieurs livres et chroniques par Divarsoëz Penguern, natif de Cornouailles, en l'honneur et louange de ladite dame ». Cette chronique contient 1 920 vers, divisés en strophes de huit vers de dix syllabes. Elle s'arrête à l'an 1510. Le , il épousa Annie de Kersauzon dont il eut trois enfants et mourut à un âge très avancé en 1579 et fut inhumé dans l'église paroissiale de Lopérec.
Les nombreux manoirs
Selon Jean-Baptiste Ogée, en 1420, les manoirs nobles de la paroisse étaient « Ker-goëfient, au vicomte du Faou ; Guillon, à Guiomar Kernier ; Ker-guern, à Olive de Keraër ; Ker-guern, à Olive de Paluë ; Ker-guenit ; Toulglez ; Liezeau » et en 1510 « la maison noble du Bouil, au vicomte du Faou ; Ker-vinic et Baudar, au sieur de Kersauson ; Lamberdego, Crevel et Bihan, au sieur de la Paluë ; Pengueren, le Parc, le Glefguen et Goulgean, à Christophe de Pengueren ; Penlun, à Hervé de Kerpen, l'Isle-Rolland ».
Une douzaine de « lieux nobles » sont recensés dans la paroisse en 1536, mais quatre d'entre eux seulement survivent actuellement.
« La paroisse de Lopérec comptait sur son territoire les manoirs de l’Isle au bourg et de Penguern (aux de Penguern-Tréziguidy), ceux de Lambézégou et de Penanhoas-Kerascoët (aux de Penguern et aux de la Ballue), celui de Glugeau (aux seigneurs de Fava), celui du Bruil ou Bruluec (aux de Penanguer), celui de Kervinic (aux Tréouret, aux de Penguern, puis aux Kersauzon) ; les manoirs de Kerrain et de Toulguélennec ; celui de Pellan ou de Penlan (aux de Kerpaën), ceux du Nivot et de Kerourien (aux Dangérès du Main), enfin le manoir de Penanhoas-Lisle-Adam. »
Le manoir du Nivot
Théophile Janvrais présente ainsi le manoir du Nivot, qui date des environs de 1650, même si l'existence d'une enceinte médiévale encore visible par endroits prouve l'existence d'une construction antérieure :
« Le manoir et la terre du Nivot, avec chapelle, moulin, bois, issues et dépendances, [sont] situées dans la partie nord de la paroisse de Lopérec, au septentrion de la route de Braspartz [Brasparts] au Faou, et au milieu de coteaux montagneux, boisés et élevés qui dominent le cours de la petite rivière du Rivoal. »
Au . Le mariage de l'une de ses filles, Françoise-Thomase, le avec l'enseigne de vaisseau Jean de Villiers, seigneur de l'Isle-Adam, décédé au Nivot âgé de 40 ans le et qui est à l'origine de la branche bretonne de la famille de Villiers de L'Isle-Adam à Lopérec.
Pendant la Révolution française, la chapelle du manoir fut désaffectée et le manoir du Nivot fut acheté par François Rolland, né en 1769 à Lopérec, notaire dans cette paroisse. Il fut assassiné d'un coup de feu pendant la Terreur blanche le .
Le manoir de Penanhoas
Le plus connu de ces manoirs est celui de Penanhoas, dont l'étymologie est expliquée ainsi par Théophile Janvrais :
« Le nom de Penanhoas s’est écrit Penanhoaz (réformation de 1669), Pennanoas ou Penanois en 1704, Pennannoas ou Pennanouas en 1718, Pennenouäs (dans les lettres de Villiers de l’Isle-Adam), Pennouas en 1761 (dans une déclaration de succession) et de nombreuses autres variantes. Ce substantif se décompose en penn (“tête”) et nouas ou noas (“nue”, “tête nue”, “terrain dénudé”). Une autre hypothèse penche pour roas (“rivière” ou “ruisseau”), ce qui est aussi possible compte tenu de la proximité de la source du ruisseau du Dourduff. »
Du Cast, comme le prouvent les réformations et montres de 1426 à 1562. En 1713, il est acheté par Jean de Blois de la Calande qui décède dès 1719, mais resta habité par sa veuve et ses trois enfants, les enfants du premier mari (Jean de Villiers de l'Isle-Adam) de celle-ci le fréquentant également.
