Benilloba
Localisation
Benilloba : descriptif
- Benilloba
Benilloba (en castillan et en valencien) est une commune d'Espagne de la province d'Alicante dans la Communauté valencienne
Elle est située dans la comarque du Comtat et dans la zone à prédominance linguistique valencienne.
Toponymie
Il est généralement admis que le toponyme Benilloba dérive de l'arabe بني لوبة (banī lūba), qui est une hybridation entre banī («fils [de]» en arabe) et lūba (de lupa, «louve», en langue romane). Cette origine, selon laquelle Benilloba signifierait « fils du loup ou de la louve », est corroborée par une légende locale qui veut que Benilloba tire son nom du grand roi local, Muhammad ibn abd Allab ibn Sad ibn Mardanis, surnommé le « Roi Loup » en raison de vaillance au combat dans la lutte contre l'invasion de la péninsule Ibérique par les Almoravides au siècle.
Cela étant, selon un autre auteur, il y aurait très peu de probabilité pour que le ben de Benilloba soit d'origine arabe, le plus probable étant qu'il trouve son origine dans le ben ibérique, qui signifie « mont » ou « hauteur ». Avec llo (« terre ») et ba (« bas »), le toponyme Benilloba, d'origine ibère, signifierait alors le « mont de la terre basse ».
- M. Asín Palacios, Contribución a la toponimia árabe de España, Consejo Superior de Investigaciones Científicas, Madrid, 1940, p. 90.
- J. Doménech Boronat, El Rey Lobo ¿Origen de Benilloba?, Revista de las fiestas de Benilloba, Benilloba, 1989.
- B. Mira Tormo, El origen ibero-tartésico del euskera, Vision net, Madrid, 2006, p. 79 et 80.
Géographie
-
dans la Communauté valencienne. -
dans la comarque de l'Alacantí.
La commune de Benilloba est située sur la rive droite du Río Frainos, également connu sous le nom de rivière de Penàguila, dans les contreforts de la Sierra de Aitana, entre la Serreta de Alcoy et la Sierra de la Serrella, traversée par la route reliant Alcoy à Callosa d'en Sarrià.
Sur son territoire se trouvent :
- les Parajes del Salt, avec les vestiges d'un aqueduc, d'un pont et de deux anciens moulins à farine ;
- et le Barranc de Cuixot, avec un aqueduc.
Localités limitrophes
Le territoire communal de Benilloba est voisin des communes de Cocentaina et Gorga dans la comarque du Comtat et Penàguila dans celle de l'Alcoià.
Histoire
Benilloba était à l'origine une population musulmane enclavée dans la zone montagneuse de l'actuelle province d'Alicante. Intégrée au Royaume de Valence après la Reconquête, elle appartenait au territoire de Penàguila, dont elle relevait administrativement, ayant le qualificatif de "lieu" (lloc), supérieur à celui de "hameau" (alquería).
Son nom (écrit Benaloba) apparaît pour la première fois dans un acte d'échange de terres passé à Cocentaina le entre le roi Jacques Ier d'Aragon, alors seigneur de Penàguila et de toutes ses dépendances et Don Eximeno Pérez de Orís, noble catalan. Ces terres seront vendues par un descendant de ce dernier, Don Juan Eximeno de Orís, le , à Don Bernardo de Cruïlles, autre noble catalan et pour alors seigneur de Penàguila.
Création de la seigneurie
L'information la plus ancienne sur son régime seigneurial date de 1316. Benilloba apparaît alors comme une seigneurie indépendante, détachée de celle de Penàguila. C'est un contrat passé entre Don Bernardo de Cruïlles, seigneur de Penàguila et Juseff Almatesi, Juif probablement de Valence, auquel il donne en location tous les droits qu'il détient sur le lieu de Benilloba, avant de les vendre l'année suivante au roi Jacques II d'Aragon. Ce dernier les cède peu après, le , à Doña Violante de Grecia, sa fille née de sa seconde union avec Blanche d'Anjou.
En 1537, des troupes de l'Infant Don Fernando d'Aragon et de Castille, en conflit pour des motifs dynastiques avec son demi-frère, le roi Pierre IV d'Aragon, attaquent la population, qui parvient à les repousser, protégée derrière la muraille qui entoure alors et protège la ville. Entièrement peuplé de Mudéjars, Benilloba constituait alors une des aljamas les plus importantes de la région.
