région autonome Aragón, Spanien
L'Aragon (/a.ʁa.ɡɔ̃/ ; en aragonais et en espagnol : Aragón ; en catalan : Aragó) est une communauté autonome et une région historique située dans le nord de l'Espagne, dont le territoire correspond à celui de l’ancien royaume d'Aragon. Elle est composée de trois provinces : la province de Huesca, la province de Saragosse et la province de Teruel. Elle est bordée au nord par la France, à l'est par la Catalogne et le Pays valencien, au sud par la Castille-La Manche, à l'ouest par la Castille-et-León, La Rioja et la Navarre. La capitale est Saragosse.
Statistiques, géographie, démographie
Région autonome Aragón est une des 19 entités qui dépendent Spanien
Pour info, la composition Spanien correspond au moins à 17i régions autonomes, 2 villes autonomes.
Fuseau horaire principal : +02:00
Région autonome Aragón couvre une superficie de 47.719i km2, avec une population de 1.313.465i habitants (2021), soit une densité de 27,52i habitants par Km2.
Gentilé : L'habitant(e) Aragón s'appelle un(e) Aragonais(e).
Localisation
Aragón : descriptif
D'une superficie de 47 719,2 km2, l'Aragon représente 9,43 % de la superficie totale de l'Espagne, ce qui la place au quatrième rang des communautés autonomes espagnoles par la superficie, après la Castille-et-León, l'Andalousie et la Castille-La Manche. Elle est divisée en 3 provinces :
- Huesca, d'une superficie de 15 636,2 km2 ;
- Teruel, d'une superficie de 14 808,7 km2 ;
- Saragosse, d'une superficie de 17 274,3 km2.
Elle se situe au nord-est de la péninsule ibérique, entre les latitudes des 39e et 43e degrés nord.
L'Aragon est bordé :
- au nord par la France (régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie),
- à l'ouest par les communautés autonomes de Castille-La Manche (provinces de Guadalajara et Cuenca), Castille-et-León (province de Soria), La Rioja et la Navarre ;
- à l'est par les communautés autonomes de Catalogne (provinces de Lérida et Tarragone) et de Valence (provinces de Castellón et de Valence).
Étymologie et dénominations
L'Aragon tient son nom de deux petites rivières pyrénéennes, l'Aragon et l'Aragon Subordan. Le petit comté qui s'établit à Jaca au Xe siècle prit le nom de ces rivières, avant de connaître une expansion exceptionnelle au cours des siècles suivants.
Histoire
Préhistoire
Les témoignages les plus anciens de vie humaine en Aragon remontent à l'époque des glaciations, au Pléistocène, il y a environ 600 000 ans. Ces populations ont laissé des témoignages d'artisanat acheuléen. On a retrouvé des bifaces de silex et des hachereaux de quartzite. Au paléolithique supérieur apparaissent deux nouvelles cultures : le solutréen et le magdalénien. Les restes de l'épipaléolithique, entre le VIIe et le Ve millénaire, sont concentrés dans le Bas-Aragon, en occupant l'époque entre le VIIe et le Ve millénaire. On trouve des objets de la période néolithique, de la première moitié du Ve millénaire, dans les Sierras Exteriores de la région de Huesca et dans le Bas-Aragon.
L'âge du bronze est présent encore dans la province de Huesca par deux noyaux mégalithiques importants : le piémont pyrénéen des Sierras Exteriores et les hautes vallées pyrénéennes. Les dernières périodes de l'âge du bronze final, vers 1100 av. J.-C., sont caractérisées par la culture des champs d'urnes. Il s'agit de populations indo-européennes, originaires du centre de l'Europe, qui se mêlent à des populations méditerranéennes. Ils incinèrent leurs morts et placent les cendres dans des urnes funéraires. Des exemples existent dans la grotte du Maure à Olvena, la Masada del Ratón à Fraga et le Cabezo de Monleón à Caspe. Un essor de la métallurgie se caractérise par l'augmentation des moules de fonte qui sont trouvés dans les lieux habités.
