Cluses
Localisation
Cluses : descriptif
- Cluses
Cluses est une commune française située dans le département de la Haute-Savoie, en région Auvergne-Rhône-Alpes.
Géographie
Localisation
Située dans la vallée de l'Arve, à l'entrée de la plus grande cluse des Alpes, la ville est à mi-distance entre les villes de Genève et Chamonix.
Communes limitrophes
Thyez | Chatillon-sur-Cluses | Saint-Sigismond | ||
Scionzier | N | Arâches-la-Frasse | ||
O Cluses E | ||||
S | ||||
Nancy-sur-Cluses | Magland |
Climat
Le nombre de jours d'enneigement au sol à Cluses est de 12 (30 en 1960). souhaitée] Le record de chaleur est de 40,6 °C en .
Le climat est de type montagnard en raison de la présence du massif alpin. Ainsi, les hivers sont froids et neigeux et la saison estivale douce avec parfois des épisodes orageux.
Ville | Ensoleillement | Pluie | Neige | Orage | Brouillard |
---|---|---|---|---|---|
Paris | 1 797 h/an | 642 mm/an | 15 j/an | 19 j/an | 13 j/an |
Nice | 2 694 h/an | 767 mm/an | 1 j/an | 31 j/an | 1 j/an |
Strasbourg | 1 637 h/an | 610 mm/an | 30 j/an | 29 j/an | 65 j/an |
Cluses | 1 950 h/an | 1 146 mm/an | 12 (30) j/an | 22 j/an | 40 j/an |
Moyenne nationale | 1 973 h/an | 770 mm/an | 14 j/an | 22 j/an | 40 j/an |
Voici un aperçu dans le tableau ci-dessous des normales saisonnières depuis 2007 :
Mois | J | F | M | A | M | J | J | A | S | O | N | D | Année |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Températures (sous abri, normales) °C | 2 | 4 | 7 | 8,5 | 15,5 | 16,5 | 19,5 | 20 | 14 | 12,5 | 4,5 | 1,5 | 10,4 |
Précipitations (hauteur moyenne en mm) | 100 | 104 | 72 | 63 | 73 | 109 | 107 | 125 | 96 | 73 | 120 | 104 | 1146 |
Source: Le climat en Haute-Savoie (en °C et mm, moyennes mensuelles) |
Voies de communication et transports
Voies routières
Elle est traversée par l'autoroute A40 et desservie par les sorties de Cluses-Centre et Cluses-La Sardagne.
Pistes cyclables
Une piste cyclable s'étend sur 3 Arve, du pont Vieux dans le centre au canal de fuite EDF et fait la jonction avec Thyez vers Marignier. Cette piste cyclable est inscrite dans un projet pour lier les communes de Chamonix à Annemasse en suivant les bords de l'Arve.
Transport ferroviaire
Depuis , la commune est desservie par la ligne L3 du RER franco-valdo-genevois dit « Léman Express ».
Liaison TER avec Annecy (Paris / Lyon), Chamonix et Genève par Bonneville et La Roche-sur-Foron, TGV Neige en hiver (desserte des stations du Grand Massif et du Chablais).
Transports en commun
Transport en bus dans toute la ville (payant depuis ) via le réseau Arv'i.
Transports aériens
À 50 aéroport de Genève (Cointrin) GVA.
Toponymie
Deux noms de vallée en Suisse, Clozza et Cluozza, ont une origine celte attestée. La forme attestée à l'origine de ces toponymes est le mot gaulois Cladia, signifiant « tranchée » ou « fossé ». Le mot peut également désigner une vallée encaissée, un passage étroit. Cluses a probablement la même origine. Le nom a ensuite été réinterprété au travers d'un mot latin cludo « fermer ».
En francoprovençal, le nom de la commune s'écrit Klyuza (graphie de Conflans) ou Clluses (ORB).
- Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise : une approche linguistique du vieux-celtique continental, Éditions Errance, (ISBN et , OCLC 1055598056, lire en ligne), p 117.
- Xavier Delamarre, Dictionnaire des thèmes nominaux du gaulois Volume 1 Ab - /Ixs(o)- : Index des thèmes de l'onomastique celtique ancienne établis d'après les noms de personnes, de dieux, de peuples, de lieu et de rivières ; approche morphologique et sémantique, (ISBN et , OCLC 1127387694, lire en ligne), p 222.
- Lexique Français - Francoprovençal du nom des communes de Savoie : Lé Kmoune in Savoué, Bruxelles, Parlement européen, , 43 ISBN , lire en ligne), Louis Terreaux, membre de l'Académie de Savoie, publié au Parlement européen à l'initiative de la députée Malika Benarab-Attou.
Histoire
Cluses est considérée comme la capitale du Faucigny, en rivalité (historique) avec La Roche-sur-Foron (foires et banque) et Bonneville (fonctions administratives).