Les comtes d'Aranda
Les héritiers de Doña Violante de Grecia conservèrent la seigneurie sans problème pendant près d'un siècle jusqu'à ce que le roi ordonne le recensement de ses terres, auxquelles ses représentants entendirent inclure Benilloba et qu'il se heurte à l'énergique protestation de son légitime seigneur, Don Carlos de Beaumont Ximénez de Boil, descendant de Doña Violante. Finalement, le roi Alphonse V d'Aragon confirma, le , les droits de ce dernier et de ses descendants sur le lieu de Benilloba.
À la mort de Don Carlos sans descendant, la totalité de ses biens passa à son plus proche parent, Don Pedro Ximénez de Urrea, à qui le roi octroya le le "merum et mixtum imperium". La seigneurie de Benilloba, devenue baronnie, passa ainsi à la famille aragonaise des Urrea, qui reçut en 1488 du roi Ferdinand II d'Aragon le titre de comte d'Aranda.
Évangélisation de Benilloba
En 1528 est nommé Bartolomé de los Angeles, frère franciscain, pour évangéliser la région. Malgré les multiples difficultés qu'il doit affronter, tant de la part des nobles locaux que de ceux que l'on prétend convertir, il prêche à Benilloba comme dans tous les autres villages morisques des alentours, où la totalité des populations est finalement baptisée. Fruit de cette mission, la mosquée de Benilloba est bénie et convertie en église en 1530, annexée à la paroisse de Penàguila. Quelques années plus tard, en 1535, Benilloba est érigée en paroisse indépendante, démembrée de celle de Penàguila, placée sous l'invocation de la Vierge Marie et de Saint Jérôme, avec pour annexes Benasau et Benifallim.
Expulsion des Morisques et repeuplement de Benilloba
En 1609, à la suite de l'expulsion des Morisques du Royaume de Valence, le village, qui comptait alors 330 familles de Morisques, soit près de 1 485 habitants environ, se vide entièrement de sa population et reste à l'abandon.
En 1611, afin d'obtenir le repeuplement du lieu, les représentants de Don Antonio Ximénez de Urrea y Manrique de Lara, comte d'Aranda, octroient deux chartes de repeuplement (Carta Puebla), la première le , la seconde le 7 du même mois à la suite de l'annulation de la précédente, très certainement exigée par les nouveaux colons face aux conditions abusives initialement posées par ledit seigneur. Sur les 42 chefs de famille, vieux chrétiens, cités dans cette seconde charte, la plupart semblent être originaires de villes et villages voisins. Trois mois plus tard, par écritures du , c'est 55 nouveaux colons qui reçoivent ainsi, par adjudication seigneuriale, terres et maisons.
Les épidémies de peste et le patronage de Saint Joachim
La première des épidémies du peste de Xàtiva (1596-1602), semble n'avoir que peu affecté Benilloba dont la mortalité au cours de ladite période, à en juger par les registres paroissiaux, n'a pas été supérieure à celle des années précédentes. La seconde épidémie de peste, sans doute la plus importante par le nombre très élevé de morts qu'elle causa dans les comarques voisines de Benilloba, fut celle qui se propagea de 1647 à 1652. L'épidémie s'étendit si rapidement qu'elle provoqua la panique au sein des populations du Royaume de Valence et comme l'avaient fait d'autres paroisses voisines, Benilloba voulut se choisir un saint patron à invoquer pour se protéger de l'épidémie. À cette fin, en 1647, tous les habitants du village se réunirent dans l'église, écrivirent les différents noms de saints proposés sur de petits papiers, les mirent dans un chapeau et les firent tirer au sort par un jeune enfant. Répétées par trois fois, le sort désigna à chaque fois Saint Joachim que les habitants prirent dès lors comme saint patron de la paroisse.
Les comtes de Revillagigedo
Le , Don Pedro Pablo Abarca de Bolea Ximénez de Urrea y Pons de Mendoza, comte d'Aranda et Doña Ana María del Pilar Fernández de Híjar y Portocarrero, son épouse, vendent la seigneurie de Benilloba à Don Juan Francisco de Güemes y Horcasitas, comte de Revillagigedo.