Françoise-Thomase Dangerès du Mains, veuve de Jean de Villiers (voir ci-dessus), se remaria avec Jean Thimothée de Blois, seigneur de la Calande et de Largenoux (Jean de Blois de la Calande), qui acheta le le manoir de Penanhoas, distant d'à peu près une lieue du Nivot. Jean de Blois de la Calande, capitaine en second sur le Mars, fit partie de l'escadre de Gilles-Marie des Nos, comte de Champmeslin, chargé de défendre les colonies françaises d'Amérique et décède lors du siège et de la prise temporaire de Pensacola en 1719 au détriment des Espagnols. Françoise Dangerès du Mains vécut les dernières années de sa vie à Brest où elle décéda âgée de 78 ans en 1753, enterrée dans l'église Saint-Louis. L'inventaire vers 1750 du mobilier du manoir et de ses biens est longuement décrit dans l'article de Théophile Janvrais.
La métairie du manoir de Penanhoas au .
Pendant la Révolution française, Penanhoas devint bien national et fut vendu le 11 thermidor an III () à Yves Le Floc'h, du Faou.
Des manoirs fréquentés par des personnes connues
« La gloire de la petite paroisse de Lopérec sera d’avoir été, au Duguay-Trouin : de la Jaille, de Blois de la Calande, et Jean de Villiers de l’Isle-Adam. Comme ce fut aussi son honneur d’avoir eu maintes fois, en villégiature d’été, d’autres hommes de mer qui appartiennent à l’histoire nationale : René Duguay-Trouin et son père Luc Trouin de la Barbinays, les de Roquefeuil, les fils Blois de la Galande, le baron d’Orognen, Bétéder de Bordenave, Nogerée de la Fillière, de Tourville, de Linois, »
.
Époque moderne
Lopérec : statue de sainte Barbe (bois polychrome, XVIe siècle).
En 1759, une ordonnance de Louis XV ordonne à la paroisse de Loperec [Lopérec] de fournir 29 hommes et de payer 190 livres pour « la dépense annuelle de la garde-côte de Bretagne ».
Selon Louis Charpentier, dans une monographie intitulée "De Funnay à Ty Mur. Mémorable aventure d'Escailleurs ardennais qui s'en furent au pays d'Armor, exploiter les pierres d'ardoises", vers 1777 des Ardennais, venant principalement de la région de Fumay, vinrent trouver du travail dans les ardoisières de la vallée de l'Aulne, apportant avec eux l'art de mieux tailler l'ardoise. Dans l'impossibilité de trouver leur lieu réel d'origine, P.-A. Limon les surnomme "Parisiens" dans son livre "Usages et règlements locaux en vigueur dans le Finistère" publié en 1857, et les ardoises bretonnes furent surnommées "parisiennes". Cette immigration concerna principalement les communes de Port-Launay, Châteaulin, Lopérec, Saint-Coulitz, Pleyben, Lothey, Gouézec, Lennon, Spézet, Motreff, Châteauneuf-du-Faou et Saint-Goazec. Les noms de famille se sont transformés au fil du temps : les Waslet sont devenus Voachelet, Les Lefèvre sont devenus Lefeuvre, les Bouchy Bouché, etc..
Jean-Baptiste Ogée décrit Lopérec en 1778 :
« Lopezrec, sur une hauteur ; à six lieues un quart au nord de Quimper, son évêché ; à 38 lieues un tiers de Rennes ; et à 2 lieues de Châteaulin, sa subdélégation et son ressort. On y compte 1 800 communiants ; la cure est à l'alternative. Ce territoire est coupé de ruisseaux qui vont se jeter dans la rivière d'Aulne. Celui de Buis est le plus considérable. Il fait tourner le moulin à poudre de son nom, qui se voit de la route de Quimper à Landerneau, à trois quarts de lieue du bourg. C'est un pays couvert, où l'on trouve des terres en labeur [labourables], des arbres à fruits pour le cidre, des prairies, des landes et la forêt du Craniou. (...) »
La Révolution française
Pendant la Révolution française, la grotte de Toul-an-Diaoul abrita des chouans. Le clergé fut alors protégé par la population et exerça clandestinement son ministère.