Cluses devient ville indépendante le . Hugues ( et baron de Faucigny, crée une charte de franchises avec les Clusiens. Quatre syndics sont élus par la population. Des droits lui sont accordés.
Au Moyen Âge, on parlait déjà d’un pont sur l’Arve. Le premier bourg est né à l’entrée de la cluse, blotti entre les montagnes et la rivière.
En , Loche de Saint Martin, chevalier, commande une armée sarde qui s'avance jusqu'à Cluses mais qui doit regagner les cols alpins.
En 1720, Claude-Joseph Ballaloud introduit le travail de l’horlogerie dans une vallée qui ne vit que de l’agriculture. Très vite, les ateliers familiaux se multiplient et fournissent les grandes firmes de Genève en Suisse. L’acquisition d’un savoir-faire s’accompagne de la création de l’École royale d’horlogerie en 1848. Pour répondre aux besoins des grands secteurs industriels, les artisans horlogers se diversifient dans la fabrication de petites pièces micromécaniques en série. Les techniques du décolletage sont nées et ne cesseront d’évoluer pour être aujourd’hui reconnues mondialement.
Elle fut chef-lieu de district de 1790 à 1795.
Le , le village typique haut-savoyard construit en chalets de bois est entièrement détruit par un incendie. Après cet épisode, une grave crise secoue Cluses. Les habitations et industries détruites, les gens quittent la ville.
C'est à la suite de cet incident qu'on chercha à développer la ville. Ainsi, le développement de l'horlogerie savoisienne en Faucigny passe par la création d'une École royale d'horlogerie par Achille Benoit, en 1848, avec le soutien du syndic, le docteur Firmin Guy. Cette institutionnalisation, d'une industrie présente dès le ,. La formation en horlogerie sera complétée par la mécanique et l'électricité dans les années 1890. L'École royale d'horlogerie devient un lycée technique en 1960. Il fermera ses portes en 1989 avec la dernière promotion de sept élèves. L'établissement est devenu aujourd’hui le lycée Charles-Poncet.
La ville fut reconstruite de façon totalement différente. Le style turinois du Piémont en Italie fut adopté. L'architecte Justin refit le dessin de la ville en damier. Depuis, des règles d'urbanisme strictes sont toujours d'actualité sur les nouvelles constructions et maisons de Cluses. Ce style unique fait de Cluses une particularité en Haute-Savoie.
Le conflit ouvrier de 1904
Entre le et la fin , un conflit oppose des ouvriers à leur patron, puis aux forces de maintien de l'ordre, avec un moment culminant le lors duquel 3 manifestants sont tués, et 39 autres blessés, par les fils du patron engagé dans le conflit.
Ce conflit local a eu un retentissement national, puisqu'il s'inscrit dans une période marquée par l'affirmation de la classe ouvrière dans ses luttes économiques et son émancipation politique. On notera par exemple, le
En tant que défenseurs des ouvriers jugés à l'automne 1904, Aristide Briand, avocat et militant radical-socialiste, favorisera également la médiatisation de l' "affaire". La presse socialiste de l'époque a été le porte-voix de ce conflit social.
L'émergence du mouvement ouvrier à Scionzier
Aux alentours de 1901 est fondé à Scionzier, un village voisin de Cluses lui aussi fortement marqué par l'industrie horlogère, un syndicat C.G.T de travailleurs horlogers. En , Camille Caux à la tête du syndicat déclenche une grève générale, avec des manifestations allant jusqu'à Cluses au chant de l'Internationale et ornée du drapeau rouge.
Des revendications salariales sont gagnées, et Camille Caux, "ouvrier républicain démocrate", est élu conseiller municipal quelque temps après. Dans le même temps, les ouvriers diffusent leurs propres journaux, tels que Le Cuivre, L'Ouvrier métallurgiste.
Les évènements à Scionzier vont profondément influencer les ouvriers de Cluses. Le avait déjà eu lieu une conférence syndicale du secrétaire de la fédération des cuirs. Dès le mois d', un syndicat est créé à Cluses. À l'approche du , les travailleurs du bassin de l'Arve veulent organiser une démonstration à Cluses contre l’ « exploitation capitaliste » et pour l’ « émancipation sociale ».
Alors que se prépare le , se déroule en même temps une campagne électorale en vue des élections municipales, dont le premier tour est également prévu le , puis le second le
Lors de ces élections, une liste de notables conservateurs, notamment soutenue par Michel Crettiez, fils de Claude Crettiez à la tête d'une des plus grosses fabriques horlogère de la ville, se voit opposer une autre liste portée par une conglomérat d'ouvriers syndiqués et de patrons républicains. Entre les deux tours, un des fils Crettiez aurait crié "à mort le syndicat".