L'âge du fer est mieux documenté. L'activité commerciale, en particulier avec les Phéniciens, les Étrusques et les Grecs, se développe et soutient la métallurgie du fer. Les outils et l'armement se modernisent et se perfectionnent. Au VIe siècle coexistent en Aragon six groupes distincts, appartenant aux groupes ibère, celtique et aquitain : les Vascons, les Suessétanes, les Sédétanes, les Iacétanes, les Ilergetes et les Celtibères citérieurs. Ce sont tous des groupes ibérisés, sédentaires, installés dans des villages fixes. Les exemples les plus remarquables se trouvent à Cabezo de Monleón à Caspe, Puntal à Fraga, Roquizal del Rullo et Loma de los Brunos. Le système social est basé sur le groupe familial, constitué autour de quatre générations. Les activités économiques sont principalement l'agriculture et l'élevage. Le pouvoir est exercé par un roi, entouré de la population masculine qui se réunit en assemblée.
Antiquité
Les Romains arrivent au IIe siècle av. J.-C. et progressent facilement vers l'intérieur de l'Hispanie. Dans le premier découpage territorial de l'Hispanie, l'Aragon actuel est inclus dans l'Hispanie citérieure. Au Ier siècle av. J.-C., elle est rattachée à la province de Tarraconaise. La romanisation de la région passe par la fondation de cités nouvelles ou la refondation de cités celtibères : Caesaraugusta (Saragosse), Osca (Huesca) ou Bilbilis (Calatayud).
En 197 av. J.-C., Sempronius Tuditanus, préteur d'Hispanie citérieure, doit faire face à un soulèvement général qui provoque la défaite de l'armée romaine et la mort du préteur. Le Sénat envoie le consul Caton et une armée de 60 000 hommes. Pourtant, les peuples de la région, excepté les Ilergetes qui négocient leur reddition avec Caton, poursuivent le combat. La rébellion se diffuse à l'ensemble de la péninsule, ce qui entraîne des pertes élevées pour l'armée romaine, dont la moitié des effectifs est tuée en 188 av. J.-C. Acidinus Manlius, préteur la Citérieure, affronte les Celtibères à Calagurris en 184 av. J.-C., tandis que Terentius Varrone bat les Suessétanes et s'empare de leur capitale, Corbio.
Au Ier siècle av. J.-C., l'Aragon est le théâtre de la guerre civile romaine, lorsque le gouverneur Quintus Sertorius, du parti marianiste, se réfugie à Osca.
Au milieu du IIIe siècle commence le déclin de l'Empire romain. Entre 264 et 266, les Francs et les Alamans, deux peuples germaniques, traversent les Pyrénées et atteignent Tarazona, qu'ils saccagent. Des groupes de brigands, appelés bagaudes, se livrent au pillage et dévastent la vallée de l'Èbre au Ve siècle.
- Division de l'Hispanie romaine au IIe siècle.
- Théâtre romain de Caesaraugusta, actuelle Saragosse, capitale d'un Conventus juridici, édifié sous Auguste et Tibère.
- Statue d'Auguste près des restes de la muraille romaine de Saragosse.
- Mosaïque de Vénus et Éros, trouvée dans la villa de Fortunatus à Fraga, construite au IVe siècle.
- Lucernaire romain du Ier siècle trouvé à Municipium Vrbs Victrix Osca, l'actuelle Huesca, qui dénote de la forte romanisation de la vallée de l'Èbre.
Moyen Âge
Haut-Moyen Âge
En 408, l’invasion des Vandales, des Suèves et des Alains bouleverse la péninsule ibérique, mais la Tarraconaise reste un réduit romain. En 459, Majorien est le dernier empereur qui vient en Espagne, pour maintenir la Tarraconaise et la Carthaginoise dans l’Empire romain et préparer une offensive contre les Vandales d’Afrique, qui échoue. Après lui, les rois Wisigoths prennent définitivement le contrôle des provinces espagnoles. Le sort de l'Aragon est alors celui du royaume des Wisigoths, qui perdure jusqu'en 711, date de la conquête de la péninsule par les Arabes.
Le nom d'« Aragon » apparait pour la première fois au haut Moyen Âge en 828, lorsqu'un petit comté franc, centré sur la ville de Jaca, prend le nom de la rivière qui le traverse, l'Aragon, et de son affluent, l'Aragon Subordán. Ce comté d'Aragon, durant la première moitié du IXe siècle, reste dans l'orbite carolingienne, qui lui est relié par la vallée d'Hecho et le col du Somport. Le monastère de San Pedro de Siresa, fondé à cette époque, est placé sous l'obédience bénédictine : son importance s’accroît et en fait le centre culturel du comté.