Le | ]
Descriptions de Lopérec dans la première moitié du | ]
L'on dispose de la description détaillée d'une ferme du village de Kervent en 1806; l'on y cultivait alors le lin et le chanvre :
« La maison manale couverte d'ardoises contenante de long à deux longères onze décamettres cinq centièmes de large, en œuvre à deux pignons de dix décamèttres soixante douze centièmes, sur sept décamètres quatre-vingt centièmes de hauteur compensée, ayant un arcboutant [porte en plein cintre] au midy avancé [maison à avancée] en dehors de soixante cinq centimèttres, de franc en œuvre trois mettres vingt cinq centimètres, deux portes, l'une au midy & l'autre au nord, quatre fenètres, trois orbes [armoires murales], une cheminée menton & corbeaux en bois, sept poutres, deux fermes, quatre filiaires [pièces de charpente], un fêteau [pièces de charpente], soixante quinze chevrons, un escalier en bois de sept marches, une fournaise foyer [four intérieur] pavé en grosse ardoisières. [...] Une maison nommée Ty bian couverte de gleds [chaume] ; autre maison dite Ty huelaf couverte de gleds ; une crèche nommée Craon Bras couverts de gleds ; le four ayant de [ ? ] décamèttre deux mettres dix sept centimèttres avec son arcbouchure [ouverture en plein cintre] ; la fontaine et le douet [bassin à rouir le chanvre] avec leurs grottes ardoisines [voûtes et sols en ardoise] ; soul [soue, crèche à cochons] à pourceaux & l'écurie. »
Lopérec fut aussi aux XVIIIe et XIXe siècles un centre de production de cerises, vendues sur les marchés de Brest et du Faou.
En 1830, un voyageur décrivit ainsi Lopérec :
« On parcourt des chemins creux, enfoncés ou dans la saison des pluies peuvent s'engouffrer voitures, chevaux, piétons mais qui dans les beaux jours sont enchanteurs. Ils roulent et se développent sur le penchant de coteaux rapides ou dans de délicieuses vallées ; partout de l'eau, du feuillage, des arbres majestueux, des villages nombreux, environnés de riches vergers ou, le pommier, le cerisier manient leurs fleurs éclatantes de pourpres et de blancheur. »
En 1843, A. Marteville et P. Varin, continuateurs d'Ogée, décrivent ainsi Lopérec et ses cerisiers :
« Lopérec : commune formée par l'ancienne paroisse du même nom, aujourd'hui succursale (...). Le pays qui environne la poudrerie de Pont-de-Buis est peut-être le plus délicieux de toute la Bretagne. Rien ne peut peindre l'aspect de ces collines accidentées et couvertes au printemps d'autant de fleurs que de verdure. Là, comme dans toute notre vieille Bretagne, les maisons sont plus souvent isolées qu'agglomérées en village, et chacune d'elles est comme enveloppée dans un petit bois de cerisiers dont la culture est une des industries principales du cultivateur. Ces mille oasis couvertes de leurs bouquets de fleurs blanches et rosées émaillent cette riante campagne et en font un véritable jardin anglais. Quand vient la maturité des cerises, les routes semblent transformées en marché aux fruits. Des centaines de paysans, les uns à pied, les autres en charrettes, portent leur récolte au marché du Faou, débouché principal des cerises et entrepôt de Brest, qui en absorbe une partie et expédie l'autre aux îles anglaises. Malheureusement toute médaille a son revers : la cueillette des cerises fait souvent négliger celle des foins, et la perte qu'on éprouve sur ceux-ci compense le bénéfice que l'on fait sur celle-là. Mais ne parlez-pas aux communes de Lopérec, Quimerch et Saint-Segal de renoncer à leurs cerisiers, qui leur donnent une quinzaine entière de jeux et de plaisirs, comme les vendanges en donnent aux pays vignobles ; et c'est bien quelque chose que quinze jours de gaieté. (...)
