Pierre de Coubertin
Le baron Pierre de Coubertin, né le à Paris et mort le à Genève en Suisse, est un historien et pédagogue français fortement influencé par la culture anglo-saxonne qui a particulièrement milité pour l'introduction du sport dans les établissements scolaires français.
Dans ce cadre, il prend part à l'éclosion et au développement du sport en France dès la fin du xixe siècle avant d'être le rénovateur des Jeux olympiques de l'ère moderne en 1894 et de fonder le Comité international olympique, dont il est le président de 1896 à 1925. Durant cette période, il dessine les anneaux olympiques et installe le siège du CIO à Lausanne en 1915 où il crée un musée et une bibliothèque. Il milite également pour la création des Jeux olympiques d'hiver dont la première édition a lieu à Chamonix en 1924.
Son intérêt pour le domaine scolaire ne va pas sans le mettre en concurrence avec les tenants de la gymnastique et de l'éducation physique, plus proches des préoccupations de la IIIe République. Son intérêt pour les innovations pédagogiques d'outre-Manche ne peut pas non plus le laisser étranger au développement du scoutisme laïc français et il participe à son émergence, là encore dans un contexte conflictuel.
Son humanisme, enfin, est contesté par des chercheurs qui décèlent chez lui un esprit colonial teinté de racisme et une misogynie affirmée. Toutefois, des études récentes semblent émettre des avis plus nuancés. Coubertin est également connu pour l'ensemble de son œuvre écrite, partagée entre d'importants ouvrages pédagogiques, le plus souvent en étroite relation avec les pratiques sportives, et des œuvres historiques et politiques.
Biographie
Charles Pierre Fredy de Coubertin, né le au no 20 de la rue Oudinot, dans le 7e arrondissement de Paris, fait ses études de 1874 à 1881 chez les jésuites de l'école Saint-Ignace, rue de Madrid, où il semble se destiner au métier des armes. Il passe son baccalauréat ès lettres en 1880 et ès sciences en 1881. Admissible à Saint-Cyr, il écarte alors la carrière militaire et s'inscrit en 1882 à l'École libre des sciences politiques, où il obtient le titre de bachelier en droit en 1885. Dès 1883 et ses séjours outre-Manche, il pratique tous les sports anglo-saxons (aviron, boxe, équitation et escrime) mais c'est au tir qu'il se distingue comme Justinien Clary, premier président du Comité olympique français (COF) et plus tard Jean de Beaumont. Coubertin est multiple champion de France de tir au pistolet.
Simultanément et pendant trois ans, il observe le plan de formation sociale et morale des établissements scolaires britanniques, qu'il considère comme une des causes de la puissance de cette nation. De retour en France il se consacre, à partir de 1887, à l'amélioration du système éducatif français en s'inspirant des exemples britannique et américain, particulièrement des travaux du britannique Thomas Arnold concernant le sport scolaire et notamment le rugby dont il est passionné. Souhaitant appliquer ce modèle en France à l'instar de Paschal Grousset et de Philippe Tissié, il commence une campagne de promotion du sport scolaire la même année en signant une série de livres et d'articles qui insistent sur la priorité de régénérer la race française par la rééducation physique et morale des futures élites du pays qui a connu la défaite de 1870
. Cependant le corps enseignant et les parents d'élèves ne le suivent pas. Il se rallie alors à la République, se mettant à dos sa famille et le clan royaliste. En 1888, il est élu au conseil municipal de Mirville sans s'être présenté, mais manifeste ensuite sa volonté de ne pas persévérer dans la carrière politique : la pédagogie et le sport sont devenus ses seuls centres d'intérêt.