Au cours du IXe siècle, l'influence carolingienne recule au profit des voisins ibériques : le roi de Pampelune, Íñigo Arista, s'entremet dans les guerres de succession du comté, tandis que le comte Aznar II Galíndez marie sa fille Sancha au wali de Huesca, Mohammed al-Tawil. L'expansion du royaume de Navarre vers le sud gêne cependant considérablement les progrès du petit comté, en lui coupant les routes de la reconquête. La mort de Galindo II Aznárez sans fils légitime provoque le partage de ses terres : la Sobrarbe passe à sa fille Toda, qui a épousé Bernard, comte de Ribagorce, tandis que l'Aragon proprement dit tombe dans la dépendance du roi de Pampelune García II qui a épousé Andregoto Galíndez.
L'Aragon est alors considéré comme une seigneurie particulière, « terre des seigneurs aragonais », dirigée par un comte obéissant au roi de Pampelune. Le premier d'entre eux est justement un fils illégitime du comte défunt. Peu à peu, le comté d'Aragon se développe sur le plan culturel : le monastère de San Juan de la Peña, fondé par des religieux qui avaient quitté Saragosse, occupée par les Maures, devient un foyer de culture chrétienne tourné vers l'idéal de reconquête et la réintroduction du rite wisigoth dans la liturgie. En 922, les évêques d'Aragon, parfois appelés « évêque de Jaca » ou « de Huesca », s'installent dans la vallée de Borau. Ils prennent leur résidence dans plusieurs monastères majeurs, tels que San Juan, San Pedro ou San Adrián de Sasabe. Sanche le Grand donne en 1015 les territoires de l'Aragon à son fils illégitime Ramire. Son père partage en 1135 ses États entre ses quatre fils : Ramire hérite de l'Aragon, dont il devient le premier roi. En 1043, son frère Gonzalo de Sobrarbe et Ribagorce, roi de Sobrarbe et Ribagorce est assassiné, et c'est lui qui hérite de son royaume.
- Monastère de San Pedro de Siresa, foyer culturel du comté d'Aragon.
- Monastère de San Adrián de Sasabe, premier siège épiscopal d'Aragon.
- Monastère de San Juan de la Peña.
- Miniature représentant Ramire Ier, barbu, et Sancho Ramírez, imberbe, fondateurs de la maison d'Aragon (miniature de la première moitié du XIIe siècle).
- Le partage du royaume de Navarre à la mort de Sanche III le Grand.
Moyen Âge central et bas Moyen Âge
Le jeune royaume d'Aragon continue à s'étendre au cours du XIe siècle. Il intègre d'abord la région des Cinco Villas. En 1076, à la mort de Sancho IV « le Noble », roi de Navarre, l'Aragon arrondit ses frontières en s'emparant des territoires orientaux du royaume de Navarre, tandis que la Castille s'empare de l'ouest de ce royaume. Sous les règnes de Sanche Ier et de Pierre Ier, le royaume poursuit son expansion vers le sud : la ville de Huesca, prise en 1096, devient la nouvelle capitale du royaume, tandis que des forteresses sont construites à El Castellar et Juslibol, afin de surveiller les musulmans de Saragosse.
Alphonse Ier « le Batailleur », roi à partir de 1104, poursuit la politique de conquêtes : il s'empare des terres basses de la vallée de l'Èbre : Ejea, Valtierra, Calatayud, Tudela et même Saragosse, capitale d'une puissante taïfa. À sa mort, juste après la bataille de Fraga, en 1134, les nobles aragonais élisent son frère, Ramiro II, dit « le Moine », car il avait choisi la vie religieuse. Afin d'assumer la continuité dynastique, il épouse Agnès de Poitiers. En 1137, sa fille, Pétronille, épouse Raimond-Berenguer IV, comte de Barcelone. Cette union, qui donne naissance à l'entité de la couronne d'Aragon se renforce considérablement, et conduit à la conquête des royaumes de Majorque et de Valence. La puissance aragonaise se déploie en Méditerranée, et le roi d'Aragon s'empare également de la Sicile et de Naples.
La couronne d'Aragon subit cependant une grave crise en 1412, à la suite de la mort du roi Martin Ier « l'Humain » sans descendance. Le compromis de Caspe conduit à l'élection de Ferdinand de Antequera par la noblesse aragonaise. Ce noble d'origine castillane, de la famille des Trastamare, est également descendant du roi aragonais Pierre IV par sa mère, Éléonore d'Aragon. Dans ce vaste ensemble, l'Aragon est alors un royaume qui possède ses Cortes propres, un droit particulier et une députation royale propre. L'union de Ferdinand II et d'Isabelle de Castille, en 1469, à Valladolid, provoque l'union des deux principaux royaumes de la péninsule, à la base de la création de l'Espagne moderne.