On parle le breton. »
Le cadastre de 1844 fait état de 11 moulins sur le territoire communal : Glujeau, Kerain, Le Nivot, moulin du Faou, moulin Huella, moulin du pont, Penguern, Penarguer, Kervern, Penarous et moulin neuf. Tous ont disparu ou sont en état de vestiges, à l'exception du moulin de Penguern transformé en minoterie et aujourd'hui désaffecté.
De mauvaises conditions sanitaires
Plusieurs épidémies jalonnent l'histoire de la commune au enclos paroissial entraînait l'eau de ruissellement vers les puits et ruisseaux ; par exemple en 1870 une épidémie de variole, suivie d'une de choléra, décime la population. Mais ce n'est qu'en 1883 que fut prise la décision de ne plus faire de sépultures autour de l'église.
La fin du | ]
Un Lopérécois, François Broustail, fit partie de victimes du camp de Conlie pendant la guerre de 1870.
En 1872, une école de filles est créée à Lopérec. Dans le courant du .
L'école de hameau de Kervès
Fin XIXe siècle, la construction de 67 écoles de hameaux a été autorisée dans le Finistère par deux décrets :
le décret du qui a délégué une subvention pour 18 écoles de hameaux sur l'arrondissement de Quimperlé ; toutes ont été bâties ;
le décret du qui a délégué une subvention pour 50 écoles de hameaux sur les quatre autres arrondissements du département (Brest, Châteaulin, Morlaix, Quimper) à choisir dans les communes « dont le territoire est le plus étendu et les ressources les plus restreintes » ; 49 ont été bâties dont 1 à Lopérec (Kervès).
Le | ]
L'école d'agriculture du NivotL'école d'agriculture du Nivot
Jean Charles Chevillotte, né le à Brest, décédé le à Monte-Carlo), armateur à Brest, homme politique (il fut député entre 1885 et 1889) et catholique fervent, acheta le domaine du Nivot en 1889 à la princesse de Hohenhole, épouse du gouverneur d'Alsace-Lorraine et futur chancelier d'Allemagne, qui avait transformé en château de chasse en 1884. Il y effectua d'importants travaux, faisant rehausser le logis en 1895 et plantant dans le domaine 400 000 arbres et rêvant d'y installer une école d'agriculture. Il augmente la superficie du domaine en procédant à des acquisitions importantes de terres, transforme les bâtiments de la ferme, renouvelle l'outillage agricole, défriche ou boise les landes jusqu'alors incultes, participant ainsi à la révolution agricole bretonne. Il décède terrassé par une crise cardiaque sans avoir eu le temps de mener à bien ce projet, finalement porté par sa veuve Marie-Ange Gayet qui gère la « fondation Chevillotte ». Une première tentative de ferme expérimentale entre 1917 et 1921, conduite sous la responsabilité de l'université catholique d'Angers par des Jésuites, échoue. La seconde tentative est la bonne, sous la direction de François Nicol, visiteur des Frères de Ploërmel, et débute avec la construction en 1922-1923, en pierre de taille de Locronan, du bâtiment principal de l'école. La première rentrée scolaire a lieu en , les objectifs étant de donner aux élèves une formation religieuse, professionnelle et sociale et de créer une élite rurale.
L'école, qui ouvre avant celle, laïque, de Bréhoulou (en Fouesnant), bénéficie du soutien de l'Office central de Landerneau et de son président le comte Hervé Budes de Guébriant et a formé en un siècle bon nombre des cadres de l'agriculture finistérienne.