Malgré les dispositions qui abolirent les seigneuries en Espagne et les procès qui s'ensuivirent entre les habitants de Benilloba et les comtes de Revillagigedo entre 1836 et 1859, ces derniers ont réussi à maintenir leurs droits seigneuriaux jusqu'en juillet 1955, date à laquelle Doña María de la Concepción Ulloa y Fernández-Durán, Grande d'Espagne, comtesse de Revillagigedo, les céda à un particulier, Don Carlos Martínez de Velasco y Moreno, avocat madrilène,. La seigneurie de Benilloba est donc encore en vigueur de nos jours, constituant un cas exceptionnel dans la Communauté valencienne.
Les derniers siècles
Les confréries de la Vierge des Douleurs et de Sainte Anne
En 1812, est fondée la confrérie de la Vierge des Douleurs. La chapelle de la Communion, qui jouxte l'église paroissiale, lui est dédiée en 1819. Les journaliers, laboureurs et autres professions agricoles en étaient traditionnellement membres. Quelques années plus tard, vers 1850, les ouvriers du secteur textile, alors en plein essor, fondent une autre confrérie, celle de Sainte Anne. Ces deux confréries sont désormais intégrées au déroulement des fêtes patronales.
L'eau potable
En 1847, année au cours de laquelle fut célébré le bicentenaire du patronnage de Saint Joachim, l'eau potable, puisée depuis le lieu-dit de Petrosa où est installée une nouvelle fontaine (la Font Nova), est canalisée et conduite jusqu'au village, dans le jardin de Don Francisco Barrachina, actuelle Place de la Fontaine (Plaza de la Fuente), où une fontaine est construite, adossée au mur d'une maison de la Calle Mayor, la rue principle. Jusque-là, les habitants du village s’approvisionnaient aux différents réservoirs, citernes et puits existants aux alentours, transportant l'eau au moyen de jarres à dos d'homme ou à dos de mulets pour ceux qui en possédaient.
Le , l'homme d'Etat, Don José Canalejas Méndez, visite Benilloba. À cette occasion, il promet à ses habitants, venus en foule l'accueillir, une aide financière pour reconstruire cette canalisation d'eau potable, en mauvais état et dégradée par endroits. Sa promesse sera tenue et les réparations nécessaires seront faites dès l'année suivante, en 1891.
Cinq ans plus tard, en 1896, la Fontaine du Progrès (la Fuente del Progreso), magnifique fontaine en marbre remplaçant l'ancienne fontaine construite en 1847, est finalement inaugurée sur une petite place qui lui est dédiée, au centre du village.
Le , est inaugurée, quelque temps après leur mise en service, la mise en place d'une nouvelle source de captage et l'installation d'un nouveau réservoir d'eau, au lieu-dit du Calvaire, au-dessus de la ville.
La société de musique
Vers 1885, une société de musique est fondée : La Filarmónica Benillobense (la Philharmonique de Benilloba).
L'électricité
L'énergie hydraulique fournie par le Río Frainos, également connu sous le nom de rivière de Penàguila, a été mise à profit dès la fin du électrification de Benilloba et en faire bénéficier ses industries. En 1899, Luís Orta Montpartler, de Benilloba, achète le Molí del Salt au nom de la Société Électrique de Benilloba, dont l'objet prévoit de "faciliter l'accès au public de la force et la lumière électrique et de manière générale à toutes ses diverses applications". Quelques années plus tard, en 1902, est inaugurée et bénie par les autorités politiques et religieuses la Fàbrica de la Llum.
Une forte émigration au début du | ]
Dans les premières années du États-Unis, de l'Argentine ou encore de la France.
L'arrivée de l'automobile
En 1912, la route provinciale n°3313, traversant Benilloba et reliant Callosa d'en Sarrià à Alcoy, est inaugurée. Quelques années plus tard, en 1924, le premier transport de voyageurs par automobile est mis en place entre Benilloba et Alcoy.
Les écoles
En 1929, se termine la construction des écoles publiques. Ces bâtiments, qui resteront en fonction jusqu'en 1982, hébergent aujourd'hui le centre des retraités.
Cette même année, le , le ministre du Commerce, du Tourisme, des Transports et des Communications, Luis Gámir Casares, inaugure le nouveau collège destiné à accueillir les élèves de toute la zone (Collège public Vierge des Douleurs).