- Expansion de la couronne d'Aragon dans la péninsule ibérique entre les Xe et XIVe siècles.
- Expansion de la couronne d'Aragon en Méditerranée au milieu du XVe siècle.
- « Aragonés » d'argent de Ferdinand II, frappé en 1484 à Saragosse.
Époque moderne
L'histoire de l'Espagne — et de l'Aragon — est marquée, à l'époque moderne, par le conflit entre les institutions monarchiques espagnoles, qui tendent à la centralisation, et les institutions médiévales locales, qui tendent à la conservation des particularismes et des privilèges locaux. Ce conflit éclate une première fois en 1592, à la suite des troubles que connait l'Aragon entre 1590 et 1591. Aux Cortes de Tarazona, Philippe II décide de remodeler les institutions aragonaises, même s'il ne les supprime pas : le roi choisit le vice-roi (même s'il n'est pas aragonais) et le justicier d'Aragon, la députation du royaume perd le contrôle des impôts, la surveillance du territoire et la nomination des représentants des villes, la cour de justice passe sous le contrôle du roi.
Le XVIIe est une période de décadence pour les institutions aragonaises. Mais il est également une période de travail historique intense qui débouche sur une importante littérature historiographique et juridique du royaume. Afin de soutenir cet effort sont créées en 1601 les archives du royaume d'Aragon, tandis que le poste de chroniqueur d'Aragon prend de l'importance, avec des hommes comme Jerónimo Zurita. Des chroniques particulières se multiplient : Información de los sucesos de Aragón de 1590 y 1591 et les Alteraciones populares de Zaragoza del año 1591 des frères Argensola. De la même manière, une Historia de las cosas sucedidas en este Reyno d'Antonio de Herrera est condamnée à être brûlée par la députation.
Durant la guerre de Succession, l'Aragon prend le parti de l'héritier habsbourg, l'archiduc Charles d'Autriche, contre l'héritier désigné, Philippe V de Bourbon. Après la bataille d'Almanza, en 1707, Philippe V abolit les droits aragonais et adopte diverses mesures : ces transformations, qui débouchent sur les décrets de Nueva Planta, transforment l'Aragon en simple province du royaume.
Période contemporaine
Dix-neuvième siècle
Au cours des XIXe et XXe siècles, l'histoire de l'Aragon ne se distingue pas vraiment de celle du reste de l'Espagne. L'occupation française et la guerre d'Indépendance provoquent des destructions importantes en Aragon. Saragosse, assiégée par deux fois, en 1808 et en 1809, est complètement ruinée. Plus tard, les guerres carlistes, au XIXe siècle, trouvent un écho en Aragon. Les carlistes, à la recherche de partisans, proposent le rétablissement des libertés forales aragonaises.
D'un point de vue administratif, l'Aragon est découpé en 1822 en quatre provinces : Saragosse, Huesca, Teruel et Calatayud. Cette dernière est supprimée après la réorganisation administrative de 1833. Cette perte d'importance traduit l'exode rural massif, qui voit l'émigration des paysans aragonais vers les centres urbains de Saragosse, Huesca, Teruel et Calatayud, mais aussi vers les grandes villes voisines, comme Madrid et Barcelone.
- L'assaut de Saragosse, par January Schudolski (1845).
- Épisode du siège de Saragosse : assaut du monastère de Santa Engracia, le 8 février 1809, par Louis-François Lejeune.
- Blason du Gouvernement politique d'Aragon, lors du trienio libéral de 1820-1823.
Vingtième siècle
Au début du XXe siècle, l'Aragon reste une des régions les plus pauvres d'Espagne. À ce titre, elle devient un des points principaux pour la relance économique initiée sous la dictature de Primo de Rivera. L'anarcho-syndicalisme s'y développe cependant considérablement, au point d'en faire un des bastions des syndicats de la CNT et de la FAI. À la différence d'autres régions d'implantation de l'anarchisme, comme la Catalogne, il s'agit d'un anarchisme paysan, où la question de la réforme agraire reste prédominante. À ce titre, la mise en place de la république en 1931 est largement soutenue dans les villes comme dans les campagnes. En juin 1936 est présenté devant les Cortes espagnoles un avant-projet du statut d'autonomie d'Aragon, sur le modèle des statuts basque et catalan, qui sera la base des revendications autonomistes postérieures, à la fin du XXe siècle.