Le , Pierre de Coubertin épouse Marie Rothan — d'une famille protestante alsacienne disposant du château de Luttenbach, dans la vallée de Munster — en l'église catholique de Saint-Pierre-de-Chaillot à Paris, mariage suivi d'une cérémonie à l'église réformée. Son histoire personnelle se confond ensuite beaucoup avec celle de l'olympisme. En 1914, âgé de 51 ans, il se met au service de la Nation mais il n'est pas envoyé au front, en dépit de ses demandes réitérées. Il est mis à la disposition de la Maison de la presse mise en place par Philippe Berthelot où il œuvre en direction de l'Amérique latine. Au sortir de la guerre, en 1920, l'hôtel familial de la rue Oudinot est vendu et Coubertin s'installe définitivement en Suisse, d'abord à Lausanne en 1922, puis à Genève à partir de 1934. Le , alors qu'il vient d'être fait citoyen d'honneur de Lausanne, Pierre de Coubertin, ruiné et avec un fils, Jacques, lourdement handicapé, s’effondre, victime d'une crise cardiaque dans une allée du parc de La Grange, à Genève, sur la rive gauche du Léman. Son corps est enterré à Lausanne au cimetière du Bois-de-Vaux et son cœur est inhumé près du sanctuaire d’Olympie à l’intérieur du monument commémoratif de la rénovation des Jeux olympiques, inauguré en sa présence en 1927.
Il a vécu au no 10, boulevard Flandrin, Paris 16e.
Sport français
Afin de défendre ses convictions pédagogiques Pierre de Coubertin crée, le , un Comité pour la propagande des exercices physiques dans l'éducation, présidé par Jules Simon, ancien ministre de l'instruction publique, ancien président du Conseil et membre de l'Académie française. Ce comité se consacre un temps à l'organisation des jeux à l'école Monge puis Coubertin y renonce pour intégrer la direction de l'Union des sociétés françaises de sports athlétiques (USFSA) dès sa création, le . Il y contribue particulièrement au développement du sport scolaire. Afin de promouvoir ses convictions, Coubertin crée, en 1890, la Revue athlétique puis Les sports athlétiques, avant de fusionner les deux titres. Il sollicite toutes les bonnes volontés, au premier chef l'abbé Didon qu'il rencontre pour la première fois le , alors que, secrétaire général de l'USFSA depuis deux ans, il démarche les établissements scolaires parisiens pour obtenir leur adhésion à son organisation. Il lui emprunte la devise olympique, citius, altius, fortius, officialisée au congrès de 1894. Celle-ci, énoncée le sous la forme citius, fortius, altius, décrit alors le parcours éducatif du collège Albert-le-Grand d'Arcueil dont Didon est recteur : plus vite (athlétiquement), plus fort (intellectuellement et mentalement), plus haut (spirituellement). Ceci correspond à son propre sentiment que le sport et l'olympisme doivent être le domaine de l'effort et de la liberté d'excès
. Les six dernières lignes des Mémoires olympiques de Coubertin le confirment en toutes lettres.
Il se consacre aussi au rugby en arbitrant, notamment, la finale du premier championnat de France le . À cette occasion, il dessine lui-même et offre le trophée de l'épreuve, le bouclier de Brennus, qui porte le nom de son réalisateur, Charles Brennus, graveur et aussi président de la commission de rugby de l'USFSA et du Sporting club universitaire de France (SCUF). C'est à l'occasion du cinquième congrès de l'USFSA du de la même année que Coubertin émet l'idée de la rénovation des Jeux olympiques. À partir de 1894 Coubertin néglige quelque peu ses fonctions de secrétaire général au profit du développement de l'olympisme. Des divergences de vue apparaissent bientôt à l'occasion de la préparation des Jeux de Paris, qui entraînent une première rupture en 1898. En 1907, en difficultés relationnelles au sein du comité directeur en même temps que Charles Simon, il soutient alors le Comité français interfédéral (CFI) de ce dernier et en dote le premier championnat de football d’un trophée identique, le Trophée de France aujourd'hui perdu de vue. Par la suite, Coubertin réduit son engagement national à la présidence du COF qu'il reconstitue pour chaque olympiade jusqu'à la déclaration de guerre et se consacre totalement au Comité international olympique (CIO) qu'il préside depuis 1896.
Olympisme
Pour rendre le sport plus populaire, Pierre de Coubertin pense qu'il faut l'internationaliser. L'idée de restaurer les Jeux olympiques connaît bien d'autres tentatives avant lui comme en témoigne l'ouvrage La Renaissance physique du pédagogue Paschal Grousset, en 1888. Ainsi, l'olympiade de la République se tient à Paris en 1796, 1797 et 1798. Esprit-Paul de Laffont-Poulotti réclame même le rétablissement des Jeux olympiques et présente un projet qui n'est pas retenu par la municipalité de Paris. En France, divers établissements scolaires en font un évènement majeur de leur calendrier annuel, tel le Petit Séminaire du Rondeau, à Grenoble, où son futur ami Henri Didon fait sa scolarité.