Les charbonniers de la forêt du Nivot
Des charbonniers ont exercé leur activité dans la forêt du Nivot jusque vers le milieu du 1943 :
« Lundi 28 juin dans l’après-midi, Jean Rolland, charbonnier, était occupé autour d’un four à carboniser dans le bois du Nivot, près du lieu-dit Toul an Diaoul. Des flammes s’échappèrent du four et mirent le feu à des broussailles. En raison de la sécheresse et d’un vent assez fort, vent nord-est, le feu gagna rapidement. Appelés par le tocsin, les voisins et ceux du bourg accoururent ainsi que des Allemands en cantonnement. Ce n’est que le soir que l’incendie fut maîtrisé : il avait brûlé une vingtaine d’hectares et deux cents cordes de bois. »
La Première Guerre mondiale
Lopérec a perdu 88 de ses habitants dans les guerres du morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale.
L'Entre-deux-guerres
L'école d'agriculture du Nivot comptait en 1939 120 élèves, répartis sur quatra années de formation.
La Seconde Guerre mondiale
Pendant l'occupation allemande l'école du Nivot servit de refuge pour des familles brestoises sinistrées en raison des bombardements de la ville ; elle abrita aussi des clandestins à la recherche d'un refuge.
13 personnes de Lopérec sont mortes pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale, 1 pendant la guerre d'Algérie et 4 dans des circonstances non précisées.
Le à Lopérec, la police allemande abat François Le Gall de trois coups de feu.
Le , les Allemands encerclent la minoterie Cavaloc à Loqueffret qui approvisionne le maquisFTPF du Nivot et de Bodriec. Le meunier est emprisonné quelques jours et torturé ; dans la nuit du 9 au , son fils Jean Cavaloc, né le à Lopérec, réfractaire au STO, est emprisonné puis fusillé après avoir été atrocement torturé dans la cave située sous la chapelle de l'école Saint-Louis de Châteaulin, ainsi que deux autres résistants François Toullec, de Brennilis, 20 ans, et François Salaün, de Loqueffret, 22 ans. Les maquisards, principalement une vingtaine de jeunes de 18 à 20 ans réfractaires au STO originaires des régions de Pont-de-Buis et Brasparts, encadrés par quelques anciens, sous les ordres de Pierre Bodenan, se cachaient dans la grotte de Toul an Diaoul et se ravitaillaient à l'école d'agriculture du Nivot et dans les fermes avoisinantes. Le , l'encerclement du maquis du Nivot par le kommando de Landerneau aidé de collaborateurs français, essentiellement des membres issus du Parti nationaliste breton, fait 5 morts : Pierre Baron et Georges Salaun, tous deux de Brasparts ; Bertrand Le Faou Keruzoré, de Plonévez-du-Faou ; Camille Omnès, de Quimerc'h; Le Cloarec, de Quimper.
Passerelle en ciment mise en place par des habitants de Lopérec au milieu du Saint-Rivoal.
↑ Comptes-rendus, procès-verbaux, mémoires Association bretonne, Agriculture, Archéologie, 1912, Gallica
↑ Théophile Janvrais, « Le berceau des Villiers de l'Isle-Adam : le manoir de Penanhoas-L'Isle-Adam », in Comptes rendus, procès-verbaux, mémoires, Association bretonne. Archéologie. Agriculture, 1912, p. 302, Gallica
↑ Armand René du Châtellier, Inventaire des Monuments préhistoriques du Finistère, 1907, pages 105-106
↑ Louis Le Guennec, « Fouille d'un tumulus au Ménez-Glujeau », in Bulletin de la Société archéologique du Finistère, année 1909, Gallica
↑ René Largillère, Les saints et l'organisation chrétienne primitive dans l'Armorique bretonne, J. Plihon et L. Hommay, Rennes, 1925, Gallica
↑ Les rochers du Cragou se trouvent dans la partie orientale des monts d'Arrée, à cheval sur les communes de Plougonven, Le Cloître-Saint-Thégonnec, Berrien et Scrignac
↑ Louis Le Guennec, « Fouille d'un tumulus au Ménez-Glujeau », in Bulletin de la Société archéologique du Finistère, année 1909, Gallica
↑ Prosper Levot, Biographies bretonnes, tome 2, cité par Joseph Marie Kersauzon de Pennendreff, Histoire généalogique de la maison de Kersauson, par J. de Kersauson, 1886, Gallica
↑ a et bJean-Baptiste Ogée, Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretaigne, lire en ligne).