Le déclenchement de la guerre d'Espagne, à la suite de la tentative de coup d'État militaire, en juillet 1936, empêche cependant la poursuite de ce projet d'autonomie. Dès les premiers jours de la guerre, l'Aragon se retrouve coupé en deux : la moitié occidentale, avec les capitales provinciales de Saragosse et Téruel, tombe entre les mains des nationalistes. Sous l'influence de milices populaires anarchistes et communistes, l'Aragon est, en 1936 et 1937, le cadre d'une des tentatives de gestion anarchiste originale, dans le cadre du Conseil régional de défense d'Aragon. Entre 1936 et 1939, plusieurs des batailles les plus importantes ont pour théâtre les provinces aragonaises : Belchite, Téruel et enfin l'Èbre. À la suite de l'offensive d'Aragon, en 1939, c'est l'ensemble de l'Aragon qui tombe sous l'autorité franquiste.
Durant les années 1960, l'Aragon souffre d'un exode rural et d'un déclin démographique important dans les zones rurales. Afin de redynamiser la région, Saragosse bénéficie d'un plan de développement dans le cadre des pôles de développement nationaux (Polos de Desarrollo).
- Blason du Conseil régional de défense d'Aragon.
- Territoire administré dans le Conseil régional de défense d'Aragon.
De la Transition démocratique à aujourd'hui
Dans le cadre de la transition démocratique, l'Aragon devient, en 1978, une communauté autonome. Le sentiment régionaliste se développe et se rend visible sur la scène politique, en particulier lors de la manifestation du 23 avril 1978, qui réunit plus de 100 000 personnes dans les rues de Saragosse. Le 10 août 1982, la loi organique sur le statut d'autonomie de l'Aragon, votée par les Cortes Generales, est promulguée par le roi et le président du gouvernement. Le 7 mai 1992, une commission spéciale des Cortes d'Aragon élabore un texte qui vise à réformer le statut d'autonomie. Il entre en vigueur la même année, après l'approbation des Cortes d'Aragon et les Cortes Generales. En 1996, une nouvelle réforme élargit les compétences de la communauté. Ces changements poussent à une révision complète, qui débouche sur un nouveau statut, approuvé à la majorité en 2007.
Dans les années 1990, l'Aragon commence à profiter de la croissance économique du « miracle espagnol ». Les infrastructures sont considérablement améliorées : construction de la voie grande vitesse qui relie Madrid à la frontière française par Madrid-Calatayud-Saragosse-Barcelone, de l'autoroute « Mudéjar », des aéroports de Saragosse et Huesca-Pyrénées. De grands projets de technopoles se développent, comme le parc technologique Walqa, près de Huesca. Enfin, la ville de Saragosse a accueilli, en 2008, une exposition internationale. Pour ce qui est du divertissement, le projet de Gran Scala est un des plus importants en cours.
Symboles
Blason
Le blason actuel de l'Aragon se compose de quatre quartiers et est confirmé pour la première fois par un témoignage écrit en 1499. Ce blason, remis au goût du jour au XIXe siècle, après avoir été oublié, est confirmé comme le blason officiel par l'Académie royale d’histoire en 1921.
Le premier quartier est une reproduction du blason de Sobrarbe, qui apparaît à la fin du XVe siècle et commémore, selon la tradition, le légendaire royaume de Sobrarbe. Le second quartier, qui représente la croix d'Íñigo Arista, est un ajout du roi aragonais Pierre IV le Cérémonieux : s'appuyant sur une interprétation anachronique qui fait de cette croix le symbole de la religion chrétienne des premiers rois asturiens, navarrais et aragonais, il l'ajoute au blason des rois d'Aragon. Le troisième quartier est une croix d'Alcoraz, c'est-à-dire une croix de saint Georges cantonnée de quatre têtes de Maures, confirmée la première fois sur un sceau de Pierre III d'Aragon, datant de 1281, et rappelant, selon la légende, la bataille au cours de laquelle Pierre Ier et son fils, le futur Alfonse Ier le Batailleur, s'emparèrent de la ville de Huesca. Le quatrième quartier, appelé les « barres d'Aragon » ou « enseigne royale d'Aragon », est le plus ancien des emblèmes héraldiques d'Aragon, remontant au moins à la deuxième moitié du XIIe siècle (voir son origine légendaire sous Guifred le Velu). Ces « barres » sont d'ailleurs visibles dans le troisième quartier du blason de l'Espagne.