Entre 1856 et 1888, quatre rencontres sportives se sont déroulées à Athènes sous le nom d'olympiades de Zappas, riche mécène de la diaspora qui finance ces compétitions réservées aux Grecs. Coubertin ne peut alors ignorer que, depuis 1850, William Penny Brookes a fondé une Olympian society qui organise à Much Wenlock (Shropshire) des Olympian Games ouverts à tous. Invité avec l'ambassadeur de Grèce en 1890 à cet évènement, il en reste marqué après avoir été invité à y planter un chêne.
C'est à la suite de son appel du ,,, au cours d'une séance solennelle de l'USFSA dans l'amphithéâtre de la Sorbonne, qu'il organise en 1894 (ce qui sera appelé plus tard par les exégètes du coubertinisme le premier congrès olympique) dans ce même amphithéâtre, autour de cette œuvre grandiose et bienfaisante : le rétablissement des Jeux Olympiques
. Lors de la séance de clôture, le , leur rétablissement est proclamé, de même que leur fréquence quadriennale. Un écrivain grec installé à Paris, Dimitrios Vikelas, œuvre conjointement avec Coubertin à la renaissance des olympiades et est nommé président du CIO de 1894 à 1896. Coubertin souhaite que la première édition des Jeux se déroule à Paris en 1900, en raison de l'exposition universelle mais, en fin de compte, les premiers Jeux olympiques rénovés ont symboliquement lieu à Athènes en 1896. Le le roi Georges Ier de Grèce ouvre officiellement les premiers Jeux olympiques de l'ère moderne. L'année suivante, Coubertin organise au Havre le second congrès olympique.
Président du CIO depuis 1896, Pierre de Coubertin connaît des difficultés avec le mouvement sportif français dès les jeux de Paris et doit faire face aux premiers scandales dès ceux de Saint-Louis en 1904 avec l'organisation de « journées anthropologiques », réservées « aux représentants des tribus sauvages et non civilisées », puis ceux de Londres en 1908 où les hôtes tentent d'imposer des jurys exclusivement composés d'Anglais. Le , il prononce son discours sur les Trustees de l'idéal olympique, dans lequel il explique que c'est la cooptation qui garantit l'indépendance du CIO. Il reprend notamment, dans cette allocution, la maxime de l’évêque anglican de Pennsylvanie : L’important dans ces olympiades, c’est moins d’y gagner que d’y prendre part
. Dès la même année, Pierre de Coubertin séjourne à Lausanne où il élit définitivement domicile en 1915. Sur son instigation et en raison de la Première Guerre mondiale, le siège du CIO est alors transféré en terrain neutre dans la capitale vaudoise, à la villa Mon-Repos. Conçu par Pierre de Coubertin en 1913, le prototype du drapeau olympique est fabriqué sur ses indications par le magasin Le Bon Marché à Paris et présenté le au président de la République française Raymond Poincaré.
Après la Première Guerre mondiale, dans une des Lettres olympiques datée du et publiée dans la Gazette de Lausanne, Coubertin énonce ainsi, sans équivoque possible, son sentiment : Tous les sports sont pour tous ; voilà sans doute une formule qu'on va taxer de follement utopique. Je n'en ai cure. Je l'ai longuement pesée et scrutée ; je la sais exacte et possible. Les années et les forces qui me restent seront employées à la faire triompher
. Coubertin s'éloigne ensuite du CIO et démissionne de son poste en 1925 après les jeux d'été de Paris et les premiers jeux d'hiver de Chamonix. Dès les jeux qui suivent, à Amsterdam, son successeur, le Belge Henri de Baillet-Latour, ouvre aux femmes les épreuves d'athlétisme. Aigri, Coubertin déplore que ses successeurs ne fassent pas plus cas de son opinion et ne le tiennent pas plus au courant des événements. Il est cependant lauréat du prix Guy-Wildenstein de l'Académie des sports en 1935 et s'implique occasionnellement dans le suivi des Jeux olympiques de Berlin — accordés à l'Allemagne le — organisés par son ami Carl Diem avant même l'arrivée au pouvoir d'Hitler.
Source: Wikipedia ()
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