Au soir du , la liste ouvrière-républicaine n'a aucun élu. Certains travailleurs démissionnent alors de la fanfare municipale. Le , c'est l'étincelle qui met le feu aux poudres : sept ouvriers sont renvoyés de l'usine Crettiez parce qu'ils avaient affiché leur soutien à la liste républicaine et aux syndiqués.
Une grève éclate qui très vite se généralise. Plusieurs manifestations, le plus souvent spontanées, ont lieu tout au long du mois de mai. Lors d'une d'entre elles, les carreaux de l'usine Crettiez sont brisés et la jardin d'un des contremaîtres est saccagé. Claude Crettiez, patron autoritaire marqué par les traditions paysannes, refuse toute négociation sur la réintégration des licenciés.
Le , la mairie conservatrice en appelle aux soldats. 300 soldats arrivent à cheval pour assurer l'interdiction de toute manifestation pendant un mois. La contestation s'affaiblit, mais la colère reste tenace avec des drapeaux rouges brandis en certains endroits, des conférences syndicalistes, des repas pour récolter des fonds, etc.
Le , le conflit reprend ouvertement avec une grève générale qui termine en affrontement avec les forces armées qui bloquent un pont permettant l'accès à l'usine Crettiez. Le , une nouvelle manifestation intervient et sous la pression populaire, l'armée ne peut pas tenir.
Des pierres sont jetés sur l'usine, puis Michel Crettiez, l'un des fils de Claude Crettiez, sort à la fenêtre armé d'un fusil. Il fait feu : 3 personnes sont tuées et 39 autres sont blessées. La colère est immense, et les fils Crettiez échappent de peu à un lynchage public, alors que l'usine est saccagée. Les tensions perdureront jusqu'en 1905.
Le , le verdict du procès est prononcé : les fils Crettiez sont condamnés et les ouvriers incriminés acquittés. Le encore, 500 manifestants s'opposent au retour de Marcel Crettiez à Cluses. L'usine Crettiez sera forcée de délocaliser à Sallanches.
Les interprétations et les filiations
Si pour certains, ce conflit relève plus d'une logique émotionnelle emprunte d'éléments d'honneur liés au contexte de sociétés encore marquées par la culture paysanne traditionnelle, d'autres pensent y déceler les contours d'une lutte de classe.
Au début des années 1980, des manifestations d'oppositions aux actions coup de poing du syndicat d'extrême droite SNPMI, font appel à la mémoire de 1904. En , les membres de l'association Cluses Citoyenne ont inauguré une plaque commémorative sur le bâtiment de l'ancienne usine Crettiez dans le centre-ville de Cluses.
- Léon Ménabréa, Article « De la marche des études historiques en Savoie et en Piémont, depuis le Librairie Droz - Académie florimontane, , 266 ISBN , lire en ligne), p. 59.
- Narcisse Perrin (Paul Guichonnet), L'horlogerie savoisienne et l'École nationale d'horlogerie de Cluses, Éditions Cheminements, (ISBN , lire en ligne), ???.
- Michel Germain et Gilbert Jond, Le Faucigny autrefois, La Fontaine de Siloé, ISBN , lire en ligne), p. 56.
- Paul Guichonnet, Nouvelle encyclopédie de la Haute-Savoie : Hier et aujourd’hui, Montmélian, La Fontaine de Siloé, , 399 ISBN , lire en ligne), p. 174.
- François Robert, « Pierre Judet, Horlogeries et horlogers du Faucigny (1849-1934). Les métaphores ďune identité sociale et politique », Histoire, économie & société, lire en ligne, consulté le )
- Henri Geroule, « Le procès de Cluses. La plaidoirie de Briand », l'Humanité, (lire en ligne).
- « », sur politique et violence (consulté le ).
- « », sur Arve à gauche, (consulté le ).
- « EN HAUTE-SAVOIE Une centaine de petits patrons ont bloqué la circulation pendant huit heures Des classes moyennes qui se rebiffent », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « », sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes (consulté le ).
Héraldique
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Les armes de Cluses se blasonnent ainsi : Palé d'or et de gueules de six pièces. La plus ancienne représentation de ces armes proviennent d'un sceau, « appendu à des lettres de bourgeoisie datées du 7 mars 1580 ». Les armes de la ville reprennent celle de la Maison de Faucigny. |
Au blasonnaient ainsi : Une croix d’or en champ d'azur.
- Exposition « D'or, de gueules et d'argent, les armoiries communales en Haute-Savoie », présentation sur le portail des Archives départementales de la Haute-Savoie - archives.hautesavoie.fr, diapo n°8, 2016.
- J.-F. Gonthier, « Funérailles de Charles-Amédée de Savoie, duc de Nemours (1659) », Revue savoisienne, lire en ligne).
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