Saint-Denis-sur-Ouanne
Localisation
Saint-Denis-sur-Ouanne : descriptif
- Saint-Denis-sur-Ouanne
Saint-Denis-sur-Ouanne est une ancienne commune française, située dans le département de l'Yonne en région Bourgogne-Franche-Comté, devenue, le 1er janvier 2016, une commune déléguée de la commune nouvelle de Charny-Orée-de-Puisaye.
Géographie
Localisation
Le village domine la vallée de l'Ouanne depuis la rive droite de la rivière qui coupe son finage en deux parties inégales. Il est traversé par le chemin départemental Charny (au N-O) à Toucy (au S-E).
L'ancienne commune tenait aux finages de Grandchamp, Malicorne, Saint-Martin-sur-Ouanne et Perreux.
Saint-Martin-sur-Ouanne | Perreux | Grandchamp | ||
N | ||||
O Saint-Denis-sur-Ouanne E | ||||
S | ||||
Saint-Martin-sur-Ouanne | Malicorne | Grandchamp |
Saint-Denis-sur-Ouanne en Puisaye ?
Pour Charles Blanché, qui écrit en 1867 dans l’annuaire statistique du département de l’Yonne, la limite nord et est de la Puisaye comprend Champignelles, Dracy et Mézille. Georges Goujon, auteur de référence sur la Puisaye, dans sa définition datant de 1911 (terrains, géologie, relief, climat, bocage, élevage, agriculture, etc.) donne une limite plus large à cette micro région : les terrains de la commune de Grandchamp situés sur la rive gauche de l’Ouanne. Il se fondait également sur la perception d’appartenance qu’avaient les gens du cru.
Saint-Denis, pour ces deux auteurs, n’était donc pas en Puisaye. Mais, à l’époque, à l'instar du Dr Robineau-Desvoidy qu'il avait vouée quelques années auparavant au rachitisme et à la dépopulation, qui aurait voulu être dans « l’ancienne Puisaye, dépendance du Gâtinais [qui] doit à son sous-sol imperméable une pauvreté et une insalubrité notoires ».
Hydrographie
Le trait hydrographique dominant est l'Ouanne, qui traverse le sud de la commune dans le sens S-E / N-O.
La partie nord du finage est traversée par le ru (intermittent) des Entonnoirs, qui prend naissance dans l'étang des Pinabeaux, plan d'eau d'environ 9 ha, et coule sur 3,7 km avant de quitter la commune pour se jeter dans l'Ouanne sur le territoire de l'ancienne commune de Saint-Martin-sur-Ouanne. L'étang de Mouchard, une autre pièce d'eau de 5,6 ha, se trouve à moins de 150 m au sud de l'étang des Pinabeaux dont il est tributaire.
Lieux-dits et écarts
Les écarts (hameaux) de la commune portent souvent les noms des premiers tenanciers qui remirent les terres en culture à la fin du Moyen Âge, tels les Rémonds, les Gaudins, les Blés, les Franchis, les Delomois, la Vacherie (les la Vache) ou les Gallichets. Dans d’autres cas leurs noms décrivent les lieux : les Hâtes (défrichement), la Boulassière (lieu planté de bouleaux), la Masure (les deux à trois arpents de terre destinés à contenir la maison du tenancier, son potager (clouseau) et sa cour avec les aisances et dépendances), la Grand Court (la grande ferme).
Les lieux-dits suivis d'une astérisque sont situés à l'écart de la route indiquée.