↑ Les armes de la maison de Penguern sont « d'or à trois pommes de pin de gueules, la pointe en haut, une fleur de lys de même en abyme » et leur devise « Doué da guenta » (“Dieu d'abord”) d'après J. Baudry, Étude historique et biographique sur la Bretagne à la veille de la Révolution, à propos d'une correspondance inédite (1782-1790), tome 2, H. Champion, Paris, 1905, Gallica
↑ a b c et dThéophile Janvrais, « Le berceau des Villiers de l'Isle-Adam : le manoir de Penanhoas-L'Isle-Adam », in Comptes rendus, procès-verbaux, mémoires, Association bretonne. Archéologie. Agriculture, 1912, p.303, Gallica
↑ À la fin du Armand Jean de Vignerot du Plessis, duc de Richelieu, par René Dangerès, sieur du Mains et de la Bellevue, ingénieur du Roi à Brest, marguillier de l'église des Sept-Saints à Brest et décédé dans cette ville le .
↑ Le capitaine du Mars était son propre beau-frère, le capitaine de vaisseau Jacques-Aymar de Roquefeuil, qui décéda en mer le .
↑ Théophile Janvrais, Le berceau des Villiers de l'Isle-Adam : le manoir de Penanhoas-L'Isle-Adam, Comptes rendus, procès-verbaux, mémoires…, Association bretonne. Archéologie. Agriculture, 1912, Gallica
↑ « », sur InfoBretagne.com.
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↑ a et bLe terme village en Finistère est utilisé en lieu et place de celui de hameau. La commune (ou paroisse) comprend son bourg et ses villages.
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↑ La princesse de Hohenhole était la dernière héritière du prince russe Pierre de Sayn-Wittgenstein, propriétaire du château de Kerléon au Relecq-Kerhuon, qui avait lui-même acheté le domaine pour sa dulcinée Rosalie Léon, originaire de Quimper.
↑ L'Alsace-Lorraine est alors territoire allemand
↑ Michel Boulet, Les enjeux de la formation des acteurs de l'agriculture 1760-1945 : actes du colloque ENESAD, 19-21 janvier 1999, Educagri, 2000, (ISBN ).
↑ Inventaire du patrimoine
↑ Né à Langoat, dans les Côtes-du-Nord, en 1869, le frère Nicol, homme énergique à la volonté farouche, saura imaginer un enseignement agricole peu développé jusqu'alors, s'appuyant sur les organisations catholiques agricoles alors existantes comme l'Office central de Landerneau
↑ P. Le Floch, « Une école d'agriculture. La ferme-école de Nivot-en-Lopérec (Finistère) », À la page : l'hebdomadaire des jeunes, 29 janvier 1931 (lire en ligne, consulté le 28 juin 2023)
↑ Michel Boulet, Les enjeux de la formation des acteurs de l'agriculture 1760-1945 : actes du colloque ENESAD, 19-21 janvier 1999, Educagri, 2000, (ISBN ), Google Books
↑ Alexis Souhard, « Hervé Guirriec revient sur l’histoire centenaire du Lycée du Nivot à Lopérec », Journal Le Télégramme, 15 mai 2023 (lire en ligne, consulté le 28 juin 2023).
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↑ a et b« », sur MemorialGenWeb.org.
↑ Alain Lefort et Bernard Lucas, "Les hauts lieux de la Résistance en Bretagne", éditions Ouest-France, 1991.
↑ Éric Rondel, "Crimes nazis en Bretagne (septembre 1941 - août 1944), Astoure éditions, 2012, (ISBN ).
↑ Voir la plaque commémorative du collège-lycée Saint-Louis de Châteaulin, « »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) et le livre de Christian Quénéhervé, La guerre en culottes courtes, édition à compte d’auteur, 1994 et http://www.lesamisdelaresistancedumorbihan.com/resources/ami-148.pdf
↑ Le monde en guerre 39-45 et http://www.lesamisdelaresistancedumorbihan.com/resources/ami-148.pdf
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