La Guerre Civile
Durant toute la Guerre Civile, la vie religieuse et paroissiale est interrompue. La première année du conflit, en 1936, l'église est incendiée par deux fois à quelques mois d'intervalle : la première fois dans la nuit du 6 au et la seconde fois dans la nuit du 22 au ; dernier incendie au cours duquel furent détruits presque tous les ornements intérieurs de l'édifice.
Les trois Filaes de Benilloba
En 1947, sont créées les trois Filaes (bandes) de Benilloba à l'occasion des fêtes du tricentenaire du patronage de Saint Joachim : Moros del Castillo (les Maures du Château), Cristianos de La Palmera (les Chrétiens de La Palmeraie) et Moros del Arrabal (les Maures du Faubourg).
Le centre de santé
En 1991, est inauguré le centre de santé, qui dispense des soins médicaux et assure les premières urgences pour Benilloba et les villages voisins.
Le développement durable
Le , la municipalité reçoit, à Madrid, des mains de Leurs Altesses Royales, les princes des Asturies, le Prix de la Science et de l'Innovation 2010 (Ville de la Science et de l'Innovation 2010), pour la réalisation de panneaux photovoltaïques sur le toit du collège public, destinés à développer une source d'énergie renouvelable et à réduire les émissions de gaz à effet de serre dans l'atmosphère.
- J. Hinojosa Montalvo, Ares y Benilloba (Alicante), dos comunidades mudéjares valencianas a fines de la Edad Media, Sharq al-Andalus, 16-17 (1999-2002), Universita d'Alacant, Alicante, p. 45 à 71.
- F. Momblanch García, Aportaciones a la historia de Benilloba, XV Asamblea de Cronistas del Reino de Valencia, Valencia, 1986, p. 212.
- E. Gozalbez Esteve, El señorío de Benilloba, Obra cultural de la Caja de Ahoros de Alicante y Murcia, Alcoy, 1985, p. 18.
- A. Sanz de Bremond Mayans, Expulsión y repoblación, el señorio de Benilloba a lo largo de la Edad Moderna, Ediciones Puertollano, Puertollano, 2005, p. 45-47.
- F. Momblanch García, Aportaciones a la historia de Benilloba, op. cit., p. 223.
- A. Sanz de Bremond Mayans, Expulsión y repoblación, el señorio de Benilloba..., op. cit., p. 212 et 231.
- F. Momblanch García, Aportaciones a la historia de Benilloba, op. cit., p. 346 à 349.
- E. Gozalbez Esteve, El señorío de Benilloba, op. cit., p. 70.
- A. Gil Olcina, La propriedad señorial en tierras valencianas, Valencia, 1979, p. 175.
- E. Gozalbez Esteve, El señorío de Benilloba, op. cit., p. 145.
- J. Doménech Boronat, Historia de Benilloba - Su historia. Vida, costumbres y fiestas, Gráficas Agulló, Cocentaina, 2009, p. 105 et 115.
- J. Doménech Boronat, Historia de Benilloba - ..., op. cit., p. 108.
- J. Doménech Boronat, Historia de Benilloba - ..., op. cit., p. 121 et 122.
- J. Doménech Boronat, Historia de Benilloba - ..., op. cit., p. 123.
- J. Doménech Boronat, Historia de Benilloba - ..., op. cit., p. 361.
- J. Doménech Boronat, Historia de Benilloba - ..., op. cit., p. 546.
- J. Doménech Boronat, Historia de Benilloba - ..., op. cit., p. 126.
- J. Doménech Boronat, Historia de Benilloba - ..., op. cit., p. 134.
- J. Doménech Boronat, Historia de Benilloba - ..., op. cit., p. 133.
- J. Doménech Boronat, Historia de Benilloba - ..., op. cit., p. 143.
- J. Doménech Boronat, Historia de Benilloba - ..., op. cit., p. 145.
- J. Doménech Boronat, Historia de Benilloba - ..., op. cit., p. 451.
- J. Doménech Boronat, Historia de Benilloba - ..., op. cit., p. 243 et 249.
- J. Doménech Boronat, Historia de Benilloba - ..., op. cit., p. 15 et 518.
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Dokument erstellt 03/01/2018, zuletzt geändert 30/10/2024
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