B
- les Bauchers, route des Diligences (route de Grandchamp par le haut du coteau nord)
- les Blés*, route de Perreux (D 208)
- la Boulassière*, route de Perreux (D 208)
- les Boutrons*, route de Perreux (D 208)
C
- les Chaillots*, route de Perreux (D 208)
D
- La Désalerie, route des Diligences (route de Grandchamp par le haut du coteau nord)
E
- l'Entonnoir, route de Perreux (D 208)
F
- les Franchies*, route de Perreux (D 208)
G
- les Goilards, route de Malicorne (D 208)
- les Gallichets, impasse des Gallichets
- les Gaudins, route de Perreux (D 208)
H
- les Hâtes*, route de Perreux (D 208)
L
- les Lombards, route des Maineries
M
- la Mainerie, route des Maineries
- la Mazure, route des Diligences (route de Grandchamp par le haut du coteau nord)
- le Montbaudron*, route des Diligences (route de Grandchamp par le haut du coteau nord)
- les Moux, route de Perreux (D 208)
P
- les Padelles*, route des Diligences (route de Grandchamp par le haut du coteau nord)
- les Pinabeaux
R
- les Rémonds*, route des Diligences (route de Grandchamp par le haut du coteau nord)
V
- la Petite Vacherie*, route de Perreux (D 208)
- les Vachers*, route de Perreux (D 208)
- les Vallées, route de Grandchamp (D 950)
- Vau Fontaine, route de Malicornee (D 208)
- le Vivier*, route de Perreux (D 208)
- Charles Blanché, « La Puysaie Agricole », Annuaire Statistique du Département de l’Yonne, Auxerre, , p.171 et s.
- Georges Goujon, La Puisaye : Essai de Définition d’une région naturelle du bassin de Paris, Paris, DELAGRAVE,
- J.-B. Robineau-Desvoidy, docteur en Médecine, Essai Statistique sur le canton de Saint-Sauveur-en-Puisaye, Auxerre, , p. 68 et s.
- Léonce de La Vergne, Économie rurale de la France depuis 1789, librairie agricole de la Maison rustique, , p. 130
- En pays de Caux, les vastes cours de fermes entourées de talus plantés portent encore aujourd’hui le nom de cour-masures
Histoire
Cité dès le ,, Saint-Denis-sur-Ouanne est implanté le long de la voie antique qui, venant de Grandchamp, longeait la vallée de l’Ouanne sur le sommet du coteau avant de plonger vers Donzy et Saint-Martin. Le chemin départemental CD950 qui ne fut réalisé dans la vallée qu’au . Cette situation avait justifié l’établissement d’une auberge, à l’enseigne des Trois Moineaux, entre l’église et ce chemin dit des diligences.
Du point de vue fiscal et administratif, Saint-Denis dépendait dans l'ancienne France de l’Élection de Joigny, Généralité de Paris, mais ressortissait du grenier à sel de Saint-Fargeau. Sur le plan judiciaire, Saint-Denis constituait une curieuse enclave du bailliage de Troyes, malgré la création en 1638 du présidial de Montargis qui avait absorbé le reste du bailliage seigneurial de Joigny . Dans le domaine ecclésiastique, Saint-Denis était de l’archidiocèse de Sens.
L'église
La paroisse de Saint-Denis-sur-Ouanne appartenait dans l’ancienne France au doyenné de Courtenay, l’un des cinq doyennés de l’archidiaconé de Sens, lui-même l’un des cinq archidiaconés de l’archidiocèse de Sens. Ce doyenné de Courtenay s’étendait depuis Gron et Egriselles-le-Bocage au nord, jusqu’à Branches, Dracy et Tannerre au sud, villages qui formaient la limite entre l’archidiocèse et l’évêché d’Auxerre. À l’ouest d’une ligne Dicy-Chêne-Arnoult, s’étendait l’archidiaconé du Gâtinais.
L'église paroissiale, placée sous le vocable de Saint-Denis (aujourd'hui de Saint Loup), était à la collation de l'archevêque. Ses fondations datent du XIIIe siècle. Elle a été reconstruite à la fin du XVIe siècle, comme en témoignent son portail en brique et la statue de saint Denis placée au-dessus. Elle a été restaurée au XIXe siècle et à nouveau en 1996.
Les seigneuries de Saint-Denis-sur-Ouanne
Le territoire de la paroisse de Saint-Denis comprenait sous l’Ancien Régime diverses seigneuries. Celles-ci relevaient sur le plan judiciaire de l’une ou l’autre des deux châtellenies de La Ferté-la-Loupière (sic) et comme telles sont mentionnées dans la Coutume de Troyes qui régissait ce petit territoire.
- Seigneuries de la paroisse de Saint-Denis-sur-Ouanne ressortissant de la châtellenie de La Ferté-la-Loupière
- au ressort de Joigny : Les Pinabeaux, Ville-Fontaine (Vau-Fontaine ?), Préaux (Breau ?)