- Premier témoignage historique du blason de l'Aragon. Imprimé à Saragosse en 1499 par Pablo Hurus.
- Blason de Sobrarbe.
- Croix d'Íñigo Arista, roi de Pampelune.
- Croix d'Alcoraz ou croix de saint Georges cantonnée de quatre têtes de Maures.
- « Barres d'Aragon ».
- Emblème d'Aragon
Drapeau
Le drapeau actuel a été approuvé en 1984, par l'article 3 du statut d'autonomie d'Aragon. Il reprend les quatre « barres d'Aragon » disposées horizontalement. Sur le côté gauche a été ajouté le blason de l'Aragon.
Hymne
L'hymne d'Aragon a été officialisé en 1989. Sur une musique du compositeur aragonais Antón García Abril, il combine l'ancienne tradition musicale aragonaise, avec des éléments populaires, dans une conception moderne. Les paroles furent écrites par les poètes aragonais Ildefonso Manuel Gil, Ángel Guinda, Rosendo Tello et Manuel Vilas : elles s'efforcent de souligner les valeurs de liberté, justice, raison, vérité, accueil…
Journée de l'Aragon
La Journée de l'Aragon est célébrée le 23 avril et commémore saint Georges, patron du royaume d'Aragon depuis le XVe siècle. Ce jour férié est confirmé par l'article 3 du statut d'autonomie d'Aragon de 1984. Cette journée est l'occasion de festivités officielles, comme la remise du prix Aragon par le gouvernement aragonais ou encore la composition d'un tapis de fleurs représentant le drapeau aragonais, place d'Aragon à Saragosse.
Langues
Dans la plus grande partie de l'Aragon, la langue utilisée couramment reste le castillan, qui est langue officielle de la communauté autonome, tout comme de l'État espagnol. Dans la partie nord de l'Aragon, on parle l’aragonais tandis que dans la partie orientale, appelée la Frange d'Aragon, est parlé le catalan.
Le statut d'autonomie ne reconnait aucun caractère officiel aux langues aragonaise et catalane en Aragon. Cependant, la Loi sur le patrimoine culturel d'Aragon, en 1999, a reconnu leur particularité et renforcé leur protection. Après l'approbation de la Loi sur les langues d'Aragon de 2009, et avec le soutien du président Marcelino Iglesias, l'aragonais et le catalan ont été reconnues comme langues propres à l'Aragon, mais pas comme langues officielles. Ainsi, les testaments et les contrats de mariage peuvent légalement être rédigés dans n'importe laquelle des trois langues en usage dans la communauté.
Castillan
Le castillan est aujourd'hui encore la seule langue officielle en Aragon. Le dialecte local, appelé « castillan aragonais », possède ses propres caractéristiques. La plupart de celles-ci sont tout simplement dérivées de la langue aragonaise, en particulier dans l'intonation et le vocabulaire. Le castillan de la Frange d'Aragon est en revanche marqué par des catalanismes plus nombreux.
Aragonais
Au Moyen Âge, la langue vernaculaire traditionnellement parlée dans la majorité du territoire était l’aragonais. Celui-ci a néanmoins connu à partir du XVe siècle un fort processus de castillanisation et il subsiste essentiellement dans les zones rurales et septentrionales, ainsi que de façon résiduelle, par l'influence qu'il a exercée sur le castillan. L'aragonais est considéré par l'Union européenne comme une langue minoritaire en danger de disparition : aussi s'efforce-t-elle de faire pression sur la Députation générale d'Aragon afin de promouvoir son usage.
Le bénasquais, parlé dans la vallée de Bénasque, est un dialecte de transition entre catalan et aragonais.
Catalan
Dans la Frange d'Aragon, située dans la partie orientale de la région, la langue traditionnelle est une variante de catalan occidental, dont l'usage est partiellement conservé dans la vie quotidienne. Cette langue locale subit cependant la normalisation rapide et croissante du catalan par la télévision et la radio.