- au ressort du manoir ancien de La Coudre : Saint-Denis-sur-Ouanne (village et alentours), fief relevant des religieux de Fontainejean, Le Petit-Asnières, Mouchard, Préaux (Breau ?), les Hâtes de la Ferté, démembrement de la seigneurie des Hâtes dont le manoir était de la paroisse de Perreux
- Seigneuries de Saint-Denis-sur-Ouanne non citées dans la Coutume de Troyes : Les Terres Franches, Montbaudron.
Ainsi, selon les hameaux de Saint-Denis où l’on habitait, les juridictions étaient différentes et les appels portés à Troyes ou à Joigny.
La coutume de Troyes
Pour comprendre pourquoi les habitants de Saint-Denis-sur-Ouanne relevaient de la coutume de Troyes plutôt que la coutume de Lorris, qui régit le reste de la région, il faut revenir aux événements du début du Eudes II de Blois, de Troyes et de Meaux, reçoit en 1031 de la reine-mère, Constance d’Arles, la moitié du comté. C’est très probablement ce comte qui, pour affirmer et conforter sa possession, établit une firmitas sur l’axe stratégique conduisant de ses possessions de Blois et de Sancerre à celles de Saint-Florentin et de Troyes. À cette fondation sera donné le nom de Ferté la Loupière. Ce sera d’ailleurs la seule possession que les comtes de Champagne conserveront dans l’ancien comté de Sens, après le traité de 1034 avec, il est vrai, la suzeraineté sur le comté de Joigny et sur Saint-Florentin. Pour ces honneurs et ces possessions assis dans l’ancien territoire des ducs bénéficiaires de Bourgogne, les comtes de Blois devenus comtes de Champagne devaient l’hommage au duc de Bourgogne. La châtellenie de La Ferté-Loupière, était ainsi une possession bourguignonne des comtes de Champagne. Ces mêmes comtes octroyèrent très naturellement à leurs hommes de La Ferté la coutume qu’ils avaient établie dans leur comté de Troyes.
Les Pinabeaux
Le comte de Blois avait sans doute distribué selon l'usage du temps des fiefs aux chevaliers préposés à la défense du territoire de La Ferté. Des mottes avaient dû être établies en périphérie. Celle des Pinabeaux, aujourd’hui arasée, était en mesure d’en défendre la limite occidentale. Il est possible que cette motte ait été confiée au départ à un chevalier Pinabel. Ce nom Pinabel quoique fort peu fréquent, est présent dès le début du Roland, ainsi que dans la toponymie et les patronymes normands contemporains.
Toujours dans le contexte normand, les chanoines du Mont-Aux-Malades-lès-Rouen avaient reçus des comtes de Blois-Champagne les cures de La Ferté-Loupière et de Chevillon et y avaient établi un prieuré et une léproserie. Or ces chanoines sont dotés, dès avant 1200, de la seigneurie des « hameaux » des Hâtes (paroisses de Perreux, Saint-Martin et Saint-Denis-sur-Ouanne), du Petit-Asnières (toponyme disparu) et des Pinabeaux, ces deux derniers lieux dans la paroisse de Saint-Denis. Les chanoines normands ont-ils fait venir de Normandie une famille Pinabel, ou en ont-ils hérité avec la seigneurie ? Les textes manquent pour trancher.
Après deux siècles de silence, Les Pinabeaux resurgissent dans une transaction datée du
Cette branche de la famille des Barres, continuée dans celle des Crèvecœur, a possédé Prunoy, La Fontaine l’Hermite (Perreux), Le Petit-Asnières (Saint-Denis-sur-Ouanne), Les Diablières (Sommecaise), Hautefeuille (Malicorne) et La Mothe-aux-Aulnaies (Charny). La Transaction de 1414 laisse à penser qu’elle avait également des droits sur les Pinabeaux.