La question de la « catalanité » de cette langue parlée dans la Frange d'Aragon — et par conséquent, la question de la « catalanité » de ses habitants — est sujet à des débats extrêmement vifs. Les partisans de la « catalanité » insistent sur les similitudes avec le catalan normalisé, tandis que leurs adversaires ne voient dans cette langue qu'une variante d'aragonais, fortement influencé par les parlers catalans voisins.
Gastronomie
Les cultures maraîchères de la vallée de l'Èbre ont permis le développement de légumes et de fruits largement utilisés dans la cuisine locale, comme l'oignon des Sources de l'Èbre. Le cardon, lors des fêtes de Noël, est préparé avec une sauce à base d'amandes et de pignons. La bourrache de Saragosse sert à la fabrication de crespillo de bourrache, très répandu dans la région du Somontano de Barbastro. Parmi les fruits, le plus réputé est la pêche, qui bénéficie d'une DOC dans le Bas-Aragon, sous le nom de pêche de Calanda. Les châtaignes de Huesca sont également réputées.
L'agneau de lait d'Aragon est également une spécialité qui s'appuie sur la tradition ovine de la région. Il est protégé par une DOC particulière. Il est généralement préparé en rôti. L'agneau, comme le poulet, peut être accompagné d'une sauce au chilindrón (cordero ou pollo al chilindrón), à base de tomates, de poivrons rouges et d'ail. Le poulet à la pepitoria (pollo en pepitoria) est cuisiné à partir des jus de la viande de poulet mélangés à du jaune d'œuf dur et des amandes en poudre.
La charcuterie aragonaise possède également plusieurs spécialités, telles que le boudin au riz (morcilla de arroz), la saucisse de Graus (longaniza de Graus) et la boutifarre (butifarra). Mais la plus connue des spécialités reste le jambon de Teruel.
Parmi les plats aragonais les plus réputés, on retrouve les migas de pastor, un plat d'origine paysanne, sorte de ragoût de pain dur frit avec des lardons, du chorizo, du poivron, de l'oignon et de l'ail. On le sert traditionnellement avec des œufs frits. La chireta est une sorte de haggis, élaborée à partir de tripe d'agneau (chireta signifie « peau retournée » en aragonais) cousue et fourrée de riz, auquel on ajoute les ris, les poumons et le cœur de l'agneau : l'ensemble est cuit bouilli.
Quoique l'Aragon soit éloigné de la mer, plusieurs spécialités locales se préparent à partir de poisson. La morue à l'ail arriero (bacalao al ajoarriero) est élaboré avec de la morue salée, poêlée avec de la tomate et de l'ail. La sardine rancie (sardina rancia), souvent utilisée en tapa, est une sardine qui a macéré en salaison. Les poissons de fleuves comme la truite peuvent être accommodés à l'aragonaise (truchas a la aragonesa) ou à la mode de Teruel (truchas a la turolense).
Parmi les fromages, le plus connu est le queso de Tronchón, fabriqué sur les hauteurs du Maestrazgo, à Tronchón. On retrouve également des fromages réputés à Alcañiz, Samper de Calanda, Hecho, Biescas, El Burgo de Ebro ou Gistaín.
Les desserts sont généralement simplement élaborés. C'est à Catalayud que sont confectionnés les desserts de Frutas de Aragón, préparés à partir de fruits macérés et cuits dans le sirop, puis couverts de chocolat, afin de leur donner une apparence de bonbon. Les fruits les plus utilisés sont la pomme, la poire, la pastèque, l'abricot, la cerise, la figue, la prune et l'orange. Le guirlache, similaire au tourron, est composé à partir d'amandes et de caramel. Le pavé du Pilar (adoquín del Pilar) est un caramel de grande taille, d'environ 500 grammes, emballé d'une image de la Vierge du Pilar sur fond blanc, tandis que l'intérieur contient les paroles d'une chanson populaire aragonaise. Les galettes du cœur (tortas de alma), sont fabriquées dans la province de Teruel. Ce sont des petites tourtes de pâte fourrées aux cheveux d'ange et parfumées à l'anis ou au moscatel. Il existe d'autres pâtisseries traditionnelles comme la coca, la tresse d'Almudévar (trenza de Almudévar), les nœuds de Jaca (lazos de Jaca).
Enfin, plusieurs vins aragonais bénéficient d'une DOC : les vins de Somontano, de Campo de Borja, de Cariñena et de Calatayud. L'huile d'olive du Bas-Aragon et de la Sierra de Moncayo est également protégée par une appellation.
Source: Wikipedia ()
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