Ces ventes de 1447 et 1454 sont passées « sauf l’hommage » dû, non plus aux chanoines de La Ferté, mais aux seigneurs de Prunoy, ce qui conforte l’hypothèse des droits des Barres sur les Pinabeaux. Elles portaient non seulement sur les Pinabeaux mais aussi sur la seigneurie des Hâtes, amputée d’un quart au profit du seigneur de Charny. On peut supposer que le quart manquant avait été échangé contre un abri dans l'enceinte fortifiée de Charny, constituant le « fief volant » des Pinabeaux-Charny, qui subsistera jusqu'à la Révolution sous la forme de quelques maisons chargées de cens. Cet échange pouvait bien avoir résulté de la destruction très probable des châteaux des Pinabeaux et des Hâtes soit par le capitaine anglais Robert Knowles, qui ravagea le pays en 1358 depuis la forteresse voisine de Malicorne, soit par les routiers des partis Armagnac ou Bourguignons au début du XVe siècle.
Les Martinet, acquéreurs des Pinabeaux en 1447, vont fortement marquer le territoire de Saint-Denis (voir ci-dessous les personnalités liées à la commune). Les Pinabeaux passent aux Certaines au Pierre de Certaines de Fricambault (voir ci-dessous), hérite des Pinabeaux. Sa veuve, Antoinette Lemaistre, devra se résoudre à vendre la seigneurie en 1671 à son frère Charles, baron de Grandchamp. Après la déconfiture du baron de Grandchamp, ses possessions passèrent en 1695 à Melchior de Jordy de Cabanac, commandant de la Petite Écurie. Sa petite-fille, Anne-Marie de Cabanac, épouse du comte de Laffémas, vend les Pinabeaux, les Terres Franches et Fricambault, le , à son voisin le marquis de Montigny. Le petit-fils du marquis de Montigny, Gaston Louis Joseph, devait vendre à son tour les Pinabeaux, le , au capitaine François Le Touzé de Longuemar et à son épouse Marie de Flavigny. Ils furent les derniers habitants de l’antique manoir qui sera détruit après 1845 et remplacé par la demeure actuelle.
La seigneurie et prévôté (ou justice) des Pinabeaux incluait les Blés, les Franchis, les Gallichets, l’Étang, les Gaudins, les Carrés (aujourd'hui le Vivier) et les Delomois.
- Il s’agit d’une liste de 145 églises, paroisses ou prieurés, appartenant à l’archidiaconé de Sens, qu’un scribe écrivit au verso des feuillets 3 et 4 d’un sacramentaire à l’usage de l’Église de Sens. Datée tout d’abord du IXe siècle, cette liste est depuis les travaux de Léopold Delisle datée du XIe siècle. (Mémoire sur d’anciens sacramentaire, tome XXXII, p. 111 des Mémoires de l’Institut national de France - Académie des Inscriptions et Belles-Lettres). Sur cette liste figurent Saint-Martin, Saint-Denis, Grandchamp et Sommecaise. Sont absents : Charny, Malicorne et Perreux.
- lire en ligne), page II
- Charles Porée, La formation du Département de l’Yonne en 1790, Saint-Julien du Sault, Yonne, Comité des Sociétés savantes de l’Yonne pour le bicentenaire de la Révolution, .
- Pouillé général contenant les bénéfices de l'archevêché de Sens, Au Palais, devant la chapelle de Saint-Michel, Paris, chez Gervais-Alliot, marchand libraire, .
- Maximilien Quantin, Répertoire archéologique du département de l'Yonne, vol. 1, Paris, imprimerie impériale, ministère de l'instruction publique, , p. 148 (lire en ligne)
- Coutumes générales du Baillage de Troyes en Champagne, Paris rue Saint-Jacques, Hérissant fils, libraire, , p. XVII
- Michel de La Torre, Yonne, Guide complet de ses 451 communes, Paris, Ed. Deslogis-Lacoste, .
- Félicien Thierry, « Notice historique sur les châtellenies de la Ferté-Loupière et leurs annexes », Annuaire statistique de l’Yonne, 1857- 1859.
- André de Mandach, Naissance et développement de la chanson de geste en Europe, VI : Chanson de Roland, Genève, Librairie Droz, .
- Ce Jean des Barres est très probablement descendant de Jean II des Barres († après 1322), chevalier, seigneur de Chaumont (-sur-Yonne), conseiller du Roi au Conseil étroit, maréchal de France (1318) ép. Hélissende de Prunoy, dame de Fouchères (mort après 1347), fille unique de Guillaume, seigneur de Prunoy (Yonne), et de Gillette.
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Dokument erstellt 03/01/2018, zuletzt geändert 30/10/2024
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